Sciences pour le Monde Contemporain
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4- La société espagnole est-elle d’accord avec le modèle « soft » de
consentement présumé en vigueur
L’article 10 du Décret 2070/1999 établit que « l’obtention des organes de donneurs décédés à
des fins thérapeutiques pourra se réaliser si la personne décédée, sur laquelle on prétend
extraire des organes, n’a pas exprimé son opposition à l’extraction de ses organes après sa
mort. Cette opposition, ou son accord si elle veut l’exprimer, pourra se référer à tout type
d’organes ou seulement à certains d’entre eux, et sera respectée quelle que soit la forme sous
laquelle elle s’est exprimée. » Mais, cet article ajoute que « chaque fois que les circonstances
le permettent, il faudra fournir aux proches présents dans le centre sanitaire, des informations
sur la nécessité, la nature et les circonstances de l’extraction, de la restauration, de la
conservation ou des pratiques de santé mortuaire ». Donc, les équipes sanitaires doivent
informer les proches et non obtenir leur consentement : le rôle des proches est d’offrir le
témoignage du patient, et non leur propre avis sur l’opportunité du don. Cependant, dans la
pratique, les équipes de transplantation ne réalisent aucune extraction sans le consentement
des proches. 96% des espagnols interrogés sur ce modèle estiment qu’on doit demander
l’autorisation à la famille pour le prélèvement. Cependant, la plupart d’entre eux (72%)
estiment qu’on doit respecter la volonté du défunt si elle est connue.
5- Prélèvement à cœur arrêté
Les protocoles de don après la mort cardiaque se divisent en deux types :
a. Après l’arrêt cardiaque « contrôlé »
Ce protocole est réalisé en Hollande ou en Angleterre mais pas en Espagne. Les donneurs de
ce type sont des malades hospitalisés qui souffrent d’une maladie grave et qui désirent une
limitation des thérapeutiques. Le procédé consiste à interrompre le respirateur automatique
au bloc opératoire, attendre l’arrêt cardiaque et commencer l’extraction d’organes dès que
l’on estime l’arrêt irréversible. En Espagne, on considère que ce procédé pose trop de
problèmes éthiques et que la société n’est pas assez préparée.
b. En arrêt cardiaque « non contrôlé »
C’est le protocole appliqué en Espagne. Il s’agit souvent d’un patient qui souffre d’un arrêt
cardiaque à domicile. Il reçoit une assistance d’urgence de la part du SAMU. Cette équipe
essaye de le réanimer in situ pendant au moins 30 minutes. Si la réanimation s’avère
infructueuse, on continue le massage cardiaque. Une fois arrivés à l’hôpital, on déclare la mort
du patient mais on continue le massage cardiaque afin de préserver les organes. Le juge est
appelé pour une demande d’autorisation afin de commencer les techniques de préservation
des organes. Ces techniques impliquent une altération de l’intégrité du cadavre. A ce moment
la famille n’a pas encore était informée du décès du patient ni de son statut de donneur
potentiel. C’est seulement quand les organes du patient sont déjà préservés au sein du corps
(avec un liquide de refroidissement), qu’on contacte la famille pour l’informer du décès et de
la possibilité du don d’organes. En cas de refus, on retire les moyens de préservation. En cas
d’accord, on procède à l’extraction.
Ambiguïté sur le statut du patient-donneur potentiel : l’équipe du SAMU ne déclare
pas la mort du patient, mais la « mort cardiaque ». Cependant, la mort cardiaque
équivaut-elle à la mort du patient ? Légalement le patient n’est pas mort car le
certificat de décès est signé lorsque le patient arrive à l’hôpital. L’ambiguïté de cet état
de « mort cardiaque » permet de réaliser simultanément des actions qui expriment un