Médecine
& enfance
avril 2014
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microdosée. Seul antécédent familial :
hypertension artérielle et diabète, pas
de cardiomyopathie obstructive, de coa-
gulopathie ni de maladie thrombo-em-
bolique.
첸
Examen : température à 37 °C, fré-
quence cardiaque à 74, fréquence respi-
ratoire à 16, saturation à 100 %, bon
état général, auscultation cardio-pulmo-
naire normale, pas de signes cutanés,
pas de douleur musculaire ou d’œdème.
첸
Bilan comportant ECG, radiographie
thoracique et biologie standard : nor-
mal en dehors d’une hyperleucocytose à
14000.
첸
D-dimères : 1916 ng/ml (normale
< 230).
첸
Tomodensitométrie : multiples
thromboses pulmonaires bilatérales.
첸
Echocardiographie, doppler : nor-
maux.
첸
Examens biologiques complémen-
taires : légère augmentation de la lipo-
protéine A et des facteurs 8 et 9 sans
preuve de cause à effet. Le seul facteur
de risque retrouvé est la pilule.
첸
Traitement : unité de soins intensifs,
anticoagulant. Guérison.
L’EP est rarissime en pédiatrie. Elle est
le plus souvent associée chez l’enfant à
des facteurs favorisants thrombo-embo-
liques (cathéter central, traumatisme,
pathologie cardiaque, pathologie ma-
ligne, syndrome néphrotique, trouble
de la coagulabilité, pilule…).
Ce cas clinique rend compte de la non-
superposition des probabilités pré-test
des enfants et des adultes pour cer-
taines pathologies (ici, le score de Wells
d’EP était à 0, en faveur d’une faible
probabilité) où les sensibilité et spécifi-
cité des critères définis pour des adultes
ne sont pas adaptés à la population pé-
diatrique. Parmi les multiples causes de
douleur thoracique de l’enfant, l’EP est
à évoquer, surtout s’il existe des fac-
teurs de risque, et il faut envisager
d’établir pour l’EP (comme pour la plu-
part des étiologies) des critères dia-
gnostiques spécifiques à la pédiatrie.
Une étiologie singulière liée à notre
époque ! [7]
첸
Garçon de quinze ans, sans antécé-
dents, consultant pendant ses vacances,
souffrant depuis trois jours d’une dou-
leur thoracique au repos.
첸
La douleur, d’intensité variable, est
sus-mamelonnaire gauche avec dyspnée
et douleur au niveau du coude gauche.
첸
Pas de fièvre actuelle ou récente et
examen clinique normal.
첸
ECG, radiographie thoracique, écho-
graphie cardiaque, épreuve d’effort :
normaux.
첸
NFS, troponines, LDH, bilan hépa-
tique et rénal, CRP, ionogramme, bilan
thyroïdien également normaux.
첸
Seule anomalie : une augmentation
des CPK à 814 UI/l (normale < 370).
첸
La reprise de l’interrogatoire retrouve
une pratique intensive, de dix à quinze
heures par jour, de la Xbox pendant ses
deux semaines de vacances !
Les auteurs rapportent par ailleurs un
cas de rhabdomyolyse chez un joueur
de quarante ans qui avait joué sur son
ordinateur sans discontinuité pendant
trois jours sans hydratation correcte :
hospitalisation pour confusion mentale
et insuffisance rénale aiguë, CPK à
13840 UI/l ! La scintigraphie a révélé
de nombreuses hyperfixations muscu-
laires prédominant aux membres supé-
rieurs et aux épaules. Cet homme a gué-
ri en quelques jours grâce à une hydra-
tation IV associée à une diurèse forcée.
LE RÔLE DES PARENTS
Ainsi que le montre une étude israélien-
ne, les parents ont un rôle important
quant au caractère invalidant pour l’en-
fant de cette douleur [8]. Cette étude a
été menée chez 77 enfants et adoles-
cents, âgés de huit à dix-huit ans, pré-
sentant une douleur thoracique non
cardiaque (diagnostic confirmé par une
consultation et un bilan cardiologiques)
et n’étant pas en rapport avec un ulcère
ou un syndrome costo-sternal.
Les enfants remplissaient un premier
questionnaire portant sur l’intensité
(échelles de douleur) et la fréquence de
la douleur (nombre d’épisodes pendant
les deux semaines précédant l’étude),
sa durée et son retentissement sur leurs
activités (physiques et autres).
Un second questionnaire, destiné cette
fois aux parents et aux enfants, concer-
nait la réponse parentale à leur douleur :
attitude protectrice (attention particuliè-
re : « diminue tes activités », et privilèges
spéciaux), ou minimisant la douleur (cri-
tique du comportement de l’enfant : « tu
exagères ta douleur »), ou encourageant
et contrôlant (« continue ses activités »,
« on essaie de le distraire »).
Il ressort de cette étude que, pour 78 %
des enfants, la douleur était présente
depuis plus de trois mois (extrêmes : 2
et 84 mois), que 57 % avaient eu au
moins deux épisodes dans les quinze
derniers jours, que l’intensité moyenne
des douleurs était de 6,35.
Concernant le comportement parental,
il apparaît que les comportements pa-
rentaux trop protecteurs ou dirigistes
pourraient augmenter l’impact de la
douleur sur la vie de l’enfant, alors
qu’au contraire une attitude encoura-
geante aiderait à le réduire.
Les auteurs rappellent qu’il peut y avoir
des différences culturelles quant au
comportement parental vis-à-vis de la
douleur de leur enfant. Cependant,
d’autres études sur les douleurs récur-
rentes ou chroniques en pédiatrie rap-
portent des conclusions similaires.
CONCLUSION
Bien que, dans la majorité des cas,
l’étiologie d’une douleur thoracique soit
POINTS CLÉS
첸
Motif de consultation très fréquent en
pédiatrie et cardiopédiatrie.
첸
Origine cardiaque exceptionnelle chez
l’enfant et l’adolescent.
첸
Une anamnèse précise, un examen cli-
nique et la connaissance des étiologies per-
mettent dans la majorité des cas de rassurer
les familles, d’éviter des examens complé-
mentaires inutiles, de diminuer l’absentéis-
me scolaire et la restriction des activités.
첸
Etiologie le plus souvent bénigne.
첸
Connaître les signaux d’alerte orientant
vers une pathologie potentiellement grave
et en particulier cardiaque.
첸
Les étiologies les plus fréquentes sont
musculo-squelettiques.