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Correspondances en Risque CardioVasculaire - Vol. III - n° 3 - juillet-août-septembre 2005
(– 27 %). La mortalité évaluée individuellement
n’est cependant pas réduite par le périndopril.
Cette absence de bénéfice du périndopril par
comparaison avec le placebo est peut-être liée à
une mortalité faible à un an (6 %) chez ces
patients pourtant âgés. Le périndopril se révèle
de prescription simple, et est bien toléré dans
cette population particulière. Le périndopril à la
posologie de 8 mg/j réduit significativement la
mortalité, les hospitalisations pour insuffisance
cardiaque et le remodelage VG dans les suites
d’un IDM non compliqué de dysfonction systo-
lique VG chez le patient de plus de 65 ans.
Depuis plus de 20 ans, de multiples études ont
permis d’établir le bénéfice des IEC dans la
maladie coronaire compliquée ou non de dys-
fonction systolique ventriculaire gauche chez
des patients relativement jeunes (<60 ans). Les
caractéristiques des patients de l’étude PREAMI
s’approchent très notablement d’une popula-
tion fréquemment rencontrée en pratique cli-
nique quotidienne, mais jamais correctement
évaluée, bien qu’environ 60 à 65 % des IDM sur-
viennent chez des patients de plus de 65 ans.
Avec les études PREAMI, EUROPA et HOPE, il
transparaît que la prescription d’un IEC est légi-
time chez le coronarien à fonction systolique VG
conservée avant comme après 65 ans.
ASCOT (Anglo-Scandinavian Cardiac
Outcomes Trial)
(P. Sever, B. Dahlof, N.R. Poulter)
L’étude ASCOT, qui a déjà donné lieu à une cin-
quantaine de publications, comportait deux
volets relativement indépendants dans une
population de 19 342 hypertendus ayant au
moins trois autres facteurs de risque cardiovas-
culaire. La première, dont les résultats princi-
paux ont été publiés en 2003, évaluait, contre
placebo, le bénéfice de l’adjonction d’une statine
dans le sous-groupe des 10 305 patients ayant
un cholestérol total bas (≤ 6,5 mmol/l). Elle avait
été arrêtée prématurément après 3,3 ans de
suivi en raison de la démonstration d’une réduc-
tion très significative du risque d’accident vas-
culaire cérébral (de 27 %), mais surtout de l’en-
semble des événements cardiovasculaires
majeurs (de 21 %) et des événements corona-
riens (29 %), chez ces hypertendus à haut
risque.
Les résultats présentés ici sont en fait ceux de
l’étude principale qui comparait deux stratégies
thérapeutiques chez 19 257 patients, l’une clas-
sique avec aténolol (50 à 100 mg/j), puis au
besoin un diurétique thiazidique (bendroflumé-
thiazine 11,5 à 2,5 mg/j), et l’autre une théra-
peutique plus contemporaine avec amlodipine
(5 à 10 mg/j) puis au besoin périndopril (4 à
8mg/j). Un troisième antihypertenseur n’appar-
tenant à aucune de ces familles pouvait au
besoin être ajouté. Les hypertendus inclus
avaient théoriquement un risque élevé puis-
qu’ils présentaient au moins trois facteurs de
risque en plus de l’hypertension artérielle (HTA).
Toutefois, P. Sever a souligné que, in fine, leur
risque était pratiquement de moitié inférieur à
celui des patients de ALLHAT.
La durée moyenne du suivi a été de 5,5 ans.
Alors que les caractéristiques basales étaient
bien équilibrées entre les deux groupes, la bais-
se de pression artérielle a été légèrement plus
importante dans le groupe amlodipine + périn-
dopril (n = 9 639) que dans le groupe aténolol +
thiazidique (n = 9 618), avec une chute plus rapide
au cours du premier mois, et globalement, une
différence de 2,7 mmHg pour la systolique et de
1,9 mmHg pour la diastolique. Sur la durée de
l’étude, moins de patients du groupe amlodipine +
périndopril que de patients du groupe aténolol +
thiazidique ont accédé à la bithérapie (49,5 %
versus 54,99 %).
Bien que s’en approchant fortement, la différence
n’a pas été significative sur le critère principal
composite qui associait infarctus non mortel et
décès d’origine coronaire (risque relatif 0,90
avec IC95 : 0,79-1,02 ; p = 010). Cependant, la
supériorité de l’association amlodipine + périn-
dopril sur l’association aténolol + thiazidique est
très significative en ce qui concerne la plupart
des autres critères (tableau I). De plus, les
patients du groupe amlodipine + périndopril ont
eu un moindre risque de développer un diabète
(– 30 % ; p = 0,0001) ou de voir progresser une
insuffisance rénale (– 15 % ; p = 0,02).
En commentant ces résultats, S. Yusuf a expli-
qué que l’arrêt prématuré de l’étude (en raison