DOSSIER Médicaments Une amélioration du service médical rendu de niveau II pour la maladie d’Alzheimer n G. Mégret es chiffres épidémiologiques de la maladie d’Alzheimer (MA) et les prospectives les plus modérées ne peuvent qu’alarmer. Un Français sur 100 touché par la maladie ; 135 000 nouveaux cas/an ; 25 % des personnes de 85 ans et plus atteints par une démence ; 70 % des placements en institution dus à la MA ; en moyenne, chaque médecin généraliste suit douze MA et prend en charge trois nouveaux cas par an. Avec un tel rythme évolutif, en 2010, chaque famille comptera une MA. Il semble inutile d’insister sur la gravité du problème de santé publique que va poser – rapidement – la MA, surtout si l’on tient compte du fait qu’il existe une grande disparité de répartition géographique de la maladie, certaines régions se trouvant déjà en sur-représentation. D’autres éléments péjoratifs viennent s’ajouter : la rapidité de l’évolution de la maladie, en quelques années, qui de L 28 quelques troubles cognitifs intermittents transforme le malade en un dépendant total et permanent ; la fréquence des formes sévères augmente avec l’âge, les patients devant nécessairement être placés en institution. L’impact du traitement médicamenteux, symptomatique, puisqu’il n’existe pas actuellement de drogue curative, ne doit pas être considéré comme négligeable. Les anticholinestérasiques, indiqués dans les formes légères à modérément sévères, apportent une amélioration significative versus placebo de certains paramètres cliniques, cognitifs et comportementaux. Pour autant, les effets indésirables (cardiovasculaires, neurologiques, gastrointestinaux entre autres) peuvent poser de difficiles problèmes pour un traitement prolongé. Est alors commercialisée une molécule déjà expérimentée, la mémantine (Ebixa®). Elle est cependant indiquée, pour la première fois dans la MA, dans les formes modérément sévères (amélioration du service médical rendu [ASMR] de niveau V), mais surtout dans les formes sévères avec une ASMR de niveau II, ce qui représente une “amélioration importante”. Les études cliniques sont probantes, aussi bien en ambulatoire qu’en institution. Cette alternative médicamenteuse, agissant sur la voie glutamatergique cérébrale – l’excès de glutamate a un rôle délétère reconnu dans la MA – offre l’avantage d’une bonne tolérance générale, avec des effets indésirables inférieurs à 3 %. On retiendra donc que la mémantine se situe au même niveau d’efficacité que les anticholinestérasiques pour les formes modérément sévères, mais qu’elle mérite d’être proposée dans les formes sévères en première intention. Correspondances en médecine - n° 3-4, vol. IV - juillet-décembre 2003