Éditorial
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La Lettre du Gynécologue - n° 326 - novembre 2007
La Lettre du Gynécologue
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De jeunes médecins en colère…
IP P. Berveiller*, O. Mir**
C’est sous le signe de l’amertume qu’a lieu cette rentrée universitaire
2007. De fait, l’annonce publique des grandes lignes du projet de loi
de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui s’est tenue début
septembre, a fait l’effet d’une bombe dans le milieu médical, et particulière-
ment chez les jeunes médecins.
En effet, l’ensemble du système de santé français devient menacé de déstabilisation,
avec non seulement les médecins, mais surtout leurs patients qui pourraient
payer le prix des réformes à venir.
QuelQues explications
Le gouvernement, au vu des inégalités démographiques médicales qui existent
sur le territoire français, désire réguler de manière coercitive les installations
libérales des jeunes médecins. Ces derniers seront contraints de s’installer dans les
zones de sous-densité médicale, sous peine d’être déconventionnés ou pénalisés
financièrement : il s’agit des fameux articles 31 et 32 du PLFSS, qui prévoient
d’adapter le conventionnement en fonction de la zone de densité médicale
(conventionnement sélectif).
Or, nous savons que ces mesures coercitives, déjà expérimentées en Suisse ou en
Allemagne, se sont soldées par des échecs retentissants : persistance des inégalités
de répartition, crise des vocations en libéral, mais aussi “hémorragie hospitalière”
de jeunes médecins, préférant quitter l’hôpital afin de s’installer, avant que la
mise en place de ces mesures coercitives ne soit effective.
De plus, ces mesures sont injustes, car nous, jeunes médecins aurions à payer
ici le prix des erreurs successives en matière de politique et de démographie
médicales réalisées depuis plusieurs dizaines d’années. En effet, les caisses
d’assurance maladie sont elles-mêmes responsables du déficit médical actuel,
car elles avaient prôné à l’époque la diminution du numerus clausus devant des
dépenses de santé qui ne faisaient qu’augmenter, en prenant comme principale
cible les médecins jugés comme responsables à part entière de cette situation
économique. Ces mêmes caisses exigent désormais de nous, et ce de manière fort
autoritaire, de pallier les inégalités de démographie médicale qui ne sont que le
résultat de leur propre politique... De là à se sentir une génération sacrifiée, il n’y
a qu’un pas que beaucoup de jeunes médecins franchissent.
Plus encore, les articles 31 et 32 du PLFSS 2008 nous inquiètent, car une des
victimes collatérales sera nécessairement la Sécurité sociale et, de ce fait, le
patient lui-même. En effet, les jeunes médecins qui s’installeront dans leur
région d’origine seront contraints à un conventionnement “au rabais” (pénalités
fiscales, plafonnement des honoraires en secteur II), aboutissant inévitablement
à des déconventionnements massifs. Cela aura pour résultat un développement
majeur du système assurantiel privé permettant le remboursement des patients
qui consulteront chez ces nombreux médecins déconventionnés. Ces mesures
* Interne des hôpitaux de Paris. Membre du Comité de l’internat, Syndicat des Internes des Hôpitaux de Paris (SIHP).
** Interne des hôpitaux de Paris. Président de l’Inter Syndicat National des Internes des Hôpitaux (ISNIH), 17, rue du Fer à
Moulin, 75005 Paris.