Chapitre 4. Groupes et réseaux sociaux |1
Question I. Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux ?
Année scolaire 2013-14 Classe de Première
SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
Chapitre 4
Groupes et réseaux sociaux
I. Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux ?
Introduction
A. Qu’est-ce qu’un groupe social ?
A1. Distinguer groupe social et catégorie sociale
A2. De la catégorie statistique au groupe social, l’exemple des cadres
B. A quel groupe appartient un individu ?
B1. Groupes d’appartenance, groupes de référence
B2. Les effets de l’ascension sociale
Objectifs
Savoirs
Savoir-faire
- Comment définir un groupe social ?
- Peut-on distinguer groupe primaire et groupe
secondaire en fonction du type de relations
entretenues ?
- Comment distinguer groupe de référence et groupe
d’appartenance ?
- Repérer les informations d’un texte pour répondre
à des questions
Notions à acquérir : Groupe primaire/secondaire, groupes d’appartenance/de référence
Pré-requis : Socialisation primaire/secondaire, socialisation anticipatrice
Que dit le programme ?
« On distinguera les groupes sociaux, caractérisés par l’existence d’interactions (directes ou indirectes) entre leurs membres et la
conscience d’une appartenance commune (familles, collectifs de travail, associations, etc.), des simples agrégats physiques (par
exemple une file d’attente ou le public d’un spectacle) ou de catégories statistiques (PCS, groupes d’âge, etc.).
On montrera que les groupes sociaux se différencient en fonction de leur taille, de leur rôle, de leur mode de fonctionnement et
de leur degré de cohésion. On évoquera les situations les individus prennent comme référence un autre groupe que celui
auquel ils appartiennent. »
Chapitre 4. Groupes et réseaux sociaux |2
Question I. Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux ?
Année scolaire 2013-14
Chapitre 4
Groupes et réseaux sociaux
Dossier documentaire :
I. Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux ?
Introduction/Sensibilisation
1) 2)
3) 4)
a) Quel est le point commun entre ces différents groupes ? Individus qui ont des activités/situations communes.
b) Qu’est-ce qui distingue les groupes 1) et 2) des autres ? Les individus ne sont pas en relation
Il existe une multitude de groupes sociaux, de toutes tailles et poursuivant des buts très divers, mais tous contribuent à former
la société. Pour bien comprendre ce qu’est un groupe social, nous allons voir dans un premier temps ce qu’il n’est pas (et donc
ce avec quoi il ne faut pas le confondre). Puis nous verrons que les groupes sociaux peuvent adopter des formes très variées et
nous étudierons les différents critères qui les distinguent. Enfin, nous aborderons le fait que les individus aspirent parfois à
intégrer des groupes auxquels ils n’appartiennent pas.
A. Qu’est-ce qu’un groupe social ?
Un groupe social est un ensemble d’individus formant une unité sociale durable, caractérisée par :
- des liens internes (directs ou indirects) plus ou moins intenses ;
- une situation et/ou des activités communes
- un conscience collective plus ou moins affirmée (sentiment d’appartenance, représentations propres)
Cette unité est reconnue comme telle par les autres. Ainsi, un simple agrégat physique (sans liens internes) de personnes n’est
pas un groupe social.
On distingue 2 types de groupes sociaux selon la terminologie de Charles Horton Cooley (début XXème siècle) :
- le groupe primaire/élémentaire : groupe restreint en général durable, caractérisé par l’intensité des rapports entre ses
membres, une certaine intimité des relations et un minimum de solidarité (ex : familles, amis, groupes d’affinités…)
Chapitre 4. Groupes et réseaux sociaux |3
Question I. Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux ?
- le groupe secondaire : les relations se limitent aux rôles sociaux et aux rapports « fonctionnels », cette relation peut être plus
ou moins limitée dans le temps.
A1. Distinguer groupe social et catégorie sociale : les PCS
Document 1
La nomenclature de catégories socioprofessionnelles (CSP) a été conçue par l'Insee en 1954. L'objectif était de classer les
individus selon leur situation professionnelle en tenant compte de plusieurs critères : métier proprement dit, activité
économique, qualification, position hiérarchique et statut. Elle comprenait 9 grands groupes qui se subdivisaient en 30
catégories socioprofessionnelles. Elle a été utilisée par l'Insee pour le dépouillement des recensements (de 1954 à 1975), pour
certaines enquêtes de consommation, mobilité sociale, mortalité,... Elle a également été utilisée par de nombreux autres
organismes démographiques ou sociologiques. Cette nomenclature a été abandonnée en 1982 et remplacée par la
nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS), utilisée notamment pour les recensements de 1982,
1990, 1999.
Source : INSEE, www.insee.fr
Document 2
La nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles dite PCS a remplacé, en 1982, la CSP. Elle classe la
population selon une synthèse de la profession (ou de l'ancienne profession), de la position hiérarchique et du statut (salarié ou
non).
Elle comporte trois niveaux d'agrégation emboîtés :
- les groupes socioprofessionnels (8 postes) ;
- les catégories socioprofessionnelles (24 et 42 postes) ;
- les professions (486 postes).
Cette version (PCS-2003) est en vigueur depuis le 1er janvier 2003. Les premier et deuxième niveaux sont restés inchangés par
rapport à la version en vigueur de 1982 à 2003.
La rénovation de 2003 a donc porté uniquement sur le troisième niveau qui comprenait 455 postes dans la version 1982. Elle a
permis de regrouper des professions dont la distinction était devenue obsolète, et d'en éclater d'autres afin de tenir compte de
l'apparition de nouveaux métiers ou de nouvelles fonctions transversales aux différentes activités industrielles.
Source : INSEE, www.insee.fr
Document 3. Nomenclature des PCS
Agriculteurs exploitants
Agriculteurs exploitants
Artisans, commerçants et chefs
d'entreprise
Artisans
Commerçants et assimilés
Chefs d'entreprise de 10 salariés ou plus
Cadres et professions
intellectuelles supérieures
Professions libérales et assimilés
Cadres de la fonction publique, professions intellectuelles et artistiques
Cadres d'entreprise
Professions Intermédiaires
Professions intermédiaires de l'enseignement, de la santé, de la fonction publique et
assimilés
Professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises
Techniciens
Contremaîtres, agents de maîtrise
Employés
Employés de la fonction publique
Employés administratifs d'entreprise
Employés de commerce
Personnels des services directs aux particuliers
Ouvriers
Ouvriers qualifiés
Ouvriers non qualifiés
Ouvriers agricoles
Retraités
Anciens agriculteurs exploitants
Anciens artisans, commerçants, chefs d'entreprise
Anciens cadres et professions intermédiaires
Anciens employés et ouvriers
Autres personnes sans activité
professionnelle
Chômeurs n'ayant jamais travaillé
Inactifs divers (autres que retraités :élèves ou étudiants)
Source : INSEE, www.insee.fr
Chapitre 4. Groupes et réseaux sociaux |4
Question I. Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux ?
a) Que représentent les PCS ? Regroupement d’individus ayant le même statut socioprofessionnel, selon les principes
de classement élaborés par l’INSEE. « Classement de l’ensemble de la population en un nombre restreint de
catégories présentant chacune une certaine homogénéité sociale » INSEE
b) Sur quels critères sont construites les PCS ? Métier, activité économique, statut (salarié/travailleur
indépendant/employeur), qualification, taille de l’entreprise…
Les PCS sont des catégories statistiques constituées par le sociologue et l’économiste, elles n’existent pas en soi. Les individus
qui les composent n’ont donc pas forcément un sentiment d’appartenance à la classe qui correspond à leur PCS.
Un groupe social est une unité collective « réelle, qui dispose d’une existence propre et impliquer des liens et une
communication entre ses membres.
La catégorie est une collection d’individus ayant des caractéristiques communes (revenu, degré de formation, patrimoine) sans
pour autant former une collectivité pour les individus ainsi regroupés. Elle est constituée par l’observateur.
Attention : les PCS ne constituent pas toujours un groupe social, mais elles peuvent le devenir.
A2. De la catégorie statistique au groupe social, l’exemple des cadres
Document 4
Luc Boltanski, directement influencé par les travaux de Pierre Bourdieu, a consacré un ouvrage à la formation d’un groupe social
qui constitue aujourd’hui une évidence dans la France contemporaine : les cadres. Cette catégorie sociale, devenue une
profession et catégorie socioprofessionnelle de l’INSEE ne possède pas d’équivalent strictement comparable dans un autre pays
industrialisé.
L’apparition des cadres en tant que groupe social a coïncidé avec la montée en puissance d’un salariat « bourgeois » que l’on ne
pouvait rattacher, en raison de ses munérations et de ses qualifications, aux salariés d’exécution (ouvriers et employés) mais
qui ne possédait pas nécessairement de fortune, en tout cas pas de capital de l’entreprise, et se distinguait des patrons. […] Les
différences internes entre le « cadre maison », formé sur le tas et dévoué à l’entreprise et le diplô d’une grande école,
l’ingénieur et le commercial, le chercheur et l’avocat… s’estompent progressivement, dans la mesure la magie du mot
condense des réalités fort différentes.
L’unification du groupe a été opérée (dans les années 1930, il signe principalement les ingénieurs) par un travail symbolique
réunissant aussi bien les syndicats (dont la Confédération générale des cadres, crée en 1944), la presse magazine à la recherche
d’un nouveau lectorat promouvant le « style de vie » des Etats-Unis (l’Express des années 1960), la multiplication des écoles de
commerce et d’ingénieurs diffusant de nouvelles techniques managériales… Un ensemble de mobilisations non concertées a
abouti à l’intervention d’un nouveau groupe social, s’imposant peu à peu aux intéressés eux-mêmes comme une réalité.
Source : Philippe Riutort, Précis de sociologie, PUF, coll. Major, 2004
a) Pourquoi les cadres formaient-ils au départ seulement une catégorie sociale ?
b) Pourquoi forment-ils aujourd’hui un groupe social ?
c) Comment les cadres sont-ils passés de la catégorie au groupe social ?
B. A quel groupe appartient un individu ?
B1. Groupes d’appartenance, groupes de référence
comporte en partie
en fonction d’un
Groupe de fait
Groupe d’appartenance : le groupe
auquel l’individu appartient, qu’il en soit
conscient ou non
L’individu est en interaction avec les
autres membres du groupe
Groupe choisi
Groupe de référence : le groupe dont
l’individu cherche à se faire accepter. Il
règle ses comportements sur les normes
et les valeurs qu’il croit être celles du
groupe de référence.
Une fonction normative : en
cherchant à se conformer aux
normes et valeurs du groupe de
référence, l’individu tente d’y
appartenir
Une fonction comparative : le groupe
de référence sert à l’individu à
s’autoévaluer et à être évalué
Chapitre 4. Groupes et réseaux sociaux |5
Question I. Comment les individus s’associent-ils pour constituer des groupes sociaux ?
Le groupe d’appartenance est le groupe auquel appartient l’individu, il représente son origine sociale.
Le groupe de référence est le groupe auquel un individu souhaite appartenir, c’est la destinée sociale visée par l’individu.
Le groupe d’appartenance peut servir de groupe de référence et, dans de nombreux cas, il l’est (comme la famille lorsqu’elle
remplit les fonctions normative et/ou comparative). Le groupe de référence peut donc être un groupe de non appartenance.
B2. Les effets de l’ascension sociale
Document 5
Karim, septième enfant d’une fratrie de neuf enfants, fils d’un père algérien, manœuvre, et de parents analphabètes, raconte
ses premiers contacts avec Sciences-Po Paris, suite à sa réussite au concours. Il travaille aujourd’hui dans une grande banque
arabe de New York.
« Il y avait des soirées Sciences-Po. Je me souviens, c’était à la Madeleine dans un superbe six pièces, fauteuils en cuir blanc, […].
Dans ces soirées j’étais souvent le seul d’origine populaire et maghrébine […]. Avant d’aller à l’invitation, je mange d’abord chez
moi. Jamais chez eux. Se servir un peu, je ne sais pas faire. Je mange bien et après on parle ; pas les deux en même temps. […]
Quand je suis invité je m’assois et je ne bouge plus de ma place. […]
Il y a deux choses que j’adorais quand j’étais plus jeune, les navets genre Rambo et les grands spectacles. Et cette fille qui me
fascinait, elle a commencé à me traîner dans les salles d’art et d’essai, genre intello que je détestais. Elle m’emmenait voir des
Bergman. Mes frères pissaient de rire. C’est du cinéma de très grande qualité, mais je ne peux pas y aller avec des copains et
tout seul je n’irais pas.
Oui, je peux dire que j’ai un groupe d’origine, j’y suis fondamentalement attaché, parce que… Assez attaché pour essayer de le
faire évoluer, parce que je ne partage plus certaines de ses valeurs. Je ne sais pas si j’appartiens à un nouveau groupe. Je sais
que je n’appartiens plus totalement à mon groupe d’origine. »
Source : Smaïn Laacher, L’institution scolaire et ses miracles, La Dispute, 2005.
a) Quel lien y a-t-il entre la socialisation primaire et la socialisation secondaire chez Karim ? Opposition entre
socialisation primaire (fils d’immigré ouvrier peu qualifié) et socialisation secondaire (Science Po Paris).
b) Expliquer le sens de la phrase soulignée. Prise de distance avec le milieu social d’origine, la famille, le groupe
d’appartenance. Cependant, il sent bien qu’il n’appartient pas encore à son groupe de référence (les étudiants de
l’«IEP de Paris », les « cadres »). Il s’est détaché des normes, valeurs et pratiques acquises pendant l’enfance.
c) Comment est-il arrivé à concilier ce conflit de socialisation ? Travaille dans une grande banque (référence) arabe
(appartenance).
d) Quels autres exemples de conflits d’appartenance peut-on trouver ? En général situation des immigrés, et des
sujets de l’ascension sociale qui peut être vécue difficilement.
Malgré l’adhésion aux codes d’un groupe extérieur, le désir d’assimilation, il n’y a pas nécessairement mobilité effective.
Goldthrope et Lockwood (1960’s) ont récusé l’idée d’un embourgeoisement massif de la classe ouvrière, en effet l’augmentation
du niveau de vie et les aspirations propres à la classe moyenne ne modifiaient pas leur image de travailleurs manuels et
n’aboutissaient pas à leur insertion dans l’univers social des cols blancs.
Bonus. Le Loir et Cher, de Michel Delpech
Ma famille habite dans le Loir et Cher,
Ces gens-là ne font pas de manières.
Ils passent tout l'automne à creuser des sillons,
A retourner des hectares de terre.
Je n'ai jamais eu grand chose à leur dire
Mais je les aime depuis toujours.
De temps en temps, je vais les voir.
Je passe le dimanche dans l'Loir et Cher.
{Refrain:}
Ils me disent, ils me disent :
"Tu vis sans jamais voir un cheval, un hibou."
Ils me disent :
"Tu viens plus, même pour pécher un poisson.
Tu ne penses plus à nous.
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