Sommaire Vol. IX - N° 6 novembre-décembre 2013 ÉDITORIAL 151 ÉDITORIAL Pourquoi les psychothérapies ? Why psychotherapies? J.M. Havet ACTUALITÉS SCIENCES 153 Revue critique de la littérature J.M. Havet E. Bacon Pôle de psychiatrie des adultes, CHU Robert-Debré, Reims. DOSSIER ACTUALITÉS DES PSYCHOTHÉRAPIES 155 Pourquoi les psycho­ thérapies ? Coordonnateur : Jean-Michel Havet Actualité de la psychanalyse Psychoanalysis today S. de Mijolla-Mellor La logothérapie : une psychothérapie à la recherche du sens “ Why psychotherapies? Logotherapy: a psychotherapy searching for meaning D epuis la mise sur le marché de la chlorpromazine en 1952, les médicaments psychotropes se sont multipliés et diversifiés, et leurs indications sont de mieux en mieux codifiées. D. Blanc Thérapie comportementale et cognitive : la troisième vague Behavioral and cognitive therapy: the third wave A. Rollet Hypnose et processus thérapeutique Malgré le progrès important qu’ils ont constitué pour la prise en charge des malades mentaux, on peut affirmer, avec le recul qu’autorisent les décennies au cours desquelles ils ont été largement utilisés, qu’ils ne peuvent traiter seuls de façon radicale l’ensemble des pathologies mentales. Hypnosis and therapeutic process N. Prieur Les thérapies narratives Narrative therapies J.M. Havet LECTURE 185 Cinq concepts proposés à la psychanalyse, de François Jullien J.M. Havet AVIS AUX LECTEURS Les revues Edimark sont publiées en toute indépendance et sous l’unique et entière responsabilité du directeur de la publication et du rédacteur en chef. Le comité de rédaction est composé d’une dizaine de praticiens (chercheurs, hospitaliers, universitaires et libéraux), installés partout en France, qui représentent, dans leur diversité (lieu et mode d’exercice, domaine de prédilection, âge, etc.), la pluralité de la discipline. L’équipe se réunit 2 ou 3 fois par an pour débattre des sujets et des auteurs à publier. La qualité des textes est garantie par la sollicitation systématique d’une relecture scientifique en double aveugle, l’implication d’un service de rédaction/révision in situ et la validation des épreuves par les auteurs et les rédacteurs en chef. Notre publication répond aux critères d’exigence de la presse : · accréditation par la CPPAP (Commission paritaire des publications et agences de presse) réservée aux revues sur abonnement, · adhésion au SPEPS (Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé), · indexation dans la base de données INIST-CNRS, · déclaration publique de liens d’intérêts demandée à nos auteurs, · identification claire et transparente des espaces publicitaires et des publirédactionnels en marge des articles scientifiques. Les articles publiés dans La Lettre du Psychiatre le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. © mars 2005 - EDIMARK SAS - Dépôt légal : à parution. Imprimé en France - Axiom Graphic SAS - 95830 Cormeilles-en-Vexin De même, si les connaissances sur le fonctionnement du système nerveux central ont ­considérablement progressé ces dernières années, on est encore loin d’être en mesure d’expliquer les mécanismes neuro-physio-­ pathologiques qui sous-tendent les différentes ­affections psychiatriques. Aussi importante que soit la ­poursuite des travaux de recherche fondamentale pour la production de thérapeutiques médicamenteuses La Lettre du Psychiatre • Vol. IX - no 6 - novembre-décembre 2013 | 151 ÉDITORIAL Pourquoi les psycho­ thérapies ? Why psychotherapies? J.M. Havet Pôle de psychiatrie des adultes, CHU RobertDebré, Reims plus efficaces et mieux tolérées et pour la compréhension des troubles mentaux, il paraît peu probable que, dans un avenir proche – et même lointain –, ils puissent apporter une réponse définitive à la question de leur nature profonde. Cela tient pour partie au fait que l’approche objective, biologique, si elle peut rendre compte du déroulement de processus organiques élémentaires, est dans l’incapacité d’expliquer de façon précise les comportements complexes qui peuplent notre quotidien, tels que nos choix et nos prises de décision. Si ce qu’il est convenu de nommer le psychisme est, pour une part certaine, fonction de l’activité cérébrale des individus, il ne peut lui être réduit. Le cerveau ne sécrète ni la pensée ni les émotions “comme le foie sécrète la bile”. Le psychisme est ce qu’on appelle une qualité émergente, et par là on veut signifier qu’il s’agit d’un phénomène nouveau, non déductible des éléments qui lui donnent naissance. Ainsi, tout comme les propriétés de l’eau ne sont contenues ni dans l’hydrogène, ni dans l’oxygène, qui pourtant la composent, le psychisme n’est pas en germe dans la structure des neurones. L’homme est un être pluridimensionnel, biologique certes, mais aussi réflexif, langagier, relationnel… chacune de ces dimensions constituant une voie d’accès pour qui veut entrer en contact avec lui et soulager sa souffrance psychique. C’est en cela que les psychothérapies conservent tout leur intérêt et toute leur actualité. Leur diversité peut poser un problème : celui du choix de l’une d’entre elles et de leurs indications, si l’on se réfère à un modèle médical de la maladie mentale. C’est oublier que ce n’est pas le patient, mais le praticien qui a besoin d’une théorie pour fonder et soutenir sa pratique. Ainsi la certitude de détenir la vérité qui alimente les querelles de chapelle entre les tenants des différents modèles de psychothérapie est-elle à la fois dérisoire et dangereuse, puisque la vérité d’une pratique ne peut tenir qu’à son utilité, c’est-à-dire à son efficacité, dont on sait ­pertinemment qu’elle n’est ni universelle ni assurée en toutes circonstances. Il apparaît même que le succès d’une prise en charge est plus lié à la qualité de la relation entre le patient et le thérapeute, c’est-à-dire de l’alliance ­thérapeutique, qu’à la méthode mise en œuvre. Quel que soit le modèle psychothérapeutique vers lequel il s’orientera, le clinicien se trouvera devant la nécessité d’une formation qu’il ne pourra que poursuivre tout au long de sa carrière et faire évoluer en fonction des aléas des prises en charge qu’il aura ­engagées. Pour éviter de s’aveugler sur sa pratique, il lui sera non moins nécessaire de rester ouvert à d’autres modèles. L ’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. Il existe, à l’évidence, plusieurs façons d’aborder l’individu psychiquement malade, chacune devant trouver sa place au sein de la pratique de chacun d’entre nous. ­Psycho­thérapies et traitements biologiques ne sont ni en contradiction ni en concurrence, mais complémentaires. Tout psychiatre de bonne foi, c’est-à-dire ne fuyant pas la prise en charge à court et à long terme de patients venus lui exposer leur détresse et leur ­souffrance, sait très bien qu’il ne peut réduire son activité à la prescription de ­médicaments psychotropes ou à l’écoute et au conseil du patient. L’association des 2 est souvent nécessaire, pour ne pas dire inévitable, même si, en fonction de la problématique posée, du contexte, de la personne prise en charge et de son entourage, l’une ou l’autre devra être privilégiée. Seuls des esprits simples (ou totalitaires) peuvent affirmer qu’il est possible de limiter la prise en charge à l’une ou l’autre des pratiques. 152 | La Lettre du Psychiatre • Vol. IX - no 6 - novembre-décembre 2013 ”