A B S T R A C T S Analyses de la littérature Signification pronostique d’un flux transmitral restrictif après infarctus du myocarde antérieur traité par angioplastie primaire Point du sujet. Les principaux facteurs prédictifs de la survie après un infarctus du myocarde (IDM) sont l’importance de la dysfonction systolique et le volume télésystolique du ventricule gauche. Le rôle de la dysfonction diastolique est moins bien défini, et n’est pas connu dans le cas particulier des IDM traités par angioplastie précoce. But. Le but de cette étude a été de préciser la valeur pronostique du flux transmitral après IDM antérieur traité par angioplastie primaire. Patients et méthodes. L’étude a porté sur 104 patients hospitalisés pour un premier IDM antérieur et traités par angioplastie primaire avec succès. Tous ces patients ont eu un échocardiogramme au troisième jour, et une coronarographie de contrôle aux 3e et 6e mois suivant l’IDM. Un sous-groupe de 48 patients a eu une évaluation par des échocardiogrammes répétés aux 1er, 6e et 24e mois. Un flux transmitral restrictif a été défini par un temps de décélération de l’onde E mitrale ≤ 130 ms. Résultats. Les patients ont été séparés en deux groupes selon qu’ils avaient un flux transmitral restrictif (34 patients) ou non restrictif (70 patients). Le taux de perméabilité de l’artère dilatée à 6 mois, équivalent dans les deux groupes, était de 92 %. Durant un suivi de 32 ± 10 mois, il y a eu 24 événements (décès, hospitalisation pour insuffisance cardiaque, ou infarctus). Les événements ont été plus fréquents en cas de flux transmitral restrictif que de flux non restrictif (38 % versus 7 %, p = 0,001). Tous les décès de cause cardiaque et les infarctus sont survenus chez les patients ayant un flux transmitral restrictif. Les hospitalisations pour insuffisance cardiaque ont été notées chez 32 % des patients ayant un flux transmitral restrictif contre 4 % ayant un flux non restrictif (p < 0,0001).La mortalité à 2 ans était de 21 % en cas de flux transmitral restrictif, comme contre 3 % en cas de flux non restrictif (p = 0,003).Les facteurs prédictifs de survie en analyse multivariée étaient l’âge et le flux transmitral. Le suivi échocardiographique a montré une amélioration de la fraction d’éjection chez les patients ayant un flux transmitral non restrictif (50 ± 13 versus 44 ± 6 %), alors qu’elle restait inchangée en cas de flux restrictif. Conclusion. Les patients ayant un flux transmitral restrictif après un IDM antérieur ont un pronostic réservé, même en cas de traitement de l’IDM par angioplastie primaire. B. Gallet, service de cardiologie, CH Argenteuil Prognostic implications of restrictive left ventricular filling in reperfused anterior acute myocardial infarction. Cerisano G, Bolognese L, Buonamici P et al. ● J Am Coll Cardiol 2001 ; 37 : 793-9. Corrélations hémodynamiques et signification pronostique du taux d’uricémie chez les patients souffrant du syndrome d’Eisenmenger Le taux d’acide urique, produit final de la dégradation des purines, augmente dans les situations d’hypoxémie, telles que l’insuffisance cardiaque chronique, les cardiopathies congénitales cyanogènes et les bronchopneumopathies obstructives chroniques. Plusieurs études ont démontré la signification pronostique péjorative de l’hyperuricémie chez les sujets atteints d’insuffisance cardiaque chronique ou d’hypertension artérielle pulmonaire primitive. Une telle corrélation n’a jamais été établie chez les patients atteints du syndrome d’Eisenmenger. Méthodes. Quatre-vingt-quatorze sujets ont été inclus dans l’étude, parmi lesquels 34 hommes et 60 femmes, de 37 ans de moyenne d’âge. Quarante-huit patients présentaient une communication interauriculaire, 23 une communication interventriculaire, 14 un canal artériel perméable, 9 une autre pathologie. Quarante-deux étaient en classe II de la NYHA, 46 en classe III, et 6 en classe IV. Cinquante sujets indemnes de toute affection 12 cardiaque, rénale, respiratoire, hépatique ou métabolique ont été inclus en tant que témoins. Tous les sujets ont bénéficié d’un cathétérisme cardiaque, avec mesure de la pression artérielle pulmonaire moyenne, de la pression auriculaire droite, de la pression capillaire pulmonaire, des résistances pulmonaires totales, de la pression artérielle systémique et du débit cardiaque. Résultats. Trente-huit patients sont décédés durant la période de suivi, 19 subitement, 17 d’insuffisance cardiaque, 1 d’hémoptysie, 1 des suites d’une endocardite. La pression artérielle pulmonaire moyenne, les résistances pulmonaires totales et la pression auriculaire droite étaient significativement plus élevées chez ces sujets. Une corrélation identique a été établie avec le taux de créatinine sérique et l’intensité du traitement diurétique. En revanche, l’index cardiaque et la saturation artérielle et veineuse en oxygène étaient significativement moins élevés dans ce groupe. Le taux sérique d’acide urique était significativement plus élevé .../... La Lettre du Cardiologue - n° 347 - septembre 2001 A B S T R A C T S .../... dans le groupe “Eisenmenger” que dans le groupe témoin (7,0 versus 4,7 mg/dl, p < 0,0001). Une corrélation statiquement significative a été établie entre ce taux et la classe NYHA, la pression artérielle pulmonaire moyenne et les résistances pulmonaires totales. Ce taux était, en revanche, inversement corrélé aux saturations artérielle et veineuse en oxygène et à l’index cardiaque. Il n’a pas été observé de différences significatives entre les groupes lésionnels (CIA, CIV, canal artériel...). Le taux sérique d’acide urique s’est révélé significativement plus élevé chez les sujets décédés à l’issue du suivi, en particulier d’une mort subite (9,5 versus 8,0 mg/dl, p = 0,3600). Après analyse multivariée, le taux d’uricémie restait significativement associé au taux de mortalité. Conclusion. Le taux sanguin d’acide urique augmente proportionnellement à la classe NYHA chez les sujets présentant un syn- drome d’Eisenmenger. Il existe en outre une corrélation statistiquement significative entre ce taux et la pression artérielle pulmonaire moyenne d’une part, et les résistances pulmonaires totales d’autre part. Après analyse mutivariée, l’hyperuricémie se révèle un facteur prédictif indépendant de la mortalité chez ces patients. M. Poupineau, Paris Haemodynamic correlates and prognostic significance of serum uric acid in adult patients with Eisenmenger syndrome. Oya H, Nagaya N, Satoh T et al. ● Heart 2000 ; 84 : 53-8. Infarctus du myocarde : rôle pronostique de la réponse biphasique L’interaction viabilité-ischémie sur le pronostic postinfarctus de patients sans dysfonction ventriculaire gauche importante reste discutée. Quatre cent onze patients ont été explorés par échocardiographie-dobutamine 5 à 11 jours après un infarctus du myocarde (IDM) sans dysfonction ventriculaire gauche majeure (fraction d’éjection ventriculaire gauche [FEVG] ≥ 40 %). Les bêtabloquants ont été arrêtés avant l’examen, et quatre groupes ont été individualisés en fonction des résultats : réponse biphasique (viabilité + ischémie) : 50 patients (12 %) ; ischémie isolée : 148 patients (36 %) ; viabilité isolée : 41 patients (10 %) ; cicatrice fixe d’IDM sans évidence de viabilité ou ischémie : 172 patients (42 %). Le suivi moyen a été de 330 jours, et les complications répertoriées sont la mortalité cardiaque et les IDM non fatals (événements majeurs), ainsi que les angors instables. Soixante-quatre complications ont été observées, dont 9 décès cardiaques, 25 IDM non fatals, 30 angors instables (tableau). Cent quatorze patients Tableau. Complications cardiaques répertoriées en fonction de la réponse à l’échocardiographie dobutamine. Réponse Biphasique (n = 50) Ischémie (n = 148) Viabilité (n = 41) Cicatrice fixe (n = 172) AI (n = 30) 11 (22 %) 6 (4 %) 9 (22 %) 4 (2,3 %) IDM (n = 25) 10 (20 %) 3 (2 %) 7 (17,1 %) 5 (2,9 %) DC (n = 9) 4 (8 %) 2 (1,4 %) 0 (0 %) 3 (1,7 %) Total (n = 64) 25 (50 %) 11 (7,4 %) 16 (39,1 %) 12 (6,9 %) (28 %) on eu une revascularisation myocardique (81 par pontages aorto-coronaires et 33 par angioplasties) dans un délai moyen de 180 jours par rapport à l’échocardiographie dobutamine. La revascularisation a été plus fréquente en cas de réponse biphasique (44 %) ou d’ischémie isolée (38 %) qu’en cas de viabilité isolée (19 %) ou de séquelle fixe (16 %). En analyse multivariée, les IDM sans onde Q, le diabète gras, la réponse biphasique sont des facteurs prédictifs indépendants des complications cardiaques globales ; pour les complications cardiaques majeures (décès cardiaques et IDM), les facteurs prédictifs sont le diabète et la réponse biphasique. En présence d’une ischémie myocardique, la réponse biphasique est associée à une moindre survie indemne de complications cardiaques, par rapport à l’ischémie isolée. Conclusion. Cette étude multicentrique prospective reconnaît un rôle pronostique péjoratif à la réponse biphasique (viabilité + ischémie) détectée par échocardiographie dobutamine après constitution d’IDM sans dysfonction ventriculaire gauche majeure (FEVG ≥ 40 %). Cela confirme le caractère instable des patients présentant ce type de réponse sous dobutamine, et l’intérêt d’effectuer une échocardiographie dobutamine à faibles et fortes doses en postIDM. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Prognostic interaction between viability and residual myocardial ischemia by dobutamine stress echocardiography in patients with acute myocardial infarction and mildly impaired left ventricular function. Bigi R, Desideri A, Bax JJ et al. ● Am J Cardiol 2001 ; 87 : 283-8. AI : angor instable ; IDM : infarctus du myocarde non fatal ; DC : décès cardiaque. 14 La Lettre du Cardiologue - n° 347 - septembre 2001 A B S T R A C T S Conclusion. Cette étude montre l’efficacité d’une resynchronisation ventriculaire par une stimulation multisite dans l’insuffisance cardiaque sévère avec troubles de la conduction intraventriculaire. Les résultats de cette étude ne permettent pas de fournir des informations sur l’éventuel bénéfice sur la morbi-mortalité, mais ils démontrent de manière objective l’amélioration de la symptomatologie par la stimulation multisite. Les insuffisants cardiaques sévères, dont le nombre va croissant, nous laissent souvent démunis, malgré une optimisation pharmacologique. Les possibilités d’assistance circulatoire, notamment de transplantation cardiaque, sont en décroissance constante, et ne concernent qu’une infime minorité de patients. La trans- La Lettre du Cardiologue - n° 347 - septembre 2001 500 Groupe actif-inactif Groupe inactif-actif 450 413 m 400 384 m 354 m 350 320 m 336 m 346 m 316 m 300 250 200 T0 65 Randomisation C1 C2 Groupe actif-inactif Groupe inactif-actif 55 51,4 47,8 44,0 45 Qualité de vie L’insuffisance cardiaque a une incidence et une prévalence qui augmentent régulièrement. De plus, son pronostic est sombre, et son coût, majeur, continue de croître. La stimulation multisite a été proposée il y a environ une décennie, et l’étude MUSTIC a confirmé les études préliminaires effectuées en ouvert. But. Apprécier l’efficacité clinique et la tolérance d’une stimulation multisite chez des patients ayant une insuffisance cardiaque sévère. Méthode et patients. Les patients inclus étaient en classe III de la NYHA depuis au moins un mois, avec un traitement médical maximal. La fraction d’éjection devait être < 35 %, avec un diamètre télédiastolique > 60 mm. La stimulation était effectuée avec 3 électrodes (ventriculaire gauche, ventriculaire droite et auriculaire droite). La durée du QRS devait être > 150 ms. L’étude était randomisée, en cross-over avec des périodes de 3 mois, contrôlée en simple insu. L’objectif principal était la distance parcourue lors d’un test de marche de 6 minutes. L’objectif secondaire le plus important était la qualité de vie (questionnaire du Minnesota), puis venaient le pic de VO2, les hospitalisations pour décompensations cardiaques, la préférence du patient pour la période de cross-over (stimulation ou période de non-stimulation). Résultats. Soixante-sept patients ont été inclus, avec une moyenne d’âge qui était de 63 ± 10 ans, une distance de marche initiale de 320 ± 97 m, un pic de VO2 moyen de 13,7 ± 3,9 ml/kg/mn, une fraction d’éjection moyenne de 23 ± 7 %. L’implantation a pu être effectuée dans 92 % des cas. La durée du QRS a été réduite en moyenne de 10 %, et le délai auriculoventriculaire a été en moyenne de 108 ± 43 ms. La distance parcourue lors du test de marche a augmenté de 23 % (p < 0,001) pendant la phase active de stimulation par rapport à la phase non active de stimulation (figure). La qualité de vie a été améliorée (diminution de 32 % du score du Minnesota [p < 0,001] par la stimulation) (figure). Le pic de VO2 a diminué de 8 % (p < 0,03). Aucun effet de carry over ou d’effet période n’a été noté. Les hospitalisations ont été réduites (p < 0,05). La préférence des patients, qui n’étaient pas informés de la période stimulation/non-stimulation, était nettement en faveur de la période de stimulation (85 % de préférence pour la période de stimulation versus 4 % pour la période de non-stimulation, p < 0,001). Distance au test de marche de 6 mn (m) Stimulation multisite dans l’insuffisance cardiaque 45,6 42,6 35 33,3 25,7 25 15 T0 Randomisation C1 C2 Figure. Distance parcourue et qualité de vie mesurées par le questionnaire Minnesota. C1 fin de la période de cross-over 1, C2 fin de la période de cross-over 2. Les résultats sont donnés avec les moyennes et les déviations standard. plantation cellulaire n’a pas encore d’application clinique. La stimulation multisite offre une alternative attrayante. Les indications de l’étude MUSTIC, dont les inclusions ont débuté en 1998, ont évolué, et l’asynchronisme ventriculaire mesuré par échographie permet d’affiner celles-ci. Il reste aux autorités de tutelle à reconnaître cette indication pour les boîtiers de pacing de nouvelle génération. P. Duc, service de cardiologie A, CHU Bichat-Claude Bernard, Paris Effects of multisite biventricular pacing in patients with heart failure and intraventricular conduction delay. Cazeau S, Leclercq C, Lavergne T et al. ● N Engl J Med 2001 ; 344 : 873-80. 15 A B S T R A C T S Thrombus et contraste spontané de l’oreillette droite en cas de fibrillation auriculaire Point du sujet. Le risque thromboembolique des patients ayant un thrombus et un contraste spontané de l’oreillette gauche a été largement étudié, mais l’on manque de données concernant le risque des patients présentant ces anomalies au niveau de l’oreillette droite. But. Les buts de cette étude ont été de définir la prévalence du contraste spontané et des thrombus de l’oreillette droite dans une série de patients ayant eu une cardioversion guidée par échocardiographie transœsophagienne (ETO), de préciser les facteurs cliniques et échographiques associés à ces anomalies, et d’en évaluer le risque embolique. Patients et méthodes. Parmi 580 patients inclus dans le registre de l’étude ACUTE (Assessment of Cardioversion Using Transesophageal Echocardiography) et examinés de façon rétrospective, 79 patients (14 %) avaient un contraste spontané (74 patients) ou un thrombus (5 patients) intra-auriculaire droit en ETO. Ces patients ont été comparés à un groupe contrôle de 75 patients provenant du registre ACUTE et n’ayant ni contraste spontané, ni thrombus intra-auriculaire droit ou gauche. Résultats. En comparaison du groupe contrôle, les patients du groupe d’étude avaient une incidence plus élevée de dysfonction ventriculaire droite (56 % versus 24 %, p = 0,0001), une fraction d’éjection ventriculaire gauche plus basse (39 ± 16 % versus 47 ± 14 %, p = 0,0005) , et une oreillette droite plus dilatée (24 ± 6 cm2 versus 22 ± 6 cm2, p = 0,02). Les 5 patients avec thrombus avaient une fibrillation auriculaire plus ancienne que les patients n’ayant qu’un contraste spontané de l’oreillette droite, et tous les thrombus, sauf un, étaient situés dans l’auricule droit. Un suivi a pu être obtenu chez 84 % des patients du groupe d’étude et chez 80 % des patients du groupe contrôle pendant une durée moyenne de 2,5 ans. Il n’y a eu aucun cas documenté d’embolie pulmonaire clinique. Un contrôle d’ETO a été réalisé chez 3 patients ayant un thrombus intra-auriculaire droit et en a montré une régression totale ou partielle. Conclusion. Cette étude retrouve un contraste spontané de l’oreillette droite en ETO chez 14 % des patients ayant une fibrillation auriculaire, et un thrombus intra-auriculaire droit chez 1 % des patients. Elle conclut à un risque faible d’embolie pulmonaire sous anticoagulants chez les patients ayant un thrombus non mobile de l’oreillette droite. B.Gallet, service de cardiologie, CH Argenteuil Right atrial spontaneous echo contrast and thrombi in atrial fibrillation : a transesophageal echocardiography study. Bashir M, Asher CR, Garcia MJ et al. ● J Am Soc Echocardiogr 2001 ; 14 : 122-7. Impact de l’extension ventriculaire droite lors d’un infarctus du myocarde inférieur Cette étude, complétée par une méta-analyse, évalue l’impact pronostique de l’extension ventriculaire droite au cours d’un infarctus du myocarde (IDM) inférieur en comparant trois groupes de patients (491 patients ayant un IDM inférieur avec extension ventriculaire droite, 638 patients ayant un IDM inférieur sans extension ventriculaire droite et 971 patients ayant un IDM antérieur), de façon à dégager ce qui revient à l’étendue de l’IDM ventriculaire gauche et à la participation ventriculaire droite. Il s’agit d’une analyse issue de l’essai randomisé multicentrique Collaborative Organization for RheothRx Evaluation (CORE trial), suivie d’une méta-analyse incluant les résultats de plus petites études réalisées dans le même but. La mortalité à six mois est de 7,8 % pour les IDM inférieurs contre 13,2 % pour les IDM antérieurs. Parmi les patients ayant constitué un IDM inférieur, les arythmies sévères sont significativement plus nombreuses en cas d’atteinte ventriculaire droite, et il existe une tendance pour le groupe avec extension ventriculaire droite à une mortalité et des complications hémodynamiques et mécaniques plus importantes (tableau). Cela n’est pas en relation avec la taille de l’IDM inférieur ou avec la fonction ventriculaire gauche. 16 Tableau. Mortalité et complications hospitalières (%) (trois groupes : IDM antérieurs [G1], IDM inférieurs avec extension VD [G2], IDM inférieurs sans extension VD [G3]). G1 (n = 971) G2 (n = 491) G3 (n = 638) Décès ✔ Hospitaliers ✔ À 35 jours ✔ À 6 jours 9,7 10,6 13,2 7,1 7,5 8,9 5,5 5,6 6,9 ICG 17,7 11,7 11,5 Choc cardiogénique 7,8 6,9 5,5 Rupture cardiaque 1,5 0,8 0,3 16,1 29* 19,3 AC-FA 8,3 12,5 2,2 FV 5 8,4* 2,7 TV soutenue 4,4 6,8* 2,7 BAV 2 ou 3 3,1 Hypotension 21* 9,1 * p < 0,001 comparaison G2 et G3. ICG : insuffisance cardiaque gauche ; AC-FA : fibrillation auriculaire ; FV : fibrillation ventriculaire ; TV : tachycardie ventriculaire ; BAV : bloc auriculo-ventriculaire. La Lettre du Cardiologue - n° 347 - septembre 2001 A La méta-analyse de six études (1 198 patients) confirme que l’atteinte ventriculaire droite est associée à un risque accru de décès (rapport des cotes = 3,2), de choc cardiogénique (rapport des cotes = 3,2), des tachycardies ou fibrillations ventriculaires soutenues (rapport des cotes = 2,7), de bloc auriculo-ventriculaire de haut degré (rapport des cotes = 3,4). Conclusion. En présence d’une extension ventriculaire droite, les patients ayant constitué un IDM inférieur ont un risque accru de complications majeures (décès, choc cardiogénique, arythmies sévères) en relation directe avec l’atteinte du ventricule droit plutôt qu’avec la taille de l’IDM inférieur ou l’altération de la fonction ventriculaire gauche systolique (estimée ici par les isotopes). La méta-analyse objective un risque de décès, de choc cardiogénique, de troubles soutenus du rythme ventriculaires multiplié par trois en cas d’atteinte ventriculaire droite. Le pronostic péjoratif de ces patients n’est pas associé aux récidives d’IDM ou d’ischémie myocardique, qui sont similaires pour les deux groupes B S T R A C T S d’IDM inférieurs (avec ou sans extension ventriculaire droite). La détection de l’extension ventriculaire droite doit être systématique en présence d’un IDM inférieur aigu (ECG avec dérivations droites), d’autant que des publications récentes* ont souligné l’intérêt d’un diagnostic et d’une revascularisation précoces pour le devenir de ces patients. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil * Bowers TR et al. N Engl J Med 1998 ; 338 : 933-40. Impact of right ventricular involvement on mortality and morbidity in patients with inferior myocardial infarction. Mehta SR, Eikelboom JW, Natarajan MK, Diaz R,Yi C, Gibbons RJ, Yusuf S ● J Am Coll Cardiol 2001 ; 37 : 37-43. Bloc auriculo-ventriculaire congénital et cardiomyopathie But de l’étude. Le bloc auriculo-ventriculaire (BAV) congénital isolé est une pathologie au pronostic excellent après implantation d’un pacemaker. Cependant, le développement d’une cardiomyopathie dans ce cadre reste une complication probablement sous-estimée. Méthodes. Il s’agit d’une étude multicentrique. Seize enfants présentant un bloc auriculo-ventriculaire congénital et ayant développé une cardiomyopathie dilatée en dépit de l’implantation d’un pacemaker ont été inclus. Résultats. Chez 12 des 16 sujets, le diagnostic de BAV congénital a été porté in utero. Dix présentaient des examens biologiques témoignant d’un lupus néonatal. Un épanchement péricardique a été détecté à l’échographie anténatale dans 6 cas. Lors de cet examen, la fonction ventriculaire gauche systolique a été estimée normale chez tous les sujets. Après la naissance, un enfant a présenté un rash cutané en rapport avec la maladie lupique, deux ont présenté une élévation des transaminases et une thrombopénie transitoire. En période postnatale, 15 patients présentaient une fonction ventriculaire gauche normale (fraction de raccourcissement : 34 ± 7 %) et un seul une dysfonction avérée à l’échographie (fraction de raccourcissement : 20 %). Chez 15 des sujets, le pacemaker a été implanté durant les 2 premières semaines de vie. Pour le patient restant, l’intervention a eu lieu au cours des 7 premiers mois. La Lettre du Cardiologue - n° 347 - septembre 2001 La fonction ventriculaire gauche systolique moyenne s’est nettement dégradée au cours du suivi (9 % ± 5 % entre les âges de 14 jours et de 9,3 ans). Douze sujets ont développé une insuffisance cardiaque congestive avant l’âge de 2 ans. Au cours du suivi, 4 patients sont décédés d’insuffisance cardiaque, 7 ont nécessité une transplantation cardiaque et 4 seulement ont normalisé leur fonction ventriculaire gauche systolique. Conclusion. En dépit de l’implantation précoce d’un pacemaker, certains enfants atteints de bloc auriculo-ventriculaire congénital semblent développer une cardiomyopathie avec dysfonction ventriculaire gauche systolique dont le pronostic se révèle sévère. Ces enfants nécessitent donc probablement une double surveillance, à la fois rythmologique et échographique, en vue de détecter une éventuelle dégradation de la fonction ventriculaire gauche. M. Poupineau, interne, Paris Congenital heart block : development of late-onset cardiomyopathy, a previously underappreciated sequela. Moak JP, Barron KS, Hougen TJ et al. ● J Am Coll Cardiol 2001 ; 37 (1) : 238-42. 17