La Lettre du Cardiologue Risque Cardiovasculaire • n° 433 - mars 2010 | 11
CONGRÈS
RÉUNION
majoré avec le vieillissement et l’atteinte vasculaire.
En position assise, bras croisés, à l’aide d’appareils
de mesure au poignet standardisés et validés sur le
marché français, 3 mesures de la pression artérielle
matin et soir durant 3 jours consécutifs permettent
d’obtenir un diagnostic positif ou de décider d’in-
tensifier le traitement. L’hypertendu diabétique non
contrôlé devrait, en cas d’hypertension artérielle
vasculaire (pression pulsée > 60 mmHg), bénéficier
d’un dépistage des néphropathies vasculaires ou
de la sténose des artères rénales. Il en va de même
en cas d’hypertension artérielle métabolique (avec
obésité abdominale), qui devrait conduire égale-
ment à rechercher un éventuel syndrome d’apnées
du sommeil. La réduction de la pression artérielle
chez le diabétique a démontré un bénéfice dans la
prévention des complications cardiovasculaires,
cérébrovasculaires et rénales dans l’étude UKPDS,
dans l’étude ADVANCE et dans l’étude STENO-2. Les
objectifs tensionnels sont stricts (< 130/80 mmHg)
et le paradoxe vient du fait que dans les études
prouvant un bénéfice par le contrôle tensionnel, les
patients n’atteignent quasiment jamais ces chiffres !
La difficulté est de contrôler la pression artérielle
systolique avec les instruments de la “triade de la
réussite” : les IEC/ ARA II/inhibiteurs directs de la
rénine, les diurétiques thiazidiques et les antago-
nistes calciques.
Insuffisance cardiaque et diabète
Le risque d’insuffisance cardiaque est réel et bien
documenté par les grandes études de 2009.
Le Pr Alain Cohen-Solal (Paris) a expliqué que l’insuffi-
sance cardiaque représente, avec la maladie coronaire,
la complication cardiovasculaire la plus fréquente du
diabète, lequel aggrave ladite insuffisance cardiaque.
De même, 30 à 40 % des insuffisants cardiaques
présentent un diabète. Pour chaque augmentation
de 1 % de l’HbA1c, le risque d’insuffisance cardiaque
croît de 8 %. De récentes données montrent que
la metformine reste bénéfique dans l’insuffisance
cardiaque bien qu’elle élève un peu le risque d’acidose
lactique ; c’est pourquoi il convient de différencier
l’insuffisance cardiaque cliniquement patente de
la dysfonction ventriculaire gauche asymptoma-
tique. L’incidence d’insuffisance cardiaque semble
plus élevée sous insuline, mais cette donnée est à
exploiter avec prudence car les patients ne sont pas
comparables en termes de gravité. Les glitazones,
agonistes du récepteur PPARγ, semblent jouer un rôle
dans la survenue des événements cardiovasculaires.
Cette classe pharmacologique provoque des œdèmes
périphériques dans 3 à 5 % des cas et plus encore en
cas d’association avec des antidiabétiques oraux ; le
chiffre monte jusqu’à 16 % si une insulinothérapie
y est associée. Le mécanisme combine une vasodi-
latation artériolaire, une perméabilité endothéliale
accrue, une augmentation du volume plasmatique et
une diminution de l’excrétion du sodium par stimu-
lation du canal sodique épithélial du tubule distal.
Les données des études suggèrent un risque accru
d’insuffisance cardiaque sous glitazone (particuliè-
rement la rosiglitazone) mais qui régresse à l’arrêt
du traitement et dont le pronostic est alors plutôt
favorable. Ces molécules ne majorent pas la morta-
lité ni les infarctus du myocarde, elles n’ont pas de
cardiotoxicité propre ; la pioglitazone améliore même
le remodelage ventriculaire gauche. Les facteurs de
prédisposition sont l’âge, le poids, un diabète évoluant
depuis plus de 10 ans, un antécédent d’infarctus
myocardique, un traitement diurétique et une créa-
tininémie supérieure à 130 µmol/l. Ainsi, en cas de
prise de poids ou d’œdèmes des membres inférieurs,
il convient d’abord d’éliminer une insuffisance rénale,
une prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ou
d’antagonistes calciques, et une insuffisance veineuse.
En cas d’insuffisance cardiaque avérée, la glitazone
doit être interrompue et un bilan de la cardiopathie
doit être proposé. Dans le cas contraire, selon le travail
d’I. Tzoulaki et al. (BHJ 2009;339:b4731) la glitazone
pourrait être maintenue, mais, au regard des données
de l’étude RECORD évaluant la rosiglitazone, le Pr
Michel Komajda (Paris) émet des doutes à ce sujet.
Contrôle glycémique dans le syndrome
coronaire aigu
L’hyperglycémie est un marqueur de morbidité et
de mortalité, voire potentiellement un facteur de
risque, ce qui reste controversé. C’est ce que rappelle
le Pr Jean-Philippe Collet (Paris) en s’appuyant sur
les données d’études ayant conduit aux recomman-
dations actuelles. Le contrôle glycémique strict par
traitement intensif semble toutefois délétère. Les
recommandations américaines préconisent d’évaluer
le statut glycémique (recommandation de grade A),
de faire un test d’hyperglycémie provoquée par voie
orale (HGPO) en l’absence de diabète connu (grade B),
de contrôler la glycémie si elle est supérieure à 1,8 g/l
(grade B), de cibler une glycémie entre 0,9 et 1,4 g/l
(grade C) et d’instaurer une insulinothérapie dès que
possible (grade C). L’hyperglycémie à l’admission
semble être un facteur prédictif de mauvais pronostic,