La Lettre du Cardiologue - n° 365 - mai 2003
6
LES INHIBITEURS DES GPIIb/IIIa DANS LES SYNDROMES
CORONAIRES AIGUS : CHEZ PRESQUE PERSONNE
(B. Chevalier, CCN, Saint-Denis)
La plaque d’athérome des SCA est une plaque rompue ou en passe
de l’être, associée à des degrés de thrombose très variables d’un
patient à l’autre. La quantité de thrombus détermine le pronostic
du patient. En cas de thrombus volumineux, on aboutit à l’in-
farctus du myocarde par deux mécanismes : obstruction de la
lumière artérielle et microembolies distales.
Méta-analyse de Boersma
Parmi les différentes voies pour agir sur la thrombose dans le
SCA, nous disposons depuis environ huit ans des inhibiteurs des
GPIIb/IIIa. Qu’en est-il de leur efficacité ?
En regroupant l’ensemble des essais concernant les anti-
GPIIb/IIIa, avec 31 402 patients dans la méta-analyse de Boersma
publiée dans le Lanceten 2002, on trouve un effet significatif très
positif en faveur des anti-GPIIb/IIIa, avec 9 % de réduction du
risque relatif sur le critère combiné décès + infarctus du myo-
carde à 30 jours. Néanmoins, cette méta-analyse regroupe des
essais concernant des patients avec un SCA, mais aussi avec des
angioplasties programmées en dehors de tout SCA. L’analyse de
sous-groupe trouve que les patients bénéficiant le plus des anti-
GPIIb/IIIa sont ceux dont la troponine Ic est positive ou qui béné-
ficient d’une angioplastie (PCI) (tableau I).
Dans le cas d’une stratégie conservatrice avec traitement médi-
cal seul, en l’absence d’angioplastie, on ne retrouve pas de béné-
fice à l’usage des anti-GPIIb/IIIa pour les SCA sur le critère com-
biné décès et infarctus du myocarde, aussi bien dans l’étude
PURSUIT avec l’eptifibatide que dans l’étude PRISM-PLUS avec
le tirofiban.
Néanmoins, la stratégie conservatrice ne concerne que peu de
patients en France. On retrouve dans le registre français OSCAR
une nette prédominance de la stratégie invasive, avec un taux de
coronarographie à 88 % et d’angioplastie à 65 % dans les SCA.
L’intérêt majeur des anti-GPIIb/IIIa est de diminuer le risque ini-
tial d’infarctus du myocarde lié à l’intervention percutanée (don-
nées des études TACTICS et FRISC). On sait que les infarctus
INFORMATIONS
Les syndromes
coronaires aigus
SCA et inhibiteurs des GPIIb/IIIa
La première session des “Débats du 20 heures” s’est déroulée à Paris au début de l’année autour de deux
questions sur le thème des syndromes coronaires aigus (SCA) : faut-il traiter tous les SCA par un inhibiteur des
GPIIb/IIIa ? Faut-il commencer immédiatement, sans dosage, un traitement par statine dans les SCA ?
Chacune de ces questions fut traitée par deux protagonistes, dont les opinions se voulaient délibérément extrêmes.
Ces deux controverses, ainsi que les nombreuses questions de l’auditoire, furent modérées par les
professeurs Ariel Cohen et Gilles Montalescot.
Tableau I. Méta-analyse sur les essais avec les anti-GPIIb/IIIa.
G. Rosey*
*Institut de cardiologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris.
La Lettre du Cardiologue - n° 365 - mai 2003
7
INFORMATIONS
survenant avant l’intervention percutanée ont un impact majeur
sur la mortalité à long terme et sont d’autant moins fréquents que
la date de l’intervention est précoce. On retrouve 2,2 % d’infarctus
avant angioplastie (ATC) pour une angioplastie programmée dans
les 24 heures versus 8,9 % pour une ATC prévue dans les 2 à
3 jours.
Recommandations de l’ESC
En se basant sur les recommandations actuelles de l’European
Society of Cardiology, on peut donc conclure que les patients à
haut risque (tableau II) qui bénéficient d’une stratégie invasive
précoce dans les trois jours sont de bons candidats aux anti-
GPIIb/IIIa ; ces patients représentent en pratique 60 % des patients
hospitalisés pour SCA.
On ajoutera les patients diabétiques, qui, comme le montre la
méta-analyse de Boersma, bénéficient le plus des anti-GPIIb/IIIa.
La mortalité au 30ejour avec les anti-GPIIb/IIIa versus placebo
est respectivement de 4,6 % versus 6,2 % chez les diabétiques
(p = 0,007) et de 3% versus 3 % chez les non-diabétiques.
Le registre OPEN
Dans la pratique, le registre français OPEN (Observatoire de la
prise en charge et des complications après angioplastie coronaire
avec ou sans pose d’endoprothèse) nous offre une photographie
de la prise en charge des SCA traités par angioplastie en l’an 2000
avec 1 495 SCA sur 3 109 patients. Cette cohorte épidémiolo-
gique nationale, ayant fait intervenir 130 cardiologues interven-
tionnels, vise à décrire les pratiques et à enregistrer les accidents
hémorragiques et thrombotiques au 30ejour liés à l’angioplastie
(tableau III).
Dans le sous-groupe des SCA non ST sus (n=1164), les anti-
GPIIb/IIIa sont utilisés dans 12,4 % des cas avec un taux de suc-
cès de l’angioplastie de 98 % et un taux d’événements de 1,59 %.
Au 30ejour, pour les 1 495 patients, on retrouve un taux de 2,4 %
infarctus, 2,1 % événements cardiovasculaires, et de 4,9 % évé-
nements combinés cardiovasculaires, revascularisation ou acci-
dent cardiovasculaire.
L’étude TACTICS-TIMI-18 retrouve la supériorité d’une straté-
gie invasive précoce avec réalisation d’une coronarographie dans
les 4 à 48 heures après l’admission d’un SCA non ST sus versus
une stratégie conservatrice, avec respectivement 7,4 % et 10,5 %
d’événements sur le critère principal (décès, infarctus non fatal,
réhospitalisation pour SCA ; p = 0,025). Le taux de décès ou d’in-
farctus non fatal s’abaisse à 6 mois dans la stratégie invasive
(7,3 % versus 9,5 %,p<0,05).
On peut constater que les résultats du registre OPEN sont
meilleurs que ceux de l’étude TACTICS-TIMI-18, alors que les
anti-GPIIb/IIIa étaient utilisés chez 100 % des patients dans
TACTICS contre seulement 12,4 % dans le registre OPEN. Le
registre OPEN aboutit à des résultats étonnament bons malgré un
taux très faible d’utilisation des anti-GPIIb/IIIa.
Parmi les facteurs prédictifs de complications hémorragiques, le
registre retrouve l’âge, la persistance de la prescription d’hépa-
rine, le sexe féminin et le tabac.
Ce registre pose deux questions : quelles sont les raisons de
cette discordance de pratique ? Quelles sont les raisons de la
discordance des résultats ?
Une pratique discordante
En termes de pratique, le faible taux d’utilisation des anti-
GPIIb/IIIa en France par rapport à celui des études américaines
peut s’expliquer par quatre facteurs : un surcoût thérapeutique,
une fréquence élevée de la stratégie invasive précoce, une faible
conviction des cardiologues, un risque hémorragique accru. Ces
deux derniers facteurs nécessitent une explication.
Une faible conviction des cardiologues. On est surpris, dans la
méta-analyse de Boersma en 2002 (31 402 patients traités pour
SCA issus des études PRISM, PRISM+, PARAGON A et B,
PURSUIT et GUSTO IV), par la faible réduction du risque rela-
tif de 9 % sur le critère composite décès et infarctus à 30 jours
(10,8 % versus 11,8 %,p=0,015).
Trente et un mille quatre cent deux patients ont été nécessaires
pour obtenir un résultat positif, avec par ailleurs un bénéfice posi-
tif uniquement chez les hommes (19 % de réduction), et avec
même une tendance à un risque plus élevé chez la femme (aug-
mentation de 10 %). Néanmoins, cette différence entre les sexes
disparaît si l’on s’intéresse au sous-groupe de patients avec
troponine positive.
Un risque hémorragique accru. Il s’agit d’un réel problème de
pratique quotidienne, avec une augmentation des hémorragies
mineures quelles que soient les études. Dans la méta-analyse de
Boersma, on observe une augmentation des complications hémor-
ragiques majeures sous anti-GPIIb/IIIa (2,4 % versus 1,4 %,
p<0,0001) sans augmentation des hémorragies intracrâniennes
(0,09 % versus 0,06 %,p=0,40).
Les études avec l’eptifibatide (ESPRIT et PURSUIT) aboutissent
aux mêmes conclusions.
L’étude GUSTO IV ACS retrouve avec l’abciximab une aug-
mentation des saignements mineurs et majeurs ainsi qu’une aug-
mentation des thrombopénies (tableau IV).
Tableau II. Recommandations de l’ESC pour les anti-GPIIb/IIIa dans
les SCA sans sus-décalage du segment ST (non ST sus).
Haut risque
sous-décalage du segment ST
élévation transitoire du segment ST
troponine Ic +
patient réfractaire au traitement médical
patient avec altération de la fonction VG
et instabilité hémodynamique
les diabétiques
Tableau III. Registre OPEN.
Registre OPEN SCA (non ST sus) IDM aigu
Nombre de patients 1 164 325
GPIIb/IIIa (%) 12,4 44
Nombre de stents/patient 1,59 1,56
Succès (%) 98 90,5
Événements (%) 1,5 11,8
Des résultats discordants
En termes de résultats, la discordance entre les études améri-
caines et le registre français peut s’expliquer par deux facteurs :
quelle est la réelle nature du bénéfice des anti-GPIIb/IIIa, et quelle
est la part du rôle des thiénopyridines ?
La nature du bénéfice des anti-GPIIb/IIIa. C’est la question
principale à laquelle la méta-analyse de Boersma répond. Le
bénéfice apporté par les anti-GPIIb/IIIa est représenté par la
réduction des infarctus avant et après angioplastie.
Réduction des infarctus préangioplastie. L’étude ISAR-COOL,
présentée à l’AHA en novembre 2002, nous apporte la réponse
(tableau V et VI).Cette étude utilisant le tirofiban (associé à l’as-
pirine, au clopidogrel et à l’héparine) compare deux types de prise
en charge des SCA sans sus-décalage de ST : une stratégie inva-
sive précoce avec passage en salle de coronarographie dans un
délai moyen de 2,4 heures, et une stratégie invasive retardée
(cooling off) avec un passage en salle dans un délai de 86 heures.
Dans la stratégie d’attente, où l’utilisation des anti-GPIIb/IIIa est
censée “passiver” la plaque et éviter les récidives ischémiques,
on retrouve une augmentation des infarctus sans onde Q non
létaux en rapport avec une augmentation des infarctus préangio-
plastie. Cette étude montre qu’une intervention précoce, sans
attendre l’effet des antithrombotiques, est la meilleure façon de
limiter les infarctus préangioplastie, et ne repose donc pas sur
l’utilisation des anti-GPIIb/IIIa.
Réduction des infarctus postangioplastie. Le bénéfice des anti-
GPIIb/IIIa se fait sur la réduction des infarctus en postangio-
plastie, dont la définition varie selon les études. Dans l’étude
PURSUIT, l’infarctus postangioplastie correspond à une éléva-
tion très modeste des CPK à 1,5 fois la normale.
Par ailleurs, la relation entre la mortalité à long terme et l’élévation
des CPK postangioplastie est controversée. Le risque de mortalité
semble augmenter uniquement pour une élévation de CPK à plus
de cinq fois la normale. Le bénéfice concernant la réduction des
élévations de CPK inférieures à cinq fois la normale n’est pas connu.
Méthodologie statistique. Une approche assez populaire chez les
statisticiens aux États-Unis consiste à critiquer les méthodes sta-
tistiques utilisées dans les études sur les anti GPIIb/IIIa; pour le
Dr Kaul, les anti-GPIIb/IIIa sont “les placebos les plus chers de
la médecine cardiovasculaire”.
Différences géographiques. Dans l’étude PURSUIT, l’eptifiba-
tide, efficace aux États-Unis, sans effet en Europe de l’Ouest,
devient même délétère en Amérique du Sud et en Europe de l’Est,
avec une tendance à l’augmentation des événements cardiovas-
culaires au 30ejour (décès + infarctus).
Rôle des thiénopyridines
Le problème majeur est l’impact réel du clopidogrel dans le trai-
tement des SCA. En effet, toutes les études cliniques avec les anti-
GPIIb/IIIa ont été réalisées avant l’utilisation systématique du clo-
pidogrel dans les syndromes coronaires sans sus-décalage de ST.
Depuis l’analyse d’un sous-groupe de l’étude EPISTENT, on
savait qu’un prétraitement avant angioplastie par ticlopidine était
équivalent à un prétraitement par abciximab.
Dans la sous-analyse de l’étude TARGET, on a les mêmes résul-
tats avec le clopidogrel en prétraitement versus le tirofiban sur le
critère décès + infarctus à 30 jours.
L’étude CURE a démontré que l’utilisation du clopidogrel asso-
cié à l’aspirine réduit les événements dans les SCA sans sus-déca-
lage de ST avec 9,3 % d’événements dans le bras clopidogrel ver-
sus 11,4 % dans le bras placebo (critère combiné mortalité
cardiovasculaire, infarctus non fatal et AVC,p<0,001).
L’étude PCI-CURE a permis d’établir le bénéfice d’un prétraite-
ment par clopidogrel avant une angioplastie versus placebo dans
les SCA. On retrouve dès la 48eheure un bénéfice précoce qui se
poursuit au 30ejour avec une diminution du critère composé décès,
infarctus, revascularisation urgente (4,5 % versus 6,4 %, p = 0,003).
L’étude CREDO (Clopidogrel for Reduction of Events During
Observation) sur 1 815 patients angineux traités par angioplas-
tie randomise d’une part la présence ou non d’un prétraitement
par clopidogrel, d’autre part la durée de la prescription du clopi-
dogrel un mois versus 12 mois. Dans cette étude américaine, on
retrouve environ 50 % de SCA sans sus-décalage de ST et une
prescription d’anti-GPIIb/IIIa dans 50 % des cas. Le prétraite-
ment par clopidogrel au moins 6 heures avant l’angioplastie réduit
de 38,6 % à un an le critère combiné décès, IDM, revascularisa-
tion en urgence. Le post-traitement réduit de 26,9 % le critère
combiné décès, IDM et accident vasculaire cérébral à un an.
L’analyse en sous-groupe constate que seuls les non-diabétiques
et les patients stentés bénéficient significativement de l’associa-
tion à un an.
La Lettre du Cardiologue - n° 365 - mai 2003
8
INFORMATIONS
Tableau IV. Tolérance de l’abciximab dans GUSTO IV ACS.
Placebo Abciximab Abciximab
(n = 2 598) durée 24 heures durée 48 heures
(n = 2 590) (n = 2 612)
Saignement majeur 0,3 0,6 1,0**
Saignement mineur 1,5 2,5* 3,6**
Saignement fatal 0,23 0,27 0,19
Transfusion > 2 CG 0,7 0,8 1,3*
Plaquettes < 50 000 0,04 1,6* 1,4**
*p < 0,05 ** p < 0,001
Tableau V. ISAR-COOL : résultats majeurs à 30 jours.
Intervention Intervention p
précoce retardée
Décès + IDM (%) 5,9 11,6 0,04
Décès (%) 0 1,5 NS
Tableau VI. ISAR-COOL : événements avant et après ATC.
Intervention Intervention p
précoce retardée
IDM avant ATC (*) 1 13 0,002
IDM après ATC (*) 11 11 NS
*nombre d’événements
Les études PCI-CURE et CREDO confirment l’intérêt d’un
prétraitement par clopidogrel, au moins 6 heures avant ATC, avec
poursuite de l’association clopidogrel + aspirine au moins un an.
L’étude CREDO comme l’étude CURE montrent que la présence
d’un anti-GPIIb/IIIa ne retire pas le bénéfice du clopidogrel ; cela
explique la notion d’une complémentarité et d’une possible
compétitivité de ces deux antithrombotiques, qui, en association,
ont montré une bonne tolérance, sans élévation significative des
hémorragie majeures ou mineures (tableau VII).
Conclusion
Selon les recommandations de la Société européenne de cardio-
logie, la stratification du risque des SCA devrait amener à pres-
crire des anti-GPIIb/IIIa pour un profil moyen de risque chez
environ 50 % des patients. Selon B. Chevalier, les nouvelles
recommandations concernant l’utilisation systématique du clo-
pidogrel dans les SCA vont déplacer la prescription des anti-
GPIIb/IIIa vers un profil de risque encore plus élevé.
B. Chevalier fait une proposition personnelle de profils de risques
élevés, pour lesquels l’utilisation d’anti-GPIIb/IIIa sera conser-
vée. Cette zone de prescription serait représentée par l’intersec-
tion des ensembles des sous-groupes à risque : diabétique, tro-
ponine Ic positive et sous-décalage du segment ST ou altération
de la fonction ventriculaire gauche (figure 1).
LES INHIBITEURS DES GPIIB/IIIA DANS LES SYNDROMES
CORONAIRES AIGUS : CHEZ PRESQUE TOUT LE MONDE
(G. Montalescot, Pitié-Salpêtrière, Paris)
Dans les SCA sans sus-décalage de ST, si l’on additionne “sim-
plement” les patients pour lesquels une indication aux anti-
GPIIb/IIIa est retenue (troponine positive, angioplasties, patients
diabétiques et bail out) on obtient 100 % d’utilisation des anti-
GPIIb/IIIa (tableau VIII).
Dans les SCA avec sus-décalage persistant de ST, on
retrouve cinq études randomisées (RAPPORT, ISAR-2,ADMI-
RAL, CADILLAC,ACE). Une méta-analyse n’est pas néces-
saire, car chaque étude est significativement positive pour le
critère combiné décès, infarctus et revascularisation en urgence,
y compris l’étude controversée CADILLAC, dont une sous-
analyse dans ce sens sortira prochainement dans Circulation
(figure 2).
La Lettre du Cardiologue - n° 365 - mai 2003
9
INFORMATIONS
Figure 1. Zone de prescription minimale des anti-GpIIb/IIIa : à l’aire de l’uti-
lisation systématique des thiénopyridines (zone d’intersection des ensembles).
Figure 2. Abciximab versus placebo dans les études randomisées concer-
nant le SCA avec sus-décalage persistant de ST sur le critère combiné
(décès/ infarctus/ revascularisation urgente à J30).
Tableau VII. Tolérance : événements indésirables majeurs à 28 jours
en intention de traitement.
Hémorragies Prétraitement Pas de pré-
majeures par clopidogrel* traitement* p
(n = 1 053) (n = 1 063)
Toutes 51 (4,8 %) 40 (3,8 %) 0,24
Non liées 1 (0,1 %) 4 (0,4 %) 0,37
à la procédure
Liées à la procédure 50 (4,7 %) 36 (3,4 %) 0,12
Anti-GPIIb/IIIa
(PP uniquement)
Oui (n = 823) 9 (2,1 %) 9 (2,3 %) > 0,99
Non (n = 991) 11 (2,3 %) 7 (1,3 %) 0,34
PP : population per protocole ; * en plus du traitement standard incluant de l’aspirine.
Tableau VIII. Indications des anti-GPIIb/IIIa dans les SCA sans sus-
décalage de ST.
Indication anti-GPIIb/IIIa Pourcentage de patients concernés
Troponine + 40 %
Angioplastie 35 %
Diabétiques 20 %
Bail out 5 %
Total 100 %
Questions-réponses
Pour G. Montalescot, les données ci-dessus suffisent à clore un
débat qui ne devrait plus exister. Malgré cela, il s’est proposé de
répondre à dix questions récurrentes mettant en péril la validité
de ces données.
1. “Les anti-GPIIb/IIIa ne sont efficaces que s’il y a une angio-
plastie”
Les inhibiteurs des GpIIb/IIIa marchent aussi s’il n’y a pas d’an-
gioplastie. En premier lieu, il faut souligner l’efficacité des anti-
GPIIb/IIIa dans les angioplasties programmées, malgré le plus
faible risque de ces angioplasties par rapport aux angioplasties
primaires (EPIC, EPILOG, RAPPORT, IMPACT-II, etc.).
En second lieu, dans le cadre des SCA sans sus-décalage de ST,
deux études aboutissant à une AMM ont montré que l’action des
anti-GPIIb/IIIa n’est pas dépendante de l’angioplastie : dans l’étude
PRISM-PLUS avec le tirofiban (figure 3), et dans l’étude PUR-
SUIT avec l’eptifibatide (figure 4), on ne retrouve respectivement
que 25 % et 30 % de patients traités par angioplastie coronaire.
2. “Les anti-GPIIb/IIIa n’agissent que s’il y a une angioplastie
et je ne sais même pas s’il va y avoir une angioplastie ou non !”
Dans la phase précédant un éventuel cathétérisme, où l’on dis-
pose de l’interrogatoire du patient, de son électrocardiogramme
et du dosage de la troponine Ic, on retrouve un bénéfice de la pres-
cription d’un anti-GPIIb/IIIa indépendamment d’un geste inva-
sif. En effet, dans l’étude PURSUIT, on retrouve un bénéfice
significatif dès la 96eheure, qui est conservé à un mois (15,08 %
versus 16,79 %, critère combiné décès, infarctus non fatal au
30ejour,p=0,035).
L’analyse de Boersma faite en 1999 sur trois études, CAPTURE,
PURSUIT et PRISM-PLUS, a montré un bénéfice des anti-
GPIIb/IIIa lors de la phase de traitement médical précédant toute
entrée en salle de cathétérisme pour les SCA non ST
(12 296 patients, anti-GPIIb/IIIa versus placebo,p=0,01).
Le bénéfice des anti-GpIIb/IIIa est encore plus important en salle
de cathétérisme en diminuant le risque d’infarctus per-procédure.
3. “Les anti-GPIIb/IIIa n’agissent que s’ils sont donnés très
tôt, mais tous mes patients sont dilatés immédiatement”
Dans l’étude PURSUIT (eptifibatide versus placebo), le bénéfice
des anti-GPIIb/IIIa est majeur sur le critère combiné décès et
infarctus au 30ejour pour les patients qui vont rapidement en salle
de cathétérisme : majeur au premier jour (9,2 versus 15,9,
p=0,01), il diminue entre 2 et 3 jours (14 versus 17,7), pour dis-
paraître au-delà de 3 jours.
Les résultats de l’étude ISAR-COOL montrent un bénéfice impor-
tant de l’angioplastie précoce (délai moyen de 2,4 heures) versus
une angioplastie différée (délai moyen de 86 heures). La dimi-
nution du critère combiné décès + IDM (5,9 versus 11,6, p = 0,04)
est obtenue grâce à la prescription de tirofiban.
Dans la vie réelle, on retrouve dans un registre nord-américain
un bénéfice de la prescription précoce des anti-GPIIb/IIIa chez
6000 patients versus 14 892 (46 % de réduction du risque rela-
tif, p < 0,0001, étude CRUSADE, présentation à l’AHA en
novembre 2002).
4. “Les anti-GPIIb/IIIa n’agissent que si la troponine est élevée”
Les anti-GPIIb/IIIa sont efficaces si la troponine Ic est positive,
mais pas uniquement. Dans l’étude PRISM, le tirofiban est signi-
ficativement efficace lorsque la troponine est positive, aussi bien
dans le groupe traitement médical que dans le groupe revascula-
risation.
Les anti-GPIIb/IIIa sont efficaces indépendamment de la tropo-
nine dans d’autres sous-groupes : tous les groupes à haut
risque (angioplasties, patients pontés, diabétiques, insuffisants
rénaux, sujets âgés) tirent un bénéfice de la prescription des anti-
GPIIb/IIIa.
Les patients pontés. Les anti-GPIIb/IIIa sont sous-utilisés chez
les pontés. Le sous-groupe de patients pontés de l’étude PUR-
SUIT nous montre l’important effet de l’eptifibatide, avec un effet
significatif sur le critère combiné décès et infarctus à un et 6 mois.
Ce bénéfice est d’autant plus important que les patients sont pon-
tés dans l’urgence (< 72 heures), résultat directement en rapport
avec la diminution des infarctus pré-, per- et postchirurgie.
Par ailleurs, dans une analyse multivariée, l’eptifibatide est
meilleur que les bêtabloquants pour prévenir les événements
ischémiques (respectivement p < 0,001 versus p = 0,05).
Les patients diabétiques. Il faut utiliser les anti-GPIIb/IIIa chez
les diabétiques. Sur les 1 570 patients de l’étude PRISM-PLUS
présentant un SCA sans sus-décalage de ST, traités par tirofi-
La Lettre du Cardiologue - n° 365 - mai 2003
10
INFORMATIONS
héparine
tirofiban plus héparine
Probabilité de décès ou d’IDM
0,18
0,16
0,14
0,12
0,10
0,08
0,06
0,04
0,02
0,00
0306090120 150 180
Jours après randomisation
Figure 3. Courbe de Kaplan-Meier : tirofiban versus placebo (PRISM-
PLUS).
placebo 15,7 %
14,2 %
eptifibatide
p = 0,03 (log-rank test)
Incidence cumulée
20
15
10
5
00102030
Jours après randomisation
Figure 4. Courbe de Kaplan-Meier : eptifibatide versus placebo (PURSUIT).
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !