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Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (15) - n° 9 - novembre 2001
Abandonnée pendant de
nombreuses années par
les équipes françaises et
américaines, qui la consi-
déraient comme fasti-
dieuse et sans intérêt, la
chromoendoscopie, régu-
lièrement employée par
les Japonais, a été revue
avec un net regain d’inté-
rêt depuis les publications
de Kudo et al. sur les
polypes plans. En effet, en
utilisant l’indigo carmin
en solution aqueuse à
0,2 % aspergé sur la
muqueuse colique grâce
à un cathéter spray, ces
auteurs japonais ont
mieux détaillé les anoma-
lies de relief muqueux, permettant de
voir des polypes considérés comme
plans et invisibles. De plus, en utilisant
des endoscopes avec zoom (magni-
fication), ils ont créé une classifica-
tion des polypes (dite en “pit pat-
terns”) permettant de différencier les
différents types histologiques de
polypes : hyperplasiques, adénoma-
teux, adénocarcinomes. Pour certains
auteurs japonais, la coloration au cris-
tal violet aurait le même intérêt.
Les autres colorants utilisés ont des
propriétés chimiques leur permettant
de réagir spécifiquement avec un
type histologique de muqueuse diges-
tive. On distingue :
le bleu de toluidine, largement
employé par les ORL et dans le dépis-
tage des cancers épidermoïdes de
l’œsophage. Cette coloration semble
abandonnée au profit du Lugol ;
– le Lugol à 2 %, qui se fixe sur l’épi-
thélium malpighien non kératinisé
normal, riche en glycogène, donnant
une couleur gris brun-vert caractéris-
tique. Les zones non colorées de plus
de 5 mm sont suspectes de dysplasie
et/ou de cancer épidermoïde. Le prin-
cipal inconvénient est la mauvaise
tolérance au produit : douleur thora-
cique (atténuée par l’instillation de
thiosulfate de sodium ?) et bronchos-
pasme en cas d’inha-
lation (voir revue de
presse de mai 2001) ;
– le bleu de méthy-
lène, qui est absorbé
normalement par la
muqueuse intestinale,
permet ainsi de dépis-
ter la muqueuse intes-
tinale de siège anor-
mal, en particulier en
cas d’endobrachyœ-
sophage (EBO). Il
semble être d’une aide
précieuse dans le
dépistage de l’adéno-
carcinome sur EBO,
en ciblant les biopsies
sur la métaplasie
intestinale, source de
dysplasie et de cancer, et remplacer
la cartographie de biopsies à
l’aveugle préconisée ces dernières
années. Il peut également être une
aide dans la surveillance de la méta-
plasie gastrique.
Pour en savoir plus
Kudo S, Tamura S, Nakajima T et al.
Diagnosis of colorectal tumorous lesions by
magnifying endoscopy. Gastrointest Endosc
1996 ; 44 : 8-16.
Inoue H, Rey JF, Lighdale C. Lugol chro-
moendoscopy for esophageal squamous cell
cancer. Endoscopy 2001 ; 33 : 75-9.
Canto MIF, Setrakian S, Willis JE et al.
Methylene blue staining of dysplastic and non-
dysplastic Barrett’s esophagus : an in vivo and
ex vivo study. Endoscopy 2001 ; 33 : 391-400.
* Service de gastroentérologie,
CHG Robert-Ballanger,
Aulnay-sous-Bois.
mot du mois
Mot du mois
Chromoendoscopie
G. Bellaïche*
La chromoendoscopie est une technique
endoscopique utilisant des colorants vitaux
des muqueuses digestives. On distingue plusieurs
types de colorants en endoscopie digestive qui peuvent
être classés en colorants permettant
l’accentuation du relief (indigo carmin, cristal violet)
et ceux réagissant spécifiquement avec un type
histologique de muqueuse digestive (bleu de tolui-
dine, Lugol, bleu de méthylène). Initialement utilisé
par Schiller en 1933 dans le dépistage du cancer du col
utérin, le Lugol a été le premier colorant à être utilisé par
Voegeli en 1966 pour la détection des cancers
œsophagiens.
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