Le Couloir de l’info
Le Couloir de l’info
Édition du jeudi 25 février 2016
vont résoudre des calculs en
utilisant des perles ou des
allumettes et inscrire les
résultats sur une feuille de route.
Dans la classe du niveau au-
dessus, les enfants réalisent un
travail individuel dans un profond
silence, le travail nécessite aussi
des temps calmes. Julie
Delepine, institutrice, explique :
« Il y a un équilibre entre des
travaux de groupe ou les enfants
peuvent interagir et
communiquer, et des travaux
individuels, des TIP où ils
doivent s’exercer d’eux même ».
À la fin de leur cycle primaire,
avant d’entrer dans le
secondaire, les enfants sont
évalués sur le chef d’œuvre, un
travail de fin d’études. « L’enfant
doit préparer un dossier écrit sur
un sujet, il doit aussi effectuer
une présentation orale devant
ses camarades », précise Marc
Decastiau. Un peu avant le
temps de midi, les enfants
participent à des ateliers jeux.
Divisées en trois groupes, des
activités ludiques leurs sont
proposé mais toujours dans un
souci d’apprentissage. Dans une
partie de la salle, un groupe joue
au pendu alors que de l’autre
côté, un autre fait des rébus ou
des charades. Quand sonne
l’heure de midi, les enfants
quittent les classes pour se
rendre au réfectoire.
Valeurs et limites
Ce qui fait la spécificité de
l’école St Joseph de Boondael,
c’est qu’elle n’est pas, au départ,
une école à pédagogie active.
La subtilité ici, c’est la
convergence entre les valeurs
religieuses et le projet
pédagogique de l’établissement.
« Peter Petersen évoluait dans
un milieu protestant, il n’y avait
pas pour lui de problème à mêler
l’enseignement avec la religion.
S’il décide de l’inclure, c’est que,
pour lui, l’intériorité,
l’émerveillement et l’éthique de
l’enfant doivent faire partie
intégrante de l’école », explique
Marc Decastiau. La religion a
donc sa place en tant qu’elle sert
d’appui à l’éducation des enfants
et à la pédagogie du plan
d’IENA. En aucun cas, l’aspect
religieux devient prépondérant,
la majorité des enfants ne sont
d’ailleurs pas de confession
catholique, l’école tient à garder
une mixité sociale et religieuse.
L’enseignement est gratuit,
comme dans n’importe quelle
école publique, les services
extra-scolaires, eux, sont
payants. Les repas ou les sorties
culturelles demandent donc un
investissement de la part des
familles. Les participations
demandées restent tout de
même correctes, pour une
semaine en classe verte par
exemple, il sera demandé entre
150 et 180 euros aux familles.
« Certaines écoles peuvent
cibler un public en proposant
des prix élevés, ce n’est pas le
cas à St Joseph de Boondael.
Ici, on essaye de trouver un
équilibre entre les familles
aisées et celles plus précaires »,
déclare Marc Decastiau. Le
problème que peut rencontrer un
enfant en suivant cette
pédagogie alternative se mesure
quand il entre à l’école
secondaire qui pratique un
enseignement traditionnel. Il
peut arriver qu’il parvienne
difficilement à s’adapter à ce
qu’on lui demande et ses
résultats peuvent baisser. Il
transparaît néanmoins que les
enfants parviennent en général à
poursuivre leur scolarité
normalement.
Le pacte d’excellence
Le 26 janvier 2015, la ministre
de l’éducation Joëlle Milquet à
lancé un projet sur la pédagogie
à l’école : le pacte d’excellence.
L’objectif est de repenser les
méthodes d’enseignement, de
soutenir les acteurs de la
pédagogie alternative pour palier
aux redoublements et au
manque de qualité de
l’enseignement. Pour Marc
Decastiau, c’est un projet
louable, mais qui arrive un peu
tard : « Le pacte d’excellence,
dans ses principes me convient.
Ce qui me dérange, c’est que
d’un côté il y a débat sociétal et
de l’autre il y a la marque d’une
ministre centralisatrice et
autoritaire. Je pense que ce sont
les petites structures locales qui
font changer les choses. » Vers
15h15, l’école se vide
doucement, les parents viennent
chercher leurs enfants. Quand
on parcourt le couloir qui longe
les classes vides, on peut
observer des dessins, des
réflexions sur les murs. Sur une
affiche, un élève a écrit un peu
naïvement : « Un pays sent
guerre, ça nexiste pas ? » Alors
on descend l’escalier pour
rejoindre le hall d’entrée, on
pousse la porte et soudain on
entend plus les rires des
enfants. On se souvient des
mots d’Antoine de St Exupéry :
« C’est fatiguant pour les enfants
de devoir toujours tout expliquer
aux adultes ».
Robin Poncelet