Maladies professionnelles Soignant : profession à risque La profession de soignant est une profession à haut risque professionnel. Une maladie est professionnelle quand elle est la conséquence directe d’une exposition à un risque physique, chimique ou biologique, ou qu’elle résulte des conditions dans lesquelles est exercée l’activité. O n connaît les risques professionnels des infirmiers confrontés à la violence, notamment dans les services psychiatriques. Certains gestes répétitifs exposent aussi à des maladies professionnelles comme les lombalgies. Certaines maladies sont causées par des agents chimiques. Des services sont connus parce qu’ils accueillent des malades particulièrement contagieux : les services d’isolement de patients au sein desquels les personnels recevant des personnes contagieuses et ceux pratiquant la thérapie génique devraient être traités de manière spécifique. Quand on parle de VIH ou de VHC, les soignants sont particulièrement sensibilisés aux accidents résultant d’une exposition au sang. Mais qu’en est-il de la contamination du personnel soignant par les infections opportunistes ? Car les patients présentant une immunodéficience acquise souffrent souvent de ces infections appelées “opportunistes” parce qu’elles “profitent” d’un organisme affaibli pour se développer. Quelles contaminations ces malades immunodéprimés risquent-ils de provoquer envers leurs soignants ? Les bactéries En recrudescence à cause de ce phénomène, la tuberculose devient préoccupante dans les pays où elle devenait rare. La dissémination tuberculeuse par Mycobacterium tuberculosis est essentiellement interhumaine et se fait par voie aérienne. Elle est cependant également possible par voie transcutanée : une aiguille ou un cathéter souillé du sang d’un patient porteur de sida et de tuberculose peu- vent, par effraction, provoquer une tuberculose cutanée. Le Mycobacterium bovis, lui aussi, peut être contaminant. Pour les pneumopathies à Haemophilus ou à Streptococcus pneumoniae, aucune transmission n’a été décrite, pas plus que pour les salmonelloses. Les parasites Responsable de pertes liquidiennes importantes chez les patients atteints par le VIH, un parasite protozoaire intracellulaire, le Cryptosporidium, se transmet par contamination directe (des patients contaminés) ou indirecte (par l’eau infestée). Infection opportuniste fréquente, la toxoplasmose a besoin d’un hôte intermédiaire pour se transmettre. La contamination interhumaine est donc impossible. Les mycoses La pneumocystose responsable d’une pneumonie parfois compliquée d’un pneumothorax peut se transmettre par voie aérienne d’un patient à l’autre vers les membres du corps de santé. Par contact direct entre soignants et soignés, des candidoses, le plus souvent oropharyngées, plus rarement bronchiques ou trachéales, peuvent être véhiculées. Le Cryptococcus neoformans est la principale cause de méningite aiguë chez les immunodéficients : une contamination est possible en cas de piqûre par aiguille souillée. L’histoplasmose est liée directement à l’inhalation de spores d’Histoplasma sans contamination interhumaine. Seule sa culture nécessite de prendre quelques précautions. Les virus La fréquence de la stomatite comme celle des faux panaris herpétiques indiquent la possibilité d’une contamination envers les soignants. Il en est de même pour le virus varicelle/zona. Des cas de varicelle ont en effet été signalés parmi le personnel soignant. Andrée-Lucie Pissondes Jacques Bidart Le risque lié à une exposition au VIH Ce risque peut conduire à la prescription d’un traitement antirétroviral après exposition ou traitement prophylactique. Dans les heures suivant l’exposition, le risque de contamination est potentiel. Le traitement proposé au vu de l’évaluation de ce risque doit durer un mois. Le traitement après exposition au VIH se distingue du traitement de la primoinfection, dont l’indication est discutée sur la présence de marqueurs virologiques. Bien que des incertitudes persistent concernant l’efficacité d’une telle prescription dans certains types d’exposition et malgré l’absence d’études de pharmacovigilance, la commission de l’AMM de l’Agence du médicament a émis un avis favorable quant au traitement antirétroviral après exposition à l’infection. Cet avis est assorti de la recommandation de mise en place d’une évaluation de l’efficacité de la prophylaxie, de la tolérance et de l’observance. Il est à remarquer que la prescription d’antirétroviraux dans cette situation n’entre pas dans le cadre de la loi no 881138 du 20 décembre 1988 modifiée, dite “loi Huriet”, relative à la protection des personnes se prêtant à la recherche biomédicale. Par dérogation à l’article L.162-17 du Code de la Sécurité sociale, la prise en charge des antirétroviraux est assurée par l’Assurance-Maladie dans les mêmes conditions que dans les indications de traitement de l’infection par le VIH diagnostiquée. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 45 - avril 2003 5