La Lettre du Neurologue ‱ Vol. XVIII - no 4 - avril 2014 | 121
MISE AU POINT
Neuro-imagerie des AVC
Neuroimaging of stroke
E. de Roquefeuil*, S. Molinier*, V. Dousset*
* Service de neuro-imagerie diagnos-
tique et thérapeutique, hÎpital Pelle-
grin, CHU de Bordeaux.
L’
imagerie est une étape indispensable
dans la prise en charge des patients qui
font un accident vasculaire cérébral (AVC)
puisqu’elle a un rĂŽle de conïŹ rmation du diagnostic,
d’orientation Ă©tiologique et d’indication thĂ©rapeu-
tique. Cette importance croissante est liée aux
progrÚs techniques, qui offrent une rapidité de
réalisation et une caractérisation lésionnelle de
plus en plus ïŹ ne.
Infarctus cérébral
et thrombolyse
L’imagerie a plusieurs objectifs dans ce cadre. Le
principal est d’éliminer un hĂ©matome, contre-
indiquant la thrombolyse. Les autres sont la conïŹ r-
mation de l’infarctus et l’exclusion de diagnostics
diffĂ©rentiels, l’évaluation de la zone de pĂ©nombre
et de la perméabilité des vaisseaux.
Scanner
Depuis 2009, la Haute Autorité de santé (HAS)
recommande l’accĂšs Ă  l’imagerie cĂ©rĂ©brale 24 h/24
et 7 j/7 pour tous les patients suspects d’AVC aigu, en
privilĂ©giant dĂšs que possible l’IRM. Or, cette modalitĂ©
d’imagerie est encore peu accessible en urgence et
le scanner est donc la technique privilégiée dans
de nombreux centres. Le scanner est également
choisi en cas de contre-indication à l’IRM ou lorsque
l’état d’agitation du patient rend la rĂ©alisation de
l’IRM impossible, ce qui est frĂ©quent pour les sujets
souffrant d’un AVC sĂ©vĂšre.
En tomodensitométrie (TDM), plusieurs acquisi-
tions sont rĂ©alisĂ©es (ïŹ gure 1, p. 122). Le premier
temps est une hélice sans injection de produit de
contraste, Ă  la recherche des composantes sanguines
d’un hĂ©matome ou d’une ischĂ©mie hĂ©morragique,
hyperdenses spontanément. Cette acquisition peut
Ă©galement montrer des signes prĂ©coces d’ischĂ©mie :
des signes parenchymateux tels qu’une attĂ©nuation
du contraste entre substance blanche et substance
grise, un effet de masse et/ou une hyperdensité
intra-artérielle en rapport avec un thrombus intra-
luminal. Un score pronostique − l’ASPECTS − a Ă©tĂ©
développé à partir de ces signes, mais sa reproducti-
bilitĂ© interobservateur est moyenne et il n’intĂ©resse
que le territoire sylvien (1). De plus, le scanner est
souvent normal trĂšs prĂ©cocement (ïŹ gure 1A, p. 122).
Ce premier temps peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme
sufïŹ sant pour la mise en place d’une thrombolyse
intraveineuse (i.v.) dans les 4 h 30 aprÚs le début
authentiïŹ Ă© des symptĂŽmes (2).
L’étude de la perfusion cĂ©rĂ©brale correspond au
deuxiĂšme temps de l’examen. Elle Ă©tait auparavant
limitĂ©e puisque la boĂźte d’acquisition ne couvrait
que 4 cm d’épaisseur de parenchyme encĂ©phalique
en moyenne. Avec les nouvelles générations de
scanner, un volume sufïŹ sant de 8 cm est explorĂ©.
La perfusion s’évalue en rĂ©pĂ©tant la mĂȘme boĂźte
d’acquisition de maniĂšre trĂšs rapprochĂ©e dans le
temps, lors de l’injection d’un bolus de produit de
contraste iodé (technique de suivi de bolus). Les
images sont alors traitĂ©es par logiciel aïŹ n d’obtenir
plusieurs cartes de perfusion. La zone hypoperfusée
est estimée sur la carte de temps de transit moyen
(TTM). On considĂšre une hypoperfusion lorsque
le TTM est supérieur à 140 % par rapport au cÎté
controlatĂ©ral (ïŹ gures 1C et 1E, p. 122). La carte de
volume sanguin cérébral (VSC) va aider à évaluer
la zone de nécrose. La nécrose correspondrait à
une chute de 60 % du volume par rapport au cÎté
controlatéral ou à une valeur absolue inférieure
Ă  2 ml/100 g (ïŹ gure 1F, p. 122). Le dĂ©bit sanguin
cérébral (DSC) peut également évaluer la zone de
nécrose, en prenant comme seuil un DSC inférieur
à 40 % (3). La zone de pénombre, qui peut encore
ĂȘtre sauvĂ©e, correspond thĂ©oriquement Ă  la zone
Figure 1. Protocole scanner avant thrombo-
lyse.
A : le scanner sans injection élimine un saigne-
ment intracrĂąnien.
B : l’angioscanner des troncs supra-aortiques
et du polygone de Willis précise le niveau de
l’occlusion artĂ©rielle. Ici en M1 droit (ïŹ‚ Ăšche).
C : la carte de TTM montre un allongement de
ce paramĂštre dans le territoire sylvien droit,
traduisant une hypoperfusion.
D : il n’y a pas d’abaissement du VSC dans cette
zone. Les mécanismes de compensation fonc-
tionnent. La zone hypoperfusée correspond
intégralement à de la pénombre.
E: zone hypoperfusée sur la carte TTM en
région temporale.
F : les mécanismes de compensation sont
dépassés. Il existe une chute du VSC. La zone
hypoperfusée correspond à de la nécrose.
G : l’IRM de diffusion 24 heures aprùs la
thrombolyse montre une bonne réponse au
traitement : pas d’ischĂ©mie constituĂ©e dans
la zone de pénombre.
H : la zone qui était déjà nécrosée sur le
scanner est visible sous forme d’un hyper signal
en diffusion tĂ©moignant d’une restriction.
122 | La Lettre du Neurologue ‱ Vol. XVIII - no 4 - avril 2014
Points forts
»
L’IRM est la modalitĂ© d’imagerie Ă  privilĂ©gier pour toute suspicion d’AVC, en raison de sa sensibilitĂ© et de
l’absence d’irradiation. Elle est indispensable si l’on envisage une thrombolyse pour les AVC d’horaire inconnu.
»
Si l’IRM est inaccessible ou contre-indiquĂ©e, le scanner de perfusion couplĂ© Ă  un angioscanner des troncs
supra-aortiques est une aide importante à la décision de thrombolyse.
»L’étude de la vascularisation doit systĂ©matiquement ĂȘtre associĂ©e Ă  l’exploration parenchymateuse.
»
L’étude de la perfusion (en IRM ou TDM) permet d’estimer la pĂ©nombre parenchymateuse Ă  risque
d’ischĂ©mie.
»L’exploration vasculaire Ă  visĂ©e Ă©tiologique dans le cadre des hĂ©matomes est indispensable pour tous
les patients de moins de 50ans, quelle qu’en soit la topographie et pour tous les hĂ©matomes lobaires
quel que soit l’ñge du patient.
Mots-clés
IRM
AVC
Thrombolyse
Infarctus cérébraux
Hémorragie
Highlights
»
MRI is the best modality for
suspicion of stroke, because of
its sensitivity and the lack of
radiation exposure. MRI must
be the ïŹ rst diagnostic test for
patients with a stroke whose
time of symptoms onset is
unknown.
»
If MRI is not available or
contraindicated, perfusion CT
with CT angiography improve
patient selection for thrombo-
lytic therapy.
»
Vasculature evaluation has
to be performed in the same
time that parenchyma study.
»
Perfusion CT and perfusion
MRI allow to assess the isch-
emic penumbra.
»
In case of intracerebral
haemorrhage, CT or MRI angi-
ography has to be performed
for patients younger than 50
years old and for all patients
with lobar haemorrhage.
Keywords
MRI
Stroke
Thrombolysis
Ischemia
Haemorrhage
apparaissant hypoperfusée sur le TTM et dont le
volume sanguin n’est pas encore abaissĂ© sur la carte
VSC (ïŹ gure 1D). Le troisiĂšme temps est l’explo-
ration vasculaire (ïŹ gure 1B). Un nouveau bolus de
produit de contraste iodĂ© est injectĂ© pour opaciïŹ er
les troncs supra-aortiques et le polygone de Willis,
à la recherche d’une occlusion et de son site.
Une occlusion proximale est en général associée à
une mauvaise réponse à la thrombolyse i.v.
Pour mĂ©moire, l’irradiation dĂ©livrĂ©e au cours de ce
type d’examen TDM est importante et l’IRM devrait
ĂȘtre privilĂ©giĂ©e dĂšs que possible, mĂȘme si l’évaluation
des sténoses en angioscanner est plus précise.
La Lettre du Neurologue ‱ Vol. XVIII - no 4 - avril 2014 | 123
MISE AU POINT
IRM
Lorsqu’elle est accessible, l’IRM reste l’examen de
référence (4). Le protocole pour thrombolyse doit
ĂȘtre court pour ne pas retarder la prise en charge
thĂ©rapeutique. IdĂ©alement, l’examen ne doit pas
durer plus de 10 minutes. Quatre séquences sont
indispensables.
➀
La séquence T2* est utilisée pour éliminer
une hémorragie. Elle est sensible aux artefacts de
susceptibilité magnétique, et donc aux produits de
dĂ©gradation de l’hĂ©moglobine et montre un hypo-
signal lorsqu’il existe un hĂ©matome. À la phase
hyperaiguĂ« avant 3 heures, l’hĂ©matome prĂ©sente
2 composantes : l’une en hypersignal, centrale, en
rapport avec l’oxyhĂ©moglobine, et l’autre en franc
hyposignal, périphérique, en rapport avec de la
déoxyhémoglobine. Cette séquence du protocole
thrombolyse permet d’identiïŹ er un hĂ©matome intra-
parenchymateux de maniĂšre formelle Ă  ce stade aigu
avant 3 heures. La séquence T2* objective également
parfois le thrombus intra-artĂ©riel sous la forme d’un
hyposignal linéaire.
➀
La séquence de diffusion montre trÚs préco-
cement − dùs l’installation des symptîmes − un
hypersignal au niveau de la zone de nécrose. Elle
apparaĂźt en hyposignal sur la cartographie du coefïŹ -
cient apparent de diffusion (ADC) parfois de maniĂšre
un peu retardée, ce qui ne doit pas faire exclure le
diagnostic d’ischĂ©mie. La diffusion reïŹ‚ Ăšte les mouve-
ments browniens de l’eau libre extracellulaire. Dans
l’infarctus cĂ©rĂ©bral, l’ischĂ©mie entraĂźne un ƓdĂšme
cytotoxique, qui correspond Ă  un gonïŹ‚ ement des
cellules, rĂ©duisant l’espace extracellulaire et gĂ©nĂ©-
rant une restriction de diffusion. Cette séquence est
la premiĂšre Ă  se positiver et permet de conïŹ rmer
l’infarctus. Elle est sensible et identiïŹ e les lĂ©sions
lacunaires. Cependant, la sensibilitĂ© n’est pas de
100 %, notamment pour les petites lésions de la fosse
postérieure. Pour améliorer leur détection, lorsque
les symptÎmes présentés évoquent une atteinte du
territoire vertĂ©brobasilaire, des coupes plus ïŹ nes sont
rĂ©alisĂ©es (3 mm versus 5 mm) avec, lorsque c’est
possible, des valeurs de b plus Ă©levĂ©es (≄ 2 000). La
diffusion est Ă©galement utile pour Ă©valuer l’ancien-
netĂ© d’un infarctus cĂ©rĂ©bral. Le signal de l’AVC en
diffusion va Ă©voluer au cours du temps. L’hypersignal
en diffusion va persister 2 mois en moyenne, par
l’effet de rĂ©manence T2 (T2 shine through). L’ADC va
s’inverser pour se normaliser puis augmenter entre le
troisiĂšme et le dixiĂšme jour en moyenne, en rapport
avec la destruction neuronale et la diminution de
l’ƓdĂšme cytotoxique et de l’ƓdĂšme vasogĂ©nique.
➀
La troisiÚme séquence est le T2 FLAIR, séquence
T2 avec suppression du signal de l’eau libre (par
exemple, le liquide cérébrospinal [LCS]). Elle
Ă©value l’état du parenchyme cĂ©rĂ©bral sous-jacent.
Elle identiïŹ e des stigmates d’AVC ancien (atteinte
corticale avec atrophie), montre des signes de
micro-angiopathie (hypersignaux de la substance
blanche sus-tentorielle, pontiques associés parfois
Ă  des lacunes des noyaux gris centraux). Concernant
la lésion aiguë, elle se positive plus tardivement
que la séquence de diffusion, en moyenne aux alen-
tours de 4 heures. Ce délai va dépendre de plusieurs
paramùtres, notamment la taille de l’infarctus. En
cas d’occlusion vasculaire, le FLAIR peut Ă©galement
montrer des hypersignaux sous-arachnoĂŻdiens
d’aspect tubulĂ© qui traduisent un ralentissement
circulatoire dans les artĂšres corticales.
➀
La quatriĂšme sĂ©quence permet l’exploration
des vaisseaux intracrñniens. Il peut s’agir soit d’une
sĂ©quence en temps de vol (Time of ïŹ‚ ight [TOF]) qui
permet la visualisation du polygone de Willis sans
injection, soit d’une sĂ©quence d’angioMR avec
injection de chélates de gadolinium, qui étudie le
polygone et les troncs supra-aortiques.
La séquence de perfusion est parfois réalisée et
dépend du contexte. Elle est utile lorsque le délai
de 4 h 30 est dépassé, que la clinique est atypique ou
que la diffusion est négative avec une forte suspicion
clinique d’infarctus cĂ©rĂ©bral. Elle permet d’obtenir,
comme au scanner, les cartes de TTM et de VSC
relatifs notamment. De nouvelles techniques sont
en développement pour obtenir des informations de
perfusion sans injection de produit de contraste. Il
s’agit de la sĂ©quence ASL (Arterial Spin Labeling), qui
donne de bonnes informations sur le débit sanguin
cérébral et montre en pathologie sténo-occlusive
un retard du bolus de sang marqué dans la zone
de mesure (5).
Lorsque l’heure de dĂ©but des symptĂŽmes ne peut
ĂȘtre authentifiĂ©e (c’est le cas des AVC constatĂ©s
au rĂ©veil), l’IRM va alors dater l’infarctus. On
utilise le diffĂ©rentiel entre l’apparition retardĂ©e
de l’hypersignal en FLAIR et l’apparition immĂ©diate
des anomalies en diffusion (figure 2, p. 124).
G. Thomalla et al. (6) ont étudié les IRM de patients
réalisées moins de 12 heures aprÚs le début des
symptÎmes et dont la diffusion était positive. Ils
ont montré que seuls 17 % des patients avec un
FLAIR négatif avaient un infarctus datant de plus
de 4 h 30. Cette étude multicentrique a prouvé
que la trÚs grande majorité des patients avec FLAIR
nĂ©gatif Ă©tait dans la fenĂȘtre thĂ©rapeutique pour la
thrombolyse i.v.
Figure 2. IRM et AVC du réveil.
A : homme de 54 ans ; paralysie faciale droite
et aphasie constatées au réveil à 7 h 15 ; IRM
Ă  9 heures.
Il existe une lésion ischémique constituée fron-
tale gauche et une lésion punctiforme parié-
tale droite, en hypersignal sur la séquence de
diffusion.
B : ces infarctus ne sont pas visibles sur la
séquence FLAIR. Ils datent probablement de
moins de 4 h 30. La thrombolyse peut ĂȘtre
envisagée.
C : homme de 82 ans ; hémiplégie gauche
constatée au réveil ; hypersignal en diffusion
du bras postérieur de la capsule interne droite.
D : l’infarctus est dĂ©jĂ  visible sur la sĂ©quence
FLAIR. Il date possiblement de plus de 4 h 30.
La thrombolyse est récusée.
124 | La Lettre du Neurologue ‱ Vol. XVIII - no 4 - avril 2014
Neuro-imagerie des AVC
MISE AU POINT
Lorsque l’AVC date de plus de 4 h 30, un traitement
endovasculaire peut cependant ĂȘtre envisagĂ© selon
la HAS : jusqu’à 6 heures pour un infarctus sylvien
et mĂȘme au-delĂ  pour un infarctus dans le terri-
toire vertébrobasilaire, aprÚs concertation entre
neurologues et neuroradiologues. Plusieurs types
de techniques intra-artérielles existent : des
techniques chimiques Ă  type de thrombolyse intra-
artérielle et des techniques mécaniques dont les
plus récentes correspondent à une thrombectomie
par retrait du caillot.
L’étude multicentrique DEFUSE 2 a montrĂ© le rĂŽle de
l’IRM de diffusion et de perfusion chez les patients
présentant un infarctus de moins de 12 heures,
bĂ©nĂ©ïŹ ciant d’un traitement endovasculaire pour des
occlusions carotidienne ou sylvienne (7). En effet,
une zone de pĂ©nombre signiïŹ cative − c’est-Ă -dire un
rapport de volume du tissu hypoperfusé/tissu nécrosé
supérieur ou égal à 1,8 et au moins supérieur à 15 ml
avant procĂ©dure − est prĂ©dictive d’un meilleur rĂ©sultat
fonctionnel. L’IRM peut donc permettre une meilleure
sélection des patients. Des lésions du tronc cérébral
trÚs étendues en diffusion dans les thromboses du
tronc basilaire sont de mauvais pronostic et récusent
en général un traitement endovasculaire.
Trois récentes études randomisées remettent en
question l’efficacitĂ© de ces techniques endovas-
culaires (8-10). La prĂ©sence d’une pĂ©nombre chez
des patients éligibles à un traitement endovas-
culaire ne serait pas prĂ©dictive d’une meilleure
évolution comme en témoignent les résultats
de l’étude MR RESCUE (8), contrairement Ă  ceux
de l’étude DEFUSE 2. Dans l’étude IMS III (9), les
patients ayant un infarctus sévÚre cliniquement
et avec une occlusion artérielle proximale avaient
un pronostic inchangĂ© lorsqu’on associait un
traitement endovasculaire dans les 7 premiĂšres
heures au traitement i.v. administré dans les
3 premiĂšres heures, mĂȘme si le taux de reperfusion
Ă©tait supĂ©rieur. Cependant, ces Ă©tudes n’ont pas Ă©tĂ©
réalisées avec la nouvelle génération de matériel
d’embolectomie (stent retriever) dont l’efficacitĂ©
doit ĂȘtre Ă©valuĂ©e (2).
Autres apports de l’imagerie
dans les infarctus cérébraux
Accident ischémique transitoire
ou infarctus cérébral constitué ?
Selon le TIA Working group, l’accident ischĂ©mique
transitoire (AIT) est un épisode bref de dysfonction
neurologique dû à une ischémie focale cérébrale
Figure 3. Indication de craniectomie ?
A : homme de 53 ans ; dĂ©ïŹ cit hĂ©mi corporel
droit et aphasie Ă  10 h 30 ; scanner Ă 
12 heures. La carte TTM montre une hypo-
perfusion du territoire sylvien gauche.
B : le VSC est abaissĂ©. L’ensemble de la zone
hypoperfusée correspond à de la nécrose.
Devant ce volumineux infarctus, la thrombo-
lyse est récusée mais se pose une éventuelle
indication de craniectomie.
C : le patient bĂ©nĂ©ficie d’une IRM avec
sĂ©quence de diffusion. L’infarctus est
contouré sur chaque coupe. Le logiciel fournit
ensuite le volume qui est mesuré ici à 211 cc,
ce qui est supérieur à 145 cc. La craniectomie
est retenue.
La Lettre du Neurologue ‱ Vol. XVIII - no 4 - avril 2014 | 125
MISE AU POINT
ou rétinienne, dont les symptÎmes cliniques
durent typiquement moins de 1 heure, sans preuve
d’infarctus aigu.
L’étude de C. Lamy et al. (11) a montrĂ© que plus d’un
tiers des patients avec un dĂ©ïŹ cit clinique transi-
toire d’une durĂ©e moyenne de 1,9 heure prĂ©sen-
taient des infarctus constitués, de petite taille le
plus souvent. Ce taux passait Ă  plus de 50 % si seuls
les dĂ©ïŹ cits ayant durĂ© plus de 60 minutes Ă©taient
pris en compte. L’IRM permet donc de faire la part
des choses entre infarctus cérébral régressif et AIT
oĂč la sĂ©quence de diffusion apparaĂźt normale. Cela
a un intĂ©rĂȘt pronostique puisque lorsqu’il existe un
infarctus constitué en imagerie, le risque de faire
un dĂ©ïŹ cit clinique constituĂ© par la suite est plus
important (12). L’exploration vasculaire, qui est une
urgence dans ce cadre, peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e dans le
mĂȘme temps par une angioMR des troncs supra-
aortiques.
Indication de craniectomie
dans les infarctus sylviens malins
L’IRM permet le calcul du volume lĂ©sionnel par
contourage de la zone en restriction sur la diffusion.
Un volume supérieur à 145 cc est un des critÚres
de rĂ©alisation d’une craniectomie avec un bĂ©nĂ©ïŹ ce
clinique dĂ©montrĂ© (ïŹ gure 3) [13].
Diagnostic étiologique
Lorsqu’une stĂ©nose signiïŹ cative, de plus de 50 %
selon la classiïŹ cation de NASCET (14), est identiïŹ Ă©e
en amont du territoire artériel ischémié, il faut
s’attacher Ă  prĂ©ciser si l’image est Ă©vocatrice
d’une plaque athĂ©romateuse ou d’une dissection
artérielle. Dans ce dernier cas, les techniques
d’imagerie montrent une stĂ©nose effilĂ©e, avec
un aspect excentré de la lumiÚre vasculaire et un
élargissement du calibre artériel. En IRM, si une
dissection est suspectée cliniquement ou sur un
examen d’imagerie prĂ©alable, il faut rĂ©aliser avant
l’angioMR une sĂ©quence cervicale haute, de la base
du crùne à C4, en pondération T1 sans injection
et avec suppression du signal de la graisse, pour
repĂ©rer l’hĂ©matome de paroi qui apparaĂźt en hyper-
signal. Cet hypersignal se présente de maniÚre un
peu retardée par rapport à la dissection et son
absence au stade prĂ©coce n’élimine pas l’hĂ©matome
(faux-négatifs).
L’angioMR des troncs supra-aortiques ne permet pas
l’analyse de la paroi. La caractĂ©risation d’une plaque
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