S
i l’on ne connaît pas encore
les causes du cancer du
pancréas, on peut suspecter
le tabagisme comme un facteur de
risque, les fumeurs étant beaucoup
plus souvent atteints d’un cancer du
pancréas que les non-fumeurs. En
revanche, cette relation de cause à
effet n’a pas été établie entre la
consommation de café et le cancer
du pancréas. Quant au rôle de l’al-
cool, les avis divergent, bien que les
personnes souffrant d’une pancréa-
tite chronique (souvent d’origine
alcoolique) aient un gros risque de
développer un cancer du pancréas.
Signes de découverte
Les adénocarcinomes de la tête du
pancréas se révèlent fréquemment
par un ictère cholestatique. D’ap-
parition progressive, il n’est accompa-
gné ni de fièvre ni de douleurs.
L’altération de l’état général est en ce
cas liée à l’anorexie. L’ictère peut être
précédé d’une cholestase anicté-
rique où le prurit est le seul signe.
Les cancers du corps et de la queue
du pancréas sont plus rares et de dia-
gnostic plus tardif. Au premier plan :
les douleurs liées alors à l’envahisse-
ment postérieur du plexus solaire.
L’altération de l’état général est sou-
vent majeure.
L’apparition ou l’aggravation d’un dia-
bète, de type II est un autre signe de
découverte. Cela doit faire évoquer
ce cancer chez un homme de plus
de 40 ans sans antécédent familial
de diabète et sans obésité.
Le cancer du pancréas peut égale-
ment se révéler par l’apparition d’un
zona cutané ou d’une phlébite chez
des sujets jusque-là indemnes.
Malheureusement, dans plus de
90 % des cas, le diagnostic d’adéno-
carcinome est fait à un stade où plus
aucun traitement chirurgical à visée
curative n’est possible en raison de
métastases ou d’un envahissement
local d’un vaisseau majeur.
Diagnostic
Pour confirmer la suspicion clinique,
on dose l’antigène CA 19,9 dont un
taux sérique élevé est présent dans
80 % des cas. Ici, c’est surtout l’ima-
gerie médicale qui a toute sa place.
L’échographie abdominale est l’exa-
men de première intention. Elle
montre une dilatation de l’ensemble
des voies biliaires et éventuellement
la tumeur. Elle n’est pas toujours
lisible en échographie. Dans ce cas, il
est utile de faire des examens sup-
plémentaires : le scanner permet le
diagnostic et le bilan d’extension,
notamment vasculaire, ganglionnaire
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
et rétropéritonéal. Le bilan pré-opéra-
toire sera complété par un échodop-
pler utilisé pour déceler un envahis-
sement vasculaire, veineux plus
fréquent qu’artériel.
Traitement
En premier lieu, la chirurgie est indi-
quée sauf lorsque la tumeur est inex-
tirpable en raison de métastases ou
de l’envahissement locorégional, sur-
tout vasculaire, ou d’une contre-indi-
cation chirurgicale liée au terrain. On
discute un traitement chimiothéra-
pique ou radiochimiothérapique, dont
l’efficacité n’est pas démontrée, sur la
durée de survie. En revanche, ces trai-
tements semblent améliorer la qualité
de vie, notamment les douleurs.
Seulement moins de 5 % de l’en-
semble des patients sont vivants
5 ans après le diagnostic. Parmi les
malades dont la tumeur n’est pas
résécable, 50 % sont morts entre
4 et 5 mois après le diagnostic. Parmi
les patients opérés “à visée curative”
(c’est-à-dire dont tout le tissu tumoral
macroscopiquement visible a été
extirpé), le taux de survie à 5 ans est
de 10 à 30 %. Le résultat est d’autant
meilleur que la tumeur est plus petite
et qu’il n’y a pas d’envahissement
ganglionnaire histologique.
Jacques Bidart
Infos ...
Qu’est-ce que le
pancréas ?
Le pancréas est une
glande située dans
l'abdomen, derrière
l'estomac. Cet organe est
doté de deux fonctions :
la fonction dite
exocrine est la
production de sucs qui
participent à la digestion
et qui se déversent dans
l'intestin, au niveau
du duodénum.
La fonction dite
endocrine est la
production d'insuline,
hormone produite par
les îlots de Langerhans
et directement déversée
dans le sang.
Le pancréas se compose
anatomiquement de
trois parties, de gauche
à droite, la queue,
le corps et la tête.
DOSSIER
30
>> DOSSIER
Le pic de fréquence du cancer du pancréas se situe entre 60 et 70 ans. Une fréquence crois-
sante est actuellement voisine de 13/100 000. Les circonstances de découverte de l’adéno-
carcinome du pancréas sont presque toujours liées à son extension anatomique, ce qui crée
la variété de ses manifestations, comme la difficulté de son diagnostic.
Cancer du pancréas
Diagnostiqué parfois trop tard
Adénocarcinome de la tête du pancréas
Principaux signes cliniques Fréquence (%)
Ictère 40-80
Prurit 25
Douleurs abdominales 60-80
Amaigrissement (souvent massif et rapide) 50-80
Thrombophlébite < 15
Vomissement < 15
Pancréatite aiguë < 15
Scanner axial de l’abdomen montrant un
cancer du pancréas. Les reins sont en
rouge, au milieu de la vertèbre (blanc). Au-
dessus, le pancréas (rose pâle). La
tumeur apparaît comme une tâche
orange.
© Airelle-Joubert/Phanie
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