La Lettre du Psychiatre • Vol. VIII - no 6 - novembre-décembre 2012 | 157
ÉDITORIAL
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On le voit, l’irruption d’une pathologie et la mise en œuvre d’une action
thérapeutique supposent une bonne capacité pour le sujet malade à évoluer entre
un avant, supposément à l’équilibre, et un après incertain, interrogeant l’aptitude
du patient à maintenir l’unité de soi en dépit des vicissitudes associées à la
maladie et aux difficultés du traitement. Plusieurs stratégies psychologiques sont
mises en œuvre pour y parvenir. Certains patients imagineront la “restitutio ad
integrum” de leur état, d’autres souhaiteront que l’intervention ou le traitement
leur permette au contraire d’accéder à leur “identité véritable”. D’autres aussi (et,
heureusement, les plus nombreux), considérant que l’unité de vie est celle du
changement continu, s’ajusteront à ce “nouveau corps”, celui d’après la maladie,
l’acte thérapeutique étant vécu comme une expérience au même titre que celles
proposées quotidiennement par la vie. La question du maintien de l’unité de soi
au décours d’une pathologie et de son traitement se pose avec acuité lorsque la
thérapeutique comporte une greffe hétérologue. Comment, en effet, continuer à
être soi-même lorsqu’une part essentielle de soi (visage, main, cœur/poumon,
foie, etc.) provient d’un tiers, tiers souvent décédé et inconnu de la personne ?
Ces questionnements anciens seront actualisés dans ce numéro de La Lettre
du Psychiatre qui, à propos de situations cliniques très diverses rencontrées en
médecine, nous montre la subtilité et la variété des différentes facettes du rapport
dialectique que noue le sujet avec son corps malade à l’occasion de diverses
techniques thérapeutiques. Deux citations latines presque identiques peuvent
servir de fil rouge à nos questionnements et réflexions de thérapeutes. Si Rabe-
lais, citant Juvénal (Satire X), nous apostrophe en nous proposant un “mens sana
in corpore sano”, le fabriquant de chaussure ASICS® nous rappelle lui aussi, à sa
manière, l’importance du corps. Le nom de marque n’est autre en effet que
l’acronyme de la citation latine : “Anima sana in corpore sano”. Si la première fait
référence à la complémentarité de la pensée formelle et de la dimension corpo-
relle pour l’unité du sujet, la seconde évoque la mise en œuvre du projet de soi
grâce à l’action du corps. Le corps et la pensée se trouvent ainsi en dialogue avec
l’Esprit et l’accomplissement de soi. Parvenir à un tel équilibre ou, à tout le moins,
le favoriser, tel serait notre idéal thérapeutique lorsque la maladie et nos soins
mobilisent doublement le sujet dans sa dimension corporelle et psychologique.
”