La Lettre du Cardiologue - n° 378 - octobre 2004
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Mais restons prudents dans l’interprétation d’études encore non
publiées (SCD-HeFT). On sait aussi que la taille très limitée du
groupe contrôle dans COMPANION invalide de fait une analyse
de sous-groupes.
ALORS, FA U T-IL IMPLANTER UN DÉFIBRILLA-
TEUR À CHAQUE INSUFFISANT CARDIAQUE ?
La seule étude qui apporte une ébauche de réponse à cette ques-
tion est SCD-HeFT.Aucune autre n’a évalué le rôle du DAI seul
dans une population générale d’insuffisants cardiaques. Malgré
les résultats positifs, il nous faut demeurer prudents. Il aura fallu
suivre 2 500 patients très sélectionnés (âge moyen de 60 ans, âge
maximum de 68 ans, large majorité en classe II...), soit une popu-
lation très différente de la “vraie vie” de l’insuffisance cardiaque,
et pendant une très longue période (médiane de 4 ans), pour
démontrer une réduction de mortalité certes significative, mais
en réalité assez modeste (23 %). Rappelons que, dans l’étude
MADIT II, pourtant si critiquée, il avait suffi de deux fois moins
de patients, suivis deux fois moins longtemps, pour montrer une
réduction de mortalité une fois et demie plus importante (33 %) !
En dehors de toute considération démographique et financière, la
réponse à la question posée doit demeurer nuancée. Une porte vient
manifestement de s’entrouvrir, mais jusqu’où s’ouvrira-t-elle ?
SI L’ON DÉCIDE D’IMPLANTER, QUE CHOISIR ?
Au-delà de l’indication, une autre question se pose avec une parti-
culière acuité dans cette population : celle du choix de l’appareil.
Dans l’insuffisance cardiaque modérée à sévère avec désyn-
chronisation ventriculaire, nous avons suffisamment d’arg u-
ments avec COMPANION pour proposer en première intention
l’implantation de DAI biventriculaires. Chez les patients en
classe I-II avec désynchronisation, nous n’avons encore aucune
preuve de l’intérêt d’associer la resynchronisation au DAI. Pour
le savoir, il faudra attendre les résultats d’études contrôlées de
prévention (progression de l’insuffisance cardiaque), telle
REVERSE.
Restent les nombreux patients sans désynchronisation basale,
pour lesquels la seule évidence actuelle est de ne pas stimuler
inutilement le ventricule. Cet enseignement vient de l’étude
D AVID, dans laquelle deux stratégies de stimulation ont été com-
parées chez des patients en classe I-II, tous implantés avec un
DAI double-chambre : stimulation ventriculaire “forcée” (mode
DDDR) et stimulation inhibée (VVI-30 bpm). L’étude a été inter-
rompue prématurément du fait d’un excès d’événements (décès
et hospitalisations de toutes causes) dans le bras DDDR. Les
appareils utilisés stimulaient le ventricule en un site unique,
l’apex du VD, site traditionnel de stimulation, mais aussi site de
désynchronisation maximale !
Ces observations illustrent l’interaction étroite entre défibrilla-
tion et stimulation dans le traitement électrique de l’insuffisance
cardiaque. Protéger contre la mort subite rythmique n’a qu’un
intérêt limité si, parallèlement, une stimulation inadaptée altère
qualité de vie et morbidité. Alors, pourquoi ne pas implanter un
défibrillateur-resynchroniseur à tout insuffisant cardiaque avec
indication de DAI ? Qui peut le plus, peut le moins !Au pire, ces
appareils multipotents pourraient toujours être reprogrammés en
mode inhibé pour ne pas stimuler le ventricule et, ainsi, ne pas
induire de désynchronisation ! Ce raisonnement, que nous avons
déjà connu dans un passé récent pour la stimulation cardiaque
conventionnelle, est difficilement acceptable. Outre les difficul-
tés techniques d’implantation (sonde de stimulation ventriculaire
gauche), ces appareils posent le problème de leur coût. Il est sen-
siblement plus élevé que celui d’un appareil monochambre,
qui, certes, ne peut resynchroniser, mais qui, bien programmé,
évitera au moins de désynchroniser !
É
D I T O R I A L
N o t e d e l e c t u r e
Dictionnaire de cardiologie et des mala -
dies cardiovasculaires (français-anglais),
par Philippe Blondeau. 304 pages, relié,
Éditions CILF, prix 50 E.
Le Dictionnaire de cardiologie et des mala -
dies cardiovasculaires est l’un des volumes
constituant le Dictionnaire de l’Académie de
médecine. Il a été initié par Philippe Blondeau
et rédigé par Iradj Gandjbakhch et Jean-Pierre
Ollivier pour la partie cardiologique, Michel
Vayssairat et Jean-Noël Fiessinger pour la
partie vasculaire. Il comporte plus de
2 500 termes traduits en anglais, définis avec
précision, avec des commentaires synthé-
tiques parfaitement actualisés. Un index
anglais-français termine l’ouvrage clairement
présenté et agréable à consulter.
Ce dictionnaire très complet apporte les
données les plus récentes tant médicales
que chirurgicales sur des maladies qui
restent la première cause de morbidité et
de mortalité en France comme dans les
autres pays industrialisés. Il mérite de
prendre place dans toutes les biblio-
thèques médicales.
A. Vacheron
À L I R E