Commission de l'O.I.E. pour l'étude de la Fièvre aphteuse Rapport final

Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1983, 2 (1), 201-212.
Commission de l'O.I.E.
pour l'étude de la Fièvre aphteuse
Rapport final
de la XVIe Conférence
Paris,
14-17 septembre 1982
La XVIe Conférence de la Commission de l'O.I.E. pour l'étude de la Fiè-
vre aphteuse a été ouverte par le Dr J. Leunen, Président de la Commission,
à 10 heures le 14 septembre 1982, après que le Dr L. Blajan, Directeur Géné-
ral de l'O.I.E., eut accueilli les participants au.nom du Comité international.
Dans son discours d'ouverture, le Dr Leunen indiqua que la Commission
a été très heureuse d'avoir l'aide, l'avis et le soutien du Dr J.B. Brooksby
pour l'organisation de cette Conférence. Il le remercia chaleureusement de la
part de la Commission de l'O.I.E. pour l'étude de la Fièvre aphteuse, et
regretta profondément que le Dr Brooksby ait décidé de renoncer à la prési-
dence de cette Commission qu'il a guidée avec une compétence et une effica-
cité extraordinaire pendant 14 ans.
La première séance de travail commença immédiatement après le discours
du Dr Leunen.
Thème 1 : LES VACCINS
A. AMÉLIORATION DE LA VALEUR ANTIGÉNIQUE
Au cours de cette séance présidée par le Dr R. Casas (O.P.S./O.M.S.,
Brésil),
les points suivants ont été mis en valeur :
Pour l'amélioration de la valeur antigénique des préparations vaccinales,
la Colombie indique qu'elle applique toutes les connaissances disponibles
pour faire le meilleur usage des particules virales 140 S. Il a été démontré que
pour obtenir une dose protectrice bovine 50% (DPB50), il faut 5,5/ug de virus
(pour le sous-type O1).
L'Argentine informe l'assemblée qu'un nouveau procédé d'inactivation
des virus consiste à activer une endonucléase associée au virion. Il est égale-
ment indiqué que les vaccins préparés par l'industrie privée contiennent en
moyenne 7 DPB50.
202
Le Kenya présente une analyse des recherches du laboratoire de son pays
concernant le typage et le sous-typage du virus de la fièvre aphteuse, la pro-
duction et le contrôle d'efficacité sur bovins de vaccins fabriqués à partir des
virus africains de types O, A, C, SAT 1 et SAT 2 depuis 1963. Les vaccins de
ce laboratoire sont utilisés dans les programmes de prophylaxie des pays
d'Afrique de l'Est, et occasionnellement d'autres régions d'Afrique.
L'U.R.S.S. rapporte la préparation à grande échelle de vaccins contre la
fièvre aphteuse selon la méthode Frenkel. Ce même pays indique les bons
résultats obtenus avec des préparations vaccinales destinées aux porcs utili-
sant un virus lapinisé en adjuvant huileux.
La Grande-Bretagne présente les avantages d'une méthode semi-
automatique utilisant les analyses en gradient de densité de saccharose pour
la détermination quantitative des antigènes, et également un test basé sur les
enzymes protéolytiques qui sera très intéressant pour prévoir l'intégrité de la
protéine immunisante VP 1.
La Thaïlande décrit la production des vaccins anti-aphteux sur cellules
BHK21 en flacons roulants et en suspension.
Le Dr Casas indique que les pays d'Amérique du Sud infectés de fièvre
aphteuse ont de plus en plus de succès dans la prophylaxie de la maladie en
raison de l'existence de vaccins de meilleure qualité.
B.
LES ADJUVANTS
Le modérateur de cette séance étant le Dr K. Dalsgaard (Danemark), les
points suivants sont soulignés :
Plusieurs adjuvants peuvent être utilisés pour augmenter le pouvoir
immunogène des virus inactivés.
La saponine, brute ou purifiée, associée à l'hydroxyde d'aluminium, est
utilisée le plus couramment. Son pouvoir adjuvant est évident; cependant, la
réponse sérologique des jeunes bovins peut être influencée par des facteurs
génétiques.
Avec les adjuvants huileux, particulièrement lorsqu'ils sont utilisés dans
les régions endémiques d'élevage extensif de certains pays d'Amérique du
Sud, la prévalence de la fièvre aphteuse semble plus faible que celle observée
chez les animaux vaccinés avec d'autres vaccins classiques. Quelques formu-
lations huileuses présentent une bonne innocuité : elles peuvent être recom-
mandées pour immuniser différentes catégories de porcs et offrent également
des avantages pour l'immunisation des jeunes bovins.
Un nouvel adjuvant aminolipidique synthétique, CP
20961,
a été utilisé
sur des cobayes avec des résultats intéressants.
Néanmoins, il faut souligner que la qualité et la quantité de l'antigène
demeurent toujours une priorité.
203
Thème
2 : TECHNIQUES DE DIAGNOSTIC
A. LES VIRUS
Cette séance a pour modérateur le Dr J. Callis (U.S.A.) et les conclusions
les plus importantes sont les suivantes :
La spécificité de la réaction entre virus et anticorps a un rôle vital dans le
diagnostic et l'identification des virus responsables des épizooties de fièvre
aphteuse. La mise en oeuvre de techniques nouvelles utilisant les anticorps
monoclonaux ainsi que de méthodes plus sensibles telles que la RIA et
l'ELISA, signifie que l'on dispose désormais de méthodes hautement spécifi-
ques et sensibles pour l'identification du virus.
Dans les deux dernières décennies, il y a eu un accroissement énorme de
nos connaissances sur les acides nucléiques et les protéines du virus. Les
méthodes actuellement disponibles pour l'analyse fine de ces composants ont
permis d'étudier les virus avec une très grande précision.
Les quatre présentations qui ont été faites illustrent la valeur de quelques-
unes de ces méthodes physico-chimiques pour l'identification des virus. Dans
leurs présentations, les Drs McCahon et coll. et Lombard et coll. ont donné
des exemples sur l'application de l'électrofocalisation des protéines spécifi-
ques du virus pour l'identification des virus de type O, responsables des épi-
zooties récentes en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Dans cette méthode, les protéines sont séparées en fonction de leur charge
électrique. En conséquence, toute modification de la charge d'une protéine
résultant d'une substitution d'un acide aminé, par un autre ayant une charge
différente, se traduit par une différence détectable dans le comportement de
la protéine. Ces méthodes permettent ainsi de déceler facilement les change-
ments apparaissant dans les virus, pendant et entre les épizooties.
Dans les travaux de Brown et Underwood et La Torre et coll., plusieurs
exemples ont été donnés de la valeur des « empreintes » obtenues après
action de la ribonucléase T1 sur l'ARN du virus aphteux, pour différencier les
sous-types viraux responsables des épizooties en Europe et en Amérique du
Sud. Dans cette méthode les fragments de l'ARN viral obtenus après
hydrolyse par la ribonucléase T1 sont séparés par électrophorèse sur gel, en
fonction de leur différence de charge électrique et de dimension.
Chaque virus présente sa propre « empreinte ». Les sérotypes viraux et
des sous-types de mêmes sérotypes sont clairement différenciables. On a
même pu différencier par cette technique des souches isolées appartenant à
un même sous-type, que les méthodes sérologiques habituelles ne permet-
taient pas de distinguer les unes des autres. La valeur de cette technique
réside dans sa précision qui permet de distinguer des souches très proches.
Les quatre présentations ont montré que l'association des méthodes
physico-chimiques pour l'analyse de l'ARN et des protéines du virus aux
- 204
méthodes sérologiques traditionnelles fournit aux épidémiologistes de nou-
veaux outils puissants pour l'identification des virus.
B.
LES ANTICORPS
Au cours de cette séance, dont le modérateur était le Dr R.C. Knudsen
(U.S.A.),
les points suivants ont été soulignés :
L'évaluation du niveau d'immunité des animaux vaccinés est toujours
d'une importance considérable. La séroneutralisation, la fixation du complé-
ment et des méthodes nouvelles telles que l'ELISA sont utilisées. Des études
préliminaires suggèrent que pour une utilisation en routine à grande échelle,
un antigène de virus aphteux partiellement purifié serait suffisant pour
l'ELISA. La facilité technologique de l'ELISA, sa sensibilité et sa très bonne
corrélation avec la séroneutralisation incitent à développer l'utilisation de
cette méthode dans l'avenir. L'évaluation mathématique des niveaux d'anti-
corps anti-aphteux dans des populations bovines importantes et hétérogènes
semble avoir un grand intérêt dans la détermination prévisionnelle du niveau
d'immunité. L'immunisation effective des animaux dépend directement de la
quantité d'antigène 140 S présente dans le vaccin, et la quantité nécessaire de
140 S dans le vaccin varie selon la souche virale.
Une étude préliminaire des anticorps monoclonaux de souris produits par
hybridation a mis en évidence de nombreux anticorps neutralisant le virus
aphteux. Des études futures avec ces anticorps neutralisants et le test d'atta-
chement aux particules virales VP 1 et 12 S devraient grandement aider à la
définition des sites antigéniques viraux homologues et hétérologues.
Thème 3 : GÉNIE GÉNÉTIQUE
A. PERSPECTIVES D'UTILISATION DE VACCINS PRÉPARÉS
SELON LES TECHNIQUES DU GÉNIE GÉNÉTIQUE
Ce thème a été extrêmement bien et clairement présenté par Sir William
M. Henderson. Il a souligné en particulier les points suivants :
« On doit reconnaître que les résultats obtenus jusqu'à présent dans les
travaux de recombinaison de l'ADN et dans la synthèse des nucléotides sont
préliminaires et incomplets. Il est prématuré de dire qu'un nouveau vaccin est
aujourd'hui à notre disposition. Il est improbable que l'on puisse produire
industriellement un vaccin de ce genre avant plusieurs années. Des expéri-
mentations et des essais sur le terrain nécessiteront forcément beaucoup de
travail pendant au moins les deux ou trois ans à venir. Tout changement réa-
lisé par la biologie moléculaire en vue d'obtenir un meilleur antigène, et tout
changement de formulation destiné à améliorer l'efficacité d'un vaccin, doi-
vent être contrôlés sur animaux. Ces expérimentations prennent du temps.
Pour que la production de ce vaccin soit compétitive, elle doit assurer une
qualité au moins aussi bonne que celles obtenues actuellement, bien que la
-
205
totale innocuité représente
un
avantage considérable.
La
durée d'immunité
devrait être prolongée mais
le
problème principal résulte
des
caractéristiques
d'infectiosité
du
virus.
Les récents progrès scientifiques sont encourageants
et
dignes
de
tous
les
éloges.
Ceux
qui les ont
réalisés méritent d'être félicités. L'excellente qualité
du travail
est
telle qu'il
y a
lieu d'être optimiste
sur le
succès
du
développe-
ment
de la
technique même
si l'on
tient compte
de la
nécessité, pour cette
maladie, d'avoir
en
stock
des
antigènes
de
divers types. Cependant,
on ne
doit jamais oublier
que les
meilleurs vaccins, pour être efficaces, doivent être
injectés
au bon
animal,
au bon
endroit
et au bon
moment.
»
Pour insister
sur
l'utilisation correcte
des
vaccins, l'orateur
a
souligné
quatre points essentiels pour
le
contrôle
et
1'éradication
de la
fièvre aph-
teuse
:
1.
Une
campagne
sur le
terrain bien planifiée, bien organisée
et
bien
financée, basée
sur
l'importance
et
l'extension
des
mouvements
des
animaux
et
l'épidémiologie
locale.
2.
Un
personnel bien entraîné, bien équipé, adapté
en
disciplines
et en
nombre
et
soutenu
par un
laboratoire efficace.
3.
Si la
vaccination fait partie intégrante
de la
stratégie,
les
vaccins utilisés
doivent être
de
très haute qualité.
4.
Une
bonne collaboration internationale dans
la
mise
en
œuvre
de
pro-
grammes parallèles
à
l'intérieur
des
zones épidémiologiques.
B.
TABLE RONDE
:
GÉNIE GÉNÉTIQUE
ET
FIÈVRE APHTEUSE
Cette table ronde
a été
remarquablement bien organisée
et
présidée
par le
Dr
K.
Strohmaier (R.F.A.) avec
la
participation
des
spécialistes suivants
: J.
Asso (France),
H.
Aviv (Israël),
F.
Brown (G.B.),
J.
Callis (U.S.A.),
P.E.
Highfield (G.B.),
H.
Küpper (Suisse),
E.
Pfaff (R.F.A.)
et M.
Rivière
(France).
Sir William Henderson passa
en
revue
les
perspectives d'utilisation
des
vaccins préparés selon
les
techniques génétiques.
Il
discuta également
les
tout
derniers développements dans
la
mise
au
point
de
vaccins
à
partir
de
peptides
synthétisés chimiquement.
Le représentant
de la
F.A.O., tout
en se
félicitant
de ces
nouvelles décou-
vertes,
proposa
que l'on
agisse avec
une
extrême précaution
en
matière
de
publicité
sur ces
méthodes jusqu'à
ce que
leur application dans
les
conditions
du terrain
ait été
démontrée
de
façon univoque.
1.
Conclusions
de la
discussion
sur les
peptides biosynthétisés
:
a) Les
clones
de
bactéries exprimant
la
protéine immunisante
VP 1
peu-
vent être obtenus auprès
de
divers instituts.
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