La Lettre du Rhumatologue - n° 265 - octobre 2000
8
TRIBUNE
ment pour s’assurer de l’observance à long terme, qui
est un problème majeur chez des malades asymptoma-
tiques. Sous traitement antirésorptif de l’ostéoporose, les
marqueurs osseux diminuent très rapidement pour se sta-
biliser, après trois à six mois de traitement, dans des
valeurs équivalentes à celles retrouvées chez les femmes
non ménopausées. Plusieurs études cliniques montrent
une relation entre la diminution précoce des marqueurs
osseux et les changements de masse osseuse après deux
à trois ans. Des données récentes suggèrent aussi une
relation entre la diminution à court terme des marqueurs
osseux et la diminution du risque fracturaire.
L’une des critiques souvent émises concerne la variabi-
lité importante des valeurs de marqueurs osseux, qui
limiterait leur utilisation à l’échelon individuel. Cette
variabilité peut être diminuée, notamment par la stan-
dardisation des prélèvements et l’utilisation de tests très
reproductibles comme les nouveaux dosages automa-
tiques. Dans ces conditions, la variabilité intra-indivi-
duelle peut être réduite à 10-15 % pour les marqueurs
sériques de la formation et de la résorption. Il est alors
possible de déterminer des valeurs de diminution du
marqueur permettant d’identifier de façon fiable les non-
répondeurs. Nous avons par exemple montré que la
mesure d’un marqueur osseux avant le début du traite-
ment et après 3 ou 6 mois de traitement permettait
d’identifier 60 à 70 % de répondeurs (évalués par une
mesure de densité minérale osseuse à 2 ans) à un trai-
tement par l’alendronate ou un traitement hormonal
substitutif avec seulement 10 % de faux positifs. Le trai-
tement au long cours de patients asymptomatiques reste
difficile, car ils ne perçoivent pas le bénéfice d’un tel
traitement, à moins que l’on puisse leur prouver l’effi-
cacité par un paramètre biologique. La variation rapide
des marqueurs osseux offre cette possibilité.
La place des marqueurs biochimiques du remodelage
osseux (qui sont remboursés par la Sécurité sociale) par
rapport à la mesure densitométrique (toujours non rem-
boursée dans notre pays) reste à préciser. On ne peut
actuellement recommander une utilisation isolée de ces
marqueurs pour apprécier le risque fracturaire indivi-
duel en pratique quotidienne.
Suivi des traitements. Le principal intérêt de ces mar-
queurs réside actuellement dans l’évaluation de la
réponse aux thérapeutiques antiostéoclastiques. Ces trai-
tements (estrogènes, bisphosphonates, SERM) entraînent
une baisse de 30 à 70 % du taux des marqueurs, maxi-
male à trois mois et plus nette pour la résorption, et après
six mois à un an pour l’ostéoformation. Au-delà d’un cer-
tain seuil de diminution, la valeur prédictive d’une
réponse densitométrique positive est d’au moins 80 %,
la valeur prédictive négative étant moins bonne. Nous
disposons ainsi d’un moyen rapide d’évaluer la réponse
osseuse individuelle en termes de freination du remode-
lage osseux. Par contre, il serait aléatoire de chercher à
prédire, au plan individuel, l’amplitude du gain de DMO
à partir de la variation des marqueurs.
L’évaluation de la réponse osseuse est particulièrement utile
pour les bisphosphonates du fait de leur très faible absorp-
tion digestive, et pour les patients posant des problèmes
d’observance ou ceux traités par de faibles doses d’estro-
gènes. Elle pourrait également constituer un moyen d’amé-
liorer l’observance des traitements antiostéoporotiques dont
la prise doit être prolongée sur des années.
Les modalités pratiques de cette prise en charge restent
toutefois à définir, en particulier pour le choix du (des)
marqueur(s) et l’interprétation du résultat. Dans notre
expérience, le dosage des C-télopeptides urinaires est
un bon moyen de contrôler l’effet d’un traitement anti-
ostéoclastique.
3.
Comment en interpréter le résultat ?
Le point de vue de P. Garnero
L’interprétation du résultat dépend de l’objectif.
Dans le cadre d’une évaluation du risque fracturaire, il
est nécessaire de comparer le taux du marqueur chez un
individu à la valeur de référence. À l’heure actuelle, il
n’y a pas de consensus sur une “valeur seuil”. Néanmoins,
le seuil le plus intéressant pourrait être la limite supé-
rieure des femmes non ménopausées, c’est-à-dire 2 écarts
Le point de vue de C. Ribot et J.M. Pouillès
Comme pour tout dosage biologique, l’interprétation
nécessite des valeurs normales de référence. Ces valeurs
sont différentes selon les techniques de dosage, d’où la
nécessité d’utiliser le même laboratoire dans le cadre
d’un suivi.
Pour les marqueurs biochimiques du remodelage
.../...