Le concept de transplantation lobaire pul-
monaire à partir de donneurs en état
de mort cérébrale (DEMC), puis à partir
de donneurs vivants (DV), a été étendue
en 1993 à la transplantation bilatérale
chez des patients atteints de mucovisci-
dose (4).
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Évolution des transplantations lobaires :
les techniques chirurgicales alternatives
Les possibilités de transplantations
lobaires ont été reconnues dès les débuts
de la TP. En 1970, une revue des 23 pre-
miers cas de TP faisait état de deux trans-
plantations lobaires au Japon (2), avec
défaillance aiguë des deux greffons, pro-
bablement en rapport avec une quantité
insuffisante de parenchyme pulmonaire
greffé chez ces deux receveurs adultes qui
présentaient une hypertension pulmo-
naire. Cette difficulté inhérente à la taille
du lobe et à l’étendue du lit vasculaire de
l’organe du donneur n’apparaît que pour
la TP, où la totalité du débit cardiaque tra-
verse le poumon. Il n’y a rien d’analogue
avec le foie ou le rein.
Dès que la pratique de la TP en clinique
a été bien établie (dans les années 80), on
a constaté que l’appariement de la taille
des poumons entre receveur et donneur
était important, les limites de l’adéqua-
tion étant encore plus strictes pour les
enfants. Une première approche a été pro-
posée en réduisant les poumons du don-
neur par segmentectomie ou lobectomie
(réduction anatomique) et par agrafage
périphérique (réduction extra-anato-
mique). Ces techniques produisaient un
dommage pulmonaire évident et ont été
abandonnées. L’autre étape, décrite pour
la première fois en 1992 par Starnes (4),
a été d’enlever tout un lobe, la réalisation
de la lobectomie inférieure gauche étant
la plus simple, et donc la plus fréquente.
Ces techniques représentent une perte
inutile de parenchyme pulmonaire de jus-
tification malaisée en période de pénurie
d’organe.
Une autre approche, épargnant le tissu
pulmonaire, est la transplantation lobaire
pulmonaire bilatérale après partition d’un
seul poumon d’adulte. Cette technique a
été décrite d’abord pour le poumon
gauche (5), puis, plus récemment, pour
le poumon droit (6). Ces deux dernières
techniques sont plus des techniques d’ap-
pariement de volume pulmonaire du don-
neur au volume thoracique du receveur,
facilitant d’autant la transplantation pul-
monaire pédiatrique, que des moyens
d’étendre le nombre des donneurs.
Transplantation lobaire à partir
de donneurs vivants
Réalisée par Starnes dès 1991 chez un
enfant, cette techique d’abord unilatérale
puis bilatérale repose sur le postulat
qu’un lobe adulte peut permettre une ven-
tilation et une perfusion adéquates à la
place d’un poumon entier d’enfant. Ces
techniques posent bien évidemment la
question de la croissance d’un lobe adulte
dans un thorax d’enfant (7). L’équipe de
Los Angeles a développé un programme
considérable, puisque actuellement plus
de 100 patients, pour la plupart atteints
de mucoviscidose, adultes et enfants, ont
été transplantés avec deux lobes prove-
nant de donneurs vivants. L’équipe de
Saint Louis (États-Unis) possède égale-
ment une excellente expérience (3). Les
résultats et analyses décrits dans cet
article proviennent essentiellement de ces
deux équipes. D’autres équipes en
Europe, y compris la nôtre, commencent
à développer un tel programme, mais les
cas actuellement rapportés restent anec-
dotiques.
Sélection des receveurs
Les décisions concernant le moment
opportun pour considérer une TP à partir
de DEMC sont habituellement prises en
fonction de l’état clinique du patient, de
son espérance prévisible de survie et
du réel bénéfice en termes de qualité et
de quantité de vie après transplantation
(8, 9). Les candidats à la TP à partir de
DV sont ceux dont le pronostic vital pré-
visible ne permettrait pas d’attendre un
DEMC. Cette sélection “pro-active” a
remplacé la sélection “réactive” qui se
faisait “in extremis”, c’est-à-dire chez un
patient à l’état trop détérioré, dont l’es-
pérance de vie n’était que de quelques
jours. La détérioration trop importante de
l’état du patient est devenue actuellement
une relative contre-indication au DV. Les
contre-indications relatives et absolues
communes aux transplantations pulmo-
naires à partir de DV et de DEMC sont
représentées dans les tableaux I et II.
Sélection des donneurs et évaluation
L’évaluation des donneurs (avec bilan
physiologique et psychiatrique complet)
est un processus qui requiert un temps
relativement long pour trouver deux don-
neurs compatibles avec le receveur, pour
délivrer une information complète et
loyale, pour recueillir un consentement
écrit éclairé et révocable et s’assurer
qu’aucune forme de pression ne s’exerce
sur les donneurs et de la bonne compré-
hension par les donneurs de l’ensemble
de la démarche qui va aboutir à l’exérèse
de leur lobe et à la transplantation de leur
protégé. En France, seuls les donneurs
intrafamiliaux du premier degré sont
possibles (père, mère, frère ou sœur
majeurs), les époux, oncles et tantes
devant être très bientôt autorisés par la
loi. Aux États-Unis, pays plus libéral, les
donneurs non familiaux présentant un
lien uniquement affectif sont possibles.
Les donneurs potentiels doivent être éva-
lués par plusieurs médecins, psycho-
logues et psychiatres, et en particulier
Le Courrier de la Transplantation - Volume I - n o2 - juillet-août-septembre 2001
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DOSSIER
thématique
!Néoplasie
!Dysfonction cérébrale
!Sepsis bactérien
!VIH+
!Infection à Cepacia
!Insuffisance rénale ou hépatique irréversible
Tableau II. Contre-indications absolues à
la greffe pulmonaire.
!Intubation endotrachéale plus ventilation assistée
!Corticoïdes à hautes doses
!Chirurgie thoracique dans les antécédents
!Antécédents psychologiques graves
!Dénutrition importante
!Diabète mal contrôlé
Tableau I. Contre-indications relatives à la
greffe pulmonaire.