Un nouvel outil de dépistage Hypertrophie bénigne de la prostate

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Hypertrophie bénigne de la prostate
Un nouvel outil de dépistage
La prévalence de l’hypertrophie bénigne de la prostate, qui touche
15 à 20 % des hommes de plus de 50 ans mais peut atteindre
plus de 90 % d’entre eux au-delà de 80 ans, devrait en faire
une pathologie courante. Mais elle est encore taboue. L’infirmière
doit encourager le patient à parler de ses troubles au médecin.
L’
hypertrophie bénigne de la
prostate (HBP) est une pathologie fréquente entraînant de
nombreuses gênes au niveau du
système urinaire. Les patients hésitent à parler de leurs problèmes
urinaires, et les médecins ne posent pas toujours les questions.
Quand ils sont hospitalisés, ils en
parlent un peu à l’infirmière ou à
l’aide-soignante à cause de la mobilité nécessaire pour atteindre les
toilettes. Pour faciliter cette approche diagnostique, une réglette
d’évaluation a été testée.
En augmentation avec l’âge
Devant l’augmentation de l’âge
moyen de la population en général, masculine en particulier,
l’HBP va donc devenir une pathologie prépondérante. Sur plus
de 600 000 nouveaux cas chaque
année, la moitié seulement est
prise en charge par le corps médical. Pourtant les signes liés à l’affection ne sont pas anodins. Ils
sont marqués par une gêne à la
miction et aussi par une répétition
des mictions nocturnes, notamment liées à une vidange vésicale
insuffisante. Les complications ne
sont ni rares ni anodines qu’il
s’agisse de complications obstructives avec une rétention aiguë
d’urine, de complications infectieuses urinaires ou rénales, l’ensemble pouvant faire évoluer vers
une insuffisance rénale.
Tous les symptômes sont souvent
banalisés, considérés comme normaux, car liés à l’âge. Les symptômes de cette pathologie sont redoutés, d’aucuns pensant que la
sanction thérapeutique est chirurgicale, avec ses conséquences sur
l’incontinence et l’impuissance.
Si l’HBP ne représente pas une
pathologie mettant en jeu le pronostic vital, la prise en charge est
justifiée par le retentissement des
troubles dans la vie quotidienne.
Cependant, il ne faut pas négliger la prévalence du cancer de
la prostate qui augmente avec
l’âge. Si l’ANAES a émis des réserves quant au dépistage de
masse de ces cancers, elle préconise un diagnostic précoce ciblé
chez des patients ayant notamment des troubles mictionnels.
L’intérêt du diagnostic dépasse
donc la seule volonté de prendre
en charge une pathologie de
prime abord banale.
Un outil : l’EVA
Aujourd’hui, le diagnostic se voit
facilité grâce à la mise au point
d’une échelle analogique pour
améliorer le dépistage clinique de
l’HBP. Cette échelle visuelle analogique (EVA) a été élaborée en
tenant compte des recommandations de la littérature scientifique
qui a permis de recenser des
échelles existantes et d’identifier
les terminologies les plus fréquemment utilisées dans les EVA.
Certes, un questionnaire standardisé et validé par l’OMS existe.
Il s’agit du score I-PSS (score international symptomatique de la
prostate), qui permet de coter la
sévérité des manifestations urinaires en utilisant pour chaque
item une échelle de 0 à 5 :
– entre 0 et 7, l’affection est jugée
peu symptomatique ;
– entre 8 et 19 : modérément ;
– entre 20 et 35 : fortement.
Ce questionnaire proposé par les
médecins ou fourni aux patients
est souvent jugé difficilement ma-
niable car long et pas assez spécifique. D’où l’intérêt de mettre à la
disposition de tous une réglette
analogique d’utilisation simple et
efficace.
Elle permet au patient, à l’aide du
déplacement d’un curseur, de répondre à une question unique :
« dans quelle mesure avez vous des
troubles pour uriner ? »
Au total, quatre EVA de longueurs
différentes ont été testées (10, 15,
20 et 35 cm). L’EVA de 20 cm s’est
révélée supérieure aux trois autres.
Les résultats de son utilisation corrélés à ceux de l’I-PSS ont montré
un parallélisme rendant son utilisation fiable. L’âge des patients
n’influait pas de façon significative,
et un type de symptôme par rapport à un autre ne semblait pas privilégié. L’utilisation de l’EVA est
diagnostique, révélant une affection de type HBP mais elle permet
aussi un suivi thérapeutique réévaluant l’état de gêne prostatique
à chaque consultation médicale.
J.B.
Entretiens de Bichat, Paris 2002.
L’HBP en quelques chiffres
• Le nombre de patients qui
consultent pour HBP augmente
de 4 % par an.
• Chaque médecin généraliste
a en moyenne 14 patients souffrant d’HBP.
• Chaque mois, plus de
415 000 patients de plus de
70 ans prennent un traitement
pour leur HBP.
• Parmi les symptômes, la pollakiurie est le signe le plus fréquent (25 % des cas). Puis viennent ensuite la dysurie et la
diminution du jet.
• 25 % des patients ont eu un
TR dans l’année.
• 34 % ont eu un dosage de
PSA.
• 20 % ont eu une échographie.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No 41 - novembre 2002
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