Commission de l'O.I.E. pour l'étude de la Fièvre aphteuse Rapport final

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Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1983, 2 (1), 201-212.
Commission de l'O.I.E.
pour l'étude de la Fièvre aphteuse
Rapport final
de la XVI Conférence
e
Paris, 14-17 septembre 1982
e
La X V I Conférence de la Commission de l ' O . I . E . pour l'étude de la Fièvre aphteuse a été ouverte par le Dr J. Leunen, Président de la Commission,
à 10 heures le 14 septembre 1982, après que le Dr L. Blajan, Directeur Général de l ' O . I . E . , eut accueilli les participants a u . n o m du Comité international.
Dans son discours d'ouverture, le Dr Leunen indiqua que la Commission
a été très heureuse d'avoir l'aide, l'avis et le soutien du Dr J . B . Brooksby
pour l'organisation de cette Conférence. Il le remercia chaleureusement de la
part de la Commission de l ' O . I . E . pour l'étude de la Fièvre aphteuse, et
regretta profondément que le Dr Brooksby ait décidé de renoncer à la présidence de cette Commission qu'il a guidée avec une compétence et une efficacité extraordinaire pendant 14 a n s .
La première séance de travail commença immédiatement après le discours
du Dr Leunen.
Thème 1 : LES VACCINS
A. A M É L I O R A T I O N D E LA V A L E U R A N T I G É N I Q U E
Au cours de cette séance présidée par le Dr R. Casas ( O . P . S . / O . M . S . ,
Brésil), les points suivants ont été mis en valeur :
P o u r l'amélioration de la valeur antigénique des préparations vaccinales,
la Colombie indique qu'elle applique toutes les connaissances disponibles
pour faire le meilleur usage des particules virales 140 S. Il a été démontré que
pour obtenir une dose protectrice bovine 5 0 % ( D P B ) , il faut 5,5/ug de virus
(pour le sous-type O1).
50
L'Argentine informe l'assemblée q u ' u n nouveau procédé d'inactivation
des virus consiste à activer une endonucléase associée au virion. Il est également indiqué que les vaccins préparés par l'industrie privée contiennent en
moyenne 7 D P B .
5 0
— 202 —
Le Kenya présente une analyse des recherches du laboratoire de son pays
concernant le typage et le sous-typage du virus de la fièvre aphteuse, la production et le contrôle d'efficacité sur bovins de vaccins fabriqués à partir des
virus africains de types O, A, C, SAT 1 et SAT 2 depuis 1963. Les vaccins de
ce laboratoire sont utilisés dans les programmes de prophylaxie des pays
d'Afrique de l'Est, et occasionnellement d'autres régions d'Afrique.
L ' U . R . S . S . rapporte la préparation à grande échelle de vaccins contre la
fièvre aphteuse selon la méthode Frenkel. Ce même pays indique les bons
résultats obtenus avec des préparations vaccinales destinées aux porcs utilisant un virus lapinisé en adjuvant huileux.
La Grande-Bretagne présente les avantages d ' u n e méthode semiautomatique utilisant les analyses en gradient de densité de saccharose pour
la détermination quantitative des antigènes, et également un test basé sur les
enzymes protéolytiques qui sera très intéressant pour prévoir l'intégrité de la
protéine immunisante VP 1.
La Thaïlande décrit la production des vaccins anti-aphteux sur cellules
B H K en flacons roulants et en suspension.
21
Le Dr Casas indique que les pays d'Amérique du Sud infectés de fièvre
aphteuse ont de plus en plus de succès dans la prophylaxie de la maladie en
raison de l'existence de vaccins de meilleure qualité.
B. LES A D J U V A N T S
Le modérateur de cette séance étant le Dr K. Dalsgaard (Danemark), les
points suivants sont soulignés :
Plusieurs adjuvants peuvent être utilisés pour augmenter le pouvoir
immunogène des virus inactivés.
La saponine, brute ou purifiée, associée à l'hydroxyde d'aluminium, est
utilisée le plus couramment. Son pouvoir adjuvant est évident; cependant, la
réponse sérologique des jeunes bovins peut être influencée par des facteurs
génétiques.
Avec les adjuvants huileux, particulièrement lorsqu'ils sont utilisés dans
les régions endémiques d'élevage extensif de certains pays d'Amérique du
Sud, la prévalence de la fièvre aphteuse semble plus faible que celle observée
chez les animaux vaccinés avec d'autres vaccins classiques. Quelques formulations huileuses présentent une bonne innocuité : elles peuvent être recommandées pour immuniser différentes catégories de porcs et offrent également
des avantages pour l'immunisation des jeunes bovins.
Un nouvel adjuvant aminolipidique synthétique, C P 20961, a été utilisé
sur des cobayes avec des résultats intéressants.
Néanmoins, il faut souligner que la qualité et la quantité de l'antigène
demeurent toujours une priorité.
— 203
Thème 2 : T E C H N I Q U E S D E D I A G N O S T I C
A . LES VIRUS
Cette séance a pour modérateur le Dr J. Callis (U.S.A.) et les conclusions
les plus importantes sont les suivantes :
La spécificité de la réaction entre virus et anticorps a un rôle vital dans le
diagnostic et l'identification des virus responsables des épizooties de fièvre
aphteuse. La mise en oeuvre de techniques nouvelles utilisant les anticorps
monoclonaux ainsi que de méthodes plus sensibles telles que la R I A et
l'ELISA, signifie que l'on dispose désormais de méthodes hautement spécifiques et sensibles pour l'identification du virus.
Dans les deux dernières décennies, il y a eu un accroissement énorme de
nos connaissances sur les acides nucléiques et les protéines du virus. Les
méthodes actuellement disponibles pour l'analyse fine de ces composants ont
permis d'étudier les virus avec une très grande précision.
Les quatre présentations qui ont été faites illustrent la valeur de quelquesunes de ces méthodes physico-chimiques p o u r l'identification des virus. Dans
leurs présentations, les Drs M c C a h o n et coll. et L o m b a r d et coll. ont donné
des exemples sur l'application de l'électrofocalisation des protéines spécifiques du virus pour l'identification des virus de type O, responsables des épizooties récentes en E u r o p e , en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Dans cette méthode, les protéines sont séparées en fonction de leur charge
électrique. En conséquence, toute modification de la charge d'une protéine
résultant d'une substitution d ' u n acide aminé, par un autre ayant une charge
différente, se traduit par une différence détectable dans le comportement de
la protéine. Ces méthodes permettent ainsi de déceler facilement les changements apparaissant dans les virus, pendant et entre les épizooties.
Dans les travaux de Brown et Underwood et La Torre et coll., plusieurs
exemples ont été donnés de la valeur des « empreintes » obtenues après
action de la ribonucléase T1 sur l ' A R N du virus aphteux, pour différencier les
sous-types viraux responsables des épizooties en E u r o p e et en Amérique du
Sud. Dans cette méthode les fragments de l ' A R N viral obtenus après
hydrolyse par la ribonucléase T1 sont séparés par électrophorèse sur gel, en
fonction de leur différence de charge électrique et de dimension.
Chaque virus présente sa propre « empreinte ». Les sérotypes viraux et
des sous-types de mêmes sérotypes sont clairement différenciables. On a
même pu différencier par cette technique des souches isolées appartenant à
un même sous-type, que les méthodes sérologiques habituelles ne permettaient pas de distinguer les unes des autres. La valeur de cette technique
réside dans sa précision qui permet de distinguer des souches très proches.
Les quatre présentations ont m o n t r é que l'association des méthodes
physico-chimiques pour l'analyse de l ' A R N et des protéines du virus aux
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204 —
méthodes sérologiques traditionnelles fournit aux épidémiologistes de nouveaux outils puissants pour l'identification des virus.
B. LES A N T I C O R P S
Au cours de cette séance, dont le modérateur était le Dr R . C . Knudsen
(U.S.A.), les points suivants ont été soulignés :
L'évaluation du niveau d'immunité des animaux vaccinés est toujours
d'une importance considérable. La séroneutralisation, la fixation du complément et des méthodes nouvelles telles que l'ELISA sont utilisées. Des études
préliminaires suggèrent que pour une utilisation en routine à grande échelle,
un antigène de virus aphteux partiellement purifié serait suffisant pour
l ' E L I S A . La facilité technologique de l'ELISA, sa sensibilité et sa très bonne
corrélation avec la séroneutralisation incitent à développer l'utilisation de
cette méthode dans l'avenir. L'évaluation mathématique des niveaux d'anticorps anti-aphteux dans des populations bovines importantes et hétérogènes
semble avoir un grand intérêt dans la détermination prévisionnelle du niveau
d'immunité. L'immunisation effective des animaux dépend directement de la
quantité d'antigène 140 S présente dans le vaccin, et la quantité nécessaire de
140 S dans le vaccin varie selon la souche virale.
Une étude préliminaire des anticorps monoclonaux de souris produits par
hybridation a mis en évidence de n o m b r e u x anticorps neutralisant le virus
aphteux. Des études futures avec ces anticorps neutralisants et le test d'attachement aux particules virales VP 1 et 12 S devraient grandement aider à la
définition des sites antigéniques viraux homologues et hétérologues.
Thème 3 : GÉNIE GÉNÉTIQUE
A. P E R S P E C T I V E S D ' U T I L I S A T I O N D E V A C C I N S P R É P A R É S
S E L O N LES T E C H N I Q U E S D U G É N I E G É N É T I Q U E
Ce thème a été extrêmement bien et clairement présenté par Sir William
M. Henderson. Il a souligné en particulier les points suivants :
« On doit reconnaître que les résultats obtenus j u s q u ' à présent dans les
travaux de recombinaison de l ' A D N et dans la synthèse des nucléotides sont
préliminaires et incomplets. Il est prématuré de dire q u ' u n nouveau vaccin est
aujourd'hui à notre disposition. Il est improbable que l'on puisse produire
industriellement un vaccin de ce genre avant plusieurs années. Des expérimentations et des essais sur le terrain nécessiteront forcément beaucoup de
travail pendant au moins les deux ou trois ans à venir. Tout changement réalisé par la biologie moléculaire en vue d'obtenir un meilleur antigène, et tout
changement de formulation destiné à améliorer l'efficacité d'un vaccin, doivent être contrôlés sur animaux. Ces expérimentations prennent du temps.
P o u r que la production de ce vaccin soit compétitive, elle doit assurer une
qualité au moins aussi bonne que celles obtenues actuellement, bien que la
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205 —
totale innocuité représente un avantage considérable. La durée d'immunité
devrait être prolongée mais le problème principal résulte des caractéristiques
d'infectiosité du virus.
Les récents progrès scientifiques sont encourageants et dignes de tous les
éloges. Ceux qui les ont réalisés méritent d'être félicités. L'excellente qualité
du travail est telle qu'il y a lieu d'être optimiste sur le succès du développement de la technique même si l'on tient compte de la nécessité, pour cette
maladie, d'avoir en stock des antigènes de divers types. Cependant, on ne
doit jamais oublier que les meilleurs vaccins, pour être efficaces, doivent être
injectés au b o n animal, au b o n endroit et au b o n m o m e n t . »
P o u r insister sur l'utilisation correcte des vaccins, l'orateur a souligné
quatre points essentiels pour le contrôle et 1'éradication de la fièvre aphteuse :
1. Une campagne sur le terrain bien planifiée, bien organisée et bien
financée, basée sur l'importance et l'extension des mouvements des animaux
et l'épidémiologie locale.
2. U n personnel bien entraîné, bien équipé, adapté en disciplines et en
nombre et soutenu p a r un laboratoire efficace.
3. Si la vaccination fait partie intégrante de la stratégie, les vaccins utilisés
doivent être de très haute qualité.
4. U n e b o n n e collaboration internationale dans la mise en œuvre de p r o grammes parallèles à l'intérieur des zones épidémiologiques.
B. T A B L E R O N D E : G É N I E G É N É T I Q U E E T F I È V R E A P H T E U S E
Cette table ronde a été remarquablement bien organisée et présidée p a r le
Dr K. Strohmaier (R.F.A.) avec la participation des spécialistes suivants : J.
Asso (France), H . Aviv (Israël), F . Brown (G.B.), J. Callis (U.S.A.), P . E .
Highfield (G.B.), H . Küpper (Suisse), E . Pfaff (R.F.A.) et M . Rivière
(France).
Sir William Henderson passa en revue les perspectives d'utilisation des
vaccins préparés selon les techniques génétiques. Il discuta également les tout
derniers développements dans la mise au point de vaccins à partir de peptides
synthétisés chimiquement.
Le représentant de la F . A . O . , tout en se félicitant de ces nouvelles découvertes, proposa que l'on agisse avec une extrême précaution en matière de
publicité sur ces méthodes j u s q u ' à ce que leur application dans les conditions
du terrain ait été démontrée de façon univoque.
1. Conclusions de la discussion sur les peptides biosynthétisés :
a) Les clones de bactéries exprimant la protéine immunisante V P 1 peuvent être obtenus auprès de divers instituts.
— 206 —
b) Les types européens O, A et C ainsi que quelques sous-types dont certaines souches sud-américaines et un type Asia sont clonés.
c) Divers promoteurs sont utilisés avec de bons résultats. L'expression de
la protéine de fusion se situe aux alentours de 0,5 à 1 g par litre de suspension
bactérienne.
d) Normalement, une séquence d'acides aminés d ' u n vecteur est ajoutée à
la protéine immunisante. Aucune influence négative de cette séquence ajoutée
n ' a été observée j u s q u ' à présent.
e) Une purification d'environ 9 0 % de la protéine de fusion est possible.
f) Deux injections au moins de la protéine synthétisée, associée à des
adjuvants, sont nécessaires pour produire un titre suffisant d'anticorps neutralisants et protéger contre une inoculation d'épreuve. La formulation et les
conditions d'application du vaccin aux animaux devraient faire l'objet de
nouvelles recherches.
g) En plus de l'immunisation des bovins, des porcs et des chèvres, plusieurs espèces de laboratoire ont également été immunisées.
h) On s'attend à ce que la spécificité de type d'une protéine de fusion soit
à peu près la même que celle conférée par les vaccins conventionnels. P o u r les
vaccins polyvalents, on devra utiliser les VP 1 correspondant aux différents
types.
i) Dans les études rapportées à ce j o u r , la protéine biosynthétisée a été utilisée avec des adjuvants huileux.
j) Avec de telles préparations, on a m o n t r é que l'immunité durait plusieurs mois.
k) Dans les études rapportées à ce j o u r , des quantités de l'ordre de 200 à
500 jug de protéine de fusion ont été associées à un adjuvant huileux pour préparer un vaccin.
l) Des brevets ont été pris pour tous les plasmides producteurs de protéines.
m) Les vaccins utilisant des peptides biosynthétisés n ' o n t pas été commercialisés, mais l'on pense qu'ils coûteront approximativement le même prix
que les vaccins conventionnels.
2. Peptides synthétisés chimiquement :
a) Deux équipes confirment la position de la fraction immunisante dans la
protéine VP 1 du virus aphteux entre l'acide aminé 141 et l'acide aminé 160.
Une activité antigénique a également été observée aux positions C terminales
200-213.
b) Des vaccins formulés avec des peptides synthétisés chimiquement se
sont montrés capables d'immuniser les lapins et les cobayes, et de protéger les
cobayes contre une épreuve virulente. De telles préparations produisent également un niveau significatif d'anticorps neutralisants chez les bovins.
— 207
-
c) Les peptides ont été couplés à un transporteur puissant : l'hémocyanine, qui ne serait pas utilisable dans une application à grande échelle.
D'autres transporteurs sont à l'étude.
d) Les coûts comparatifs des peptides synthétisés par les voies chimique et
biologique ont été discutés, mais aucune conclusion n ' a pu être obtenue
puisqu'aucun procédé de production n ' a été commercialisé.
e) On espère que la stabilité des vaccins peptidiques sera supérieure à celle
des vaccins conventionnels à virus complets.
En bref, des peptides ont été produits à partir de bactéries par les techniques du génie génétique et par synthèse organique. Des vaccins expérimentaux contenant des peptides produits par ces deux procédés se sont montrés
capables d'induire une réponse immunitaire chez u n n o m b r e limité d'animaux. Aucun des deux procédés n ' a été commercialisé et on n ' a t t e n d pas une
production à grande échelle avant plusieurs années. Cependant, des recherches sont en cours dans divers laboratoires.
L'appréhension du public, en ce qui concerne les risques possibles des
manipulations génétiques, a diminué. Cependant, des précautions doivent
toujours être prises quand du matériel génétique viral est transporté d ' u n lieu
à un autre.
Thème 4 : ÉPIDÉMIOLOGIE
ET CAMPAGNES DE VACCINATION
Cette séance, présidée par le Dr R . F . Sellers (Grande-Bretagne), fut divisée en quatre parties correspondant à chaque région géographique de l ' O . I . E .
A. LES A M É R I Q U E S
La première partie de la séance fut présidée par le Dr E . J . Gimeno
(Argentine) et consacrée à la situation dans les Amériques.
Le contrôle permanent de la fièvre aphteuse en Amérique du Sud (et ultérieurement son éradication) n'est pas facile, n o t a m m e n t si l'on considère
l'élevage extensif concerné.
Cependant, ce n'est pas une tâche impossible si les pays suivent u n programme régulier de travail bien coordonné utilisant les meilleurs techniques
et systèmes. P o u r ce faire, il a été r e c o m m a n d é que les aspects suivants soient
pris en compte :
1. Améliorer le système de contrôle épidémiologique en développant les
mécanismes de surveillance dans différentes régions pour détecter comment
varie l'incidence de la maladie dans chaque région, les modifications des virus
et quelles relations écologiques pourraient influencer l'extension de la fièvre
aphteuse dans ces régions.
— 208 —
2. Améliorer la qualité des vaccins en relevant peu à peu mais de façon
continue le niveau des normes de contrôle.
3. Promouvoir une participation plus active des éleveurs grâce à divers
moyens d'éducation. Leur participation est essentielle pour le succès des campagnes de prophylaxie des maladies animales. Le suivi de ces recommandations permettra de progresser vers l'éradication de la fièvre aphteuse en A m é rique du Sud dans un avenir assez proche.
B. E U R O P E
La deuxième partie de la séance fut présidée par le Dr R . F . Sellers
(Grande-Bretagne), et traita de la situation en E u r o p e .
Pendant les quatre dernières années, l'Europe est restée relativement
indemne de fièvre aphteuse, ceci étant le résultat des campagnes de lutte et de
vaccination réalisées depuis les années 50.
La réunion a entendu un exposé sur les épizooties de fièvre aphteuse en
Grèce, ainsi que les mesures prises. U n e information fut donnée sur les
méthodes de prophylaxie et de vaccination en France. Le représentant du
Royaume-Uni décrivit l'épidémiologie du foyer apparu sur l'Ile de Wight et
l'éradication de la maladie. La dissémination de la maladie au cours de l'épizootie de 1982 au D a n e m a r k et les mesures prises pour son éradication ont
été exposées.
Les relations entre les souches de type O récemment isolées en Europe et
au Moyen-Orient furent décrites.
En conclusion, il fut recommandé de continuer à déclarer le plus tôt possible la maladie, d'identifier rapidement le type et le sous-type responsables et
d'en informer les autres pays. Les moyens nécessaires pour l'éradication
devraient toujours être rapidement disponibles en cas d'urgence.
On a également recommandé q u ' e n raison de la rareté de la fièvre aphteuse, des instructions pour permettre la reconnaissance des symptômes
soient données aux jeunes vétérinaires.
L'utilité de disposer d ' u n e équipe d'épidémiologistes pour étudier les
foyers de la maladie fut soulignée.
C. ASIE
La troisième partie de la séance fut dirigée par le Dr Osman Bin Din
(Malaisie), qui présenta un résumé de sa communication concernant la situation en Asie.
Les communications présentées par les représentants de la Thaïlande, la
Malaisie et la République Socialiste du Vietnam ont été discutées.Alors que l'incidence de la fièvre aphteuse a progressé en Thaïlande pendant les 7 dernières années, un déclin a été observé en 1981. Les épidémies au
— 209 —
centre et au nord de la Thaïlande ont été attribuées aux virus de types O, A et
Asia 1.
Dans le sud de la Thaïlande et en Malaisie, la maladie a évolué sous une
forme sporadique; une relation épizootiologique a été constatée entre les
foyers apparus dans ces deux régions. Les épizooties de 1973 étaient dues au
virus de type A et celles de 1978/79 et 1980/81 au type O , . Le sud de la
Thaïlande et la Malaisie sont restés indemnes de la maladie depuis le milieu
de 1981.
2 2
e
Au Vietnam, il n'y a pas eu d'épizootie au nord du 17 parallèle. Cependant, dans le Sud, 16 provinces sur 21 furent affectées.
Bien que des variations aient été observées entre les types O1 isolés, surtout en 1980, en Thaïlande et en Malaisie, on a le sentiment qu'ils ne sont pas
significativement différents. Néanmoins, ces souches virales sont régulièrement comparées aux souches vaccinales.
Les isolats qui présentent des variations antigéniques significatives seront
étudiés complètement à l'aide de tests de protection croisée.
Les bovins et les buffles sont régulièrement atteints au cours de toutes les
épizooties, alors que l'infection des porcs a été plus grave dans les foyers de
1980, apparus dans le sud de la Thaïlande et en Malaisie. Alors que les chèvres et les m o u t o n s vivent au contact des grands ruminants, les signes cliniques n ' o n t été observés q u ' u n e fois chez des chèvres en Malaisie, fait confirmé par l'isolement du virus.
Les épizooties de 1973 et 1978 en Malaisie ont été jugulées par la méthode
du « stamping out » et plus récemment par une vaccination massive assortie
d ' u n e stricte surveillance des mouvements d ' a n i m a u x en Thaïlande et en
Malaisie. Une coopération bilatérale entre le J a p o n et la Thaïlande, ainsi
q u ' e n t r e la Thaïlande et la Malaisie, a j o u é un rôle très important dans le
contrôle de la maladie dans ces régions.
Le contrôle au Vietnam est assuré par des mesures de police sanitaire
depuis 1975 et par l'utilisation de vaccins polyvalents en provenance
d ' U . R . S . S . depuis 1978. Depuis 1979, 6 provinces seulement ont été touchées.
Les plans d'éradication de la maladie en Thaïlande comprennent une
amélioration de la qualité et de la capacité de production des vaccins antiaphteux, ainsi q u ' u n e vaccination de masse des animaux sensibles. Le plan de
la Thaïlande consiste à vacciner les bovins et les buffles 3 fois par an dans les
régions indemnes, et 2 fois par an dans les autres régions du pays. La Malaisie continuera à mettre en œuvre la vaccination stratégique en vaccinant en
priorité les bovins et les buffles le long des axes de déplacement, dans les secteurs proches des abattoirs et les zones d'élevage intensif.
Les efforts d'éducation des fermiers, les aménagements des quarantaines
et des postes de contrôle seront intensifiés pour faciliter les programmes de
vaccination dans les deux pays.
— 210 —
Le délégué du Vietnam a souligné la nécessité de former un personnel spécialisé dans la lutte anti-aphteuse et de créer un laboratoire de la fièvre aphteuse.
En conclusion, la Conférence a jugé nécessaire de vacciner et de contrôler
systématiquement le bétail dans les zones de fièvre aphteuse enzootique, de
mieux surveiller la maladie et d'améliorer les mesures de contrôle existantes et
des autres services vétérinaires.
Il a été recommandé que :
1. Des programmes plus efficaces soient mis en oeuvre de manière à obtenir les résultats désirés.
2. Q u e soient organisés des programmes de formation p o u r le personnel
de toutes catégories impliqué dans la prophylaxie de la fièvre aphteuse.
3. Q u ' u n e aide soit accordée pour la création d ' u n laboratoire de la fièvre
aphteuse au Vietnam.
D. AFRIQUE
La dernière partie de la séance fut animée par le Dr M . M a n n a t h o k o
(Botswana) et concerna la situation en Afrique.
Les communications présentées p a r les délégués du Nigéria, du Togo et du
Botswana ont décrit la situation, l'épidémiologie et les programmes de
prophylaxie de la fièvre aphteuse en Afrique. E n Afrique occidentale, des
foyers de fièvre aphteuse, principalement de types A , S A T 1 et S A T 2, ont été
directement rapportés à des mouvements de bétail le long des axes commerciaux depuis les Etats et pays du nord vers les zones consommatrices du sud.
Un m a n q u e de moyens de diagnostic dans la région a empêché l'étude des
virus et la détermination des souches utilisables pour la production de vaccins
efficaces et pour combattre les foyers au Nigéria. Cependant, ce pays envisage de se doter de moyens de diagnostic de la fièvre aphteuse prochainement. Le Nigéria pense également installer à titre expérimental u n e zone
indemne de fièvre aphteuse, par des vaccinations régulières et le contrôle des
déplacements du bétail.
En Afrique australe, la fièvre aphteuse est surtout causée p a r les virus de
type S A T . Le buffle africain est porteur de virus dans la région. Les programmes de contrôle sont basés sur une coopération régionale au travers du
S A D C C et du S A R C C U S , responsables de la surveillance des déplacements
et des vaccinations.
L'Institut Vaccinal du Botswana est utilisé par la région pour le diagnostic, le sous-typage et la production d ' u n vaccin efficace contre les virus
SAT 1, S A T 2 et S A T 3. Le vaccin a été utilisé avec succès pour éliminer la
fièvre aphteuse du Botswana, d'Afrique du Sud et du Zimbabwe. L'utilisation d ' u n vaccin efficace et u n contrôle effectif des mouvements dans la
région a permis aux pays exportateurs d'exporter de la viande de b œ u f vers
l'Europe et d'autres régions du m o n d e .
Il a été estimé que les facteurs principaux de la lutte anti-aphteuse en Afrique sont les suivants :
1. Des moyens de diagnostic adéquats pour identifier et comparer les
résultats sérologiques entre les divers types du virus aphteux, spécialement
avec les souches vaccinales.
2. Une bonne couverture vaccinale et l'utilisation de vaccins efficaces
conservés à 4 ° C j u s q u ' à la vaccination.
3. Le contrôle des mouvements du bétail grâce à des permis de circulation, des barrières naturelles et artificielles et des systèmes de quarantaine.
4. Une surveillance permettant de détecter rapidement les foyers nouveaux.
Finalement, le Dr Sellers, Président, et le Dr Leunen, Président de la
Commission de la Fièvre aphteuse, firent les commentaires suivants :
Des écarts significatifs existent encore dans les systèmes de déclaration des
diverses régions.
On r e c o m m a n d e que soit améliorée la rapidité de déclaration des foyers
dans les diverses régions et que les souches sauvages de virus aphteux soient
envoyées au Laboratoire Mondial de Référence de Pirbright (Angleterre) de
façon régulière, de telle sorte que ce laboratoire puisse maintenir une souchothèque à la disposition de t o u s .
Thème 5 : D É C L A R A T I O N D E L A FIÈVRE A P H T E U S E
De la communication présentée par le Dr L.V. Meléndez, Chef du Département technique de l ' O . I . E . , il convient de retenir les points suivants :
Il ne sera jamais possible d'obtenir des déclarations rapides et exactes des
maladies animales sans l'organisation et l'établissement de structures adéquates de surveillance épidémiologique par les Services de Santé animale e t / o u
les Services vétérinaires des Pays-Membres.
A partir de déclarations internationales adéquates, les pays indemnes de
telle ou telle maladie animale peuvent être au courant de la situation sanitaire
dans les pays infectés, des mouvements de leurs produits animaux, du niveau
d'efficacité de leurs structures de surveillance sanitaire, de leur capacité à
faire u n diagnostic rapide et à enrayer les maladies dans u n e situation
d'urgence.
C'est en connaissance de cause qu'il est possible de coordonner au mieux
la coopération intergouvernementale nécessaire pour le contrôle des maladies
animales capables de se propager facilement au-delà des frontières nationales.
— 212 —
Les pays développés doivent apporter aux pays défavorisés les moyens
nécessaires à l'établissement de systèmes de déclaration des maladies animales, que celles-ci aient u n caractère épizootique ou enzootique.
*
* *
Le Rapport final a été présenté à l'assemblée et adopté par celle-ci le vendredi 17 septembre 1982.
Dans son discours de clôture, le Dr Leunen, Président de la Commission,
exprima sa satisfaction que les discussions furent animées et intéressantes
entre les 110 participants représentant 36 pays différents et trois Organisations internationales. Après avoir souligné l'importance de cette Conférence
pour la science vétérinaire, le Dr Leunen remercia tous les participants pour
leur importante contribution aux activités de l ' O . I . E .
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