Preuve. - Supposons (ii) vérifiée et soit x0≺x1≺ ··· une suite croissante. Soit F:={xn|n∈N},
donc une partie non vide de E: par hypothèse, elle admet un élément maximal xm. Alors, pour
n≥m, l’inégalité large xm≺xnne peut être stricte (puisque xmest maximal), donc xm=xnet la
suite stationne au rang m.
Pour établir la réciproque, nous démontrerons sa contraposée. Nous supposons donc que la partie
non vide Fde En’admet pas d’élément maximal, et nous construisons par récurrence une suite
strictement croissante (xn)n∈N. L’élément x0est arbitraire dans F(qui est supposée non vide). Le
terme xn∈Fétant construit, on prend pour xn+1un majorant strict de xndans F(c’est possible
puisque xnn’est pas maximal par hypothèse sur F). Il est clair que la suite construite est strictement
croissante.
Lemme 5.2.7 Soit I0⊂I1⊂ ··· une suite croissante d’idéaux d’un anneau commutatif A. Alors
I:=SInest un idéal de A.
Preuve. - Naturellement 0 ∈I. Si x,y∈I, alors il existe p,qtels que x∈Ip,y∈Iqet donc x+y∈
Imax(p,q)⊂I. Enfin, si a∈Aet x∈I, il existe ptel que x∈Ip, donc ax ∈Ip⊂I.
Lemme 5.2.8 Dans un anneau principal, toute suite croissante d’idéaux est stationnaire. Toute
famille non vide d’idéaux admet un élément maximal (i.e. qui n’est strictement inclus dans aucun
autre élément de la famille).
Preuve. - Nous allons démontrer la première propriété, la seconde en découlera d’après le lemme
5.2.6. Soit donc I0⊂I1⊂ ··· une suite croissante d’idéaux de l’anneau principal A. d’après le
lemme 5.2.7, I:=SInest un idéal de A. C’est donc un idéal principal : I=Aa pour un certain
a∈I. Il existe ptel que a∈Ip, donc I⊂Ip, d’où I=Inpour tout n≥p. (Selon une terminologie
qui sera introduite en M1, on dit que tout anneau principal est “noetherien”.)
Proposition 5.2.9 Dans un anneau principal, le “théorème de Bézout” est vérifié, i.e. deux élé-
ments a,bquelconques ont un pgcd dqui de la forme d=ua +vb,u,v∈A(et bien entendu tout
pgcd est de cette forme).
Preuve. - L’idéal Aa +Ab est principal : Aa +Ab =Ad. On applique alors la proposition 3.1.3 du
chapitre 3. L’assertion entre parenthèses vient de ce que tous les pgcd sont associés entre eux.
Remarque 5.2.10 On n’a pas pleinement utilisé la principalité de A, seulement le fait que tout
idéal engendré par deux éléments est principal. Un anneau intègre vérifiant cette propriété est
appelé “anneau de Bézout”.
Proposition 5.2.11 Dans un anneau principal, le “lemme d’Euclide” est vérifié, i.e. tout irréduc-
tible est premier.
Preuve. - Soit pun irréductible de l’anneau principal A. Pour démontrer que pest premier, nous
supposons que pdivise ab et que pne divise pas a. Puisque pest irréductible, un pgcd de pet a
est inversible ou associé à p(puisqu’il divise pqui est irréductible) ; dans le deuxième cas, pdi-
viserait a, contredisant l’hypothèse. De la proposition 5.2.9, on tire alors une “relation de Bézout”
up +va =1, u,v∈A. On en déduit b=upb +vab, qui est bien multiple de ppuisque ab l’est.
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