DiabetesVoice Avril 2013 • Volume 58 • Numéro 1
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PRATIQUE CLINIQUE
ENCADRÉ 1 : LES DIFFÉRENTES
PHASES DES ESSAIS CLINIQUES
Les essais de Phase 1 correspondent au pre-
mier test d'un nouveau médicament sur des
personnes. Il s'agit d'essais de petite envergure
(généralement de 30 personnes au maximum)
dans le cadre desquels les participants sont
surveillés de très près, généralement dans
un environnement de laboratoire. Ils visent
principalement à établir la dose la plus active
du médicament et à identifier les effets in-
désirables à court terme (effets secondaires)
susceptibles d'affecter la sécurité.
Les essais de Phase 2 impliquent un plus grand
nombre de participants et visent principale-
ment à établir l'efficacité du nouveau médica-
ment : remplit-il le rôle que l'on attend de lui
dans les meilleures conditions possibles (sur-
veillance stricte du dosage et de l'adhérence,
ainsi que poursuite de la surveillance des effets
indésirables et de la tolérance) ?
Les essais de Phase 3 sont des essais en-
core plus importants visant à confirmer
l'efficacité du nouveau médicament : a-t-il
les effets requis en cas d'utilisation dans des
conditions proches de la vie réelle ? Souvent,
le médicament est comparé avec un traite-
ment existant ou un placebo. Les aspects
économiques du nouveau traitement sont
également étudiés, et la surveillance des
effets indésirables à plus long terme, par
rapport aux essais de Phase 1 et Phase 2,
se poursuit.
Les essais de Phase 4 sont parfois connus
sous le nom d'"essais post-marketing". Ils se
déroulent après l'autorisation d'un nouveau
médicament et se concentrent principale-
ment sur les effets indésirables, en particulier
lorsque ceux-ci sont rares (d'où la nécessité
de recruter de très nombreux participants)
ou à long terme (ces essais peuvent durer
des années).
atteintes de diabète de type 2. (Pour une
explication des phases des essais cliniques,
voir l'encadré 1.) Aucun essai n'a encore été
rapporté sur l'utilisation de cette classe de
médicament pour le diabète de type 1. Ces
essais ont mis en évidence une amélioration
du contrôle de la glycémie, ainsi qu'une perte
modeste de poids. Un léger effet bénéfique sur
la pression artérielle a par ailleurs été constaté,
tandis qu'aucun risque appréciable d'hypo-
glycémie, par rapport au traitement à base de
sulfonylurées, n'a été enregistré. La dapagliflo-
zine est autorisée en Australie, au Danemark,
en Allemagne et au Royaume-Uni. Son prix
varie d'un pays à l'autre mais devrait être
comparable (voire légèrement inférieur) à
celui des gliptines – ou inhibiteurs de DPP-IV.
Les essais cliniques en Phase 3 ont toutefois
fait apparaître une réduction significative du
dosage d'insuline en cas d'association avec la
dapagliflozine, ce qui pourrait conduire à des
économies considérables. En outre, compte
tenu de la diminution de la fréquence des
hypoglycémies associée à ce produit, il pour-
rait également y avoir des avantages pour le
patient et des économies concomitantes sur
les coûts des soins de santé. Aux États-Unis,
un autre médicament de la classe des inhibi-
teurs de SGLT2, la canaglifozine, a récemment
été recommandé à des fins d'autorisation,
mais n'est pas encore disponible.
La perte de glucose dans l'urine entraîne
une perte d'énergie par l'organisme (évaluée
à l'équivalent de deux cannettes de coca de
330 ml par jour). Ce phénomène est évi-
demment associé à une perte de poids –
quoique modeste, ainsi que précisé ci-avant.
La réduction du risque d'hypoglycémie est le
résultat de la diminution de la glycémie par
le médicament "en fonction du glucose". En
d'autres termes, l'effet est maximum lorsque
la glycémie est élevée et s'estompe à mesure
que la glycémie diminue.
Ces effets sont bénéfiques et contrastent de
façon marquée avec d'autres traitements.
Tant les traitements oraux (sulfonylurées et
pioglitazone, par exemple) que l'insulino-
thérapie entraînent généralement un gain
de poids, de sorte que toute thérapie com-
plémentaire associée à une perte de poids,
même modeste, se doit d'être prise en consi-
dération. De même, les traitements à base de
sulfonylurées et d'insuline peuvent accroître
le risque d'hypoglycémie. L'inhibiteur de
SGLT2 peut lui aussi être associé à un risque
d'hypoglycémie en cas d'utilisation en com-
binaison avec des sulfonylurées ou de l'insu-
line. Ce problème peut toutefois être évité
en réduisant les dosages de sulfonylurées ou
d'insuline. L'encadre 2 propose le profil d'une
personne type susceptible de bénéficier de
l'ajout d'un inhibiteur de SGLT2 à son trai-
tement antidiabétique actuel.
Des avantages sans contrepartie ?
Où est donc le piège ? Tout se paie, si l'on en
croit le dicton. Quels sont les effets indési-
rables du traitement et disposons-nous de
preuves suffisantes de son innocuité ?
On pourrait s'attendre à ce que l'augmen-
tation de l'excrétion de glucose dans l'urine
provoque une hausse de la fréquence de
miction et des infections des voies urinaires
et des organes génitaux. À ce jour, aucune
augmentation de la fréquence de miction
n'a pas été signalée dans les essais publiés en
tant qu'effet secondaire majeur – en tout cas
pas au point de voir des participants sou-
haiter interrompre le traitement. En ce qui
concerne les infections des voies urinaires
et génitales fongiques, une augmentation
de leur fréquence a été constatée chez les
participants (en particulier chez les femmes
pour ce qui est des infections fongiques).
Un traitement standard permet toutefois
de les traiter. Les interruptions de traite-
ment à cause de ces infections ont été rares
dans les essais. Il est par ailleurs apparu
que les infections génitales fongiques ne
réapparaissent pas après le traitement ini-
tial. Reste à voir si ces effets indésirables
s'avéreront plus pénibles dans la pratique
de tous les jours.
Toute thérapie
complémentaire
associée à une perte de
poids, même modeste,
se doit d'être prise
en considération.