Médecine
& enfance
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INTERROGATOIRE ET
EXAMEN INITIAL [1-3]
Le détail de « l’histoire » de la douleur est
primordial pour arriver au diagnostic le
plus précis possible. La hantise étant les
rares étiologies cardiaques, il faut con -
naître les signaux d’alerte (« red flag » des
Anglo-Saxons) (tableau II). Bien sûr, même
en l’absence de ces signaux, un avis car-
diopédiatrique pourra être indiqué si au-
cune autre cause ne paraît cohérente.
INTERROGATOIRE
Il recherche les éléments suivants :
type de la douleur : écrasement, coup
de poignard, brûlure… (sa description
par le patient est souvent floue et sa lo-
calisation imprécise, surtout s’il s’agit
de petits enfants, lesquels décrivent
tout comme une douleur) ;
palpitations, sensation de tachycar-
die ou de rythme irrégulier ;
caractère aigu ou chronique de la
douleur, localisation ;
existence de facteurs déclenchants :
l’effort en particulier, la toux, certains
mouvements ou positions ;
douleur calmée par certains traite-
ments ou positions ;
association à d’autres douleurs chro-
niques, comme des céphalées ou des
douleurs abdominales ;
notion de traumatisme, sports prati-
qués ;
antécédents médicaux et chirurgi-
caux personnels, antécédents familiaux
de maladie chronique ;
signes associés : fièvre, dyspnée, sibi-
lance, toux, signes digestifs, perte de
poids…
problème scolaire et/ou familial ;
prise médicamenteuse (pilule chez
l’adolescente, vasoconstricteurs, décon-
gestionnants après quinze ans…), tabac
ou autre addiction.
La ou les douleurs thoraciques sont des motifs fréquents de consulta-
tion en pédiatrie, aux urgences, en ville et en cardiopédiatrie (5 à 15 %
des consultations de cette spécialité), et concernent également les gar-
çons et les filles. Dans une population urbaine nord-américaine, elles re-
présentaient le septième motif de consultation chez l’adolescent, et
dans 50 % des cas les parents avaient consulté aux urgences pour les
enfants de moins de douze ans. Elles sont une source d’inquiétude, voi-
re d’angoisse, autant pour l’enfant et ses parents que pour le médecin,
et favorisent l’absentéisme scolaire et la réduction des activités phy-
siques. Chez l’enfant, même si l’étiologie est rarement cardiaque, le but
principal est malgré tout d’éliminer une rarissime ischémie myocardique
ou un éventuel trouble du rythme
(1)
. En colligeant plusieurs études, Col-
lins et al. relèvent que, sur un total de 8136 enfants se présentant aux
urgences, les pathologies cardiaques ne sont retrouvées que dans 0,6 à
1 % des cas
[1]
(0 à 5 % pour d’autres auteurs).
Le but de cette mise au point n’est pas de passer en revue toutes les
causes possibles
(tableau I)
, mais d’envisager une prise en charge ration-
nelle de la douleur thoracique en pédiatrie, douleur dont l’étiologie est
bénigne dans l’immense majorité des cas.
Douleurs thoraciques de l’enfant
et de l’adolescent : de l’organique au virtuel
M. Koskas, pneumopédiatre, Saint-Maur, et service de physiologie respiratoire, hôpital d’Enfants Armand-Trousseau, Paris
F. Iserin, cardiopédiatre, CMSEA, Paris, et service de cardiologie, hôpital Necker-Enfants malades, Paris
(1) Aux Etats-Unis, l’incidence de l’infarctus du myocarde chez
l’adolescent est de 6,6/1 million (soit 157 cas par an), principale-
ment chez le garçon et favorisée par la prise de drogues et/ou
de tabac.
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Chaque étiologie présente des symp-
tômes spécifiques que nous ne repren-
drons pas ici (voir Collins et al. [1] pour
une description exhaustive). Nous cite-
rons uniquement les éléments cliniques
orientant vers une étiologie cardiaque :
douleur centro-thoracique avec pos-
sible irradiation vers le bras gauche, les
épaules et/ou la mâchoire ;
décrite comme « un éléphant assis sur
ma poitrine »
association à des symptômes typi -
ques : pâleur, nausées, hypersudation ;
survenue à l’effort ;
syncope, palpitations.
EXAMEN CLINIQUE
Associé à l’histoire de la douleur, il
conduit dans la majorité des cas à un
diagnostic précis. Il comprend :
pression artérielle, saturation en oxy-
gène ;
poids, taille, indice de masse corpo-
relle ;
auscultation cardiaque (souffle, frot-
tement, arythmie, fréquence…), pul-
monaire (asymétrie, sibilance…), pouls
fémoraux ;
état général, fièvre, coloration, signes
d’anxiété, niveau de vigilance ;
inspection thoracique : hématomes
ou autres signes de traumatisme, respi-
ration asymétrique, thélarche ou gyné-
comastie, cicatrices de chirurgie ;
pectus excavatum ou carinatum, sco-
liose ;
douleur à la mobilisation des
membres supérieurs ou à la palpation à
l’endroit de la douleur ;
manœuvre de Hook (voir plus loin) ;
douleur abdominale, surtout épigas-
trique ; recherche d’une hépatospléno-
mégalie.
Dans la majorité des cas, cette consulta-
tion permettra de rassurer la famille et
aucun examen complémentaire ne sera
nécessaire.
Sinon, une consultation spécialisée
orientée par l’interrogatoire et l’examen
clinique, plus ou moins urgente, pourra
être indiquée :
soit cardiopédiatrique :
systématique en cas de douleur tho-
racique ou de malaise survenant à l’ef-
fort, ou de palpitations, ou de douleur
persistante,
comportant au minimum un ECG (le
plus souvent normal au repos) et une
échocardiographie (étude de la ciné-
tique segmentaire, recherche d’une car-
diopathie ou d’une cardiomyopathie,
analyse du trajet des coronaires, re-
cherche d’une péricardite ou d’une ano-
malie valvulaire, cette dernière étant
éventuellement associée à des troubles
du rythme),
éventuellement complétée selon le
contexte par enzymes cardiaques, holter
ou R-test, épreuve d’effort maximale et,
si cette dernière est positive, par un co-
ronoscan, voire une coronarographie,
s’accompagnant d’un certificat de
contre-indication du sport jusqu’à fina-
lisation du bilan ;
soit autre : urgences, pneumologie,
gastroentérologie, pédopsychiatrie…
Parfois, une radiographie thoracique,
une pHmétrie, une fibroscopie digesti-
ve, des explorations fonctionnelles res-
piratoires peuvent être discutées.
ÉTIOLOGIES MUSCULO-
SQUELETTIQUES [4]
Les anomalies musculo-squelettiques
représentent les étiologies les plus fré-
quentes de douleur thoracique de l’en-
fant. Elles sont sous-diagnostiquées,
mais doivent être connues et reconnues
car, bien que bénignes, elles peuvent in-
duire une anxiété ou un état dépressif
et retentir sur les activités quotidiennes.
Les radiographies et bilans sanguins
n’ont d’intérêt qu’en cas de doute dia-
gnostique. La pathogénie de ces anoma-
lies n’est pas complètement élucidée,
oscillant entre anomalie mécanique,
déséquilibre musculaire et inflamma-
tion neurogénique.
Precordial catch syndrome ou Texidor’s
twinge :
douleur à type de piqûre d’aiguille,
de survenue soudaine et de résolution
complète ;
souvent antérieure gauche et mon-
trée par le doigt ;
durant 30 s à 3 mn ;
indépendante de l’effort, favorisée
par le fait de se pencher et augmentée
par l’inspiration profonde ;
pas de signe associé ou d’anomalie
clinique ;
probablement en rapport avec un
spasme musculaire intercostal.
Ce syndrome est un diagnostic d’exclu-
sion. Fréquent chez l’enfant (moins
chez l’adulte), il est bénin et il faut donc
rassurer.
Précordialgie d’origine psychogène :
fréquente chez l’adolescent ;
pas de facteur déclenchant, douleur
de durée brève ;
parfois tachycardie réactionnelle ;
pas de caractère systématisé ;
épisodes survenant souvent depuis
plus de six mois ;
douleur parfois associée à un syndro-
me d’hyperventilation, à des céphalées
et à des douleurs abdominales ;
antécédents familiaux identiques
(50 %) ;
problème familial ou personnel (di-
vorce, problème médical, accident,
changement d’école…) ;
anxiété et/ou dépression.
Il faut rassurer, voire orienter vers une
psychothérapie.
A la frontière du physiologique
et du psychologique
Plusieurs études [5] ont montré une in-
teraction entre l’arythmie sinusale res-
piratoire (reflet d’un niveau élevé d’ac-
tivité parasympathique) et la réponse à
la douleur, mais également au stress et
à la fatigue. Cette anomalie auscultatoi-
re, souvent retrouvée lors de nos
consultations, peut-elle être prise en
compte sur le plan causal, une fois une
pathologie cardiaque sévère éliminée ?
On peut décrire la séquence suivante : la
douleur (quelle que soit sa cause : diges-
tive, intercostale ou stress) provoque une
tachycardie réflexe majorée par l’aryth-
mie respiratoire (appelée aussi arythmie
sinusale) qui prolonge la douleur jusqu’à
plusieurs minutes, avec parfois sensation
de palpitation. Ces douleurs sont plus fré-
quemment observées chez les enfants
ayant un terrain vagal et se produisent de
façon typique au domicile, pendant le re-
pas ou le soir au coucher.
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Slipping rib syndrome ou syndrome
de Cyriax :
associe douleur thoracique et abdo-
minale ;
dû à une subluxation de l’extrémité
antérieure d’une des côtes flottantes
(huitième à dixième côte) avec trauma-
tisme de l’articulation chondro-chon-
drale et compression du nerf intercostal
correspondant ;
diagnostic par manœuvre de Hook :
patient allongé sur le côté sain, croche-
tage de l’auvent costal vers le haut qui
reproduit la douleur par pincement du
nerf intercostal. Le retour en place du
cartilage luxé peut engendrer un cla-
quement perceptible ;
assez rare chez l’enfant en raison
d’un thorax plus « flexible ».
Le traitement repose sur les antal-
giques, l’abstention des mouvements
déclencheurs, voire des infiltrations.
Syndrome de Tietze :
arthrite chondro-costale siégeant au
niveau des articulations de la deuxième
à la cinquième côte ;
articulation chaude et douloureuse,
tuméfaction en regard ;
rare en pédiatrie.
Le traitement repose sur la chaleur et
les anti-inflammatoires non stéroïdiens
(AINS).
Syndrome costo-sternal
(costochondritis) :
douleur à la jonction chondro-costa-
le, concernant souvent les première à
cinquième côtes et unilatérale gauche ;
douleur à la palpation et augmentée
par les mouvements du haut du corps.
L’association à un déficit en vitamine D
est discutée. Le traitement nécessite du
repos et des étirements, voire des AINS.
AUTRES ÉTIOLOGIES
Les deux cas cliniques ci-dessous, rele-
vés dans la littérature, illustrent la di-
versité des causes possibles de douleur
thoracique chez l’enfant.
Embolie pulmonaire (EP) [6]
Adolescente de seize ans, athlète bas-
ketteuse, mère pédiatre !
Douleur thoracique, gêne respiratoi-
re, sueurs.
Aucun antécédent médico-chirurgical
personnel. Seul médicament : pilule
Tableau I
Principales étiologies des douleurs thoraciques chez l’enfant et l’adolescent
Groupe étiologique Pathologie Fréquence
Musculo-squelettique Os et/ou cartilage : 24-56 %
– syndrome costo-sternal
– syndrome de Tietze
– syndrome de Cyriax
– fractures
– scoliose
Muscle :
– precordial catch syndrome
– tensions ou traumatismes musculaires
Respiratoire – toux 7-20 %
– asthme, bronchoconstriction induite par l’exercice
– pneumonie, pleurésie, pneumothorax, pneumomédiastin,
embolie pulmonaire
Idiopathique 12-52 %
Psychogène – anxiété 1-9 %
– syndrome d’hyperventilation
Digestive – reflux gastro-œsophagien 3-6 %
– œsophagite
– ulcère
Autre – zona (douleur peut précéder le rash de plusieurs jours) 4-11 %
– crise vaso-occlusive, voire syndrome thoracique aigu
chez le drépanocytaire
– fièvre méditerranéenne familiale
– tumeurs
– pathologies du sein (gynécomastie chez garçon, thélarche,
grossesse, etc. chez la fille)
Cardiaque – péricardite 0,6-1 %
– troubles du rythme
– ischémie myocardique (cardiomyopathie obstructive,
anomalies coronaires, sténose aortique…)
– hypertension artérielle pulmonaire
– prolapsus mitral
– dissection aortique
– myocardite
Tableau II
Indicateurs d’alerte orientant vers une
origine cardiaque de la douleur
thoracique
Antécédents personnels de cardiopathie
congénitale ou de maladie de Kawasaki
Syncope d’effort
Douleur cardiaque typique d’effort
Hypercholestérolémie, thrombophilie
(hypercoagulabilité)
Antécédents familiaux de :
– mort subite < 35 ans
– pathologie ischémique du sujet jeune
– arythmies héréditaires type QT long ou
syndrome de Brugada (bloc de branche
droit et sus-décalage de ST)
Sujet porteur d’un défibrillateur
automatique implantable
Syndromes de Marfan ou d’Ehlers-Danlos
de type IV (dissection aortique)
Usage de cocaïne ou d’amphétamines
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microdosée. Seul antécédent familial :
hypertension artérielle et diabète, pas
de cardiomyopathie obstructive, de coa-
gulopathie ni de maladie thrombo-em-
bolique.
Examen : température à 37 °C, fré-
quence cardiaque à 74, fréquence respi-
ratoire à 16, saturation à 100 %, bon
état général, auscultation cardio-pulmo-
naire normale, pas de signes cutanés,
pas de douleur musculaire ou d’œdème.
Bilan comportant ECG, radiographie
thoracique et biologie standard : nor-
mal en dehors d’une hyperleucocytose à
14000.
D-dimères : 1916 ng/ml (normale
< 230).
Tomodensitométrie : multiples
thromboses pulmonaires bilatérales.
Echocardiographie, doppler : nor-
maux.
Examens biologiques complémen-
taires : légère augmentation de la lipo-
protéine A et des facteurs 8 et 9 sans
preuve de cause à effet. Le seul facteur
de risque retrouvé est la pilule.
Traitement : unité de soins intensifs,
anticoagulant. Guérison.
L’EP est rarissime en pédiatrie. Elle est
le plus souvent associée chez l’enfant à
des facteurs favorisants thrombo-embo-
liques (cathéter central, traumatisme,
pathologie cardiaque, pathologie ma-
ligne, syndrome néphrotique, trouble
de la coagulabilité, pilule…).
Ce cas clinique rend compte de la non-
superposition des probabilités pré-test
des enfants et des adultes pour cer-
taines pathologies (ici, le score de Wells
d’EP était à 0, en faveur d’une faible
probabilité) où les sensibilité et spécifi-
cité des critères définis pour des adultes
ne sont pas adaptés à la population pé-
diatrique. Parmi les multiples causes de
douleur thoracique de l’enfant, l’EP est
à évoquer, surtout s’il existe des fac-
teurs de risque, et il faut envisager
d’établir pour l’EP (comme pour la plu-
part des étiologies) des critères dia-
gnostiques spécifiques à la pédiatrie.
Une étiologie singulière liée à notre
époque ! [7]
Garçon de quinze ans, sans antécé-
dents, consultant pendant ses vacances,
souffrant depuis trois jours d’une dou-
leur thoracique au repos.
La douleur, d’intensité variable, est
sus-mamelonnaire gauche avec dyspnée
et douleur au niveau du coude gauche.
Pas de fièvre actuelle ou récente et
examen clinique normal.
ECG, radiographie thoracique, écho-
graphie cardiaque, épreuve d’effort :
normaux.
NFS, troponines, LDH, bilan hépa-
tique et rénal, CRP, ionogramme, bilan
thyroïdien également normaux.
Seule anomalie : une augmentation
des CPK à 814 UI/l (normale < 370).
La reprise de l’interrogatoire retrouve
une pratique intensive, de dix à quinze
heures par jour, de la Xbox pendant ses
deux semaines de vacances !
Les auteurs rapportent par ailleurs un
cas de rhabdomyolyse chez un joueur
de quarante ans qui avait joué sur son
ordinateur sans discontinuité pendant
trois jours sans hydratation correcte :
hospitalisation pour confusion mentale
et insuffisance rénale aiguë, CPK à
13840 UI/l ! La scintigraphie a révélé
de nombreuses hyperfixations muscu-
laires prédominant aux membres supé-
rieurs et aux épaules. Cet homme a gué-
ri en quelques jours grâce à une hydra-
tation IV associée à une diurèse forcée.
LE RÔLE DES PARENTS
Ainsi que le montre une étude israélien-
ne, les parents ont un rôle important
quant au caractère invalidant pour l’en-
fant de cette douleur [8]. Cette étude a
été menée chez 77 enfants et adoles-
cents, âgés de huit à dix-huit ans, pré-
sentant une douleur thoracique non
cardiaque (diagnostic confirmé par une
consultation et un bilan cardiologiques)
et n’étant pas en rapport avec un ulcère
ou un syndrome costo-sternal.
Les enfants remplissaient un premier
questionnaire portant sur l’intensité
(échelles de douleur) et la fréquence de
la douleur (nombre d’épisodes pendant
les deux semaines précédant l’étude),
sa durée et son retentissement sur leurs
activités (physiques et autres).
Un second questionnaire, destiné cette
fois aux parents et aux enfants, concer-
nait la réponse parentale à leur douleur :
attitude protectrice (attention particuliè-
re : « diminue tes activités », et privilèges
spéciaux), ou minimisant la douleur (cri-
tique du comportement de l’enfant : « tu
exagères ta douleur »), ou encourageant
et contrôlant (« continue ses activités »,
« on essaie de le distraire »).
Il ressort de cette étude que, pour 78 %
des enfants, la douleur était présente
depuis plus de trois mois (extrêmes : 2
et 84 mois), que 57 % avaient eu au
moins deux épisodes dans les quinze
derniers jours, que l’intensité moyenne
des douleurs était de 6,35.
Concernant le comportement parental,
il apparaît que les comportements pa-
rentaux trop protecteurs ou dirigistes
pourraient augmenter l’impact de la
douleur sur la vie de l’enfant, alors
qu’au contraire une attitude encoura-
geante aiderait à le réduire.
Les auteurs rappellent qu’il peut y avoir
des différences culturelles quant au
comportement parental vis-à-vis de la
douleur de leur enfant. Cependant,
d’autres études sur les douleurs récur-
rentes ou chroniques en pédiatrie rap-
portent des conclusions similaires.
CONCLUSION
Bien que, dans la majorité des cas,
l’étiologie d’une douleur thoracique soit
POINTS CLÉS
Motif de consultation très fréquent en
pédiatrie et cardiopédiatrie.
Origine cardiaque exceptionnelle chez
l’enfant et l’adolescent.
Une anamnèse précise, un examen cli-
nique et la connaissance des étiologies per-
mettent dans la majorité des cas de rassurer
les familles, d’éviter des examens complé-
mentaires inutiles, de diminuer l’absentéis-
me scolaire et la restriction des activités.
Etiologie le plus souvent bénigne.
Connaître les signaux d’alerte orientant
vers une pathologie potentiellement grave
et en particulier cardiaque.
Les étiologies les plus fréquentes sont
musculo-squelettiques.
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bénigne et ne nécessite qu’une simple
réassurance, les récidives sont fré-
quentes et peuvent altérer les activités
et la qualité de vie. Un suivi de 149 en-
fants a révélé 43 % de persistance à six
mois. Cependant, l’étude de Harvard
sur 3700 sujets n’a révélé aucun décès
d’origine cardiaque à dix ans [9].
Dans les rares cas où un suivi s’avérera
nécessaire, surtout si le diagnostic ini-
tial est incertain, on prendra en charge
l’anxiété familiale et on s’assurera de
l’absence de nouveau signe en faveur
dune pathologie grave.
Références
[1] COLLINS S.A., GRIKSAITIS M.J., LEGG J.P. : « 15-minute
consultation : A structured approach to the assessment of chest
pain in a child », Arch. Dis. Child. Educ. Pract. Ed., 2013 (Epub
ahead of print).
[2] GODART F. : « Douleurs thoraciques : la part de l’organique
et du fonctionnel », présentation CFP2A, Paris 16 novembre 2012
(http://www.sp2a.fr/pdf/CFP2A-2012/douleurs-thoraciques.pdf).
[3] BLAKE J.M. : « A teen with chest pain », Pediatr. Clin. North
Am., 2014 ; 61 : 17-28.
[4] AYLOO A., CVENGROS T., MARELLA S. : « Evaluation and
treatment of musculoskeletal chest pain », Prim. Care, 2013 ; 40 :
863-87.
[5] STURGEON J.A., YEUNG E.W., ZAUTRA A.J. : « Respiratory
sinus arrhythmia : a marker of resilience to pain induction », Int. J.
Behav. Med., 2014 (Epub ahead of print).
[6] TSUNG A.H., WILLIAMS J.B., WHITFORD A.C. : « Sixteen-
year-old athlete with chest pain and shortness of breath due to
pulmonary emboli », J. Emerg. Med., 2013 ; 44:939-42.
[7] HEAL L.J., BAO D.P. : « Chest pain : virtual or pathological ? »,
J. Paediatr. Child Health, 2013 ; 49 : 790-1.
[8] ACHIAM-MONTAL M., LIPSITZ J.D. : « Does parental respon-
se to children’s pain moderate the association between pain se-
verity and functional disability ? An examination of noncardiac
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[9] SALEEB S.F., LI W.Y., WARREN S.Z., LOCK J.E. : « Effective-
ness of screening for life-threatening chest pain in children », Pe-
diatrics, 2011 ; 128 : e1062-8.
INFORMATION DU LABORATOIRE PEDIACT
Lactobacillus reuteri contre les coliques du nourrisson
Les coliques du nourrisson
sont caractérisées par des
pleurs excessifs survenant
chez des enfants de moins de
trois mois par ailleurs en bon-
ne santé et ne présentant pas
de troubles du transit. Elles
sont définies par des pleurs
durant plus de trois heures par
jour pendant au moins trois
Les coliques du nourrisson, bien que banales, peuvent être une
source d’angoisse pour les parents et avoir un retentissement
sur l’ensemble de la famille. Si le rôle du pédiatre est principa-
lement la réassurance, une prescription peut s’avérer nécessai-
re lorsque les coliques sont particulièrement sévères. Le Lacto-
bacillus reuteri Protectis, proposé sous forme de gouttes
(BioGaia®), peut dans ce cadre améliorer la symptomatologie.
Plusieurs études cliniques ont en effet montré, par rapport au
placebo, un impact favorable sur la durée des pleurs. La formu-
lation de BioGaia® a été récemment modifiée pour résister à
l’humidité et ne nécessite donc plus d’être conservée au froid.
jours sur une période de trois
semaines.
Lactobacillus reuteri est l’une
des premières souches à colo-
niser le tube digestif du nou-
veau-né sain. Il contribue à la
mise en place de la flore intes-
tinale, qui, à la naissance, est
immature en raison d’une ca-
rence en lactobacilles. Cette
souche d’origine humaine iso-
lée à partir du lait de mère in-
duit un nouvel équilibre de la
microflore intestinale à l’origi-
ne d’une amélioration de la
motilité digestive et de la
fonction intestinale du nour-
risson. Elle est donc proposée
sous la forme des gouttes pé-
diatriques BioGaia®dans la
prise en charge des coliques
du nourrisson.
Plusieurs études cliniques ont
mis en évidence son intérêt
dans cette indication. Ainsi,
une équipe italienne a montré
une diminution significative
de la durée des pleurs dans un
essai randomisé en double
aveugle contre placebo chez
des nourrissons âgés de deux à
seize semaines sous allaite-
ment maternel. Une autre étu-
de, réalisée en Pologne chez
des nourrissons sous allaite-
ment maternel ou mixte, a
confirmé cette efficacité sur la
durée des pleurs, mais aussi
sur la perception de la sévérité
des coliques par les parents et
sur la qualité de vie de la fa-
mille. D’autres travaux suggè-
rent en outre l’intérêt de ce
lactobacille dans les régurgita-
tions et la constipation fonc-
tionnelle du nourrisson.
Savino F., Cordisco L., Tarasco V., Palumeri E.,
Calabrese R. et al. : « Lactobacillus reuteri
DSM 17938 in infantile colic : a randomized,
double-blind, placebo-controlled trial », Pe-
diatrics, 2010 ; 126 : e526-33.
Szajewska H., Gyrczuk E., Horvath A. : « Lacto-
bacillus reuteri DSM 17938 for the manage-
ment of infantile colic in breastfed infants : a
randomized, double-blind, placebo-control-
led trial », J. Pediatr., 2013 ; 162 : 257-62.
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