Introduction
Plus de 40 000 nouveaux cas de
cancers sont diagnostique´ s chaque
anne´ e en Belgique. 25 % des can-
cers masculins sont des cancers de
la prostate et 36 % des cancers
fe´ minins sont des cancers du sein.
L’aˆ ge moyen d’incidence des
tumeurs invasives est de 67 ans
chez l’homme (e´ cart-type = 13) et 64
ans chez la femme (e´ cart-type = 16)
[19].
Le traitement des affections
cance´reusesaprogresse´ces30der-
nie`res anne´ es, permettant un
allongement de la dure´ e de vie
des patients [5]. La gue´ rison est
aujourd’hui de plus en plus de
l’ordre du possible. Alors que le
pourcentage de survie relative a`
cinq ans tous sites confondus e´tait
de 35 % entre 1950 et 1954, il e´tait
passe´a` 65 % entre 1995 et 2000 [68].
Ne´ anmoins, la maladie cance´reuse
et ses traitements restent a` l’origine
d’une se´rie de re´ actions cognitives,
e´ motionnelles et comportementales
qui concernent tant le patient que les
membres de sa famille et ses pro-
ches ([18, 28, 32, 48, 49]). Ces
re´ actions s’articulent autour des dif-
fe´rentesphasesdelamaladiecance´-
reuse : les premiers symptoˆmes [2,
75], les traitements [41, 56], la
rechute, la phase pre´ terminale et
terminale [34, 42, 59, 81]), la re´mis-
sion [17, 24, 33] et la gue´ rison [1, 36].
Ainsi, la maladie cance´reuse et
ses traitements engendrent un dys-
fonctionnement psychosocial tou-
chant diffe´rentes sphe` res de la vie
des patients [38, 53-55]. Les patients
peuvent eˆ tre confronte´s a`d’impor-
tantes difficulte´ s physiques ayant
un impact direct sur leur qualite´de
vie et sur celle de leur entourage
[30, 74]. Ils doivent faire face a`des
symptoˆ mes lie´s a` la maladie ou a`
des traitements souvent agressifs
tels que nause´ es, vomissements,
diarrhe´ es, douleur, fatigue et
manque d’e´ nergie pouvant induire
une de´ tresse importante [3, 7, 23,
29, 27, 37, 44, 69, 79]. Ces difficulte´s
physiques modifient conside´rable-
ment les activite´ s quotidiennes des
patients ([15, 52] ainsi que leurs
activite´ s sociales et re´cre´atives
[30]. Par ailleurs, face a` la maladie
chronique, les patients et leurs
conjoints rapportent fre´quemment
des difficulte´s maritales et sexuelles
[8, 25, 26, 43, 64, 67].
De nombreuses e´tudesontainsi
montre´que10a` 50 % des patients
atteints d’un cancer pre´ sentent de
hauts niveaux de de´ tresse [9, 12].
Cette de´ tresse n’est souvent pas un
phe´nome` ne passager puisque
d’autres e´ tudes ont montre´quele
niveau de de´ tresse en un temps
donne´e´taitpre´ dicteur du niveau de
de´ tresse futur [10]. Non traite´e, la
de´ tresse peut avoir des conse´quen-
ces a` long terme sur l’adhe´ sion du
patient aux traitements [40], sur sa
dure´ e d’hospitalisation [63], sur ses
chances de survie [20, 35], sur son
de´ sir d’un de´ce` s anticipe´ [4] et sur
sa qualite´ de vie ainsi que celle de
ses proches [30, 58, 80]. Il est de`s
lors important que la de´ tresse e´mo-
tionnelle soit reconnue aussitoˆ t que
possible dans le de´cours de la
maladie et que les difficulte´ s ren-
contre´ es par les patients soient
identifie´ es pour pouvoir eˆ tre prises
en charge. Les me´ decins et infir-
mier (ie` res) ont un roˆle important
dans ce contexte.
A
`notre connaissance, aucune
e´tude n’a e´te´mene´ e afin d’e´valuer
quantitativement et qualitativement
les besoins psychosociaux des
patients atteints d’un cancer ainsi
que les aides qu’ils souhaitent et
rec¸oiventdelapartdeme´ decins
spe´ cialistes et d’infirmiers (ie`res).
Cet article a pour objectif de pre´-
senter une premie`re e´ tude natio-
nale belge visant a`de´passer cette
double limite.
Me´ thode
Recrutement des sujets
Diffe´ rents services de soins spe´ci-
fiquement oncologiques de sept
institutions hospitalie` res belges
prenant en charge des patients
francophones et ne´ erlandophones
ont e´te´recrute´s. Deux hoˆ pitaux ne
posse´ dant aucun service de soins
spe´ cifiquement oncologiques ont
e´galemente´te´ recrute´ s. L’ensemble
des patients de plus de 18 ans
atteints d’un cancer et hospitalise´s
au sein de ces services de janvier a`
novembre 2004, de meˆ me que les
me´decins spe´ cialistes assurant la
prise en charge de ces patients ont
e´te´invite´s a` prendre part a`l’e´ tude.
Suite a` une randomisation, un
patientdeplusde18anssurdeux,
atteint d’un cancer et consultant au
sein de ces services durant la
pe´riode de re´ colte des donne´es, de
meˆ me que les me´ decins spe´ cia-
listes assurant la consultation ont
e´te´ invite´s a` prendre part a`l’e´tude.
Se´ lection des sujets
Les conditions d’e´ ligibilite´des
patients sont les suivantes : eˆ tre
aˆge´ s de 18 ans minimum, savoir
qu’ils ont un cancer et ne pas se
trouver dans la phase de premier
diagnostic, ne pas eˆ tre hospitalise´s
en soins palliatifs, avoir une connais-
sance de la langue franc¸aise ou
ne´ erlandaise suffisante pour partici-
per a` l’e´tude, eˆ tre exempts de trou-
bles cognitifs, avoir donne´leur
accord e´crit quant a` leur participa-
tion a` l’e´tudea` l’aide d’un formulaire
de consentement informe´.
Les conditions d’e´ ligibilite´des
me´decins spe´ cialistes sont les sui-
vantes : eˆ tre identifie´ s comme le
me´ decin de re´fe´ rence du patient
dans le cadre de l’hospitalisation ou
mener la consultation me´ dicale dans
le cadre ambulatoire, eˆtre me´decins
spe´ cialistes ou en cours de spe´ ciali-
sation et eˆ tre rattache´sa` l’institution
participante, avoir donne´leuraccord
oral quant a` leur participation a`
l’e´tude.
Type d’e´tude
Il s’agit d’une e´ tude descriptive,
multicentrique, nationale.
Recueil des donne´es
L’e´ valuation des sujets a e´te´re´ ali-
se´ e individuellement. La re´ colte des
donne´es a e´te´re´alise´e par une
e´ quipe de chercheurs universitaires
inde´ pendante des institutions hos-
pitalie` res dans lesquelles le recru-
tement des sujets a eu lieu. Les
patients ont tous e´te´contacte´s via
ces institutions hospitalie` res. En
ambulatoire comme en hospitalisa-
tion, les patients ont rec¸ u une lettre
ONCOLOGIE
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