REVUE DE PRESSE
dirigé par le Dr M. François
La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale 325 - avril-mai-juin 2011 | 31
Commentaire
Cette étude montre que l’on ne peut pas se
passer de tests audiométriques pour dépister
une surdité postméningitique ! L’IRM n’a pas
une bonne sensibilité, heureusement elle n’est
pas faite uniquement pour prédire le devenir de
l’oreille. Le problème sera différent lorsqu’on aura
découvert un traitement pour enrayer l’évolution
d’une labyrinthite vers la surdité (les corticoïdes
n’ont pas pour le moment fait la preuve de leur
efficacité dans ce domaine).
Référence bibliographique
Kopelovich JC, Germiller JA, Laury AM, Shah SS, Pollock AN.
Early prediction of postmeningitic hearing loss in children
using magnetic resonance imaging. Arch Otolaryngol Head
Neck Surg 2011;137:Epub head of print.
L’IRM peut-elle prédire la survenue d’une surdité
posméningitique ?
La surdité de perception est l’une des plus fréquentes séquelles des méningites bactériennes.
Elle est toujours secondaire à une labyrinthite suppurée due à une infection directe ou à
une infection par voie hématogène de la cochlée par le germe responsable de la méningite.
Il est important de faire le diagnostic de surdité précocement pour appareiller rapidement
l’enfant et, en cas de surdité profonde, pour pouvoir proposer un implant cochléaire avant
que l’ossification de la cochlée ne rende cette intervention difficile (voire impossible).
Lesauteurs ont mené une étude rétrospective sur 33 enfants (de 3 mois à 14 ans, médiane
15 mois) qui avaient eu une méningite bactérienne et avaient pu bénéficier d’une IRM avec
injection de gadolinium au cours de leur hospitalisation. Les résultats de celle-ci ont été
comparés en aveugle à ceux des tests audiométriques ultérieurs (mais seuls 10 patients
ont eu une audiométrie à distance de l’hospitalisation). Huit patients ont développé une
surdité de perception, unilatérale dans 1 cas, bilatérale dans 7 cas. La méningite était
due à Streptococcus pneumoniae (Sp) dans 7 cas (sur 15 méningites à Sp) et la dernière
était due à Neisseria meningitidis (Nm) [sur 2 méningites à Nm]. La surdité était légère ou
moyenne dans 4 cas, sévère ou profonde dans 11 cas. Deux des patients qui avaient une
surdité bilatérale profonde ont été implantés, et il a été constaté une ossification cochléaire
dans les 2 cas. L’IRM a montré une prise de contraste dans 13 oreilles internes. Toutes ont
développé une surdité de perception (spécificité : 100 %), cependant une baisse d’audition
est apparue dans 2 cas pour lesquels l’IRM était normale (sensibilité de l’IRM pour prédire
une surdité : 87 %). À noter que la prise de contraste précoce à l’IRM était obtenue dans
les oreilles des enfants qui avaient eu une méningite à Sp.
M.F.
Commentaire
Ces résultats demandent à être confirmés par
d’autres études in vitro mais également in vivo.
Ils pourraient déboucher sur la commerciali-
sation d’aérateurs transtympaniques imprégnés
de diverses substances et sur des protocoles de
rinçage de l’oreille externe après pose d’aéra-
teurs transtympaniques pour diminuer le risque
d’otorrhée.
Référence bibliographique
Antonelli PJ, Sampson EM, Ohano-Dirain C. Biofilm forma-
tion on silicone tympanostomy tubes with polyvinylpyr-
rolidone coating. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2011;
137:19-23.
Biofilm sur les aérateurs transtympaniques
recouverts de polyvinylpyrrolidone
La formation d’un biofilm à la surface des aérateurs transtympaniques est un des facteurs
qui peut précipiter l’occlusion de ces aérateurs et surtout la survenue ou la pérennisation
d’une otorrhée. Ce problème de biofilm n’est pas spécifique aux aérateurs transtympa-
niques, et beaucoup de travaux ont porté sur les cathéters centraux. C’est ainsi qu’il a été
mis en évidence l’importance du matériau constitutif du corps étranger implanté et de son
surfaçage dans la constitution plus ou moins rapide d’un biofilm. Les auteurs ont étudié
in vitro la formation d’un biofilm sur des aérateurs en silicone disponibles sur le marché,
recouverts ou non d’un gel de polyvinylpyrrolidone (PVP). Les aérateurs étaient plongés dans
une solution salée ou dans du sang pendant 24 heures, puis laissés à l’air libre pendant une
nuit avant d’être posés sur une culture de Pseudomonas aeruginosa ou de Staphylococcus
aureus pendant 4 jours au terme desquels la formation du biofilm était analysée à la fois
par des méthodes microbiologiques et par la microscopie électronique. Les résultats ne
sont pas très différents selon le type d’aérateur et le type de préparation. Cependant, on
peut noter que le contact préalable avec le sang favorise la constitution d’un biofilm avec
S. aureus et qu’il y a un peu moins de biofilm de P. aeruginosa sur les aérateurs recouverts
de PVP que sur les autres.
Dr Martine François,
hôpital Robert-Debré, Paris.
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Commentaire
La surdité due à une infection congénitale à CMV
est particulière car elle peut apparaître jusqu’à
4ans après la naissance avec une détérioration
progressive des seuils et des lésions cérébrales
associées qui aggravent le pronostic.
Référence bibliographique
Misono S, Sie K, Huang ML, Broeckh M, Norton S, Yueh B.
Congeninal cytomegalovirus infection in pediatric hearing
loss. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2011;137:47-53.
Commentaire
Les recommandations de l’Agence nationale
d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes)
sont de ne faire un bilan d’hémostase que chez les
enfants de moins de 3 ans, mais certains opérateurs
en demandent systématiquement avant adénoï-
dectomie ou amygdalectomie. Cet article illustre
bien qu’un tel bilan n’est pas une sécurité absolue
et peut parfois passer à côté d’une maladie de
von Willebrand paucisymptomatique.
Référence bibliographique
Sun GH, Harmych BM, Dickson JM, Gonzalez del Rey JA,
Myer CM 3rd, Greinwald JH Jr. Characteristics of children
diagnosed as having coagulopathies following post-
tonsillectomy bleeding. Arch Otolaryngol Head Neck Surg
2011;137:65-8.
Troubles d’hémostase découverts
devant une hémorragie postamygdalectomie
L’hémorragie postamygdalectomie est une complication bien connue de cette intervention,
qui survient dans 2 à 5 % des cas, quelles que soit la technique utilisée et l’expérience du
chirurgien. L’un des facteurs favorisants est l’existence d’un trouble d’hémostase permanent
ou intermittent, qui serait passé inaperçu lors de la consultation et des examens préopéra-
toires. Les auteurs ont mené une étude rétrospective sur 1 an chez les enfants qui avaient
été opérés des amygdales seules ou des amygdales et des végétations. Sur 3 128 enfants,
182 sont revenus consulter pour hémorragie extériorisée par la bouche, 27 d’entre eux étant
revenus consulter plusieurs fois. Dans 47 cas, il s’agissait d’une hémorragie précoce ; dans
les autres cas, l’hémorragie était secondaire, avec un pic de fréquence à la fin de la première
semaine, et 10 patients ont saigné plus de 2 semaines après l’intervention. Cent vingt-cinq
enfants ont été hospitalisés une nouvelle fois, 20 ont été repris chirurgicalement et 3 ont
été transfusés. Tous ces enfants ont eu un bilan d’hémostase avec numération plaquettaire,
temps de prothrombine, temps de prothrombine activé et étude du temps d’occlusion
plaquettaire en présence d’épinéphrine et d’ADP. Ce bilan était anormal chez 34 d’entre
eux (19 %). Au final, 8 enfants avaient une coagulopathie : une hémophilie A, 5 maladies
de von Willebrand (5/3 128 = 0,0016 %) et 2 autres anomalies des fonctions plaquettaires.
Laprévalence de la maladie de von Willebrand étant de 0,8 à 2 % dans la population générale,
les auteurs en concluent que beaucoup d’enfants ayant une telle coagulopathie sont en
fait opérés des amygdales sans que personne ne le sache et sans hémorragie particulière
ni per- ni postopératoire !
M.F.
Surdité congénitale et CMV
L’infection congénitale par le cytomégalovirus (CMV) peut être responsable d’une surdité
de perception. Les auteurs ont mené une étude dans l’État de Washington chez des enfants
sourds et non sourds de plus de 4 ans appariés sur l’âge et le sexe pour préciser la préva-
lence de l’infection congénitale à CMV, la prévalence de la surdité due au CMV et les
caractéristiques de ces surdités. La recherche de CMV a été faite par PCR sur les cartons
de Guthrie. Parmi les 222 enfants sourds, 22 (9,9 %) avaient une infection congénitale à
CMV, contre 3 dans le groupe contrôle (1,4 %). Le calcul statistique montre que 8,9 % des
surdités sont attribuables à l’infection à CMV. Un peu moins de la moitié des enfants CMV+
étaient asymptomatiques à la naissance.
La comparaison des enfants sourds CMV+ et CMV− fait apparaître que les sujets CMV+ ont
un plus petit poids à la naissance (2,9 kg versus 3,2 kg), que leur surdité est plus souvent
unilatérale (p = 0,002), pratiquement jamais mixte, bien souvent progressive (p = 0,02) et
aboutit le plus souvent à une surdité profonde, au moins sur une oreille (p < 0,001). Quinze
pour cent des enfants CMV+ avaient au moins un autre facteur de risque de surdité. L’âge
moyen du diagnostic était le même dans les 2 groupes, de l’ordre de 3 ans et demi. Aucune
corrélation entre la charge virale, déterminée sur le carton de Guthrie, et la sévérité de
l’atteinte auditive n’a pas été mise en évidence.
M.F.
Nouvelles
de l’industrie
pharmaceutique
Communiqués des conférences de presse, symposiums,
manifestations organisés par l’industrie pharmaceutique
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Il est important chez l’enfant de faire un essai de
BAHA sur bandeau, tant à la maison qu’à l’école,
avant de proposer un ancrage osseux pour vérifier
que le bénéfice qu’il en tire est digne d’intérêt.
Référence bibliographique
De Wolf MJ, Hol MK, Mylanus EA, Snik AF, Cremers CW.
Benefit and quality of life after bone-anchored hearing aid
fitting in children with unilateral or bilateral hearing impair-
ment. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2011;137:130-8.
Bénéfices des BAHA chez l’enfant
Les auteurs ont évalué le bénéfice d’une prothèse à ancrage osseux ou sur bandeau souple
(BAHA) au moyen de questionnaires chez 31 enfants qui avaient cette prothèse depuis au
moins 1 an. Dix avaient une surdité de transmission bilatérale et une intelligence normale,
6, une surdité de transmission bilatérale mais un retard mental, 15, une surdité unilatérale
congénitale et une intelligence normale. Les enfants qui avaient une surdité bilatérale
utilisaient leur prothèse quotidiennement et pratiquement toute la journée et en tiraient
un bénéfice qui compensait les petits inconvénients ressentis. Chez les patients qui avaient
une surdité unilatérale, les résultats étaient plus mitigés, avec un port moins prolongé de
l’appareil, parfois limité à l’école et une appréciation négative de la qualité du son. Un tiers
de ces enfants ne conseilleraient pas ce type d’appareillage (contre 10 % chez les enfants
appareillés pour surdité bilatérale). Les résultats sont un peu meilleurs chez les enfants qui
avaient été appareillés plus tôt que chez ceux qui ont été implantés tardivement. L’inconfort dû
au bruit de fond et l’intolérance au bruit étaient plus importants chez les patients appareillés
pour une surdité unilatérale que chez les patients qui avaient une surdité bilatérale.
M.F.
Communiqué de presse du laboratoire
Stallergènes
Paris, le 15 février 2011
De Noon aux comprimés d’immunothérapie allergénique
sublinguale
Cent ans après sa découverte, l’immunothérapie allergé-
nique entre dans une ère nouvelle
Des premiers pas…
Passionné par les pollens de graminées et informé des
premières études démontrant le lien de cause à effet entre
pollens et rhume des foins, Leonard Noon publie en 1911
le tout premier article décrivant un nouveau traitement
prometteur de la rhinite allergique (Noon L. Prophylactic
inoculation against hay fever. Lancet 1911;1572-3).
C’est en 1911, date à laquelle les médecins britanniques
Leonard Noon et John Freeman ont publié leurs premières
recherches révolutionnaires sur l’immunothérapie, que le
terme d’“allergie” faisait son apparition. Les mécanismes de
l’allergie aux pollens de graminées étaient encore méconnus.
Toutefois, la découverte, par ces deux précurseurs, de
l’immunothérapie allergénique précédait la validation scien-
tifique de ce nouveau traitement ; elle soulevait, de fait,
plusieurs interrogations sur son bien-fondé. Des questions
auxquelles des réponses devant être résolues pour que ce
nouveau traitement de l’allergie soit reconnu. Un siècle plus
tard, la recherche de pointe et les preuves cliniques obtenues
par des études contrôlées avec de grandes cohortes de
patients ont permis d’apporter de solides réponses.
En 1911, les questions soulevées par Noon et Freeman
portaient sur le dosage, la voie d’administration du
traitement, les intervalles nécessaires entre chaque adminis-
tration ainsi que sur le niveau d’immunité qui pourrait
être atteint par les patients allergiques aux pollens de
graminées. Leurs interrogations consistaient également à
savoir si la pathologie pouvait être traitée définitivement.
Depuis, des générations de chercheurs en allergologie
ont travaillé sur ces problématiques et ont fait évoluer
l’immunothérapie allergénique. Leurs expérimentations
ont débouché sur quelques succès empiriques qui ont
permis d’orienter la recherche. Est alors venu le temps de
l’application élargie de l’immunothérapie dite “spécifique”,
d’abord par injections sous-cutanées puis, beaucoup plus
tard, sous des formes d’administration plus pratiques et
bien tolérées : les traitements d’immunothérapie allergé-
nique par voie sublinguale.
Les recherches se sont poursuivies et aujourd’hui, les
nouvelles directives des Autorités de santé et des sociétés
savantes ont conduit à apporter aux comprimés d’immu-
nothérapie sublinguale le même niveau de reconnaissance
que celui des autres produits pharmaceutiques. Ils sont
reconnus en tant que spécialités répondant aux impératifs
de l’Evidence-Based Medicine (médecine fondée sur les
preuves). Faciles à prendre, leur efficacité à long terme et
leur tolérance sont bien documentées.
Cent ans après la pose de la première pierre dans le
domaine de l’immunothérapie allergénique, cette
dernière innovation a permis l’émergence d’une nouvelle
classe thérapeutique et une avancée significative pour
les traitements, notamment pour les patients atteints de
rhinite allergique sévère non contrôlés par les traitements
symptomatiques.
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