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BURKINA FASO
*********************
Unité-Progrès-Justice
**************************
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE ET SUPERIEUR
(MESS)
******************************
UNIVERSITE OUGA II
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES
ECONOMIQUES ET DE GESTION (UFR/SEG)
Mémoire
En vue de l’obtention du Master en économie appliquée dans le cadre du
Programme du Troisième cycle Interuniversitaire (PTCI)
Option : Economie Appliquée
Thème
Analyse des déterminants de la
Demande de travail au Burkina
Faso
Présenté et soutenu publiquement par :
SIGUE Moussa
Sous la Direction de :
Pr. Gnanderman SIRPE
Maîtres de conférences, Université Ouaga2.
Juillet 2014
i
ii
DEDICACE
A mes parents.
iii
REMERCIEMENTS
Il est communément dit qu’aucune œuvre humaine ne naît du néant, le présent document n’en fait
pas exception. Il a pu voir le jour grâce à l’intervention de plusieurs personnes qu’il semble judicieux
de remercier. Ainsi, nous accordons une mention spéciale au professeur Gnanderman SIRPE, Maître
de conférences, Enseignant chercheur à l’université Ouaga II qui, malgré ses multiples occupations
a bien voulu diriger ce mémoire et nous faire profiter de sa riche expérience. Ses conseils, sa rigueur
pour le travail bien fait et son amour nous ont été d’un très grand apport.
Nous remercions le professeur Rufin-Willy MANTSIE, Directeur du Programme de Troisième
Cycle Interuniversitaire (PTCI) pour l’appui apporté à notre promotion;
Nous exprimons nos sincères remerciements au Professeur Kimseyinga SAVADOGO, ancien
directeur du PTCI pour l’appui apporté à notre promotion;
Nous adressons nos remerciements:
 Au Professeur Idrissa M. OUEDRAOGO pour son appui et sa disponibilité;
 Au docteur Mahamadou DIARRA qui n’a cessé de nous soutenir et de nous encourager
durant toute la rédaction ;
 Au docteur Abel TIEMTORE pour son appui ;
 Au Dr Noël THIOMBIANO pour son appui ;
 Au corps professoral du PTCI pour la qualité des enseignements;
 A tous les enseignants chercheurs de l’UFR-SEG de l’université Ouaga II ;
 A tous les camarades du PTCI pour tous les soutiens et pour l’esprit de famille ;
 A toute ma famille qui me soutient depuis mes premiers pas à l’école ;
 A tous mes amis (es).
Merci à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre ont contribué à la réalisation de ce document.
Cependant, ces apports ne sauraient cautionner d’éventuelles insuffisances, nous demeurons
l’unique responsable du présent mémoire.
iv
TABLE DES MATIERES
DEDICACE ..................................................................................................................................... iii
REMERCIEMENTS ........................................................................................................................ iv
TABLE DES MATIERES .................................................................................................................v
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES .............................................................................. vii
SIGLES ET ABREVIATIONS ...................................................................................................... viii
RESUME ...........................................................................................................................................x
INTRODUCTION GENERALE .......................................................................................................1
CHAPITRE I : SITUATION SOCIOECONOMIQUE ET
CARACTERISTIQUES DU MARCHE DE TRAVAIL ...................................................................4
Section I: Contexte socioéconomique ............................................................................................4
1.
Contexte socioéconomique..................................................................................................4
2.
La population active ............................................................................................................4
3.
Politiques en matière d’emploi. ...........................................................................................5
Section II: spécificité du marché de travail au Burkina Faso ........................................................6
1.
La segmentation du marché du travail ................................................................................6
2.
La dynamique de l’offre de travail ......................................................................................9
3.
La dynamique de la demande de travail ..............................................................................9
CHAPITRE II : REVUE DE LITTERATURE................................................................................11
Section I : Etude théorique ...........................................................................................................11
1.
Approche orthodoxe et hétérodoxe de la demande de travail ...........................................12
2.
La demande de travail conditionnelle ...............................................................................15
3.
La demande de travail non conditionnelle ........................................................................17
Section II : Etudes empiriques.....................................................................................................17
1.
Complexité de l’estimation de la demande de travail .......................................................18
2.
Les déterminants de la demande de travail .......................................................................20
v
CHAPITRE III : CADRE OPERATOIRE.......................................................................................24
Section I: Spécification du modèle ...............................................................................................24
1.
Le modèle ..........................................................................................................................24
2.
Analyse des données .........................................................................................................25
3.
Les variables et la méthode d’estimation ..........................................................................28
Section II : Résultats et interprétations.........................................................................................33
1.
Résultats ............................................................................................................................33
2.
Interprétations des résultats ...............................................................................................35
3.
Recommandations .............................................................................................................40
CONCLUSION GENERALE ..........................................................................................................43
BIBLIOGRAPHIE ...........................................................................................................................45
ANNEXE ......................................................................................................................................... ix
vi
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
Tableau1 : Evolution de l’offre de travail de 2004 à 2012……………………………….. ..9
Tableau2 : Pourcentage de l’emploi par secteur…………………………………………...27
Tableau3 : Production, emploi, salaire et capital de 2002-2012 (En million)…………….28
Tableau4 : Corrélation entre l’emploi, la production, le salaire et le capital……………...29
Tableau5 : Résultats de l’estimation du modèle de demande de travail…………………..36
Graphique 1 : Evolution de l’offre totale de travail de 2002 à 2012……………………...10
Graphique 2 : Evolution de la demande de travail de 2004 à 2012……………………… 11
Graphique 3 : Equilibre partiel du marché de travail …………………………………….14
Graphique 4 : Evolution de l’emploi de 2002 à 2012…………………………………….27
vii
SIGLES ET ABREVIATIONS
ANPE : Agence Nationale Pour l’Emploi ;
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ;
CAPES : Centre d’Analyse des Politiques Economiques et Sociales ;
CERDI : Centre d'Etudes et de Recherche sur le Développement International
CNPB : Conseil National du Patronat Burkinabè ;
CNPE : Comité National de Politique Economique ;
CONAPO : Conseil National de Population ;
CSLP : Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté ;
DGEP : Direction Générale de l’Etude et de la Planification;
EFTP : Enseignement et Formations Techniques et Professionnelles ;
ICEJA : Initiative Conjointe pour l’Emploi des Jeunes en Afrique ;
INSD : Institut National de la Statistique et de la Demographie ;
MFPRE : Ministère de la Fonction Publique et de Reforme de l’Etat ;
MJE : Ministère de la Jeunesse et l’Emploi ;
MJFPE : Ministere de la Jeunesse de l'Emploi et de la Formation Professionnelle ;
MTEJ : Ministere du Travail, de l'Emploi et de la Jeunesse ;
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique ;
OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement ;
ONEF : Observatoire National de l’Emploi et de la Formation Professionnelle ;
PARI : Projet d’Appui Régional à l’Intégration ;
PIB : Produit Intérieur Brut ;
PNE : Politique Nationale de l’Emploi ;
viii
PN-EFTP : Politique Nationale d’Enseignement et Formations Techniques et Professionnelles ;
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement ;
PPTE : Pays Pauvres Très Endettés ;
PSCE : Programme Spécial de Création d’Emploi ;
SCADD : Strategie de Croissance Accelerée et de Developpement Durable ;
UA : Union Africaine ;
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine.
ix
RESUME
La présente étude a d’analysé les déterminants de la demande de travail au Burkina Faso. Elle
a utilisé un modèle de panel dynamique et un échantillon de cinq secteurs d’activité économique
sur la période 2002 à 2012. L’estimation du modèle est faite à partir de la méthode des moments
généralisés (GMM) et les résultats empiriques montrent que la production, le salaire, l’emploi
retardé d’une période influent significativement et positivement sur la demande de travail avec
des élasticités respectives de 0,365, 0,621 et 0,06. Le capital agit négativement sur la demande
de travail avec une élasticité de -2,48. L’ajustement de l’emploi effectif à l’emploi désiré s’est
fait à 93,8% par an sur la période d’étude. Cette situation traduit un niveau de chômage élevé.
A cet effet, une politique de soutien à la production et au salaire est nécessaire non seulement
pour relancer la demande de travail mais aussi pour réduire le taux de chômage.
Mots clés : Demande de travail, offre de travail.
ABSTRACT:
This study aims to analyze the determinants of the labor demand in Burkina Faso. It is focused on a
dynamic panel tested from five economic sectors from 2002 to 2012. The model valuation is made
from the generalized method of moments (GMM) and empirical results show the production, wage,
delayed employment by a period affect significantly and positively job application with respective
variations at 0.365; 0.621 and 0.06. The capital has a negative effect on job application with
elasticity of -2.46. The adjustment of the actual to the wanted job has been realized at 93.8% per
cent over the period of the study. This situation reflects a high rate of unemployment. In this regard,
a policy supporting the salary’s production is necessary not only to boost job application but also to
reduce the unemployment rate.
Keys words: Demand labor, labor supply.
x
INTRODUCTION GENERALE
Le Burkina Faso a enregistré une croissance moyenne d’environ 5,5 % depuis les années 1990
selon le Conseil National de Population CONAPO (2000). Cependant, cette croissance ne s’est
pas traduite sur le marché du travail par la création en nombre suffisant d’emplois décents.
Conscient de la situation, le gouvernement a entrepris des efforts en matière de promotion
d’emploi et de réduction du taux de chômage depuis les années 2000. Afin de parvenir à un tel
objectif, une politique Nationale de l’Emploi (PNE) a été adoptée en 2008. Ensuite d’autres
mesures ont été prises pour faire face à la montée du taux de chômage. C’est ainsi qu’un
programme Spécial de Création de l’Emplois (PSCE) a été adopté en 2012. Cette politique
s’était inspirée du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) et des Objectifs du
millénaire pour le Développement (OMD) qui sont des stratégies de réduction de la pauvreté
et cible plus les jeunes dans la mesure où ils sont les plus touchés par le chômage. Le pays s’est
lancé depuis 2010 dans une nouvelle stratégie pour stimuler la croissance et réduire la pauvreté.
Connu sous le nom de Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (20112015), son objectif principal est de réaliser une croissance économique forte, soutenue,
génératrice d’effets multiplicateurs sur le niveau d’amélioration des revenus, la qualité de vie
de la population et soucieuse du respect du principe de développement durable. Un tel objectif
nécessite une prise en compte de la question de l’emploi car selon Kaldor (1966), il existe la
relation entre le marché de l’emploi, la croissance économique et la distribution des revenus.
Cela se justifie par le fait que l’emploi permet de créer des revenus, participe à l’amélioration
des conditions de vie de la population et protège les individus. En somme, l’emploi participe à
la croissance économique soutenue parce qu’une croissance qui n’est pas fondée sur l’emploi
n’est pas durable.
Le pays a observé un taux de croissance moyen du PIB de 5, 1% en 2011 contre 6,8% en 2006
(DGEP, 2012) et 7,9% en 2010 (OCDE, 2012). Ce taux est resté solide même s’il a connu une
baisse de 2,8 points entre 2010 et 2011. Cette baisse pourrait être expliquée en partie par la
crise socioéconomique que le pays a connue en 2011. On note une lente reprise de la croissance
qui est de 5,3% en 2012 et 5,5% en 2013 (OCDE, 2012). Cette évolution sinusoïdale se
répercute sur le marché de l’emploi. En 2006, la fonction publique a enregistré 297 109
candidatures pour 4 958 postes à pourvoir soit un taux de couverture de 1,7% (MFPRE, 2006).
Le secteur privé a enregistré la même année une offre d’emploi de 2 500 agents (MFPRE, 2006).
En considérant l’offre publique et privée d’emplois de la même année, on remarque que la
1
somme est en deçà de la demande totale d’emplois. Le pays a enregistré en 2010 une demande
de travail publique de 7 653 contre une offre de travail de 390 518 (ONEF, 2011).
Selon la DGEP (2012), le pays à enregistré en 2011 et 2012 des niveaux d’offre privée de travail
respective de 328 597 et 351 016 soit un taux de progression de 6,82%. Quant à la demande
privée de travail, elle était de 161 211 en 2011 contre 256 584 en 2012 soit une progression de
59,16% (DGEP, 2012). Ainsi, la demande de travail au Burkina Faso est essentiellement tirée
par le secteur privé formel et informel. Parallèlement, le taux de chômage a connu une
progression de 29,7% à 29,8% entre 2012 et 2013 (DGEP, 2012) et la projection donne un taux
de chômage de 30% en 2021. Cet état de fait laisse entrevoir une progression disproportionnelle
entre l’offre de travail et la demande de travail au Burkina Faso.
Le chômage a pendant longtemps été considéré comme étant lié aux rigidités sur le marché du
travail (approche classique du chômage). Cette considération ne semble pas corroborée avec le
cas du Burkina vu le déséquilibre structurel qui prévaut sur le marché de travail. Ainsi,
l’approche Keynésienne du chômage qui stipule que ce dernier est causé par une faible
demande est susceptible d’accorder plus d’explication au niveau du chômage du pays.
Malgré les multiples efforts du gouvernement, 140000 personnes en moyenne arrivent sur le
marché de l’emploi alors que la création annuelle d’emplois n’est que de 20000 en moyenne et
ce jusqu’en 2015 (MJE, 2008). Il ressort que la demande de travail est sept (07) fois moins que
l’offre de travail et cela suscite une interrogation dont le but est de comprendre pourquoi une
demande de travail faible dans une économie en croissance marquée par des efforts en matière
de production, de formations et en matière d’emploi ?
Le présent mémoire aborde la question du chômage sous l’angle de la demande1 et vise à donner
plus de compréhension à la demande de travail à travers un objectif principal qui est l’analyse
des déterminants de la demande de travail au Burkina Faso. De façon plus spécifique, il est
question dans un premier temps de mesurer l’élasticité de la demande de travail par rapport à
1
Selon Janssen (2005), la croissance de la demande des biens et services conduit à une hausse des ventes qui
permet d'investir dans des facteurs de productions supplémentaires. En effet, une hausse du volume de la vente
requiert davantage d'emploi, toutes choses égales par ailleurs. Plus précisément, les anticipations des entrepreneurs
sur le niveau futur de la demande de biens et services déterminent un certain volume de production et donc un
certain niveau pour les facteurs de production comme le travail.
2
la production et à l’emploi retardé, dans un second temps, évaluer l’effet du coût du travail sur
le niveau de l’emploi, enfin, de déterminer l’effet du coût du capital sur la demande de travail.
L’atteinte de ces objectifs nécessite que le travail soit fondé sur des hypothèses et nous en
retiendrons trois :
Hypothèse 1 : Les niveaux de production et de l’emploi de la période précédente influent
positivement sur la demande de travail ;
Hypothèse 2 : Un niveau élevé du salaire moyen influence négativement la demande de
travail ;
Hypothèse 3 : Le coût du capital influence positivement la demande de travail.
3
CHAPITRE I : SITUATION SOCIOECONOMIQUE ET
CARACTERISTIQUES DU MARCHE DE TRAVAIL
Section I: Contexte socioéconomique
1. Contexte socioéconomique
Avec une population estimée à 10 312 609 habitants selon les résultats définitifs du recensement
de 1996, la population Burkinabè est en croissance. En effet elle était de 14 017 262 en 2006
(DGEP, 2012) contre 16 851 555 en 2012 et 17918387 en 2014 (DGEP, 2012) et la projection
donne une population d’environ 25046 358 en 2025 (DGEP, 2012). Le taux de croissance
démographique a connu de ce fait une évolution. De 2,67% en 1996 (CONAPO, 2000) il est
passé à 3,1% en 2006 (DGEP, 2012). La population est majoritairement jeune et rurale puisque
près de 60% de la population a moins de vingt ans et environ 80% vit en milieu rural (INSD,
2006). Cette structure de la population laisse entrevoir à moyen et long terme une forte capacité
en main d’œuvre qui peut constituer un levier potentiel de croissance à condition que cette
population acquiert une formation de qualité répondant aux exigences du marché de l’emploi.
Mais à court terme, cette structure de la population induit un rapport de dépendance élevé. Ce
rapport était estimé à 107,8% en 2000 (CONAPO, 2000). Or un rapport de dépendance élevé
conduit à une insatisfaction pour les besoins de base comme la santé, l’éducation et surtout
l’emploi.
A partir de la période 2000, l’activité économique s’est inscrite dans une évolution notable
même si cette croissance est inconstante en raison des aléas climatiques et des chocs exogènes
récurrents. En effet, elle a été en moyenne de 5,2% en termes réels, avec un pic de 8,7% en
2005. Etant donné le niveau élevé de la croissance démographique, l’augmentation du PIB par
tête s’est située à 2% entre 2000 et 2009 (SCADD). Le taux de croissance du PIB réel qui était
de 3,2 % en 2009 a atteint 7, 9 % en 2010 Banque de France (2010), puis a chuté en 2011 de
2,8 points soit 5, 1% (OCDE, 2012). Le PIB réel est passé de 5,3% en 2012 à 5,5% en 2013
(OCDE, 2012) mais l’économie reste tout de même dépendante du secteur primaire qui a
contribué à 35,4% au PIB en 2011 (OCDE, 2012).
2. La population active
La population active est l’ensemble des personnes des deux sexes qui fournissent la main
d’œuvre pour la production des biens et services pendant une période de référence (ONEF,
2005). Elle est composée de l’ensemble des personnes ayant ou cherchant un emploi à un
moment donné donnée.
4
La dynamique démographique est révélatrice d’une forte hausse de l’offre de travail tant en
milieu rural qu’en milieu urbain. Cette hausse de la demande d’emploi est la conséquence d’une
forte variation positive de la population active. Selon l’INSD, en 2006, 95% de la population
de 15 à 64 ans étaient active, alors que la population active de plus de 64 ans est de 20%. Cette
évolution de la population active est suivie d’une progression du chômage. De 23,3% en 2006,
il est passé à 29,7% en 2012 (DGEP, 2012).
3. Politiques en matière d’emploi
Après la libéralisation de l’économie Burkinabè soutenue par la communauté financière
internationale au cours des années 1991, les entreprises ont fait des suppressions d’emplois
en vue de se conformer à la structure libérale de l’économie. Le secteur public et le secteur
privé se voient inscrits dans une dynamique d’impossibilité d’absorber la demande
d’emplois grandissante. Etant conscient de l’effet pervers que le chômage exerce sur la
croissance économique et le développement durable, l’Etat Burkinabè a adopté en 2000
puis révisé en 2003 un Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) suite à
l'éligibilité du Burkina à l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Son
objectif était de réduire l’incidence de la pauvreté qui était de 41% en 1995 à 35% à l’horizon
2015.Un tel objectif nécessite une prise en compte de l’emploi dans les stratégies de
développement d’où l’adoption en mars 2008 de la Politique Nationale de l’Emploi (PNE).
Mais c’est après le sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA) en septembre 2004,
que l’emploi, l’enseignement, la formations techniques et professionnelles ont eu une place
de choix dans le cadre de référence national en matière de développement économique et
social qui est la SCADD au Burkina. La PNE et la Politique Nationale d’Enseignement et
Formations Techniques et Professionnelles (PN-EFTP) sont devenues les outils
d’opérationnalisation et d’orientation en matière d’emplois.
En effet, la PNE est devenue depuis 2008 le cadre de référence national d’intervention pour
la promotion de l’emploi au Burkina Faso. Pour tenir compte du fait que les jeunes sont les
plus concernés par le chômage (80%), l’Etat à travers le Ministère de la Jeunesse et de
l’Emploi a adopté en 2012 le Programme Spécial de Création d’Emplois (PSCE).La PNE et
le PSCE ont pour objectifs de renforcer la création de l’emploi, d’améliorer l’employabilité
et l’organisation du marché de travail.
5
Section II: spécificité du marché de travail au Burkina Faso
Le marché de travail Burkinabè est caractérisé par une segmentation type des pays en voie
de développement et une progression de l’offre de travail par rapport à une demande qui lui
est toujours inférieure.
1. La segmentation du marché du travail
La segmentation du marché du travail est une stratégie adoptée par les entreprises en vue de
faire face à la question de l’ajustement de l’emploi par rapport à la variation de la production.
Cet ajustement est lié à l’hypothèse centrale d’incertitude de l’environnement dans lesquelles
les entreprises opèrent. En rappel, la théorie de la segmentation est née à la fin du 19 ème
siècle après les travaux des institutionnalistes (VEBLEN, COLE, PERLMAN), puis des néoinstitutionnalistes fondateurs de l’économie du travail à savoir (DUNLOP, ROSS, KERR,
FISHER, etc.). Dans les années vingt et trente le constat aux Etats Unis montre des inégalités
persistantes entre les couches sociales. Ces inégalités conduisaient à des inégalités dans la “
répartition“ de la pauvreté et du chômage.
Les différentes théories de la segmentation insistaient sur le caractère dual du marché de
travail (marché interne et externe, primaire et secondaire, moderne et traditionnel, urbain et
rural…). Mais cette segmentation dualiste du marché de travail ne corrobore pas avec la
réalité des économies en voie de développement notamment celle Burkinabè dans la mesure
où le taux de salariat reste encore faible. Le Projet d’Appui Régional à l’Intégration (PARI)
a effectué en 2002 une segmentation en dix groupes d’individus au Burkina Faso étant
donné l’hétérogénéité et la précarité du marché du travail. Les segments considérés sont les
salariés protégés, les salariés non protégés, les indépendants non agricoles évolutifs, les
indépendants non agricoles involutifs, les agriculteurs progressifs, les agriculteurs de
subsistance, les chômeurs, les éleveurs, les autres actifs et les inactifs.
L’élément central à noter dans cette segmentation est quelle dépasse le caractère dual mais
remplit les conditions de RYAN (1981) qui sont :
 Le fonctionnement à l’intérieur d’un segment diffère de celui d’un autre segment ;
 L’existence des barrières à la mobilité entre les segments de nature particulière.
Si nous devons nous en tenir à la perception duale du marché du travail dans l’économie du
Burkina Faso, nous retiendrons le secteur moderne et le secteur traditionnel. Mais vu que
l’économie Burkinabè tout comme celle des autres pays en développement est caractérisée
par un sempiternel problème de désarticulation sectorielle et de la faiblesse du salariat, cela
rend moins pertinente la segmentation duale. Pour rester en phase avec l’hypothèse selon
6
laquelle la segmentation implique simultanément cohésion à l’intérieur des segments retenus
et divergence entre eux, on peut alors ébaucher une typologie en quatre segments (KOBOU,
1994) : le monde rural, le secteur informel, la fonction publique et le secteur privé.
 Le segment lié au monde rural
L’activité principale du monde rural est l’agriculture et l’élevage qui emploient plus de 80%
de la population active Burkinabè. La main d’œuvre est abondante mais reste peu qualifiée.
Une des caractéristiques de ce segment est la faiblesse de son salariat et un sous-emploi
rural en baisse: selon le MJFPE (2010), le sous-emploi touchait un quart de la population
occupée au Burkina mais avec une proportion deux fois plus forte en milieu rural. Le taux
de sous-emploi visible a sensiblement diminué entre 1998 et 2007. Passant de 38% à 24,5%,
ce sous emploi touche relativement plus les femmes et les jeunes (MJFPE, 2010).
En 2011, le secteur primaire a contribué à hauteur de 35,4% à la formation du PIB (OCDE,
2012) mais le constat général est que le secteur agricole est de type de subsistance et reste
dominé par un tissu entrepreneurial embryonnaire. L’agriculture, essentiellement de type
traditionnel, est dominée par l’exploitation familiale et est fortement menacée par les
changements climatiques.
 Le segment lié au secteur informel
Ce secteur est plus développé dans les zones urbaines et occupe la majorité de la population
active urbaine Burkinabè. Il regroupe l’ensemble des micros entreprises individuelles ou
collectives qui s’exercent en dehors des régulations publiques. Ces micro unités opèrent sur
une très petite échelle avec un très faible niveau d'organisation et de productivité et absorbe
une partie de la main d’œuvre du monde rural. Le secteur informel est aussi caractérisé par
l’absence ou la faiblesse de son capital. Selon le rapport de l’UEMOA (2002) moins de 10%
de cette population a accès aux emprunts bancaires à Ouagadougou et les conditions dans
lesquelles les entreprises évoluent sont souvent précaires (locaux inadaptés, non accès aux
principaux services publics). Les emplois informels souffrent d’une faible rémunération et
de l'absence de protection sociale. Les normes légales régissant la durée du travail ne sont
pas respectées. La particularité de ce secteur réside dans le fait qu’une augmentation de la
demande de produits n’entraine pas une augmentation de la taille des entreprises (des
emplois), mais plutôt une augmentation de leur nombre.
Ces deux segments (rural et informel) peuvent être regroupés pour former le marché
traditionnel. Comme le marché moderne n’est pas homogène on va le scinder en deux sous
marchés :
 La fonction publique
7
L’Etat recrute des personnels à travers le Ministère de la Fonction Publique du Travail et de
la Sécurité Sociale. Le taux de salariat est élevé mais l’affectation des individus aux emplois
ne pas toujours la logique d’une gestion rationnelle de la main d’œuvre. En effet, entre 2000
et 2008, le nombre de fonctionnaires est passé de 48 239 à 81 042 soit une augmentation de
68% (MJE, 2009). Cette rapide augmentation des effectifs de la fonction publique est à
mettre à l’actif du gouvernement qui déploie des efforts dans la création de nouvelles
fonctions. En plus, 47% des agents de la fonction publique ont un âge compris entre 30 et
40 ans. Les moins de 30 ans représentent 19 % et les personnes de 40 à 44 ans représentent
13%. Les plus de 60 ans ne font que 1% des fonctionnaires. Au regard de cette situation, la
question majeure reste l’accès à l’emploi de la jeune génération des moins de 18 ans dans
la mesure où il y’a un grand déséquilibre entre le nombre de ceux qui vont à la retraite et le
nombre de ceux qui demandent l’emploi.
 Le secteur privé
Il regroupe le privé formel et le privé informel. C’est dans le privé formel que la politique
d’emploi suit une gestion rationnelle de la main d’œuvre. Le privé formel est caractérisé par
un taux de salariat élevé et une contribution à l’emploi total faible. En 2008, 497 171 agents
sont employés par les entreprises installées au Burkina Faso, avec un ratio d’une femme pour
six hommes (ONEF, 2009). En considérant le niveau d’emploi de 2008 du privé formel, nous
obtenons une contribution à l’emploi total de 6,6% au Burkina Faso. De façon générale, les
emplois dans le privé formel au Burkina Faso obéissent au même profil que dans la fonction
publique mais la particularité réside dans le fait que l’expérience est liée au niveau d’étude
et à la catégorie professionnelle.
Le secteur privé reste le secteur qui emploie le plus au Burkina. Selon l’INSD (2010) le
secteur privé informel représentait plus de 50% du PIB au Burkina et constitue le principal
secteur pourvoyeur d’emplois en milieu urbain et rural. Ainsi, le secteur privé notamment le
privé informel reste un maillon important de l’économie nationale et surtout de la création
d’emplois au regard de son poids et de son rôle de stabilisateur socioéconomique. Selon
SOULAMA et ZIO (2004), pour que ce secteur puisse jouer convenablement sa partition
dans le développement de l’économie Burkinabè, le partenariat secteur public/secteur privé
se révèle être une nécessité en vue de la mise en place d’un environnement propice à
l’initiative privée.
8
2. La dynamique de l’offre de travail
L’offre de travail représente les différentes quantités et qualités de travail que les individus
sont prêts à mettre sur le marché du travail en contrepartie d’une rémunération. Elle est une
fonction croissante du taux de salaire.
Tableau1 : Evolution de l’offre totale de travail de 2004 à 20012
Année
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
offre de travail 277 692 286 763 296 132 305 810 315 805 326 129 336 792 336 076 358 730
Source : Construit par l’auteur à partir de la base de données de l’INSD, IAP 2012
L’offre totale de travail s’est accrue de 2004 à 2012. En effet, de 277 692 en 2004, elle est
passée à 358 730 en 2012 soit une progression moyenne annuelle de 2,89%. Cette croissance
s’explique par la forte croissance de la population active. De plus, 61% de l’offre de travail
au Burkina Faso provient en majorité des jeunes de 16 à 35 ans (ZERBO, 2013).
Milliers
Graphique 2 : Evolution de l’offre de travail de 2002 à 2012
400
Offre de travail
300
Offre de travail 200
100
0
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
Années
offre de travail
Source : Construit par l’auteur à partir de la base de données de l’INSD, IAP 2012
La courbe d’offre de travail présente une structure ascendante. Cela traduit une offre de travail
en croissance. Cette évolution s’explique par l’augmentation continue de la population active
et surtout avec le flux sortant des “produits“ du système éducatif2.
3. La dynamique de la demande de travail
La demande de travail est avant tout l’étude de la détermination et de la formation de l’emploi
dans une économie de marché (COUSINEAU, 1988). Elle indique les différentes quantités et
qualités de la force de travail (les besoins en ressources humaines) que les entreprises sont
prêtes à acheter aux travailleurs sur le marché du travail à des différents niveaux du taux de
2
D’un coté le taux de succès au BAC est passé de 25,8% en 2006, à 40,9% en 2012, d’un autre coté le nombre d’étudiant
pour 100000 habitants est passé de 227,9 en 2006 à 388 en 2011 (INSD, 2012)
9
salaire. Au Burkina Faso, elle est approximée par les annonces d’offre d’emplois de la fonction
publique, de l’ONEF, et la presse écrite (SOMÉ, 2004).
Graphique 3 : Evolution de la demande de travail de 2004 à 2012
Source: Construit par l’auteur à partir de la base de données de l’INSD, IAP 2012.
Le graphique présente l’évolution de la demande de travail du secteur public, du privé et de
la demande de travail totale. La courbe de la demande privée et celle de la demande globale
évoluent en quasi parallèle tandis que la demande du secteur public est nettement en dessous
avec une évolution quasi constante c'est-à-dire quelle évolue de façon régulière. Le taux de
progression moyenne de la demande de travail totale est de 2,06%. Celui du privé est de
3,65% et la demande publique évolue à 6,73% par année en moyenne. Cela confirme l’idée
que le secteur public reste le secteur qui recrute de façon régulière même si son poids reste
faible3 par rapport à la demande privée4. La courbe de demande de travail évolue de façon
sinusoïdale avec une chute en 2009. Cette chute pourrait être attribuée à la crise économique
de 2008 qui a ralenti l’activité économique et occasionné une baisse de la demande de travail
surtout celle du privé. La courbe reprend une forme ascendante entre 2009 et 2010 et cela
traduit une remontée de la demande de travail qui est passé de 114 190 à 164752. Cette
montée peut s’expliquer en partie par le développement du secteur minier depuis 2010 qui a
contribué à dynamiser la croissance économique, à améliorer les ressources propres, à créer
3
La demande de travail du secteur public représente 2,92% de la demande totale en 2012.
La demande de travail privée formelle et informelle a représenté 97,08% de la demande totale en 2012.
4
10
de nouveaux emplois. Par exemple, à la fin de l’année 2011, 3888 nouveaux emplois
nationaux ont été créés par les sociétés minières (TASSIMBEDO, ZONGO, & SIE, 2013).
La demande de travail est dominée par celle du privé. En effet, plus 90% de la demande vient
du secteur privé et cela s’explique par le fait qu’il regroupe le privé formel et le privé informel
des différentes branches d’activités. En somme la demande de travail au Burkina reste
dominée par le privé (formel et informel) et est encore faible pour répondre à l’offre de travail
qui ne fait qu’augmenter d’une année à l’autre.
CHAPITRE II : REVUE DE LITTERATURE
Section I : Etude théorique
Dans cette partie, nous allons nous intéresser à la théorie de la demande de travail conditionnelle
et non conditionnelle mais avant de développer ces deux notions, il est intéressant d’aborder
les différentes idéologies existantes sur la notion du travail comme facteur de production.
11
1. Approche orthodoxe et hétérodoxe de la demande de travail
a) Approche orthodoxe
Pour les économistes classiques et néoclassiques, le marché du travail est un marché au même
titre que les autres marchés. Ainsi, ni la spécificité du bien échangé, ni les modalités
institutionnelles propres dans lesquelles s’inscrivent les transactions ne justifient un traitement
particulier (PERROT, 1998). Dans cette approche, le modèle considéré est le modèle standard
et le raisonnement est fait en concurrence pure et parfaite. Tout comme le marché de travail, le
travail est vu dans ce courant de pensée comme un facteur de production au même titre que
les autres facteurs de production. Pour eux, le marché du travail n’est pas un marché spécifique
mais plutôt flexible car les prix sont flexibles et le raisonnement est fait en concurrence pure et
parfaite.
Le prototype du modèle classique et néoclassique s’intéresse à l’échange de travail entre une
firme et un travailleur. Le travail est offert par un agent qui consomme également le bien
produit. Le travailleur fait face à un arbitrage dont la nature est la suivante. D’un côté sa
satisfaction augmente avec la quantité du bien consommée. D’un autre côté, sa satisfaction
baisse avec la quantité de travail fournit. En d’autres termes, le travail engendre une désutilité
en réduisant le temps que le travailleur consacre à son loisir. Ainsi, dans l’approche orthodoxe,
le travailleur fait un arbitrage entre le travail et le loisir.
Dans le processus de production, l’entreprise utilise aussi bien du capital que du travail en
comparant la productivité marginale de chaque facteur à son prix. Dans cette approche, la
rencontre entre l’offre de travail et la demande de travail conduit à un équilibre caractérisé par
un niveau d’emploi et un niveau de salaire réel grâce à la flexibilité mécanique. Sur le marché
néoclassique le déséquilibre n’existe pas vu que c’est la loi de l’offre et de la demande qui
prévaut.
Graphique 4 : Equilibre partiel du marché de travail en concurrence parfaite.
Chômage
Salaire réel
(w/p)
Offre de travail
Offre > demande
12
(W/p)*
Demande de travail
0
Source : construit par l’auteur
N*
Emploi (N)
Le graphique présente la situation d’équilibre sur le marché de travail. Le salaire optimale
(w/p)* et l’emploi optimale N* sont obtenus à partir de la rencontre entre l’offre de travail et la
demande de travail. Dans cette partie, le chômage correspond au supplément de l’offre de travail
sur la demande de travail.
b) Approche hétérodoxe
Le courant hétérodoxe est marqué par des apports divers mais un des points communs de ces
travaux est que dans cette approche, le postulat de rationalité individuelle n’admet plus un rôle
central. Les travaux appartenant à ce courant de pensée insistent sur le contexte institutionnel
dans lequel les relations de travail sont inscrites. De ce fait, les auteurs hétérodoxes se refusent
à isoler, au sein de la relation de travail, son « moment » spécifiquement économique. Pour ces
derniers, l’entreprise n’est pas une « boite noire » dans laquelle les inputs entrent et les outputs
sortent. Dès lors, l’analyse du marché du travail doit faire appel à une démarche
méthodologique qui emprunte à la fois à la sociologie, à la science politique et parfois à la
psychologie5.Les hétérodoxes réfutent la conception orthodoxe du travail comme facteur de
production et en partant de l’idée de marché du travail, ces derniers considèrent le travail
comme facteur spécifique puisqu’il fait l’objet de deux opérations distinctes. En ex ante, il y’a
la signature du contrat entre l’employeur et l’employé et en ex post la mise en œuvre effective
du travail. Compte tenu de la disparité dans la distribution de l’information (asymétrie
d’information), il se produit un problème de comportement d’aléa moral et de sélection adverse.
Les seules forces du marché ne permettent donc pas d’assurer l’équilibre entre l’offre et la
demande de travail parce que la flexibilité mécanique prônée par les néoclassiques n’est pas
vérifiée et cela tient pour diverses raisons :
5
Adam et Reynaud (1978), Michon (1984), Boyer (1986), Gazier (1991) tous cité par PERROT.
13
 L’hétérogénéité du travail est expliquée par la théorie du capital humain. Selon cette
théorie, le salaire réel des individus est une fonction positive de la qualité du travail. Ainsi, les
travailleurs qui ont plus de qualification reçoivent plus de salaire. Cette qualification est acquise
par l’accumulation des connaissances, de l’expérience, et de la formation. Comme les individus
investissent différemment en capital humain, il se produit une distribution hétérogène de
qualification et donc de rémunération. Le travail dans ce cas ne saurait être homogène pour tous
les individus.
 Le travail est quasi fixe
Dans l’approche classique et néoclassique, le travail était considéré comme étant un facteur
variable et son coût se réduisait au salaire. Dans le courant de pensée hétérodoxe, le travail est
plutôt quasi fixe et son coût se décompose en trois:

Le coût de l’embauche : C’est le coût supporté par l’entreprise pendant la période de
recrutement et de la formation initiale ;

Le coût d’emploi : C’est le coût lié à la rémunération du travail y compris la cotisation
sociale, plus les taxes ;

Le coût de séparation (le coût lié au licenciement) : C’est celui que l’entreprise supporte
pendant la mises à terme du contrat de travail.
Selon OI, (1962) « les coûts de travail sont plus que proportionnels à la quantité de travail
utilisée à cause des frais d’embauches, de formations, de licenciements… Le taux de salaire
doit être fixé de manière à permettre au producteur d’amortir ces frais sur plusieurs périodes et
le producteur est amené à conserver ses salariés une fois qu’ils sont formés même en période
de récession parce que les licenciements peuvent coûter davantage que les salaires versés.
Puisque la somme de ces coûts est plus élevée que le salaire, l’entreprise mettra tout en œuvre
pour minimiser ces coûts en adoptant la stratégie de la segmentation de son marché de travail
ce qui entraine une conservation du noyau dur de ces travailleurs. Cela conduit à une flexibilité
limitée du travail. Par conséquent, une optimisation et une flexibilité instantanée du travail sont
impossibles ».
La différence idéologique sur le travail se répercute sur la notion de chômage.
Selon l’approche classique, les entreprises cherchent à produire à un niveau qui leur permet de
maximiser leurs profits. Dans ce cas, l’offre de travail et la demande de travail se croisent et
cela conduit à la détermination d’un niveau optimal d’emplois et de salaire. Le niveau de
l'emploi croit à court terme avec le capital, décroit avec le salaire réel. Le salaire n’étant pas
14
rigide, son niveau d’équilibre permet d’avoir un niveau optimal d’emplois. Les classiques
considèrent les rigidités sur le marché du travail comme totalement exogènes au marché. Pour
eux, l’imposition de salaire minimum, les indemnités de chômage, les pressions syndicales, la
législation sur les protections de l’emploi est source de disfonctionnement du marché de travail.
Etant donné que le marché fonctionne de façon optimale et les imperfections sont exogènes,
toute personne qui refuse de travailler à un niveau de salaire fixé par la rencontre entre l’offre
et la demande de travail sera au chômage et on parle de chômage volontaire.
L’approche keynésienne du chômage montre que les entreprises sont contraintes par le niveau
des débouchés. La production des entreprises est de ce fait déterminée par la demande. Cela
veut dire que les entreprises ne peuvent pas écouler toute production qui est supérieure à la
demande à laquelle elles font face. Dans cette approche, le niveau d'emploi croit avec les ventes
dans les entreprises. L’emploi diminue d’une part avec le capital de court terme6et d’autre part
avec le prix relatif du travail et des autres facteurs surtout avec le prix du capital à long terme.
Pour Keynes, la cause du chômage n’est pas à chercher dans le coût du travail 7 mais dans une
insuffisance de la demande globale. Ainsi, les entreprises n’embauchent pas des travailleurs en
fonction du salaire réel mais plutôt en fonction de leurs prévisions sur leurs ventes futures. Elles
font donc des anticipations que Keynes appel « demande effective ». Le niveau d’embauche va
permettre de distribuer des salaires qui serviront à la consommation et donc à écouler la
production réalisée. Le chômage est involontaire et il est causé par un fonctionnement non
optimal du marché de travail. On peut donc avoir un équilibre sur le marché du travail et sur
celui des biens et des services comme chez les néo-classiques mais rien ne dit que cet équilibre
assure le plein-emploi. En effet, les employeurs peuvent se tromper en sous-estimant la
demande future. Cela entraine un faible recrutement ce qui crée donc des chômeurs
involontaires. Pour Keynes, cette situation est qualifiée « d’équilibre de sous-emploi ».
2. La demande de travail conditionnelle
Ici, une hypothèse simplificatrice est que l’entreprise évolue dans un cadre statique où la
dimension temporelle est négligée (CAHUC et ZYLBERBERG, 2003). En plus, elle a un objectif
donné de production et elle cherche à déterminer les facteurs de production qui lui permettent
d’atteindre son objectif à moindre coût.
Avec un niveau élevé de capital, la production se fait avec moins d’emplois et on la qualifie de technique
hautement capitalistique
7
Pour Keynes, le salaire est plus un revenu qui permet à l’agent économique de satisfaire sa consommation.
6
15
Concrètement, il s’agit d’identifier les quantités de capital et de travail que va utiliser
l’entreprise en considérant que la production est donnée. Cela se justifie par le fait que pour
donner des biens et services à ses clients, les choix de l’entreprise sont contraints en premier
lieu par l’état des techniques au moment où les décisions de production sont prises. Le
problème consiste donc à minimiser la fonction de coût sous la contrainte du niveau de
production pour pouvoir tirer la fonction de demande de travail communément appelée
demande conditionnelle.
Le problème se pose comme suit :
𝑚𝑖𝑛 𝐶(𝑘, 𝐿) = 𝑤𝐿 + 𝑟𝐾
Sc
𝑦0 = 𝑓(𝐾, 𝐿)
Où y0 représente le niveau de production ; 𝐾est le capital ; 𝐿 le travail, 𝑤 est le coût du
travail, et 𝑟 le coût du capital.
On considère que l’entreprise est preneuse de prix et comme la production est une donnée,
il en va de même pour le montant de ses recettes. Ce faisant, le seul élément sur lequel
l’entreprise peut jouer est le niveau de ses coûts de production qui, dans une logique de
maximisation du profit, devront être minimisés.
La résolution du problème par le Lagrangien permet de donner les conditions d’optimalité.
Le Lagrangien est :
ℒ(K, L, λ) = wL + rK + λ(y0 − 𝑓(𝐾, 𝐿))
Posons les conditions de premier ordre (cpo):
𝛿ℒ
= 𝑤 − λfL (𝑘, 𝑙) = 0 (1)
𝛿𝐿
𝛿ℒ
= 𝑟 − λfK (𝑘, 𝑙) = 0 (2)
𝛿𝐾
𝛿ℒ
{ 𝛿λ = 𝑦0 − 𝑓(𝐾, 𝐿) = 0 (3)
Nous allons supposer que les conditions de second ordre (cso) sont satisfaites et après
résolution du système d’équation ci-dessus, on obtient la condition d’optimum de
l’entreprise:
fL (𝑘, 𝑙) 𝑤
=
fK (𝑘, 𝑙) 𝑟
A l’optimum, le taux marginal de substitution technique entre le travail et le capital (TMST)
est égal au rapport des prix. Cette condition d’optimum se justifie par le fait que l’égalité entre
le TMST et le rapport des prix des facteurs est une condition très naturelle dans la mesure où
16
une entreprise serait en mesure de réduire ses coûts en augmentant (respectivement en
diminuant) la quantité de travail si le TMST était supérieur (respectivement inférieur) au rapport
w
des prix ( r ). Ainsi, pour le choix de l’allocation des facteurs de production, l’entreprise
compare le rapport des productivités marginales du travail et du capital au rapport des prix. Si
le TMST est supérieur à w/r, elle peut réduire ses coûts de production en augmentant la quantité
de travail et en réduisant le stock de capital. Si par contre le TMST est inférieur à w/r, la firme
peut réduire ses coûts de production en augmentant le stock de capital et en réduisant la quantité
de travail.
3. La demande de travail non conditionnelle
On considère que l’environnement habituel d’évolution des entreprises est un environnement
dynamique caractérisé par l’incertitude. L’hypothèse de fixité de la production est relâchée et
on considère maintenant qu’elle varie selon le temps. La production est ainsi une variable
dépendante du prix du produit, et des facteurs de production. L’entreprise connait le prix des
facteurs de production et du niveau d’investissement mais elle ne connait pas à l’avance son
niveau de production. L’objectif de l’entreprise dans cette situation est de maximiser son profit.
Le programme est :
𝑚𝑎𝑥𝜋(𝐾, 𝐿) = 𝑝𝑓(𝐾, 𝐿) − 𝑤𝐿 − 𝑟𝐾
𝐾, 𝐿
P est le prix du produit,
Les COP donnent :
𝛿𝜋
= 𝑝fL (𝑘, 𝑙) − 𝑤 = 0
{ 𝛿𝐿
𝛿𝜋
= 𝑝fK (𝑘, 𝑙) − 𝑟 = 0
𝛿𝐾
(1)
(2)
Pour déterminer les quantités optimales de capital et de travail, faisons le rapport entre
f (k,l)
(1) et (2). On obtient : f L (k,l) =
K
w
r
On retrouve la condition d’optimum que celle de la minimisation du coût à savoir le taux
marginal de substituions technique est égale au rapport des prix.
Section II : Etudes empiriques
La plupart des études réalisées ont eu pour objectif soit l’estimation de la demande de travail
soit la détermination des facteurs explicatifs de la demande de travail dans les entreprises ou
17
dans les secteurs d’activités économiques. Des points de convergences sont à noter mais il y’a
eu également des divergences.
1. Complexité de l’estimation de la demande de travail
Selon la relation théorique classique et néoclassique, le coût salarial et la demande de travail
sont liés négativement. Une hausse des salaires conduit à une baisse de la demande de travail.
Cette relation théorique ne semble pas vérifiée en France depuis les travaux de Patrick ARTUS
(1987). L’objectif de l’auteur était de parvenir à l’évaluation des effets du salaire réel sur
l'emploi en France, Avant tout, il part de l’idée qu’un excès de salaire réel ou plutôt du coût
salarial réel qui est à la charge des entreprises est responsable du chômage. Pour vérifier cette
hypothèse, l’auteur a utilisé plusieurs modèles économétriques tels que les simples équations
de demande d'emploi qui ont permis de relier l’emploi au salaire réel et d'autres variables
explicatives (prix relatif des matières premières, capital productif disponible, …), le modèle
statistique permettant de réaliser des tests de causalité, le modèle de fonction de production
autorisant le calcul de l'excès de salaire réel, le modèle spiral prix-salaire qui permet de
déterminer le niveau de salaire réel qui est cohérent avec la stabilité des prix et de l'emploi, le
modèle complet à prix fixes avec rationnement quantitatif mesurant les probabilités
conditionnelles des différents régimes (chômage classique ou keynésien, inflation réprimée, …)
et cela période par période. Après avoir estimé la relation sur chacun des modèles à partir des
séries temporelles, il a obtenu des résultats mitigés. En effet, l’effet du salaire sur l’emploi était
petit en France quel que soit le modèle considéré. L’élasticité emploi-coût salarial de long terme
obtenu est de -0,1ce qui est presque significatif mais faible affirme l’auteur. Il continu en
concluant que seul l'effet du prix relatif des matières premières sur l'emploi et l’effet de l'emploi
sur les salaires semble beaucoup plus significatif et le maniement du salaire réel n'est pas la
bonne arme pour stimuler l'emploi puisqu'il faudrait le modifier dans des proportions
considérables pour obtenir le plein emploi.
Pour justifier la faiblesse de l’élasticité emploi-coût salarial, Brigitte DORMONT et Patrick
SEVESTRE (1986) ont travaillé sur un modèle dynamique de la demande de travail avec une
spécification sur des données de panels dans le cadre de la France. Partant de l’idée que les
différentes études économétriques sur la demande de travail qui ont utilisé des données en séries
chronologiques ont abouti à des résultats difficilement interprétables surtout pour le paramètre
de long terme, ils ont proposé une approche unifiée de la demande de travail avec des résultats
corrects et facilement interprétables aussi bien pour le paramètre de court terme que pour celui
de long terme. L’estimation de la demande de travail doit se faire donc à partir des modèles de
18
panel. Ces auteurs ont conclu que la prise en compte de la double dimension intra individuelle
et interentreprises des données de panel dans la spécification économétrique a permis de
résoudre l’alternative apparemment posée par les résultats des autres estimations.
Brigitte DORMONT revient en mai 1997 dans le même sens pour mesurer l’influence du coût
du travail sur l’emploi dans le cadre de la France. Elle pense que la relation emploi-coût salarial
a été déterminée sur des modèles macroéconomiques comportant plusieurs problèmes
notamment la présence des biais de simultanéité et d’hétérogénéité. Pour corriger ces
insuffisances, DORMONT rappelle que les modèles macroéconomiques françaises se
distinguent par une élasticité emploi-coût salarial égale à zéro puis se propose d’examiner les
problèmes posés par l’estimation de la demande de travail sur des données françaises en se
concentrant sur l'évaluation de l’élasticité emploi-coût salarial. L’auteur stipule qu’une bonne
mesure de l’élasticité emploi-salaire passe par des panels sectoriels en purgeant les observations
de leur variance intersectorielle et en se concentrant sur les résultats des estimations intra
sectorielles, menées sur les écarts aux moyennes sectorielles. Elle trouve que la valeur absolue
de l’élasticité emploi-coût salariale se situe dans l’intervalle [-0,8 et -0,5]. La conclusion de
DORTMON a été infirmée par l’étude de Legendre et Le Maître en 2001. En rappel, leur étude
s’était portée sur un échantillon de huit cents entreprises industrielles françaises suivies de 1981
à 1987 et a donné une élasticité emploi-coût salarial approximativement égale à -0,1.
L’économiste Anglo-Saxon HAMERMESH (1993), en s’appuyant sur plus de soixante-dix
études différentes, conclut que l’élasticité de long terme comprise entre [-0,75 et -0,15] et la
valeur moyenne acceptable est de -0,3. Cette valeur de l’élasticité constitue à ce titre un ordre
de grandeur qu’il est utile de retenir et est compatible avec l'hypothèse d'une fonction de
production de type Cobb-Douglas. Il a ainsi obtenu une fourchette d’élasticité emploi-coût
salarial relativement différente de celle trouvée par DORMONT (1997) et supérieure à celle
trouvée par Legendre et Le Maître en 2001.
Les entreprises évoluent dans un environnement dynamique et incertain. Les études sur le
comportement des entreprises en matière de demande de facteurs ont négligé le paramètre de
l’incertitude. Mais à partir des travaux de MILLS en 1959 sur la théorie des prix et de
l’incertitude cet aspect d’incertitude est considéré dans l’étude du comportement des
entreprises. Après MILLS, d’autres analyses ont montré qu’en présence d’incertitude, la firme
joue sur le niveau de sa production et de ce fait, sa demande de travail (SANDO.A, 1971) et
19
(LELAND, 1972). Ces résultats tiennent essentiellement au fait que le travail apparait
implicitement comme un facteur rigide qui ne peut varier lorsque l'incertitude disparait.
En présence d’incertitude, les entreprises segmentent leurs marchés de travail afin de réduire
leurs coûts de production. La formalisation de ce comportement de l’entreprise a été effectuée
par André ZYLBERBERG en 1981 en France. L’auteur a tenu compte de la nature aléatoire de
la demande et a supposé l’existence de deux types d’embauches à savoir une embauche ex ante
qui est irréversible et une embauche ex post flexible. Pour lui, l’entreprise fait un arbitrage
entre ces deux types d’embauches et cet arbitrage est lié aux anticipations des entreprises et aux
coûts de ses embauches qui sont fonctions de l’incertitude dans les anticipations. L’auteur
conclut premièrement que l’'existence d'un emploi flexible est lié d’une part aux coûts du travail
et d’autre part à la forme et à la précision des anticipations attachées à la demande de produit.
Ensuite, il dit que le comportement de l’entreprise en termes de recherche de la flexibilité
apparait comme une recherche d’un équilibre adéquat entre les emplois stables et instables et
cela est fondé sur la maximisation de son profit ou de la minimisation de ses coûts sous diverses
contraintes dans un environnement incertain.
2. Les déterminants de la demande de travail
Plusieurs études se sont données pour objectif d’analyser les déterminants de la demande
de travail par les entreprises.
LAYARD-NICKELL-JACKMAN en 1991 ont proposé de réaliser des équations mixtes
classiques-keynésiennes de détermination de l'emploi qui vont prendre en compte les
arguments correspondant aux deux types de chômages. Ainsi, d'une façon agrégée, on
considère une économie où coexistent les deux situations. Elles visent à expliquer également
quelle part de la demande, fonction de la compétitivité ou de l'arbitrage des producteurs entre
marchés, est finalement adressée aux producteurs nationaux. Mais ces équations sont
compliquées par le fait que ce n'est pas la production qui y est introduite mais la demande
(tant nationale qu'étrangère) et le rapport du prix étranger au prix intérieur.
ARTUS (1987) s’est limité à régresser l’emploi sur des variables explicatives comme le salaire
réel, le niveau de production, le niveau de capital, d’autres sont allés plus loin en considérant le
coût relatif de travail-capital (DORTMONT, 1994), la vitesse d’ajustement entre emploi désiré
et emploi réalisé (COUSINEAU, 1988), et l’emploi retardé (AMBAPOUR, 2001).
Mauricio Cardenas en 2001 a analysé les déterminants de la demande de travail dans le secteur
manufacturier en Colombie de 1976 à 1996.Il a effectué une estimation de la demande de travail
20
statique sur un panel d'industries manufacturières et a montré que l'élasticité de la demande de
travail par rapport au salaire est faible et varie selon la qualification du travailleur. Le degré de
substituabilité entre les types de travail tel que suggéré par la théorie de la segmentation de
marché de travail est faible. Les élasticités emploi-salaires sont négatives et restent cependant
faibles aussi bien pour les non qualifiés que pour ceux qui sont qualifiés. Les élasticités entre
l’emploi et la production sont positives.
ANDRIANARISON et RAMILISON en 1997 ont effectué une étude sur un panel de 513
entreprises sur la période 1994-1995 et avaient pour objectif de donner une idée sur le
comportement des entreprises à Madagascar en matière de demande de travail et d’utilisation
de capital dans un environnement marqué par des chocs comme la révision du système de
change ou la hausse de salaire. Ils ont utilisé un modèle de minimisation de coût sous contrainte
du niveau de production compte tenue de la structure des débouchés du pays. L’estimation a
été faite à partir de la méthode des moindres carrés quasi-généralisée (MCQG) qui est la plus
utilisée en données de panel. Ces derniers, ont conclu que la demande de travail est peu élastique
par rapport aux débouchés anticipés (le niveau de production anticipé) et cela est lié à
l’étroitesse du marché local et à la faiblesse des exportations.
La détermination des facteurs influençant la demande de travail nécessite avant tout une
compréhension de la dynamique de l’ajustement. Pour ce faire, nous partons du modèle
d’emploi de court terme avec ajustement partiel étudié dans le cadre du Congo Brazzaville par
AMBAPOUR en 2001. Son objectif était de faire ressortir l’effet de l’ajustement partiel sur la
demande de travail. L’estimation sur modèle de panel a permis à l’auteur de conclure que le
comportement des entreprises congolaises publiques et privées dans les cinq secteurs d’activités
étudiés a été dominé par une forte inertie d’emploi. L’ajustement de l’emploi effectif à l’emploi
désiré au cours de la période étudiée s’est effectué avec une vitesse d’ajustement de 12,7% par
an. L’auteur conclut que les résultats obtenus sont bons mais cela nécessite une prise d’attention
quant à leur fragilité. De ce point de vue, trois principales raisons de la fragilité des résultats
ont été retenues. Premièrement, le chômage considéré est du type keynésien dont l’hypothèse
n’est pas totalement vérifiée dans le cas des secteurs d’activités étudiés. Ensuite, la valeur
ajoutée est une fonction du travail plutôt que l’inverse. Enfin, les données macroéconomiques
dans les pays en développement sont à prendre avec précaution et cela a sans doute des
conséquences sur les estimations économétriques.
21
FOFANA (1999) quant à lui à chercher à travers son étude portant sur les sous branches du
secteur de l’industrie en Côte d’Ivoire à déterminer les facteurs qui influent significativement
sur la demande de travail dans le secteur industriel. A partir des données portant sur seize sous
branches sur la période 1992-1995, l’auteur estime le modèle à l’aide de la méthode des
moindres carrés ordinaires à variable binaires et les résultats suggèrent que la valeur réelle du
capital, le chiffre d’affaire, la valeur ajoutée par unité de travail et le coût réel moyen du travail
sont les facteurs qui influent significativement sur la demande de travail dans les entreprises du
secteur industriel. Le coût moyen du travail agit négativement sur la demande de travail dans
certaines sous branches. Dans d’autres sous branches par contre, l’auteur trouve que
l’augmentation du coût moyen du travail s’est accompagnée d’une hausse des emplois.
L’analyse des déterminants de la demande de travail dans le cadre du Burkina Faso à notre
connaissance n’a pas fait l’objet d’une étude spécifique alors que la résorption du problème
de chômage nécessite une bonne compréhension des composantes du marché de travail en
général mais surtout de la composante demande de travail en particulier. Ainsi, nous nous
appuyons sur l’étude de Francis ANDRIANARISON et Eric RAMILISON (1997) mais en
introduisant l’aspect dynamique au modèle de panel comme l’a fait AMBAPOUR (2001)
dans le cadre du Congo. En rappel, partant d’une fonction de production Cobb-Douglas, et
après avoir dérivé la fonction demande de travail conditionnelle, ces auteurs ont considéré
le coût relatif du travail, le coût du capital, la valeur ajoutée comme les principaux facteurs
explicatifs de la demande de travail à Madagascar. Les auteurs ont opté pour la fonction de
demande de travail conditionnelle. Ainsi, nous optons pour la demande de travail
conditionnelle mais en ajoutant l’emploi retardé comme facteur explicatif de la demande de
travail étant donné que l’environnement dans lequel évoluent les entreprises n’est pas un
environnement certain (AMBAPOUR, 2001).
22
23
CHAPITRE III : CADRE OPERATOIRE
Section I: Spécification du modèle
1. Le modèle
Le cadre théorique que nous adoptons pour estimer la demande de travail s’inscrit dans le
prolongement des travaux de (AMBAPOUR (2001) ; ARTUS (1987) ; SEVESTRE et
DORMONT (1986) ; DORMONT (1994) ; FOFANA (1999) ; ANDRIANARISON et
RAMILISON (1997)) qui ont analysé les déterminants de la demande de travail à partir de la
technologie Cobb-Douglas. Les facteurs de production sont le capital et le travail. L’objectif
de l’entreprise est de minimiser ses coûts de production sous la contrainte du niveau de
production. Soit Y la production, L le travail et K le capital, On a : Y = f(K, L). La forme
β
fonctionnelle est f(K it , Lit ) = A eθt K αit Lit où A est un coefficient constant, α étant l’élasticité de
la production par rapport au capital, β représente l’élasticité de la production par rapport au
travail, θ représente le progrès technique autonome dont l’effet est supposé tendanciel.
Le problème se pose comme suit:
β
min Ct = rK t + wLt Sous la contrainte yt = A eθt K αt Lt
Avec K it le stock de capital de l’entreprise i de la période Lit l’emploi de la firme i de la
période t. la résolution du problème donne la fonction de demande conditionnelle qui est
fonction du salaire, du prix du capital, de la production et du progrès technique. Soit L* la
demande de travail à l’optimum. Il existe une relation de proportionnalité entre le niveau de
travail de la période t et celui de la période t-1. Le modèle d’ajustement partiel indique
qu’une partie seulement de la variation de l’emploi désiré est réalisée (COUSINEAU, 1988).
Lt − Lt−1 = ρ(L∗t − Lt−1 )
Ajustement réalisé
ajustement désiré.
On obtient le modèle économique de la demande de travail suivant :
loglit = β0 + β1 logyit + β2 log(wit ) + β3 log(rit ) + β4 t + β5 loglit−1
Avec wt = salaire ;
r= coût d’usage du stock de capital ;
yit = la valeur ajoutée du secteur i à la période t;
ρ= coefficient d’ajustement de l’écart entre la demande désiré et celle réaliser ;
θ = Progrès technique autonome.
24
L’indice i désigne le secteur d’activité et t fait référence à la période d’analyse.
β1 > 0; β2 < 0; β3 > 0 ; β4 > 0 ;β5 >0 ou β5 <0.
Le modèle économétrique est:
loglit = β0 + β1 logyit + β2 log(wit ) + β3 log(rit ) + β4 t + β5 loglit−1 + εit
εit représente le terme d’erreur qui est supposé indépendant et identiquement distribué (iid).
Posons 𝒆𝒎𝒑𝒍𝒊,𝒕 = loglit ,𝐩𝐫𝐨𝐝𝐢,𝐭 = logyit , 𝐬𝐚𝐥𝐢,𝐭 = wit , 𝐜𝐚𝐩𝐢,𝐭 = rit , 𝒆𝒎𝒑𝒍𝒊,𝒕−𝟏 = loglit−1 .
Ainsi, le modèle de demande de travail conditionnelle que nous estimons est :
𝒆𝒎𝒑𝒍𝒊,𝒕 = 𝛃𝟎 + 𝛃𝟏 𝐩𝐫𝐨𝐝𝐢,𝐭 + 𝛃𝟐 𝐬𝐚𝐥𝐢,𝐭 + 𝛃𝟑 𝐜𝐚𝐩𝐢,𝐭 + 𝛃𝟒 𝒆𝒎𝒑𝒍𝒊,𝒕−𝟏 + 𝛃𝟓 𝐭 + 𝛆𝐢𝐭
La transformation logarithmique permet d’avoir directement les élasticités de la demande de
travail par rapport aux différentes variables du modèle.
2. Analyse des données
a) Nature et source des données
Dans la modélisation de la demande de travail, il est important de tenir compte aussi bien de
l’aspect dynamique des phénomènes économiques mais aussi de l’aspect individuel
(SEVESTRE et DORMONT, 1986). Ainsi, nous utilisons des données de panel pour cinq
secteurs d’activités au Burkina Faso sur la période de 2002 à 2012.
Nos données sont essentiellement secondaires et nous les avons collectées à la DGEP, et à
l’INSD. Les secteurs concernés sont : le secteur de l’agriculture et l’élevage, le secteur des
services de l’administration publique, le secteur du commerce, le secteur industriel, et le
secteur de transport et télécommunication. Chaque secteur pris individuellement regroupe
aussi bien les entreprises publiques que privées. Nous retenons les secteurs qui contribuent
le plus à la formation du PIB sur cette période d’étude. Le choix de la période est lié aux
différentes politiques d’emplois que le pays a connus sur la période 2002 à 20012.
b) Analyse descriptive des données de 2002 à 2012
Pour les secteurs étudiés, on note une faible progression du niveau de l’emploi. Le taux
moyen annuel de progression est de 2,41% pour le secteur de l’agriculture et l’élevage,
5,16% pour l’administration publique, 3,3% pour le commerce, et 1,5% pour l’industrie. Le
secteur de transport et télécommunication a par contre connu une baisse de son emploi de
l’ordre de 4,33% par an sur la période. Il est à noter que de façon générale, l’emploi évolue
avec des faibles variations et a connu des périodes de fortes baisses pour la plupart des
secteurs. Par exemple, dans le secteur de transport et télécommunication, l’emploi a baissé
de 27,53% entre 2007 et 2008.
25
Tableau 2: Pourcentage de l’emploi par secteur.
secteurs
Agriculture et élevage
Administration publique
commerce
industrie
transport et télécommunication
total
emploi
6734399
120854,9
78019,27
291362,4
36869,45
7261505,02
pourcentage
92,74%
1,66%
1,07%
4,01%
0,51%
100%
Source : Construit par l’auteur à partir de la base de données de l’INSD, IAP 2012
L’emploi est dominé par l’agriculture et l’élevage qui occupent 92,74% de l’emploi total de
la période. Le deuxième secteur qui emploie le plus est celui de l’industrie (4,01%), suivi du
secteur de l’administration publique (1,66%) et du secteur de commerce (1,07%). Le secteur
de transport et télécommunication s’avère être le secteur qui emploie le moins (0,51%).
Graphique : Evolution de l’emploi
Evolution de l'emploi
1,2
1
Emplois
0,8
0,6
0,4
0,2
Années
2003
2002
0
Source : Construit par l’auteur à partir de la base de données de l’INSD, IAP 2012.
Le graphique montre une distribution d’emploi à deux niveaux. Le côté supérieur présente
l’évolution de l’emploi dans le secteur de l’agriculture et l’élevage8 et au niveau inférieur,
se trouve les courbes représentant l’emploi dans les autres secteurs. En effet, hors mis le
secteur de l’agriculture et l’élevage qui a un niveau d’emploi moyen de 6 734 399 employés
Pour une question de bonne représentation, nous avons divisé l’emploi dans le secteur de l’agriculture et
l’élevage par 10 donc la vraie valeur s’obtient en multipliant la valeur sur l’axe des valeurs par 10.
8
26
par an, les autres secteurs ont un niveau moyen d’emploi par an inférieur à 400 000
employés. La chute brutale de la courbe dans l’industrie traduit une baisse de l’emploi dans
ce secteur. Les courbes ont des allures instables de 2005 jusqu’à la fin de l’année 2008,
année à laquelle le pays s’est doté d’une politique nationale de l’emploi. Cela traduit une
instabilité de l’emploi dans certains secteurs comme l’industrie, le commerce, le transport et
télécommunication.
Tableau 3: Production, emploi, salaire et capital de 2002-2012(En million).
total
Production
emploi
salaire
capital
moyenne
678 000
7,261505
195 000
32 000
minimum
99 300
6,138614
26 400
6680
maximum
8 700 000
8,384732
1 070 000
85 400
Source : calcul de l’auteur à partir de la base de données de l’INSD, IAP 2012.
La production moyenne des cinq secteurs est de 678 000 milliards de FCFA, la masse
salariale moyenne de 195 000, capital moyen de 1641,95 milliards de FCFA. Cette
production est intensive en travail qu’en capital. La production minimale est de 99 300
milliards contre une maximale de 8 700 000 milliards. Cet écart traduit que production est
volatile. Les masses salariales minimales et maximales étaient respectivement de 195000
milliards et 1 070 000 milliards. Le capital minimal et maximal est respectivement de 32000
milliards et 85 400milliards. La production moyenne par tête sur la période est 53369 FCFA
et celle par unité de capital de 125,72 FCFA. L’intensité capitalistique représentant le
rapport entre le capital moyen utilisé et le travail moyen est 0,16. Cette faible intensité
capitalistique indique que l’économie Burkinabè est faiblement capitalistique et utilise de ce
fait plus de travail que de capital.
Etude de la corrélation entre les différentes variables
Elle permet de déterminer à l’avance la nature des liens entre les variables.
Tableau 4 : Corrélation entre l’emploi, la production, le salaire et le capital
27
Emploi
Salaire
Capital
Emploi
1
Salaire
0,2353***
1
Capital
-0,0623***
-0,1437***
1
Production
0,5961***
0,4719***
-0,1767***
Production
1
*** : significatif au seuil de 1%
Source : calcul de l’auteur sur stata11à partir de la base de données de l’étude.
Le tableau de corrélation montre que l’emploi et le salaire sont liés positivement. La
production et l’emploi sont également liés positivement ainsi que la production et le salaire.
Par contre, le capital est lié négativement à toutes les autres variables. Ce dernier lien
confirme la structure de l’économie qui utilise peu de capital par rapport au travail.
3. Les variables et la méthode d’estimation
a) Les variables
 Variable expliquée :
La variable expliquée dans notre modèle est la demande de travail. Elle est représentée par le
niveau de l’emploi observé ou la quantité de travail utilisée par le secteur d’activité par année.
Elle est représentée par 𝐞𝐦𝐩𝐥 dans le modèle.
 Les variables explicatives
 La production (𝐩𝐫𝐨𝐝) du secteur : Elle représente le niveau de production du secteur
d’activité. La production est le facteur le plus souvent testé et il fait l’objet d’un large
consensus en ce qui concerne son effet sur la demande de travail (COUSINEAU, 1988).
Nous l’avons représenté par la valeur de la production au prix constant. Le signe
théorique attendu est positif ;
 Le salaire moyen (𝐬𝐚𝐥) : Il est obtenu en effectuant le rapport entre la masse salariale et
le niveau d’emploi global dans le secteur d’activité. Son signe théorique est négatif.
 Le coût du capital (cap) : Il représente l’actif immobilisé et est approximé par la valeur
au prix constant du stock de capital physique. Il s’agit du capital de production. Il
influence positivement la demande de travail ;
28
 L’emploi de la période précédente (𝐞𝐦𝐩𝐥𝐭−𝟏). Il représente le niveau de l’emploi que le
pays a enregistré à la période précédente. Il agit positivement la demande de travail et de
ce fait le signe théorique est positif ;
 L’évolution technologique (t) : Il permet de capter l’effet lié au changement
technologique dans le secteur et donc l’effet spécifique temporel. Le développement
technologique dans un secteur toute chose égale par ailleurs, conduit à une baisse du
prix de la production et un accroissement des ventes et donc de la production dans ce
secteur. Le développement technologique ne conduit pas seulement à une baisse de
l’emploi car il en crée d’autres puisqu’il permet de libérer la main d’œuvre peu
productive dans les secteurs traditionnels. En somme, son signe est indéterminé.
b) Méthode d’estimation
L’estimation des paramètres d’un modèle de panel peut se faire à l’aide de la méthode sans
effets fixes et sans effets aléatoires (MCO), la méthode avec effets fixes (Within, LSDV), la
méthode à effets aléatoires (between), la méthode d’Anderson et HSIAO (1982).
En ce qui concerne le panel dynamique, les méthodes économétriques standards comme les
MCO, la méthode Within, la méthode between ne permettent pas d’avoir des estimateurs
efficients puisqu’elles donnent des estimateurs non convergents. La méthode d’Anderson et
HSIAO (1982) est également non efficace dans la mesure où elle est basée sur l'utilisation des
variables instrumentales et ne prend pas en compte la structure des termes d'erreurs et n'exploite
pas toutes les conditions des moments.
Un panel dynamique est un modèle dans lequel un ou plusieurs retards de la variable dépendante
figurent comme variables explicatives. Pour tenir compte de cet état, les macro-économistes
font recours depuis les années 1991 à la méthode des moments généralisée(GMM). Le GMM
est la méthode « magique » qui fait « fureur », qui permet d'apporter des solutions aux
problèmes de biais de simultanéités et contrôler les effets spécifiques. En plus, cette méthode
permet de contourner le problème d'endogéneité des variables. Elle est de ce fait la plus
indiquée pour les panels dynamiques (KPODAR, 2007).
Le GMM comporte deux variantes à savoir l’estimateur en première différence d'Arellano et
Bond (1991) et l’estimateur en système de Blundell et Bond(1998).
 L’estimateur en première différence d’Arellano et Bond (1991) consiste à prendre pour
chaque période la première différence de l’équation à estimer pour éliminer les effets
29
individuels et ensuite à instrumenter les variables explicatives de l’équation en première
différence par leurs valeurs en niveau retardé d’une ou plusieurs périodes. Arellano et
Bond proposent une estimation en deux étapes. Premièrement, les termes d'erreurs sont
supposés indépendants et homoscédastiques dans le temps et selon les individus. Dans
une seconde étape, les résidus obtenus précédemment sont utilisés pour construire un
estimateur efficient de la matrice de variance-covariance en relâchant l'hypothèse
d'indépendance et d’homoscédasticité. Cette méthode comporte une limite décrite par
Blundell et Bond (1998) à l’aide des simulations de Monte Carlo. En effet, la
différenciation de l'équation en niveau élimine les variations inter -individus et ne
considèrent pas les variations intra-individus. Pour cela, elle conduit à des estimateurs
biaisés dans des échantillons finis lorsque les instruments sont faibles. Pour palier ce
problème, on fait recours à l’estimateur en système.
 L’estimateur GMM en système de Blundell et Bond (1998) est une méthode
complémentaire au modèle d’Arellano et Bond (1991). Cette méthode consiste à faire
une combinaison de l’équation en première différence avec les équations en niveau
dans lesquelles les variables sont instrumentées par leurs premières différences.
Dans notre estimation, nous utilisons le GMM en système a une étape afin de pouvoir tirer
profit des avantages qu’il offre notamment l’absence de biais de simultanéité et
d’autocorrélation. Avant l’estimation, nous effectuons des tests afin de procurer le caractère
efficient à nos résultats. Ainsi, nous effectuons les tests préliminaires de spécification du
modèle, le test de racine unitaire, le test de significativité globale, le test de sur-identification
de Sargan/Hansen, et le test d’autocorrélation des erreurs d’Arellano et Bond.
 Le test de spécification :
Le test de spécification est le tout premier test à effectuer si on travaille avec des données de
panels. Selon HURLIN (2006) lorsque l'on considère un échantillon de données de panel, la
toute première chose qu'il convient de vérifier est la spécification homogène ou hétérogène du
processus générateur de données. Sur le plan économétrique, cela revient à tester l'égalité des
coefficients du modèle étudié dans la dimension individuelle. Sur le plan économique, les tests
de spécification reviennent à déterminer si l'on est en droit de supposer que le modèle théorique
étudié est parfaitement identique pour tous les pays, ou au contraire s'il existe des spécificités
propres à chaque pays
30
Ici, nous faisons le test de spécification pour voir si on est en droit de supposer que le modèle
est identique pour tous les secteurs d’activités de l’économie retenus pour le Burkina Faso. S’il
y’a homogénéité des coefficients du modèle, cela traduit que nos données supportent la
structure panel et nous utilisons la méthode adéquate pour estimer le modèle dynamique. Si par
contre il y’a hétérogénéité des coefficients, nos données ne supportent pas la structure panel.
Par conséquent, nous estimons les paramètres du modèle par les moindres carrés généralisés
(MCG) pour chaque secteur d’activités. Le test de spécification correspond à un test de Fisher.
Les hypothèses du test sont :
H0 : Il y’a absence d’effets individuels
H1 : Il y’a présence d’effets individuels
Soit les deux modèles suivants :
𝑦𝑖,𝑡 = 𝛼 + 𝑥𝑖,𝑡 𝛽𝑖 + 𝜀𝑖,𝑡 (1)
𝑦𝑖,𝑡 = 𝛼𝑖 + 𝑥𝑖,𝑡 𝛽𝑖 + 𝜀𝑖,𝑡 (2)
Soit 𝐹 la statistique associée à ce test. Sous H0 , on impose l’égalité des 𝛽𝑖 et sous l’hypothèse
d’indépendance et de normalité des résidus, on construit une statistique pour tester les 𝑁 − 1
restrictions linéaires. Sous l’hypothèse H1 , les 𝛽𝑖 sont égaux mais pas les 𝛼𝑖 . On a ainsi 𝑁𝑇 −
𝑁 − 𝐾 degrés de liberté. N est le nombre d’individus, T la période totale, K le nombre de
paramètres à estimer.
La statistique 𝐹 =
(𝑆𝐶𝑅1 −𝑆𝐶𝑅2 )⁄(𝑁−1)
𝑆𝐶𝑅2 ⁄(𝑁𝑇−𝑁−𝐾)
↝ 𝐹(𝑁 − 1, 𝑁𝑇 − 𝑁 − 𝐾)
Où 𝑆𝐶𝑅1 est la somme des carrés des résidus du modèle contraint (1) et 𝑆𝐶𝑅2 la somme des
carrés des résidus du modèle non contraint (2).
 Le test de stationnarité
L’analyse des données de panels intégrant la stationnarité des séries s’est développée
récemment avec les travaux pionniers d’ANDREWLEVIN ET CHIEN-FU (1992). Ainsi, le
test de stationnarité est une condition de départ d’application du GMM. Ce test va nous
permettre de déterminer le degré d'intégration des sériés dans notre panel. Les tests les plus
utilisés sont ceux de LEVIN-LIN-CHU(1993) (LLC) de d'IM-PESARAN-SHIN (2003) (IPS)
et le test ADF.HURLIN et MIGNON en 2005 ont apporté une critique au test de LLC car ce
test est basé sur l’hypothèse d’indépendance interindividuelle des résidus. Cette
interdépendance des résidus conduit à des distributions asymptotiques ou semi-asymptotiques
normales. Ainsi, les éventuelles corrélations entre les individus constituent des paramètres de
nuisance. Pour pallier ce problème, ils proposent d’utiliser le test IPS qui permet de corriger les
31
limites de LLC en exploitant les co-mouvements pour définir de nouvelles statistiques de test
(HURLIN & MIGNONY, 2005). Nous faisons les trois tests de stationnarité et nous disons que
la série est stationnaire si au moins deux des trois tests l’attestent. La spécification du test est :
Soit le modèle (6) de Dickey-Fuller Augmenté suivant :
∆𝑦𝑖,𝑡 = 𝜙𝑦𝑖,𝑡−1 + 𝑐 + 𝑏𝑡 − ∑𝑝𝑗=1 𝜆𝑖 Δ𝑦𝑖,𝑡−𝑗 + 𝜀𝑖,𝑡 .
Dans notre cas, le retard p est de 1. Ainsi le modèle (6) devient :
∆𝑦𝑖,𝑡 = 𝜙𝑦𝑖,𝑡−1 + 𝑐 + 𝑏𝑡 − 𝜆1 Δ𝑦𝑖,𝑡−1 + 𝜀𝑖,𝑡
Les hypothèses du test de stationnarité sont :
H0 : Présence de racine unitaire (𝜙 = 1)
H1 : Absence de racine unitaire (|𝜙| < 1)
Si après le test, l’hypothèse nulle n’est pas rejetée, cela conduit à dire que la série n’est pas
stationnaire et nous allons la stationnarisée en effectuant une différentiation suivant l’ordre
d’intégration de la série.
 Test de normalité de Jarque-Bera
Ce test permet de voir si les erreurs sont normales. La statistique de Jarque-Bera est définie
par :
𝐽𝐵 = 𝑛 [
𝑆2
6
+
(𝐾−3)2
24
] Où n est le nombre d’observation, S est le coefficient de dissymétrie
(Skewness) et K le coefficient d’aplatissement (Kurtosis). La statistique JB suit la loi du
Khi-deux.
H0 : Les erreurs suivent la loi normale
H1 : Les erreurs ne suivent pas la loi normale
 Le test de sur-identification de Sargan/Hansen.
Il permet de tester la validité de la variable retardée dans notre modèle comme instrument.
Il est basé sur l'auto-variance des résidus moyens standardisé et suit une loi normale 𝑁(0; 1)
sous les hypothèses:
H0 : Présence de variable retardée dans le modèle
H1 : Absence de variables retardées dans le modèle
32
 Le test d’autocorrélation d’Arellano et Bond
Ce test permet de vérifier la présence
d’autocorrélation des erreurs. Il admet une
autocorrélation d’ordre 1 mais pas une autocorrélation d’ordre 2. Il est construit à partir des
hypothèses suivantes :
H0 : Il y’a absence d’autocorrélation des erreurs.
H1 : Il y’a présence d’autocorrélation des erreurs.
Section II : Résultats et interprétations.
1. Résultats
a) Résultat des tests
Dans cette partie, nous présentons le résultat du test de spécification de Fisher, le test de
stationnarité, le test de sur-identification, et le test d’autocorrélation des erreurs.
 Le test de spécification du modèle
Ce test est automatiquement effectué après une estimation de modèle de panel avec la
méthode within. En effet, après l’estimation sur stata11 en utilisant l’estimateur within, deux
statistiques de Fisher sont calculées. La première est le Fisher de significativité globale des
paramètres et le seconde correspond au Fisher d’homogénéité des paramètres. Ainsi, nous
obtenons le Fisher et la probabilité de khi deux suivants :
F (4,
45) = 46,38 et P-value = 0,0000. Au seuil de 5%, l’évidence empirique nous permet de
rejeter l’hypothèse nulle d’absence d’effets individuels. Alors, il y’a homogénéité des
coefficients du modèle et cela traduit que nos données supportent la structure panel.
 Test de normalité de Jarque-Bera
Nous obtenons une probabilité de khi-deux de 0,1592. Au seuil de 5%, l’évidence empirique
ne nous permet pas de rejeter l’hypothèse de normalité des erreurs. Ainsi, les erreurs sont
normales.
 Le test de stationnarité
Le résultat du test est inscrit dans annexe 4. Rappelons, une série est dite stationnaire au
seuil de 5%, si sa p-value est inférieur à 0,05. Ainsi, l’emploi et l’emploi retardé d’une
période sont stationnaires en niveau. Le salaire, le capital et la production sont stationnaire
en première différence.
 Résultat du test d’autocorrélation des erreurs d’Arellano et Bond et de suridentification de Sargan/Hansen.
33
Ces tests sont automatiquement effectués après l’estimation du modèle avec le GMM en
système. Le résultat de ces deux tests est inscrit dans le tableau 5. Au seuil de 5%, on ne
rejette pas l’hypothèse nulle d’absence d’autocorrélation des erreurs de premiers et de
second ordre d’Arellano-Bond car les probabilités sont supérieures à 0,05. Autrement, il y’a
absence d’autocorrélation des erreurs. Les probabilités de Sargan et Hansen obtenues sont
respectivement de 0,064 et 1. Ces probabilités sont supérieures à 0,05. On conclut qu’au
seuil de 5% on ne rejette pas l’hypothèse nulle de présence d’emploi retardé dans le modèle
comme instrument.
Efficacité de l’estimateur GMM en panel dynamique
Premièrement, l’instrument utilisé dans notre régression est valide parce que le test de
Sargan et le test de Hansen n’ont pas permis de rejeter l’hypothèse de validité de la variable
retardé de l’emploi en niveau comme instrument. De plus, il n’y a pas d’autocorrélation de
premier et second ordre des erreurs en première différence car le test d’autocorrélation de
premier AR(1) et de second ordre AR(2) d’Arellano et Bond ont validés l’hypothèse
d’absence
d’autocorrélation
des
erreurs.
Par
souci
d’éliminer
la
présence
d’hétéroscédasticité, nous estimons le modèle par la méthode de GMM en système en une
étape en utilisant l’option robuste puis qu’il permet de corriger les statistiques t de student
de l’hétéroscédasticité. Par conséquent, nous pouvons conclure que tous nos résultats sont
robustes.
Avant l’estimation de notre modèle, nous effectuons une différence première des variables
non stationnaires en niveau citées ci-dessus.
b) Résultats de l’estimation du modèle
L’estimation du modèle de la demande de travail, sur le panel dynamique de cinq secteurs
d’activités par la méthode des moments généralisés a donné le résultat inscrit dans le tableau
suivant :
34
Tableau5: Résultat de l’estimation du modèle de demande de travail.
variables
Coefficients
P-values
Emploi retardé
0,061948***
0,001
Salaire
0,6213777***
0,000
Capital
-2,480102**
0,010
Production
0,365497***
0,000
Progrès technique
-0,033517
0,257
constante
11,90234***
0,000
tests
Statistiques
p-values
Arellano-Bond d’AR (1)
Z = - 1,2
p> z= 0,231
Arellano-Bond d’AR (2)
Z = -0,01
p> z=0,988
Sargan
Chi2(1)=3,44
p> chi2=0,064
Hansen
Chi2(1)=0,00
p> chi2=1
Source : Estimation de l’auteur sur stata11à partir de la base de données de l’étude.
*** : Significatif au seuil de 1% ; ** : significatif au seuil de 5%.
Ainsi, le modèle estimé de demande de travail est :
empli,t = 11,9 + 0,365prodi,t + 0,621sali,t − 2,48capi,t + 0,06empli,t−1 − 0,034t
(16,28)
(6,1)
(3,57)
(-2,58)
(3,22)
(-1,13)
Les valeurs entre parenthèses représentent les statistiques t de student. Hormis le coefficient
du progrès technique, tous les autres coefficients sont significatifs au niveau de confiance de
95%.
2. Interprétations des résultats
2.1.
Interprétations économétriques
Il ressort de l’estimation du modèle que la production, le salaire, et l’emploi retardé d’une
période sont significatives au seuil de 1%. Le coût du capital est significatif à 5%. La
constante est également significative. Elle permet de déterminer la demande de travail si on
suppose le niveau de l’emploi retardé, de salaire, de capital égale à zéro. Elle répond à la
35
demande liée la perte ou à la retraite de certains travailleurs. C’est la valeur à l’ordonnée de
l’équation de la demande de travail.
Parmi les variables susceptibles d’influencer la demande de travail que nous avons
considéré, seul le progrès technique s’avère être non significatif à 5%.
2.2.
Interprétations économiques
2.2.1. Effet de la production
L’élasticité de la demande de travail par rapport au niveau de production est de 0,365. Cela
signifie qu’une augmentation de la production de 1% entraine une augmentation de la
demande de travail de 0,365% toute chose égale par ailleurs. Il en est ainsi parce qu’une
anticipation de l’augmentation de la production conduit les secteurs d’activités a manifesté
un besoin en travailleurs supplémentaires pour répondre à cette augmentation de la
production. Pour produire plus, il faut dépenser plus en facteurs de productions c’est à dire
en travail ou en capital selon que l’économie soit intensive en capital ou en travail.
L’économie Burkinabè est faiblement dotée en capital par rapport au travail. Il résulte qu’un
besoin en facteur de production s’oriente plus vers le travail que le capital. Le problème
majeur est que le besoin en facteur travail se manifeste faiblement par rapport à
l’accroissement de l’offre de travail.
2.2.2. Effet de l’emploi retardé
L’emploi retardé d’une période agit positivement sur la demande de travail avec une
élasticité de 0,062 mais cette valeur de l’élasticité est faible par rapport à celle de la
production. Une augmentation de l’emploi retardé d’une période d’un point entraine une
augmentation de l’emploi de la période courante de 0,062 point toute chose égale par
ailleurs. Autrement, si la période correspond à l’année, une augmentation de l’emploi de
cette année de 1% entraine une augmentation de l’emploi de l’année prochaine de 0,062%.
L’explication que nous donnons est que l’emploi ne s’ajuste que partiellement aux
fluctuations à court terme dans la production. Le niveau de l’emploi de la période antérieure
est là pour capter cet effet d’ajustement partiel ; en fait, son incidence sur l’emploi au temps
courant correspond au taux d’ajustement partiel. En effet, le fait de connaître la baisse de ses
ventes ne conduit pas immédiatement à une compression du niveau d’emploi par l’entreprise.
Cela s’explique par le fait qu’en effectuant les mises à pieds, l’entreprise court un risque
de perdre ses employés quand la demande à laquelle elle fait face va se redresser à plus ou
moins bref délais et que les travailleurs mis à pieds se soient trouvé de l’emploi ailleurs. Elle
36
va alors subir des coûts supplémentaires liés aux recrutements, à la sélection et les coûts de
formation. Ainsi, pour éviter ces coûts, l’entreprise va simplement « thésauriser » ses
employés en période de baisse de la production puis leur faire appel quand la production se
redressera. Il faut noter qu’au début de la reprise de ses ventes l’entreprise ne procédera pas
immédiatement à une vaste campagne d’embauchage. Elle utilisera la main d’œuvre qu’elle
avait réservée et ce n’est qu’une fois la demande pour ses biens stabilisée à un niveau plus
élevé qu’elle réajustera pleinement son emploi.
En résume, l’annonce d’une chute du PIB ne se traduit pas immédiatement par une chute
proportionnelle de l’emploi au Burkina. De même, l’annonce d’une expansion du PIB ne se
traduit pas immédiatement par une hausse correspondante de l’emploi. Ainsi, les indicateurs
de l’emploi marquent un certain retard par rapport à la production. Ce retard est lié à l’écart
entre l’emploi désiré par les entreprises et celui observé par ces dernières. Pour évaluer ce
retard, nous procédons comme suit :
Dans le modèle de demande de travail, β4 = (1 − ρ). Or β4 représente l’élasticité de la
demande de travail par rapport à l’emploi retardé d’une période et ρ correspond au
coefficient d’ajustement. Ainsi, 1 − ρ = 0,062 alors, ρ = 0,938.
La valeur du coefficient d’ajustement partiel étant de 0,938, cela signifie que pour les cinq
secteurs d’activités étudiés, l’ajustement de l’emploi effectif à l’emploi désiré au cours de la
période d’étude s’est fait à 93,8% par an. Cette situation s’explique par le niveau élevé du
chômage. Etant donné que l’offre de travail est supérieure à la demande de travail, une unité
supplémentaire de demande de travail trouve à 93,8% une offre de travail toute chose égale
par ailleurs.
2.2.3. Effet du salaire moyen
L’élasticité de la demande de travail par rapport au salaire moyen est de 0,621.Cela signifie
que lorsque le salaire moyen augmente de 1%, la demande de travail augmente de 0,621%
toute chose égale par ailleurs.
Ce résultat laisse entrevoir une remise en question de la relation emploi-salaire dans
l’approche classique du marché de travail dans le cadre des secteurs d’activités étudiés. Mais
vue dans l’approche keynésienne, ce lien trouve une explication plausible.
37
En effet, le salaire est avant tout un revenu nécessaire au soutien de la demande de
consommation. Au Burkina Faso, les salaires restent encore bas9. Les augmenter est
synonyme d’amélioration du pouvoir d’achat des ménages puisque le taux d’inflation10 au
Burkina est resté faible sur la période d’étude. Constatant leurs situations financière
s’améliorer, les ménages vont consommer plus et cela conduit à une augmentation de la
demande des biens et services. Dans ce contexte, les secteurs d’activités vont chercher à
répondre à cette demande en produisant plus et donc en employant plus car au Burkina, le
travail reste relativement moins cher par rapport au capital. En outre, l’économie Burkinabè
est une économie de consommation avec une propension marginale à consommer moyenne
de 72,67% (DGEP, 2012). Cette valeur élevée de la propension marginale à consommer
traduit qu’une augmentation du revenu des ménages d’une unité se répercute sur la
consommation globale en l’augmentant de 0,7267 unité. Comme la consommation va
augmenter de 0,7267 unité, la production doit aussi augmenter au moins de 0,7267 unité
pour satisfaire la demande de consommation. Et pour produire ces 0,7267 unités, les secteurs
embauchent plus.
En revanche, une réduction des salaires peut à contrario alimenter une faible demande de
travail dans la mesure où le pouvoir d’achat des ménages baisse relativement. Ces derniers
vont consommer moins, ce qui entraîne un ralentissement de la demande et donc de l’activité
économique. Les anticipations des entreprises vont être pessimistes et la demande effective
va baisser. Ce qui va entraîner une baisse de leurs productions, et donc une baisse de l’emploi
en partant une augmentation du chômage.
Ce résultat montre que le niveau de l’emploi sur la période d’étude est lié positivement au
volume de production des secteurs d’activités et non au niveau de salaire11. Si on considère
9
Pour la fonction publique, 45% des agents ont un salaire mensuel compris entre 100 000 et 150 000FCFA,
tandis que 25,8% (soit 23 978 agents) ont un salaire de plus de 150 000 et seulement 1,1% ont un salaire
inférieur à 50 000. La masse salariale que l’Etat verse aux agents de la fonction publique a été évaluée à 138,52
milliards en 2007. Cette masse salariale s’accroît dans le temps, et on a pu noter un accroissement moyen
annuel de 15% du volume salarial entre 2004 et 2007.
10
Elle a été contenue dans l’ensemble dans la limite de la norme communautaire de l’UEMOA après la forte
pression inflationniste enregistrée en 2008 consécutive aux crises alimentaire et énergétique. En effet, le taux
d’inflation s’est situé en moyenne à 2,0% sur la période 2010-2012 (Perspective économique mondiale d’avril
2013).
La demande effective est la demande anticipée par les chefs d’entreprise. Par ce concept, Keynes montre que la
11
demande d’investissement des entreprises et le niveau de l’emploi sont déterminés par le volume de production
38
la relation entre le salaire et la production12, nous avons trouvé une corrélation positive entre
les deux variables. Cet état de fait explique le lien positif entre l’emploi et le salaire.
2.2.4. Effet du capital
L’élasticité de la demande de travail par rapport au capital est de -2,48. Une augmentation
de la valeur du capital de 1% entraine une baisse de la demande de travail de 2,48% toute
chose égale par ailleurs. Comme nous l’avons vu plus haut, l’économie Burkinabè est
faiblement intensive en capital (l’intensité capitalistique est de 0,16). A court terme, une
augmentation du coût du capital accroit les coûts de production sans pour autant stimuler la
consommation et la production d’autant plus que les entreprises ont une faible influence le
facteur capital à court terme. De ce fait, elles vont répondre à cette augmentation du coût de
production en baissant le niveau de production car il revient plus chère de produire le même
niveau de production avec des coûts plus élevés. Comme le capital est fixe, pour baisser le
niveau de production suite à la hausse du coût de production, les entreprises vont chercher à
réduire la masse salariale qu’elles supportent en procédant à des licenciements. En somme,
la hausse du coût du capital conduit à une baisse de la production ce qui conduit à une
diminution des emplois.
anticipé par les chefs d’entreprise pour répondre à la demande de biens de consommation et de biens
d’équipement.
12
Cette situation est représentée par le schéma en annexe 6.
39
Conclusions sur les hypothèses
Au regard des résultats empiriques, nous parvenons à la conclusion que la première
hypothèse de l’étude qui stipule que le niveau production, et le niveau de l’emploi de la
période précédente influent positivement sur la demande de travail a été validée. Ensuite la
deuxième hypothèse selon laquelle un niveau élevé du salaire moyen influence négativement
la demande de travail a été infirmée. Enfin, la troisième hypothèse qui déclare que le coût
du capital influence positivement la demande de travail a été infirmée.
3. Recommandations
Dans la perspective de stimuler la demande de travail au Burkina Faso afin qu’elle absorbe
plus l’offre de travail, nous formulons les recommandations de politique en matière d’emploi
axées sur les variables significatives.
3.1.
Politique sur la production
La production est l’un des facteurs qui permet d’augmenter la capacité des entreprises à
employer. Son effet étant positif, il est nécessaire que, dans le cadre de la promotion de
l'emploi et de la réduction du chômage des mesures soient prises pour stimuler la production.
L’intensification de la production agricole doit nécessairement passer par la prise en compte
de la grande variabilité génétique des espèces locales cultivées et des potentialités nonnégligeables d’irrigation13. Etant donné l’avantage comparatif que dispose le pays dans ce
secteur par rapport aux autres secteurs, les mesures de soutien à la production doivent être
favorables à l’agriculture et l’élevage ainsi qu’à l’industrie agroalimentaire. L’Etat a déjà
entrepris des mesures de soutien à la production agricole et la plus récente est le
développement en 2011du projet Bagré pôle qui se voit être un pôle de croissance mis en
place pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement du Gouvernement tels
qu'énoncés par la SCADD (2011-2015). Ce projet vise à accroitre la production céréalière
de 450 000 tonnes et à créer au moins 27000 emplois directs. Etant donné que l’offre de
travail est en moyenne de 140000 et la demande de 20000, il faut un besoin supplémentaire
de 120000 nouveaux emplois par an pour résoudre le problème de chômage toute chose égale
par ailleurs. Afin de pouvoir répondre au supplément d’offre de travail, le pays doit créer au
moins 120000 emplois directs par an en développant 4,45 projets ayant les mêmes
envergures que celles de Bagré pôle. La mise en œuvre effective d’une telle politique
nécessite une consolidation du partenariat public-privé. En se basant sur le coût de
13
Le potentiel en eau de surface est estimé à 10 milliards de m3 et celle souterraine à 113 milliards de m3
40
financement de Bagré pôle qui est de 133,7 millions de US$ soit 64260,23 millions de FCFA,
il faut un financement supplémentaire de 594,97 millions de US$14 soit 285 960,43 millions
de FCFA pour la mise en application de cette politique.
En outre, en baissant le taux d’impôt sur le bénéfice qui est actuellement de 27,5% pour les
grandes entreprises, le pays peut arriver à stimuler la production nationale à travers celle des
entreprises. Cette mesure permettra aux entreprises de se mettre dans un sentier de
production maximisant leur profit. La recherche de profit maximum des entreprises passe
par une production plus élevée et donc par un emploi plus élevé.
3.2.
Politique sur le salaire
Le salaire moyen est le facteur qui a plus d’effet sur la demande de travail. De ce fait une
légère augmentation des salaires se répercute fortement sur la demande de travail via d’une
part par la hausse de la demande effective et d’autre part par le fait qu’une augmentation des
salaires incite les travailleurs à fournir plus d’efforts. Bien vrai que la hausse des salaires
entrainent une hausse du coût global de production de l’entreprise, mais il est à noter
également que la hausse des salaires donne plus de motivation aux travailleurs qui
fournissent de ce fait plus d’effort. Du côté des ménages, ils verront leur pouvoir d’achat
augmenter. Ces derniers seront dans une bonne posture de consommer du fait de
l’augmentation de leur pouvoir d’achat. Ainsi, toute politique visant à améliorer le pouvoir
d’achat des ménages suscitera un gain en emploi et en partant une réduction du chômage.
Nous concluons que vue la structure de l’économie Burkinabè qui est une consommation,
pour réduire le chômage, il faut stimuler la consommation qui stimulera à son tour la
production nationale conduisant à l’augmentation des emplois. Cette politique doit être
suivie par une politique incitative à la consommation des produits nationaux pour que les
produits nationaux ne soient évincés par les produits étrangers15.
La politique des salaires étant une politique complexe dans sa finition, pour espérer des
retombées positives sur l’emploi, il faut qu’elle soit suivie d’une surveillance accrue pour
limiter ses effets sur l’inflation. Il faut en plus limiter les importations illicites qui évincent
les produits locaux. Ainsi, en évitant toute politique tendant à baisser le pouvoir d’achat des
consommateurs, le pays réduira le niveau de chômage. En effet si par exemple la baisse du
14
Les conversions sont faites au Taux de change: 1 Dollar Américain = 480,63 Franc CFA (UEMOA) à la date
du 29 juin 2014 à 09h:41:37 Am.
15
La consommation alimentaire vers les produits locaux étant d’actuellement le besoins alimentaire actuel du
pays est assurée à plus de 70% par l’importation des produits alimentaires (MEF, 2011).
41
coût du travail passe par une diminution des charges sociales, cette réduction du coût du
travail aura des conséquences néfastes sur le financement de la protection sociale, et donc
sur le problème très actuel de financement des retraites. Cette situation confirme bien la
déclaration de MALLON cité par EMMERIJ (1994) qui dit tout simplement que là où les
salaires sont élevés, le rendement l’est également et que la productivité correspond
strictement aux taux de salaire.
3.3.
Politique sur l’emploi retardé d’une période
L’effet de l’emploi retardé sur l’emploi est faible mais positif au Burkina. L’économie
Burkinabè reste encore sous l’emprise du secteur primaire qui demeure embryonnaire. Le
chômage, étant plutôt lié à la structure économique du pays, une transformation structurelle
est nécessaire pour baisser le niveau du chômage. Mais dès à présent, le pays peut passer par
une politique d’emploi de court terme via les salaires ou la production pour que le niveau
d’emplois de court terme permette de corriger celui de long terme.
3.4.
Politique sur le capital
L’emploi est également très sensible au coût du capital. L'impact du coût capital notamment
le capital immobilier étant nuisible à l’emploi, les pouvoirs publics devraient prendre des
mesures pour inciter la substitution du travail au capital dans le processus de production
parce que le capital coûte plus cher au Burkina que le travail. La raison de cette cherté du
capital vient du fait que le pays importe la quasi-totalité de son capital surtout les machines.
Par contre, l’Etat doit faciliter l’accès au capital financier à travers les crédits. Il peut par
exemple baisser le taux d'intérêt pour faciliter l’accès au capital financier. L'accès au capital
financier permet la réalisation des investissements productifs au niveau des entreprises. Ces
investissements productifs procureront de nouveaux emplois. Néanmoins, il ne faut pas
perdre de vue le fait que l’élasticité de la demande du travail par rapport à cette variable est
élevée.
42
CONCLUSION GENERALE
La présente étude avait pour objectif principal de faire une analyse des déterminants de la
demande de travail au Burkina Faso. Il ressort de l’analyse descriptive que l’emploi est
dominé par le secteur de l’agriculture et l’élevage qui occupe 92,74% de l’emploi total de
la période. Le deuxième secteur qui emploie le plus est celui de l’industrie 4,01%, le secteur
de l’administration publique et le secteur de commerce occupent respectivement 1,66% et
1,07% de l’emploi total. Le secteur de transport et télécommunication s’avère être le secteur
qui emploie le moins sur cette période avec 33% de l’emploi total. L’étude de la corrélation
a permis de voir un lien positif entre l’emploi et le salaire, entre le salaire et la production et
une relation négative entre l’emploi et le capital et entre le capital et la production et le
salaire.
En ce qui concerne l’analyse économétrique, nous avons estimé le modèle de demande de
travail à partir d’un panel dynamique de cinq secteurs d’activités sur la période 2002 à 2012.
Les résultats économétriques montrent que la production, le salaire, l’emploi retardé d’une
période et le coût capital sont les facteurs explicatifs de la demande de travail. En outre, le
salaire et la production demeurent les facteurs qui ont plus d’effets positifs sur la demande
de travail. Ainsi pour une grande efficacité, les politiques d’emploi doivent être ciblées
(spécifique à chaque facteur pour lequel le pays dispose d’un avantage comparatif). Il est
donc nécessaire que dans le cadre de la lutte contre le chômage et la promotion de l’emploi,
des mesures soient prises pour favoriser la production, et améliorer la rémunération des
travailleurs.
Le Burkina Faso dispose d’une grande potentialité en main d’œuvre caractérisée par sa
jeunesse16. En raison de leurs faibles employabilités, ces derniers se rabattent dans le secteur
privé surtout le privé informel où le niveau de productivité est faible avec une très grande
vulnérabilité de l’emploi. Le privé étant le principal pourvoyeur d’emploi et le plus doté en
ressources humaines, pour la réduction du chômage, il faut que le secteur privé puisse jouer
convenablement sa partition dans le développement de l’économie Burkinabè. Cela
nécessite la mise en place d’un environnement propice à l’initiative privée par le
renforcement du partenariat secteur public / secteur privé.
Les politiques de l’emploi doivent également tenir compte de la qualité de formation afin de
réduire l’inadéquation entre les offres de travail des individus et les demandes de travail des
16
84,4% de la population active (ZERBO & OUEDRAOGO, Etude sur l'etat des lieux et la problematique de
l'emploi des jeunes au Burkina Faso, 2014)
43
entreprises. A ce effet, ZYLBERBERG affirme : « le chômage des jeunes n’est pas
seulement liés au manque d’expérience, mais aussi par l’inadéquation entre les formations
reçues et les exigences du marchés de travail».
44
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48
ANNEXE
Annexe1 : évolution de la demande de travail de 2004 à 2012
Année
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
62 486
66 778
65 749
72 789
76 762
84 274
91 501
95 616
103 095
110 808
demande
publique
demande
privée
6 604 595 6 790 394 7 026 510 7 151 154 7 323 879 7 445 459 7 324 042 7 484 679 7 645 890 7 902 474
demande de
travail
6 667 081 6 857 172 7 092 259 7 223 943 7 400 641 7 529 733 7 415 543 7 580 295 7 748 985 8 013 283
source: INSD, IAP 2011
Annexe 2 : procédure de détermination du stock de capital
Cap : Le capital est évalué à partir de la méthode des inventaires permanents puisque nous ne
disposons pas du stock de capital pour le secteur d’activité sur la période, Pour l’approximation,
nous avons utilisé la relation classique qui existe entre le capital et l’investissement : 𝐾𝑡 = 𝐼𝑡 +
(1 − 𝛿)𝐾𝑡−1
Où 𝐾𝑡 est le capital de la période t, 𝐼𝑡 est l’investissement de la période t, 𝛿 le taux de
dépréciation du capital, 𝐾𝑡−1 le capital de la période t-1,
Pour le calcul du capital initial, nous avons utilisé la méthode de HARBERGER (1978) qui est
la plus utilisée dans la littérature et fondée sur l’hypothèse d’une croissance équilibrée,
𝐼
𝐼
𝑡
1
𝐾𝑡−1 = 𝑔+𝛿
Soit 𝐾0 = 𝑔+𝛿
où g représente le taux de croissance de la production dans le secteur
d’activité, La dépréciation du capital peut être évaluée par sondage auprès des unités
industrielles mais on peut considérer un taux agrégée compris entre 4% et 6% et cela est accepté
par (ABU-QARN & ABU-BADER, 2007). Au Burkina, ce taux a été évalué à 4% par l’INSD
à partir du modèle thresold du 21ème siècle (modèle T21).
ix
Annexe3 : répartition sectorielle de la production, de l’emploi, du salaire et du capital (en
million)
secteurs
Agriculture et élevage
production
emploi
salaire
capital
moyenne
1170000
6,734399
78200
50700
minimum
801000
5,947624
48500
40400
maximum
1870000
7,731669
114000
62900
production
emploi
salaire
capital
moyenne
773000
0,120855
296000
57900
minimum
519000
0,091595
3840
43500
maximum
1070000
0,151459
387000
85400
production
emploi
salaire
capital
moyenne
530000
0,078019
38100
5690
minimum
305000
0,065011
31300
5230
maximum
844000
0,092470
47300
6230
production
emploi
salaire
capital
moyenne
1260000
0,0291362
113000
305000000
minimum
760000
0,011455
37000
66,8
maximum
2000000
0,354379
201000
608
production
emploi
salaire
capital
moyenne
290000
0,036869
41200
46800
minimum
163000
0,022929
23400
28800
maximum
413000
0,054755
57100
secteurs
Administration publique
secteurs
commerce
secteurs
industrie
secteurs
Transport
et
télécommunication
73500
Annexe 4 : Résultats des tests
 Test de normalité des erreurs
x
Skewness/Kurtosis tests for Normality
-------
joint ------
Variable
Obs Pr(Skewness)
Pr(Kurtosis) Adjchi2(2) Prob>chi2
résidus
55
0.3574
0.1043
3.68
0.1592
 Stationnarité sur les variables en niveau sur données de panels
Tests
EMPL
PROD
SAL
CAP
Statiques
P-values
N
NT
LLC
-2,5058
0,0061**
5
55
IPS
-1,9776
0,0240**
5
55
ADF
-2,3814
0,0086**
5
55
LLC
-1,1517
0,1247
5
55
IPS
1,5080
0,9342
5
55
ADF
-0,0831
0,4669
5
55
LLC
-3,3106
0,0005**
5
55
IPS
-0,0359
0,4857
5
55
ADF
0,0083
0,5033
5
55
LLC
-1,1266
0,1300
5
55
IPS
1,2067
0,8862
5
55
ADF
1,7074
0,9561
5
55
xi
LEMPL
LLC
-1600
0,0000**
5
55
IPS
-1600
0,0000**
5
55
ADF
-14,2130
0,0000**
5
55
**Signifie que la série est stationnaire en niveau.
 Stationnarité en différence première sur les variables en niveau sur données de
panels
Tests
Statiques
P-values
N
NT
-5,5088
0,0000*
5
55
-1,2931
0,0980
5
55
ADF
-1,9187
0,0275*
5
55
LLC
-7,8480
0,0000*
5
55
IPS
-3,7690
0,0001*
5
55
ADF
-5,0491
0,0000*
5
55
LLC
-5,6109
0,0000*
5
55
IPS
-2,1572
0,0155*
5
55
ADF
-2,6440
0,0041*
5
55
LLC
PROD IPS
SAL
CAP
*Signifie que la série est stationnaire en première différence.
Annexe5:Résultat de l’estimation du modèle :
xii
Dynamic panel-data estimation, one-step system GMM
Group variable: secteurs
Time variable : année
Number of instruments = 7
Wald chi2(5) =
113.95
Prob > chi2 =
0.000
empl
Coef.
lempl
dsal
dcap
dprod
t
_cons
.061948
.6213777
-2.480102
.365497
-.0335168
11.90234
Number of obs
Number of groups
Obs per group: min
avg
max
Robust
Std. Err.
.0192627
.1739292
.9598164
.0599063
.0295965
.7312918
z
3.22
3.57
-2.58
6.10
-1.13
16.28
P>|z|
0.001
0.000
0.010
0.000
0.257
0.000
=
=
=
=
=
55
5
11
11.00
11
[95% Conf. Interval]
.0241939
.2804827
-4.361308
.2480829
-.0915249
10.46903
.0997022
.9622726
-.5988968
.4829112
.0244912
13.33564
Instruments for first differences equation
Standard
D.(dsal dcap t dprod)
GMM-type (missing=0, separate instruments for each period unless collapsed)
L.lempl collapsed
Instruments for levels equation
Standard
dsal dcap t dprod
_cons
GMM-type (missing=0, separate instruments for each period unless collapsed)
D.lempl collapsed
Arellano-Bond test for AR(1) in first differences: z = -1.20 Pr > z = 0.231
Arellano-Bond test for AR(2) in first differences: z = -0.01 Pr > z = 0.988
Sargan test of
(Not robust,
Hansen test of
(Robust, but
overid. restrictions: chi2(1)
= 3.44 Prob > chi2 = 0.064
but not weakened by many instruments.)
overid. restrictions: chi2(1)
= 0.00 Prob > chi2 = 1.000
weakened by many instruments.)
Difference-in-Hansen tests of exogeneity of instrument subsets:
GMM instruments for levels
Hansen test excluding group:
chi2(0)
= 0.00 Prob > chi2 =
.
Difference (null H = exogenous): chi2(1)
= -0.00 Prob > chi2 = 1.000
xiii
Annexe 6 : Chaine besoin-emploi
Demande de biens de consommation et de production
Niveau de la production
Niveau de l’emploi
Niveau de chômage
Augmentation.
Baisse.
Annexe7:Consommation globale et PIB de 2008 à 2010.
2007
2008
2009
2010
consommation
2 933 474 3 170 975
3 490 121
3 718 536
PIB
3 166 330 3 445 064
3 846 692
4 274 828
237 501
319 146
228 415
401 628
428 136
variation de la consommation néant
variation du PIB
néant
278 734
pmc
néant
0,85207043 0,79463085 0,53351038
Moyenne pmc
0,72673722
Source INSD, TRE 2007, 2008, 2009, 2010.
xiv
Annexe 8 : Diagramme circulaire de la Production
Production
7%
agriculture et elevage
29%
32%
administration
publique
commerce
19%
industrie
13%
transport et
telecomminication
Annexe 9 : Diagramme circulaire du salaire
4%
9%
salaire
4% 8%
agriculture et elevage
administration
publique
commerce
75%
industrie
transport et
telecomminication
Annexe 10 : Diagramme circulaire du capital
Capital
0,2%%
31%
30,2%
35,26%
3,46%
agriculture et
élevage
administration
publique
commerce
industrie
transport et
telecomminication
xv
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