Correspondances en Onco-hématologie - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2010
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dossier thématique
Risques organiques
Partie I
ToxicitĂ©âœ“des✓traitements✓des✓leucĂ©mies✓
et✓des✓cancers✓sur✓la✓fonction✓ovarienne✓
et✓prĂ©servation✓de✓la✓fertilitĂ©
Toxic effects of treatments of leukaemia and cancer on ovarian function 
and fertility preservation
C. Poirot*, A. Fortin**, M. Prades*, B. Schubert*, A. Anastacio*, G. Lefebvre**
D
epuis plusieurs annĂ©es, l’amĂ©lioration de la
survie des enfants, des adolescentes et des
jeunes adultes aprĂšs un traitement antican-
cĂ©reux doit prendre en compte les e ets secondaires Ă 
long terme de ces thérapeutiques, et notamment ceux
concernant la fonction gonadique. En e et, ils peuvent
entraüner une insu sance ovarienne secondaire soit
prĂ©maturĂ©e, soit dé nitive dĂšs la  n du traitement, et
donc une infertilité. Pouvoir avoir un enfant aprÚs un
cancer étant un élément important pour la qualité de
vie, il est essentiel de prendre en compte cette toxicité.
Ce d’autant plus que, selon les estimations, 357 768 nou-
* UF de biologie de la
reproduction, hĂŽpital de
la PitiĂ©-SalpĂȘtriĂšre, Paris ;
université Paris VI.
** Service de
gynécologie- obstétrique,
hÎpital de la Pitié-
SalpĂȘtriĂšre, Paris.
R É S U M É
Summary
»
L’eïŹ€ et dĂ©lĂ©tĂšre des traitements des maladies malignes sur la
fertilité est connu, provoquant chez la femme une perte de la
fonction ovarienne. Cette atteinte de la fonction ovarienne peut
intervenir aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte. Un aspect
important de la qualité de vie de ces patientes aprÚs le cancer est
de pouvoir devenir mÚre. Pour préserver la fertilité de ces femmes
jeunes, des méthodes de préservation de la fertilité peuvent
ĂȘtre proposĂ©es. Trois techniques d’assistance mĂ©dicale Ă  la
procrĂ©ation sont envisageables : la cryoconservation d’embryons,
la cryoconservation d’ovocytes matures et la cryoconservation
de cortex ovarien. La cryopréservation des embryons ou des
ovocytes nĂ©cessite une stimulation de l’ovulation qui n’est pas
forcément possible pour toutes les patientes présentant un
cancer : elle n’est pas rĂ©alisable pour la petite ïŹ lle prĂ©pubĂšre
et elle nécessite un laps de temps parfois incompatible avec
la mise en route du traitement en urgence ; elle n’est pas non
plus possible en cas de tumeur ƓstrogĂ©no-dĂ©pendante. Le
taux de grossesses par transfert d’embryons congelĂ©s est de
l’ordre de 20 %. Environ 1 000 enfants sont nĂ©s aprĂšs congĂ©lation
ovocytaire. La cryoconservation de cortex ovarien oïŹ€ re l’avantage
de prĂ©server un grand nombre d’ovocytes et est la seule
technique applicable aux enfants prépubÚres. Le cortex ovarien
cryoconservĂ© peut ensuite ĂȘtre greïŹ€ Ă© ou maturĂ© in vitro. À ce
jour, 11 enfants sont nĂ©s de par le monde aprĂšs une greïŹ€ e de
cortex ovarien cryoconservé.
Mots-clĂ©s✓:✓FertilitĂ©âœ“â€“âœ“Cryoconservation✓ovarienne✓–✓Cancer.
The adverse eïŹ€ ects of treatment of malignant disease on
reproductive function are well known in women, resulting
in loss of ovarian function. The eïŹ€ ects on ovary occur both
pre-pubertally as well as in adulthood. An important quality-
of-life issue to these patients is the ability to bear healthy
children. To preserve fertility for young women, many
techniques are available, including embryo cryopreservation,
oocyte cryopreservation and ovarian tissue cryopreservation.
Embryo and oocyte cryopreservation require ovarian
stimulation and is not universally applicable to cancer
patients, being inappropriate for prepubertal girls, could
present an unacceptable delay in cancer treatment and
is not possible in case of Ɠstrogen-sensitive tumours. The
pregnancy rate per frozen embryo transfer is around 20 %.
About 1,000 children are born after an oocyte freezing.
Ovarian tissue cryopreservation has the potential advantages
of preservation of a large number of oocytes and is the only
feasible for prepubertal girl. The stored ovarian tissue can
then later be reimplanted or matured entirely in vitro. By
now, worldwide, 11 babies have born following cryopreserved
ovarian tissue autograft.
Keywords: Fertility – Ovarian tissue cryopreservation – Cancer.
Correspondances en Onco-hématologie - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2010
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Toxicité des traitements des leucĂ©mies et des cancers 
sur la fonction ovarienne et prĂ©servation de la fertilitĂ©
veaux cancers auront été diagnostiqués en 2010 en
France, dont 42,6 % chez des femmes (données INCa,
InVS), et qu’en 2000, la proportion de femmes ĂągĂ©es
de 0 Ă  39 ans atteintes d’un cancer avait Ă©tĂ© estimĂ©e Ă 
28 % (données InVS).
Doses et modalités des traitements
Ă  l’origine de la toxicitĂ©
Le risque d’infertilitĂ© Ă  la suite du traitement d’un cancer
dĂ©pend essentiellement de l’ñge de la patiente, du type
de traitement (chimiothérapie et/ou radiothérapie) et
des doses et molécules utilisées.
Radiothérapie
Les radiations ionisantes ont des e ets dĂ©lĂ©tĂšres sur la
fonction ovarienne, quel que soit l’ñge de la patiente,
mais le degrĂ© et la persistance de l’atteinte de la fonction
ovarienne dĂ©pendent de la dose, des champs d’irra-
diation et de l’ñge de la patiente. Les ovaires sont expo-
sĂ©s Ă  des doses signi catives lorsque la radiothĂ©rapie est
pratiquée dans la région pelvienne ou abdominale, ou
en cas d’irradiation corporelle totale. La dose estimĂ©e
à laquelle la moitié des follicules sera atteinte dans
l’espĂšce humaine est de 4 Gy (1). Une Ă©tude publiĂ©e
en 1999 (2) indique que le risque d’insu sance ova-
rienne prématurée survenant chez des femmes ayant
Ă©tĂ© traitĂ©es dans l’enfance augmente signi cativement
avec l’accroissement de la dose d’irradiation en cas de
radiothérapie abdomino-pelvienne ; ainsi, le risque
relatif était de 1,02 pour des doses inférieures à 20 Gy,
de 1,37 pour des doses comprises entre 20 et 35 Gy, et
de 3,27 lorsque les doses étaient supérieures à 35 Gy.
Le risque d’insu sance ovarienne dĂ©pend aussi de
l’ñge de la patiente. Chez les femmes ĂągĂ©es de moins
de 40 ans, l’insu sance ovarienne dé nitive survient
aprÚs une dose de 20 Gy ; chez les femmes plus ùgées,
une dose de seulement 6 Gy aura les mĂȘmes consĂ©-
quences (3).
Le mode d’administration est Ă©galement important.
En cas de radiothérapie corporelle totale, E. Thibaud et
al. ont montrĂ© qu’une simple dose infĂ©rieure ou Ă©gale
Ă  10 Gy reçue avant la pubertĂ© causait un taux d’in-
su sance ovarienne entre 55 et 88 %. Avec des doses
fractionnĂ©es Ă©gales ou supĂ©rieures Ă  15 Gy, l’insu sance
ovarienne était constante (4).
Par ailleurs, la radiothĂ©rapie est toxique sur l’utĂ©rus,
entraßnant un défaut de son développement et des
anomalies de l’endomĂštre pouvant ĂȘtre Ă  l’origine de
troubles de l’implantation embryonnaire et d’un taux
plus élevé de fausses couches spontanées.
Chimiothérapie
L’impact de la chimiothĂ©rapie est moindre sur les
ovaires des petites  lles, qui contiennent un plus grand
nombre d’ovocytes, que sur les ovaires de femmes plus
ĂągĂ©es. Ainsi, les jeunes  lles supportent des doses plus
Ă©levĂ©es de chimiothĂ©rapie avant qu’une insu sance
ovarienne ne survienne. Toutes les classes de chimio-
thĂ©rapie n’ont pas la mĂȘme toxicitĂ© sur les ovaires :
certaines sont plus toxiques, comme les agents alky-
lants, qui détruisent non seulement les follicules en
croissance, mais aussi les follicules primordiaux de la
rĂ©serve folliculaire, pouvant ainsi ĂȘtre responsables
d’une stĂ©rilitĂ© dé nitive (tableau I). Les auteurs ne
mentionnant pas de doses, ce risque est Ă  moduler
selon les doses totales et l’ñge de la patiente.
Les traitements par chimiothérapie intensive suivis
de l’injection d’un greffon de cellules souches
hématopoïétiques (CSH) autologue ou allogé-
nique permettent de guérir un nombre important
de patientes atteintes d’hĂ©mopathies malignes et
de tumeurs solides mais sont trĂšs souvent respon-
sables d’une insuffisance ovarienne dĂ©finitive dĂšs
la fin du traitement, et parfois quel que soit l’ñge
de la patiente. En effet, si le busulfan s’accompagne
d’un risque trĂšs Ă©levĂ© de stĂ©rilitĂ© dĂ©finitive, mĂȘme
chez la petite fille (5), ce risque semble moins impor-
tant aprùs l’utilisation de cyclophosphamide ou de
melphalan (6).
Mesures préventives : préservation
de la fertilité féminine
A n de pallier la gonadotoxicitĂ© induite par les traite-
ments, il est trĂšs important de proposer aux patientes
des techniques de prĂ©servation de la fertilitĂ©. Il s’agit
d’un domaine d’investigation rĂ©cent et prometteur,
mais dont certaines techniques sont encore expérimen-
tales. Les principales options sont la cryoconservation
d’embryons, la cryoconservation d’ovocytes matures,
ou la cryoconservation de cortex ovarien.
Tableau I. Di Ă©rentes chimiothĂ©rapies selon leur degrĂ© de toxicitĂ© ovarienne (d’aprĂšs
[7] 
et
[8]
).
Haut risque Risque
intermédiaire Risque faible
ou absent Risque
inconnu
Cyclophosphamide
Chlorambucil
Melphalan
Busulfan
Moutarde azotée
Procarbazine
Cisplatine
Adriamycine
Méthotrexate
5-ïŹ‚ uorouracile
Vincristine
Bléomycine
Actinomycine D
Taxanes
Oxaliplatine
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Risques organiques
Partie I
dossier thématique
La✓cryoconservation✓d’embryons
La premiÚre grossesse aprÚs congélation-décongélation
embryonnaire a été obtenue en 1983. En accord avec
l’arrĂȘtĂ© du 11 avril 2008 relatif aux rĂšgles de bonnes
pratiques cliniques et biologiques d’assistance mĂ©dicale
Ă  la procrĂ©ation, cette technique peut ĂȘtre aussi propo-
sée avant traitement potentiellement stérilisant dans
le cadre de la préservation de la fertilité. Néanmoins,
elle est réservée aux femmes mariées ou en mesure
d’apporter la preuve d’une vie commune d’au moins
2 ans. En pratique, elle nécessite une stimulation de
l’ovulation a n de recueillir en mĂȘme temps plusieurs
ovocytes qui, aprĂšs fĂ©condation in vitro, pourront ĂȘtre
congelĂ©s sous forme d’embryons en vue de leur trans-
fert ultĂ©rieur et d’une grossesse. Malheureusement,
cette technique est trĂšs souvent impossible Ă  mettre
en Ɠuvre compte tenu de son temps de rĂ©alisation (4
Ă  6 semaines) et de l’urgence du traitement anticancĂ©-
reux. La stimulation de l’ovulation est contre-indiquĂ©e
en cas de tumeur ƓstrogĂ©nodĂ©pendante. De plus, elle
n’est pas sans poser des problĂšmes Ă©thiques si le couple
se sĂ©pare ou si l’un d’eux dĂ©cĂšde.
Pour le moment, la cryoconservation d’embryon reste
toutefois la technique la plus e cace, en termes de
grossesse, parmi toutes les techniques de préserva-
tion de la fertilité. Les taux de grossesses par transfert
embryonnaire sont de l’ordre de 20 % (bilan Agence
de la biomédecine).
La✓cryoconservation✓d’ovocytes✓matures
La premiÚre naissance obtenue par fécondation in vitro
d’un ovocyte prĂ©alablement congelĂ© et dĂ©congelĂ© a
Ă©tĂ© rapportĂ©e en 1986. Avec l’amĂ©lioration des tech-
niques de cryobiologie, les taux de survie ovocytaire
ont augmenté. Les techniques de fécondation assistée
(micromanipulation) utilisées en assistance médicale à
la procrĂ©ation ont permis d’obtenir de meilleurs taux de
fécondation. Ainsi, depuis 1997, les taux de survie ovo-
cytaire atteignent 82 % et les taux de fécondation 89 %.
LĂ  aussi, pour pouvoir congeler plusieurs ovocytes, une
stimulation de l’ovulation est nĂ©cessaire, avec les mĂȘmes
réserves que précédemment. Une méta-analyse publiée
en 2009 rapporte la naissance d’au moins 936 enfants
à travers le monde aprÚs congélation ovocytaire (9).
La✓cryoconservation✓de✓cortex✓ovarien
Dans l’espĂšce humaine, la congĂ©lation de fragments
ovariens est une technique  able en termes de survie
ovocytaire, permettant de conserver un grand nombre
d’ovocytes. Il est donc apparu possible, depuis une
quinzaine d’annĂ©es, de proposer cette technique Ă  des
patientes devant subir un traitement fortement gonado-
toxique (agents alkylants à forte dose, radiothérapie
touchant les ovaires et chirurgie ovarienne). En e et, en
cas de traitement non totalement gonadotoxique, il est
important d’évoquer la balance bĂ©né ce/risque pour la
fonction ovarienne et ne pas proposer cette technique
si elle apparaßt plus délétÚre pour la fonction ovarienne
que les traitements. Il y a trÚs peu de données quant
à l’e et d’une ovariectomie sur la fonction ovarienne
résiduelle. Mais, les deux ovaires ayant un contenu fol-
liculaire identique, retirer un ovaire ampute de moitié
le pool folliculaire. Il a d’ailleurs Ă©tĂ© montrĂ© qu’une
ovariectomie unilatérale pratiquée dans un groupe
de femmes ùgées de 35 à 49 ans pouvait entraßner une
augmentation de la FSH (hormone folliculo-stimulante),
signe d’un dé cit ovarien. En pratique, la cryoconser-
vation d’ovaire est trĂšs rarement e ectuĂ©e aprĂšs l’ñge
de 35 ans en raison de la baisse de la fertilité naturelle
Ă  partir de cet Ăąge et d’un certain degrĂ© d’altĂ©ration
du pool folliculaire aprÚs congélation-décongélation.
En France, une vingtaine de centres d’assistance
médicale à la procréation pratiquent cette technique
(encadré). Entre 1995 et 2010, 865 patientes ont ainsi
bĂ©né ciĂ© d’une cryoconservation de cortex ovarien
(bilan du Groupe d’étude et de recherche sur la cryo-
conservation de l’ovaire et du testicule [GrĂ©cot]).
La cryoconservation de cortex ovarien prĂ©sente l’avan-
tage de la rapiditĂ©, ce qui permet de ne pas di Ă©rer
le début du traitement ; elle est aussi possible entre
deux cures chez une patiente ayant déjà débuté son
traitement. L’organisation du prĂ©lĂšvement d’ovaire en
vue de sa cryoconservation est parfois di cile en raison
d’un programme thĂ©rapeutique chargĂ© et lourd. C’est
Encadré. Comment trouver un centre agréé pour la congélation de tissu ovarien dans votre région.
(d’aprùs http://www.agence-biomedecine.fr)
Correspondances en Onco-hématologie - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2010
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pourquoi les centres de cryobiologie qui proposent cette
technique doivent avoir une organisation trĂšs souple,
permettant de nombreux changements (schéma). Il ne
faut pas oublier, par ailleurs, que cette intervention est
un geste supplémentaire par rapport à la prise en charge
de la maladie, qui est dĂ©jĂ  lourde. C’est en n la seule
technique applicable aux petites  lles prĂ©pubĂšres (10).
Aspects pratiques de la congélation
de cortex ovarien
Le prélÚvement de tissu ovarien et sa conservation ne
peuvent se faire qu’au sein dâ€˜Ă©tablissements pourvus
d’une autorisation et par des praticiens bĂ©né ciant d’un
agrĂ©ment. Il est plani Ă© aprĂšs consentement Ă©crit et
signé de la patiente et/ou de ses parents. Il se fait par
cƓlioscopie ou par laparotomie. Le plus souvent, un
ovaire entier est prĂ©levĂ©, quel que soit l’ñge de la patiente.
DĂšs son prĂ©lĂšvement, l’ovaire est acheminĂ©, dans des
conditions de transport adaptĂ©es, jusqu’au laboratoire
assurant sa congélation. Avant la congélation propre-
ment dite, la médullaire est retirée et le cortex ovarien
est isolé et fragmenté. Chaque fragment est placé dans
un cryotube contenant la solution de la congélation,
puis est congelĂ© et conservĂ© dans de l’azote liquide.
Lors de chaque congélation, un examen anatomopatho-
logique est e ectuĂ© sur un fragment de cortex ovarien
ainsi que sur la mĂ©dullaire. Il permet d’e ectuer un
comptage et une classi cation des follicules prĂ©sents
et de détecter une éventuelle localisation secondaire
de la pathologie, dans les limites du fragment examiné.
Les utilisations du cortex ovarien
Les ovocytes contenus dans le cortex ovarien sont
immatures. Pour aider une patiente Ă  avoir des enfants,
il faut faire maturer les ovocytes. Cette maturation ovo-
cytaire peut se faire soit in vivo (autogre e de cortex
ovarien), soit in vitro (culture de follicules ovariens).
‱ L’autogre e de fragments ovariens
Dans l’espùce humaine, la premiùre gre e de cortex ova-
rien a été publiée en 2000 par K. Oktay et G. Karlikaya (11).
Elle a permis d’obtenir, aprùs stimulation de l’ovulation,
un dĂ©veloppement folliculaire et une sĂ©crĂ©tion d’Ɠstra-
diol. La naissance du premier enfant a été rapportée
en octobre 2004 par l’équipe de J. Donnez, Ă  la suite
d’une gre e orthotopique (12). Depuis, dans le cadre
de maladies malignes, 10 grossesses ont été rapportées
ayant abouti à la naissance de 9 enfants en bonne santé,
pour une trentaine de patientes gre Ă©es (tableau II).
En cas de pathologie maligne di use comme les leucĂ©-
mies, le risque majeur de la gre e de fragments ovariens
est la réintroduction de la maladie initiale par le biais
Tableau II. Grossesses obtenues aprùs autogre e de cortex ovarien pour des patientes ayant sou ert
d’une maladie maligne.
Auteur (annĂ©e) Âge
au moment
du prélÚvement
d’ovaire
Pathologie Résultats
autogreïŹ€ e
ovaire
Donnez (2004) [12] 25 ans Hodgkin 1 enfant
Meirow (2005) [13] 28 ans Lymphome
non hodgkinien
1 enfant
Demeestere (2006) [14] 24 ans* Hodgkin Fausse couche
spontanée
(9 SA)
Rosendahl (2006) [15] 28 ans Hodgkin Grossesse
biochimique
Demeestere (2007) [16] 24 ans* Hodgkin 1 enfant
Andersen (2008) [17] 26 ans
27 ans**
Hodgkin
Sarcome d’Ewing
1 enfant
1 enfant
Sanchez-Serrano (2010) [18] 36 ans Cancer du sein Jumeaux
Ernst (2010) [19] 27 ans** Sarcome d’Ewing 1 deuxiùme
enfant
Demeestere (2010) [20] 24 ans * Hodgkin 1 deuxiĂšme
enfant
*,** MĂȘme patiente.
SchĂ©ma. En pratique : la cryoconservation d’ovaire.
Principales indications
‱ Agents alkylants à forte dose
‱ RadiothĂ©rapie ovarienne
‱ Conditionnement prĂ©greïŹ€e
* Ovariectomie
Appeler le centre
de cryobiologie autorisé
Consultations :
‱ Biologiste agréé
‱ Chirurgien
‱ AnesthĂ©siste
‱ Signature du consentement
de la patiente et/ou des parents
lors de la consultation avec le biologiste
‱ Planication du prĂ©lĂšvement d’ovaire
‱ Ovariectomie unilatĂ©rale
en général
‱ Cryoconservation
de fragments ovariens
Envoi d’un compte-rendu
de cryoconservation
au médecin référent
et Ă  la patiente et/ou aux parents
‱ Chaque annĂ©e : envoi Ă  la patiente
et/ou à ses parents d’un document
de suivi de conservation
‱ Le mĂ©decin rĂ©fĂ©rent pour la pathologie
informe le biologiste de la reproduction
de l’état de santĂ© de la patiente
Toxicité des traitements des leucĂ©mies et des cancers 
sur la fonction ovarienne et prĂ©servation de la fertilitĂ©
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Risques organiques
Partie I
dossier thématique
Tableau III. Pathologies Ă  risque de mĂ©tastases ovariennes (d’aprĂšs
[7]
).
Risque faible Carcinome du col utérin
Sarcome d’Ewing
Cancer du sein (stades I-III)
Tumeur de Wilms
Lymphome non hodgkinien
Maladie de Hodgkin
Ostéosarcome
Rhabdomyosarcome non génital
Risque modéré Cancer du sein (stade IV)
Cancer du cĂŽlon
Adénocarcinome du col utérin
Risque élevé Leucémie
Lymphome de Burkitt
Neuroblastome
Rhabdomyosarcome génital
de cellules tumorales présentes dans les fragments. Les
pathologies ont été classées selon le risque de présence
d’une localisation ovarienne (tableau III).
En consĂ©quence, l’autogre e ne sera pas envisageable
pour toutes les patientes, d’oĂč l’intĂ©rĂȘt de dĂ©velopper
d’autres mĂ©thodes d’utilisation.
‱ La croissance de follicules ovariens in vitro
La culture de follicules ovariens consiste à e ectuer une
maturation folliculaire et ovocytaire in vitro, a n d’obte-
nir des ovocytes matures capables d’ĂȘtre fĂ©condĂ©s pour
un développement embryonnaire complet. Ce procédé
éviterait de transférer des tissus ou des cellules soma-
tiques potentiellement à risque à la patiente guérie.
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R Ă© f Ă© r e n c e s
AprÚs congélation, seuls les stades primordiaux et pri-
maires survivent ; il est donc impératif de développer des
systĂšmes de culture assurant toute la folliculo genĂšse.
Les travaux sur la folliculogenùse in vitro dans l’espùce
humaine ne sont pas trĂšs nombreux. Jusqu’à prĂ©sent, ces
techniques ont permis d’obtenir des ovocytes matures
et des naissances uniquement dans le modĂšle murin.
Conclusion
Des techniques de préservation de la fertilité existent et
doivent ĂȘtre proposĂ©es aux patientes devant subir des
traitements stérilisants. Le choix de la technique dépendra
de nombreux paramĂštres (Ăąge de la patiente, statut
marital, type de traitement, doses des traitements, etc.).
Des avancées trÚs importantes ont été réalisées dans
le domaine des utilisations de la cryoconservation de
cortex ovarien. Malgré tout, la décision de prélever
du tissu ovarien n’est pas toujours facile et doit ĂȘtre
prise de maniĂšre ré Ă©chie et pluridisciplinaire. Ne pas
faire de cryoconservation de cortex ovarien en cas de
traitement stĂ©rilisant pourrait ĂȘtre prĂ©judiciable pour
la patiente, mais, à l’inverse, une ovariectomie partielle
ou totale chez une patiente dont le traitement ne serait
pas stĂ©rilisant pourrait l’ĂȘtre tout autant.
En consĂ©quence, il est trĂšs important d’adapter les
techniques au risque d’infertilitĂ© et de ne pas ĂȘtre
plus délétÚre avec les techniques de préservation de
la fertilitĂ© qu’avec les traitements.
■
Pour plus d’informations
www.concoursartistique-te.fr
www.facebook.com/Mavie.maTE
www.shire-te.fr
XAG3510-07/2010
avec le soutien du laboratoire
Association de patients
www.alte-asso.org
Une autre façon de parler avec vos patients
de leur Thrombocytémie Essentielle
Annonces Presses Concours v4 22/11/10 14:18 Page 1
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