L'analyse clinique
- Evalue l'ancienneté de la plaie, son évolution, les thérapeutiques mises en place antérieurement.
- Précise l'aspect de la plaie, sa taille, sa profondeur, grâce à l'utilisation d'un stylet ou d'une sonde
cannelée, la recherche d'un contact osseux ou d'un pertuis profond.
- Recherche des signes inflammatoires locaux (inflammation périlésionelle, collection purulente,
lymphangite), régionaux (adénopathie), généraux (fièvre).
Le bilan vasculaire doit s’orienter en premier vers l’évaluation du degré d'ischémie périlésionnelle par la mesure
des index systoliques ou par la mesure transcutanée de la pression en oxygène des tissus (TCPO2) pour
donner un pronostic de cicatrisation et orienter l'exploration vasculaire.
Si la TCPO2 est supérieure à 30 mm de mercure, la cicatrisation spontanée est possible et l'orientation
thérapeutique privilégie des soins de parages locaux.
Si la TCPO2 est inférieure à 30 mm de mercure, une exploration complémentaire de l'état artériel s'impose
rapidement , dans le but de discuter un geste de revascularisation.
Le bilan initial précise à la fois le grade de la plaie, le niveau d'ischémie et le pronostic de cicatrisation.
2-2-2- PRISE EN CHARGE D'UNE PLAIE A PREDOMINANCE NEUROPATHIQUE
Les soins locaux
En l'absence d'ischémie tissulaire,
- Réalisation d'un débridement, avec l'exérèse de l'hyperkératose, des tissus remaniés ou infectés .
- Par la suite, réalisation de pansements quotidiens pour maintenir la plaie propre et favoriser le
bourgeonnement.
- Nettoyage de la plaie au sérum physiologique. Dans tous les cas, une hygiène parfaite s'impose,
nécessitant souvent l'aide d'une infirmière.
- Fermeture par un pansement gras ou non adhérent.
Le traitement de l'infection
Une antibiothérapie est indiquée en présence de signes cliniques d’infection, et après réalisation d’un
prélèvement bactériologique profond. Elle doit couvrir de façon privilégiée le staphylocoque doré et les
anaérobies puis être adaptée à l'antibiogramme. Les antibiotiques le plus souvent utilisés sont les
antistaphylococciques, l'Amoxiciline-acide clavulanique, les fluoroquinolones, la clindamycine. La durée
minimum de traitement ne doit pas être inférieure à 10 jours. La durée maximum n'a pas fait l'objet de
consensus, elle peut être très prolongée en cas d'ostéite chronique. L'arrêt du traitement doit être discuté en
fonction des paramètres cliniques (évolution de la plaie, signes inflammatoires, prélèvements bactériologiques
profonds) et biologiques (CRP-VS).
L'appareillage de décharge
L'appareillage est primordial, il a pour objectif la protection de la plaie et surtout la suppression de l'appui
anormal au niveau de la lésion. La réduction de la marche et des activités en station debout est indispensable, en
augmentant parallèlement les périodes de repos. Lors du traitement en ambulatoire, l'utilisation de chaussures ou
de botte de décharge est impérative afin de supprimer les traumatismes répétés. La méthode de référence est le
plâtre de décharge. Le relais de cette décharge complète doit être obtenu par la mise en place d'orthèses
plantaires thermomoulées qui favorisent une meilleure répartition des pressions sur l'ensemble de la face
plantaire du pied.
Le contrôle métabolique
L'évaluation du diabète et de son retentissement ne doit pas être négligée. La présence de complications
viscérales associées peut influencer l'orientation thérapeutique. L'amélioration de l'équilibre glycémique est
toujours nécessaire et implique une intensification du traitement, notamment une insulinothérapie dans le
diabète de type 2.