sent une prise en charge de l’en-
semble des mécanismes en cause
dans leur apparition. La réalisation
d’un débridement, avec l’exérèse
de l’hyperkératose, des tissus
remaniés ou infectés, a pour but
d’obtenir une plaie propre et un
tissu de granulation. Ce débride-
ment peut être fait le plus souvent
au lit du malade, en consultation,
ou être chirurgical, si l’atteinte tissu-
laire est trop extensive.
Par la suite, la réalisation de panse-
ments quotidiens est indispensable
pour maintenir la plaie propre et
favoriser le bourgeonnement. On
peut proposer l’utilisation d’antisep-
tique incolore, ou simplement le
sérum physiologique, privilégié par
certaines équipes. Dans tous les
cas, une hygiène parfaite s’impose,
nécessitant assez souvent l’aide
d’une infirmière. Le pansement est
réalisé au moyen de compresses
sèches non adhérentes ou d’un
pansement gras.
Le traitement de l’infection
Lorsque la plaie est profonde, une
antibiothérapie s’impose. Adaptée
à l’antibiogramme, elle doit couvrir
de façon privilégiée le staphylo-
coque doré et les anaérobies. Il
faut éviter les antibiotiques néphro-
toxiques en raison du risque rénal
de ces patients (néphropathie dia-
bétique). Les antibiotiques le plus
souvent utilisés sont l’amoxicilline -
acide clavulanique, les fluoroquino-
lones et la clindamycine. La durée
minimale de traitement ne doit pas
être inférieure à 10 jours. La durée
maximale n’a pas fait l’objet de
consensus ; elle peut être très pro-
longée en cas d’ostéite chronique.
L’arrêt du traitement doit être dis-
cuté en fonction des paramètres
cliniques (évolution de la plaie,
signes inflammatoires, prélève-
ments bactériologiques profonds)
et biologiques (CRP-VS).
L’a ppareillage
L’appareillage est primordial ; il a
pour objectif la protection de la
plaie et, surtout, la suppression de
l’appui anormal au niveau de la
lésion. La réduction de la marche et
des activités en station debout est
indispensable, en augmentant
parallèlement les périodes de
repos. Lors du traitement en ambu-
latoire, l’utilisation de chaussures
de décharge de l’avant-pied ou du
talon à usage temporaire doit être
conseillée afin de supprimer les
traumatismes répétés, mais la
compliance est difficile à obtenir
car elles sont peu confortables.
L’amélioration de l’équilibre glycé-
mique est toujours nécessaire et
implique une intensification du trai-
tement, notamment par une insuli-
nothérapie transitoire dans le dia-
bète non insulinodépendant.
La découverte d’un ulcère, dans un
contexte d’ischémie, entraîne dans
un premier temps une exploration
exhaustive de l’artériopathie et la
discussion d’un geste de revascula-
risation. La restauration d’une
bonne oxygénation tissulaire est
une priorité, car elle permet d’envi-
sager des gestes locaux au niveau
de la plaie et d’obtenir la cicatrisa-
tion. Les lésions artérielles siègent
souvent au niveau sous-poplité et
imposent généralement des gestes
chirurgicaux délicats à type de pon-
tage distal. Certaines lésions peu-
vent bénéficier de l’oxygénothéra-
pie hyperbare, afin d’améliorer
l’oxygénation tissulaire. Ce traite-
ment reste relativement lourd.
La place de la prévention
La gravité des lésions et les difficul-
tés de leur prise en charge nécessi-
tent la mise en place de moyens
de prévention. Ces derniers ont fait
la preuve de leur efficacité sur la
réduction du nombre et de la gra-
vité des lésions et sur les consé-
quences qui en découlent (ampu-
tations, hospitalisations). Cette
prévention doit être adaptée à
chaque patient en tenant compte
du risque lésionnel. Elle est basée
sur un examen systématique des
pieds pour remplacer le signal
d’alarme qu’est la douleur, qui n’est
pas ressentie chez le diabétique.
Lorsqu’une douleur est ressentie
ou lorsqu’il y a un saignement, c’est
déjà trop tard : une plaie vient
d’être provoquée.
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005
Lorsqu’on considère les plaies des
pieds des diabétiques sont incrimi-
nés les chaussures, l’altération de la
statique du pied, les soins de pédi-
cure, une hygiène défectueuse,
des bains de pieds prolongés, une
chaleur excessive, des trauma-
tismes du pied…
Les chaussures peuvent comprimer
ou agir par frottement interne répété.
Les aspérités dues aux coutures ou
au cuir, les zones de décollement à
l’intérieur des chaussures et les corps
étrangers (petit caillou, éclat de
verre…) sont les principales anoma-
lies qui risquent d’être causes de
blessure. Les chaussettes peuvent
également être en cause lorsque la
couture au niveau des orteils est par-
ticulièrement épaisse. Les altérations
de la statique du pied correspondent
aux cas où les chaussures et les sup-
ports plantaires (semelles) ne pré-
sentent pas d’aspérité à l’origine d’un
mal perforant plantaire. L’emploi de
coricides chimiques, l’utilisation de
meuleuses électriques ou, surtout,
l’emploi incontrôlé d’instruments
tranchants ou l’arrachement d’un
lambeau de peau sont en cause.
Dans les espaces entre les orteils ou
sous les orteils peut se développer
une mycose banale favorisée par la
transpiration, la macération et un
défaut d’hygiène. Chez les diabé-
tiques, les mycoses sont encore plus
fréquentes et peuvent conduire à
une véritable infection profonde avec
une plaie. Des accidents peuvent
être liés à la pousse anarchique des
ongles ou à un ongle incarné.
À l’inverse, les bains de pieds prolon-
gés peuvent être à l’origine d’une
infection profonde. Afin de ramollir
les callosités sous les pieds (début
de mal perforant plantaire), on pro-
pose souvent des bains de pieds,
mais cette idée apparemment cor-
recte, est fausse. En effet, la plupart
des callosités sont souvent fissurées,
et les bains de pieds prolongés plus
de 5 minutes créent une macération
au fond de ces fissures, qui favorise
la pénétration en profondeur, dans
les tissus sains, des microbes qui se
trouvent dans ces fissures.
ALP
Colloque sur le pied diabétique, Alfedian
Infos ...
Une cause
extérieure
déclenchante dans
50 à 60 % cas.
Ce sont :
–les chaussures,
–les supports
plantaires,
–l’altération de la
statique du pied,
–les soins de
pédicure,
–les coricides
chimiques,
–l’hygiène
défectueuse,
mycose,
–les ongles
hypertrophiques, ou
incarnés,
–les bains de pieds
prolongés,
–une chaleur
excessive,
–les traumatismes
du pied.
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