Soignant : profession à risque Maladies professionnelles

Soignant : profession à risque
O
n connaît les risques pro-
fessionnels des infirmiers
vent, par effraction, provoquer une
tuberculose cutanée. Le Mycobac-
terium bovis, lui aussi, peut être
contaminant. Pour les pneumopa-
thies à Haemophilus ou à Strepto-
coccus pneumoniae, aucune trans-
mission n’a été décrite, pas plus
que pour les salmonelloses.
Les parasites
Responsable de pertes liqui-
diennes importantes chez les pa-
tients atteints par le VIH, un para-
site protozoaire intracellulaire, le
Cryptosporidium, se transmet par
contamination directe (des pa-
tients contaminés) ou indirecte
(par l’eau infestée). Infection op-
portuniste fréquente, la toxoplas-
mose a besoin d’un hôte inter-
médiaire pour se transmettre. La
contamination interhumaine est
donc impossible.
Les mycoses
La pneumocystose responsable
d’une pneumonie parfois compli-
quée d’un pneumothorax peut se
transmettre par voie aérienne d’un
patient à l’autre vers les membres
du corps de santé. Par contact di-
rect entre soignants et soignés, des
candidoses, le plus souvent oro-
pharyngées, plus rarement bron-
chiques ou trachéales, peuvent
être véhiculées. Le Cryptococcus
neoformans est la principale cause
de méningite aiguë chez les im-
munodéficients : une contamina-
tion est possible en cas de piqûre
par aiguille souillée.
L’ histoplasmose est liée directe-
ment à l’inhalation de spores
d’Histoplasma sans contamination
interhumaine. Seule sa culture
nécessite de prendre quelques
précautions.
Les virus
La fréquence de la stomatite
comme celle des faux panaris her-
pétiques indiquent la possibilité
d’une contamination envers les
soignants. Il en est de même pour
le virus varicelle/zona. Des cas de
varicelle ont en effet été signalés
parmi le personnel soignant.
Andrée-Lucie Pissondes
Jacques Bidart
La profession de soignant est une profession à haut risque pro-
fessionnel. Une maladie est professionnelle quand elle est la
conséquence directe d’une exposition à un risque physique,
chimique ou biologique, ou qu’elle résulte des conditions dans
lesquelles est exercée l’activité.
Maladies professionnelles
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No45 - avril 2003
confrontés à la violence, notam-
ment dans les services psychia-
triques. Certains gestes répétitifs
exposent aussi à des maladies pro-
fessionnelles comme les lombal-
gies. Certaines maladies sont cau-
sées par des agents chimiques. Des
services sont connus parce qu’ils
accueillent des malades particuliè-
rement contagieux : les services
d’isolement de patients au sein des-
quels les personnels recevant des
personnes contagieuses et ceux
pratiquant la thérapie génique de-
vraient être traités de manière spé-
cifique. Quand on parle de VIH ou
de VHC, les soignants sont parti-
culièrement sensibilisés aux acci-
dents résultant d’une exposition au
sang. Mais qu’en est-il de la conta-
mination du personnel soignant
par les infections opportunistes ?
Car les patients présentant une
immunodéficience acquise souf-
frent souvent de ces infections
appelées “opportunistes” parce
qu’elles “profitent” d’un organisme
affaibli pour se développer. Quelles
contaminations ces malades im-
munodéprimés risquent-ils de pro-
voquer envers leurs soignants ?
Les bactéries
En recrudescence à cause de ce
phénomène, la tuberculose devient
préoccupante dans les pays où
elle devenait rare. La dissémination
tuberculeuse par Mycobacterium
tuberculosis est essentiellement in-
terhumaine et se fait par voie
aérienne. Elle est cependant égale-
ment possible par voie transcuta-
née : une aiguille ou un cathéter
souillé du sang d’un patient por-
teur de sida et de tuberculose peu-
Le risque lié
à une exposition au VIH
Ce risque peut conduire à la prescription
d’un traitement antirétroviral après ex-
position ou traitement prophylactique.
Dans les heures suivant l’exposition, le
risque de contamination est potentiel.
Le traitement proposé au vu de l’évalua-
tion de ce risque doit durer un mois. Le
traitement après exposition au VIH se
distingue du traitement de la primo-
infection, dont l’indication est discutée
sur la présence de marqueurs virolo-
giques. Bien que des incertitudes persis-
tent concernant l’efficacité d’une telle
prescription dans certains types d’expo-
sition et malgré l’absence d’études de
pharmacovigilance, la commission de
l’AMM de l’Agence du médicament a
émis un avis favorable quant au traite-
ment antirétroviral après exposition à
l’infection. Cet avis est assorti de la re-
commandation de mise en place d’une
évaluation de l’efficacité de la prophy-
laxie, de la tolérance et de l’observance.
Il est à remarquer que la prescription
d’antirétroviraux dans cette situation
n’entre pas dans le cadre de la loi no88-
1138 du 20 décembre 1988 modifiée,
dite “loi Huriet”, relative à la protection
des personnes se prêtant à la recherche
biomédicale. Par dérogation à l’article
L.162-17 du Code de la Sécurité sociale,
la prise en charge des antirétroviraux est
assurée par l’Assurance-Maladie dans
les mêmes conditions que dans les indi-
cations de traitement de l’infection par
le VIH diagnostiquée.
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