
La Lettre du Neurologue âą Vol. XVIII - no 4 - avril 2014 | 123
MISE AU POINT
IRM
Lorsquâelle est accessible, lâIRM reste lâexamen de
référence (4). Le protocole pour thrombolyse doit
ĂȘtre court pour ne pas retarder la prise en charge
thĂ©rapeutique. IdĂ©alement, lâexamen ne doit pas
durer plus de 10 minutes. Quatre séquences sont
indispensables.
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La séquence T2* est utilisée pour éliminer
une hémorragie. Elle est sensible aux artefacts de
susceptibilité magnétique, et donc aux produits de
dĂ©gradation de lâhĂ©moglobine et montre un hypo-
signal lorsquâil existe un hĂ©matome. Ă la phase
hyperaiguĂ« avant 3 heures, lâhĂ©matome prĂ©sente
2 composantes : lâune en hypersignal, centrale, en
rapport avec lâoxyhĂ©moglobine, et lâautre en franc
hyposignal, périphérique, en rapport avec de la
déoxyhémoglobine. Cette séquence du protocole
thrombolyse permet dâidentiïŹ er un hĂ©matome intra-
parenchymateux de maniĂšre formelle Ă ce stade aigu
avant 3 heures. La séquence T2* objective également
parfois le thrombus intra-artĂ©riel sous la forme dâun
hyposignal linéaire.
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La séquence de diffusion montre trÚs préco-
cement â dĂšs lâinstallation des symptĂŽmes â un
hypersignal au niveau de la zone de nécrose. Elle
apparaĂźt en hyposignal sur la cartographie du coefïŹ -
cient apparent de diffusion (ADC) parfois de maniĂšre
un peu retardée, ce qui ne doit pas faire exclure le
diagnostic dâischĂ©mie. La diffusion reïŹ Ăšte les mouve-
ments browniens de lâeau libre extracellulaire. Dans
lâinfarctus cĂ©rĂ©bral, lâischĂ©mie entraĂźne un ĆdĂšme
cytotoxique, qui correspond Ă un gonïŹ ement des
cellules, rĂ©duisant lâespace extracellulaire et gĂ©nĂ©-
rant une restriction de diffusion. Cette séquence est
la premiĂšre Ă se positiver et permet de conïŹ rmer
lâinfarctus. Elle est sensible et identiïŹ e les lĂ©sions
lacunaires. Cependant, la sensibilitĂ© nâest pas de
100 %, notamment pour les petites lésions de la fosse
postérieure. Pour améliorer leur détection, lorsque
les symptÎmes présentés évoquent une atteinte du
territoire vertĂ©brobasilaire, des coupes plus ïŹ nes sont
rĂ©alisĂ©es (3 mm versus 5 mm) avec, lorsque câest
possible, des valeurs de b plus élevées (℠2 000). La
diffusion est Ă©galement utile pour Ă©valuer lâancien-
netĂ© dâun infarctus cĂ©rĂ©bral. Le signal de lâAVC en
diffusion va Ă©voluer au cours du temps. Lâhypersignal
en diffusion va persister 2 mois en moyenne, par
lâeffet de rĂ©manence T2 (T2 shine through). LâADC va
sâinverser pour se normaliser puis augmenter entre le
troisiĂšme et le dixiĂšme jour en moyenne, en rapport
avec la destruction neuronale et la diminution de
lâĆdĂšme cytotoxique et de lâĆdĂšme vasogĂ©nique.
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La troisiÚme séquence est le T2 FLAIR, séquence
T2 avec suppression du signal de lâeau libre (par
exemple, le liquide cérébrospinal [LCS]). Elle
Ă©value lâĂ©tat du parenchyme cĂ©rĂ©bral sous-jacent.
Elle identiïŹ e des stigmates dâAVC ancien (atteinte
corticale avec atrophie), montre des signes de
micro-angiopathie (hypersignaux de la substance
blanche sus-tentorielle, pontiques associés parfois
Ă des lacunes des noyaux gris centraux). Concernant
la lésion aiguë, elle se positive plus tardivement
que la séquence de diffusion, en moyenne aux alen-
tours de 4 heures. Ce délai va dépendre de plusieurs
paramĂštres, notamment la taille de lâinfarctus. En
cas dâocclusion vasculaire, le FLAIR peut Ă©galement
montrer des hypersignaux sous-arachnoĂŻdiens
dâaspect tubulĂ© qui traduisent un ralentissement
circulatoire dans les artĂšres corticales.
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La quatriĂšme sĂ©quence permet lâexploration
des vaisseaux intracrĂąniens. Il peut sâagir soit dâune
sĂ©quence en temps de vol (Time of ïŹ ight [TOF]) qui
permet la visualisation du polygone de Willis sans
injection, soit dâune sĂ©quence dâangioMR avec
injection de chélates de gadolinium, qui étudie le
polygone et les troncs supra-aortiques.
La séquence de perfusion est parfois réalisée et
dépend du contexte. Elle est utile lorsque le délai
de 4 h 30 est dépassé, que la clinique est atypique ou
que la diffusion est négative avec une forte suspicion
clinique dâinfarctus cĂ©rĂ©bral. Elle permet dâobtenir,
comme au scanner, les cartes de TTM et de VSC
relatifs notamment. De nouvelles techniques sont
en développement pour obtenir des informations de
perfusion sans injection de produit de contraste. Il
sâagit de la sĂ©quence ASL (Arterial Spin Labeling), qui
donne de bonnes informations sur le débit sanguin
cérébral et montre en pathologie sténo-occlusive
un retard du bolus de sang marqué dans la zone
de mesure (5).
Lorsque lâheure de dĂ©but des symptĂŽmes ne peut
ĂȘtre authentifiĂ©e (câest le cas des AVC constatĂ©s
au rĂ©veil), lâIRM va alors dater lâinfarctus. On
utilise le diffĂ©rentiel entre lâapparition retardĂ©e
de lâhypersignal en FLAIR et lâapparition immĂ©diate
des anomalies en diffusion (figure 2, p. 124).
G. Thomalla et al. (6) ont étudié les IRM de patients
réalisées moins de 12 heures aprÚs le début des
symptÎmes et dont la diffusion était positive. Ils
ont montré que seuls 17 % des patients avec un
FLAIR négatif avaient un infarctus datant de plus
de 4 h 30. Cette étude multicentrique a prouvé
que la trÚs grande majorité des patients avec FLAIR
nĂ©gatif Ă©tait dans la fenĂȘtre thĂ©rapeutique pour la
thrombolyse i.v.