La Lettre du Cardiologue - n° 334/335 - septembre 2000
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L’ECG n’a pas été modifié et la radiographie de thorax montre
une cardiomégalie modérée (RCT = 0,59). Un contrôle trois mois
après la thrombolyse confirme l’efficacité du traitement fibrino-
lytique à distance. On note l’absence de signes d’insuffisance car-
diaque.
En échographie, on note un gradient maximal transprothétique
à 54 mmHg et un gradient moyen n’excédant jamais 29 mmHg
(figure 3) après plusieurs mesures et dans diverses incidences.
CONCLUSION
Cette observation permet de redéfinir les places respectives du
traitement thrombolytique et de la chirurgie devant une throm-
bose de prothèse mécanique. Il est admis que la chirurgie s’adresse
aux thromboses obstructives, notamment en cas d’insuffisance
cardiaque, d’instabilité hémodynamique et de thrombus volumi-
neux à l’échographie transœsophagienne. En effet, dans ce type
de situation, il existe fréquemment un pannus fibreux associé à
la thrombose fraîche, peu accessible aux traitements fibrinoly-
tiques (Roudaut). Inversement, les thromboses peu ou pas obs-
tructives avec des thrombus de petite taille autorisent un traite-
ment fibrinolytique, surtout si le risque d’une réintervention paraît
important en raison de l’état général du patient : ces thromboses
surviennent souvent dans un contexte d’anticoagulation impar-
faite avec des fluctuations de l’INR.
Notre observation est intéressante, car la fibrinolyse par RTPA a
été, au moins en partie, efficace (malgré la persistance d’un gra-
dient transprothétique), et il semble que ce traitement puisse être
proposé en première intention sur ce type de prothèse à double
ailette, où un thrombus de petite taille suffit à bloquer un élément
mobile (Silber et Alex). L’état général et l’âge de notre patiente
justifiaient au moins une tentative de fibrinolyse, en raison du
risque de réintervention. Toutefois, dans une telle situation, ce
type de traitement doit être envisagé à proximité d’un service de
chirurgie cardiaque, afin de pouvoir réintervenir en cas d’échec,
malgré les risques hémorragiques accrus (liés à la fibrinolyse
récente). ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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❏Alex S, Shapira Y, Herz I et al. Thrombolysis in stuck bileaflet heart valves.
Experience in 27 episodes. Circulation 1999 ; 100 (suppl. I) : 72-3.
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first line of therapy for cardiac valve thrombosis. Circulation 1993 ; 87 : 30-7.
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tructive mitral mechanical valve thrombosis. J Heart Valve Dis 1999 ; 8 : 167-73.
CAS CLINIQUE
Figure 3. Gradient transprothétique trois mois après la thrombolyse
(gradient maximal 54 mmHg et gradient moyen 29 mmHg).
BRISTOL-MYERS SQUIBB SANOFI-SYNTHELABO
(Coaprovel,), p. 6-7 ;
CHIESI S.A. (Justor), p. 28 ;
FÉDÉRATION FRANÇAISE DE CARDIOLOGIE, p. 17 ;
NOVARTIS PHARMA S.A. (Tareg), p. 11 ;
PARKE DAVIS (Tahor), p. 37 ;
SANOFI SYNTHELABO FRANCE (Mono-Tildiem et
Plavix), p. 47, p. 2 et p. 27 ;
SERVIER (Hyperium et Preterax), p. 23 et p. 48.
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