La Lettre du Cardiologue • n° 452-453 - février-mars 2012 | 13
CONGRÈS
RÉUNION
➤➤
devant la constatation d’une PA normale et d’une
atteinte des organes cibles ;
➤➤en cas de suspicion d’hypotension artérielle.
Dans le cadre du suivi du patient hypertendu, il est
recommandé de mesurer la PA en dehors du cabinet
médical, en particulier lorsqu’elle n’est pas effica-
cement contrôlée en consultation.
En conclusion, le dépistage de la PA doit se faire
actuellement sur des mesures répétées (position
assise avec 3 mesures le matin au petit déjeuner,
3 mesures le soir avant le coucher, 3 jours de suite
[règle des 3], les mesures étant espacées de quelques
minutes), à domicile, à l’aide d’appareils d’AMT.
Stratégies thérapeutiques
au décours d’un infarctus
(d'après la communication de P. Gourdy
et P.G. Steg)
La prévalence du diabète ou d’une hyperglycémie
est très élevée chez les patients qui présentent un
syndrome coronarien aigu (SCA). En effet, parmi
les patients hospitalisés pour un SCA, 30 à 40 %
présentent un diabète et 25 à 36 % une hypergly-
cémie à jeun (IFG) ou une intolérance au glucose
(IGT) [3]. De plus, le diabète diminue le pronostic
après un SCA (4). La prise en charge de ces patients
pendant et au décours d’un SCA est donc une
question majeure. Elle vient de faire l’objet de
recommandations conjointes de la SFD et de la SFC
(http://www.sfcardio.fr/recommandations), qui ont
été présentées durant ce symposium.
La mesure de la glycémie à l’admission doit être
systématique chez tout patient présentant un
SCA. Cependant, elle n’est pas reconnue comme
un critère diagnostique de diabète. La glycémie à
jeun et l’HbA1c doivent également être mesurées
le premier jour après l'admission pour un SCA chez
tous les patients. La validité de l’HbA1c comme test
diagnostique n’est pas complètement montrée.
Néanmoins, les sujets avec une HbA1c supérieure
ou égale à 6,5 % peuvent être considérés comme
diabétiques. La très forte prévalence de troubles
du métabolisme glucidique après un SCA justifie
une approche très systématique du dépistage. Tout
patient sans diabète connu et avec une HbA1c infé-
rieure à 6,5 % doit ainsi bénéficier du dépistage par
HGPO − la glycémie à jeun seule sous-diagnostique
les états dysglycémiques − 7 à 28 jours après le SCA
dans des conditions stables (tableau).
Concernant le traitement, en cas de diabète
non connu, une insulinothérapie en perfusion
continue i.v. est systématique lorsque la glycémie
à l’admission est supérieure ou égale à 180 mg/ dl.
En cas de diabète connu, tous les traitements anti-
diabétiques doivent être arrêtés et une insulino-
thérapie i.v. doit être commencée si la glycémie à
l’admission est supérieure ou égale à 180 mg/dl. En
cas de diabète connu sous insuline avec une glycémie
à l’admission inférieure à 180 mg/dl, le traitement
par insuline utilisé avant l’hospitalisation peut être
maintenu. Une glycémie cible entre 140 à 180 mg/ dl
est recommandée pour la plupart des patients. La
mise en place d’une insulinothérapie en unité de
soins intensifs nécessite une équipe expérimentée
comprenant un diabétologue.
En cas de diabète découvert durant l’hospitalisation,
de diabète très déséquilibré (HbA1c supérieure ou
égale à 8 %), d’introduction d’une insulinothérapie
ou d’hypoglycémies répétées et/ou sévères, les
patients doivent être référés à un diabétologue avant
leur sortie de l’hôpital. La place du diabétologue
est déterminante en cas de rééducation cardiaque,
durant laquelle l’adaptation thérapeutique et l’en-
semble des mesures d’éducation thérapeutique
peuvent être mis en place.
En résumé, la prise en charge d’un patient présen-
tant un SCA, au-delà du temps majeur de la désobs-
truction artérielle, nécessite le traitement précis
de l’hyperglycémie et est l’occasion d’un dépistage
systématique de fréquents troubles du métabolisme
glucidique. ■
1. Hodgkinson J, Mant J, Martin U et al. Relative effec-
tiveness of clinic and home blood pressure monitoring
compared with ambulatory blood pressure monitoring in
diagnosis of hypertension: systematic review. BMJ 2011;
342:d3621.
2. Verdecchia P, Porcellati C, Schillaci G et al. Ambulatory
blood pressure. An independent predictor of prognosis in
essential hypertension. Hypertension 1994;24:793-801.
3. Norhammar A et al. Glucose metabolism in patients
with acute myocardial infarction and no previous
diagnosis of diabetes mellitus: a prospective study. Lancet
2002;359:2140-4.
4. Vergès B, Zeller M, Dentan G et al. Impact of fasting
glycemia on short-term prognosis after acute myocardial
infarction. J Clin Endocrinol Metab 2007;92:2136-40.
Références bibliographiques
Tableau. Critères diagnostiques des troubles du métabolisme glucidique.
Glycémie à jeun
enmg/dl
(mmol/l)
2 heures après charge en glucose (75 g) en mg/dl (mmol/l)
< 140 (7,8) 140-199 (7,8-11,0) ≥ 200 (≥ 11,1)
< 110 (6,1) Normal Intolérance au glucose Diabète
110-125 (6,1-6,9) Anomalie de la glycémie
à jeun
Anomalie de la glycémie
à jeun
Intolérance au glucose
Diabète
≥ 126 (7,0) Diabète Diabète Diabète