Risques organiques Partie I dossier thématique Toxicité✓des✓traitements✓des✓leucémies✓ et✓des✓cancers✓sur✓la✓fonction✓ovarienne✓ et✓préservation✓de✓la✓fertilité Toxic effects of treatments of leukaemia and cancer on ovarian function and fertility preservation C. Poirot*, A. Fortin**, M. Prades*, B. Schubert*, A. Anastacio*, G. Lefebvre** RÉSUMÉ fertilité est connu, provoquant chez la femme une perte de la fonction ovarienne. Cette atteinte de la fonction ovarienne peut intervenir aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte. Un aspect important de la qualité de vie de ces patientes après le cancer est de pouvoir devenir mère. Pour préserver la fertilité de ces femmes jeunes, des méthodes de préservation de la fertilité peuvent être proposées. Trois techniques d’assistance médicale à la procréation sont envisageables : la cryoconservation d’embryons, la cryoconservation d’ovocytes matures et la cryoconservation de cortex ovarien. La cryopréservation des embryons ou des ovocytes nécessite une stimulation de l’ovulation qui n’est pas forcément possible pour toutes les patientes présentant un cancer : elle n’est pas réalisable pour la petite fille prépubère et elle nécessite un laps de temps parfois incompatible avec la mise en route du traitement en urgence ; elle n’est pas non plus possible en cas de tumeur œstrogéno-dépendante. Le taux de grossesses par transfert d’embryons congelés est de l’ordre de 20 %. Environ 1 000 enfants sont nés après congélation ovocytaire. La cryoconservation de cortex ovarien offre l’avantage de préserver un grand nombre d’ovocytes et est la seule technique applicable aux enfants prépubères. Le cortex ovarien cryoconservé peut ensuite être greffé ou maturé in vitro. À ce jour, 11 enfants sont nés de par le monde après une greffe de cortex ovarien cryoconservé. Summary » L’effet délétère des traitements des maladies malignes sur la Mots-clés✓:✓Fertilité✓–✓Cryoconservation✓ovarienne✓–✓Cancer. * UF de biologie de la reproduction, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris ; université Paris VI. ** Service de gynécologie-obstétrique, hôpital de la PitiéSalpêtrière, Paris. 220 D The adverse effects of treatment of malignant disease on reproductive function are well known in women, resulting in loss of ovarian function. The effects on ovary occur both pre-pubertally as well as in adulthood. An important qualityof-life issue to these patients is the ability to bear healthy children. To preserve fertility for young women, many techniques are available, including embryo cryopreservation, oocyte cryopreservation and ovarian tissue cryopreservation. Embryo and oocyte cryopreservation require ovarian stimulation and is not universally applicable to cancer patients, being inappropriate for prepubertal girls, could present an unacceptable delay in cancer treatment and is not possible in case of œstrogen-sensitive tumours. The pregnancy rate per frozen embryo transfer is around 20 %. About 1,000 children are born after an oocyte freezing. Ovarian tissue cryopreservation has the potential advantages of preservation of a large number of oocytes and is the only feasible for prepubertal girl. The stored ovarian tissue can then later be reimplanted or matured entirely in vitro. By now, worldwide, 11 babies have born following cryopreserved ovarian tissue autograft. Keywords: Fertility – Ovarian tissue cryopreservation – Cancer. epuis plusieurs années, l’amélioration de la survie des enfants, des adolescentes et des jeunes adultes après un traitement anticancéreux doit prendre en compte les effets secondaires à long terme de ces thérapeutiques, et notamment ceux concernant la fonction gonadique. En effet, ils peuvent entraîner une insuffisance ovarienne secondaire soit prématurée, soit définitive dès la fin du traitement, et donc une infertilité. Pouvoir avoir un enfant après un cancer étant un élément important pour la qualité de vie, il est essentiel de prendre en compte cette toxicité. Ce d’autant plus que, selon les estimations, 357 768 nou- Correspondances en Onco-hématologie - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2010 Toxicité des traitements des leucémies et des cancers sur la fonction ovarienne et préservation de la fertilité veaux cancers auront été diagnostiqués en 2010 en France, dont 42,6 % chez des femmes (données INCa, InVS), et qu’en 2000, la proportion de femmes âgées de 0 à 39 ans atteintes d’un cancer avait été estimée à 28 % (données InVS). Doses et modalités des traitements à l’origine de la toxicité Le risque d’infertilité à la suite du traitement d’un cancer dépend essentiellement de l’âge de la patiente, du type de traitement (chimiothérapie et/ou radiothérapie) et des doses et molécules utilisées. Radiothérapie Les radiations ionisantes ont des effets délétères sur la fonction ovarienne, quel que soit l’âge de la patiente, mais le degré et la persistance de l’atteinte de la fonction ovarienne dépendent de la dose, des champs d’irradiation et de l’âge de la patiente. Les ovaires sont exposés à des doses significatives lorsque la radiothérapie est pratiquée dans la région pelvienne ou abdominale, ou en cas d’irradiation corporelle totale. La dose estimée à laquelle la moitié des follicules sera atteinte dans l’espèce humaine est de 4 Gy (1). Une étude publiée en 1999 (2) indique que le risque d’insuffisance ovarienne prématurée survenant chez des femmes ayant été traitées dans l’enfance augmente significativement avec l’accroissement de la dose d’irradiation en cas de radiothérapie abdomino-pelvienne ; ainsi, le risque relatif était de 1,02 pour des doses inférieures à 20 Gy, de 1,37 pour des doses comprises entre 20 et 35 Gy, et de 3,27 lorsque les doses étaient supérieures à 35 Gy. Le risque d’insuffisance ovarienne dépend aussi de l’âge de la patiente. Chez les femmes âgées de moins de 40 ans, l’insuffisance ovarienne définitive survient après une dose de 20 Gy ; chez les femmes plus âgées, une dose de seulement 6 Gy aura les mêmes conséquences (3). Le mode d’administration est également important. En cas de radiothérapie corporelle totale, E. Thibaud et al. ont montré qu’une simple dose inférieure ou égale à 10 Gy reçue avant la puberté causait un taux d’insuffisance ovarienne entre 55 et 88 %. Avec des doses fractionnées égales ou supérieures à 15 Gy, l’insuffisance ovarienne était constante (4). Par ailleurs, la radiothérapie est toxique sur l’utérus, entraînant un défaut de son développement et des anomalies de l’endomètre pouvant être à l’origine de troubles de l’implantation embryonnaire et d’un taux plus élevé de fausses couches spontanées. Chimiothérapie L’impact de la chimiothérapie est moindre sur les ovaires des petites filles, qui contiennent un plus grand nombre d’ovocytes, que sur les ovaires de femmes plus âgées. Ainsi, les jeunes filles supportent des doses plus élevées de chimiothérapie avant qu’une insuffisance ovarienne ne survienne. Toutes les classes de chimiothérapie n’ont pas la même toxicité sur les ovaires : certaines sont plus toxiques, comme les agents alkylants, qui détruisent non seulement les follicules en croissance, mais aussi les follicules primordiaux de la réserve folliculaire, pouvant ainsi être responsables d’une stérilité définitive (tableau I). Les auteurs ne mentionnant pas de doses, ce risque est à moduler selon les doses totales et l’âge de la patiente. Les traitements par chimiothérapie intensive suivis de l’injection d’un greffon de cellules souches hématopoïétiques (CSH) autologue ou allogénique permettent de guérir un nombre important de patientes atteintes d’hémopathies malignes et de tumeurs solides mais sont très souvent responsables d’une insuffisance ovarienne définitive dès la fin du traitement, et parfois quel que soit l’âge de la patiente. En effet, si le busulfan s’accompagne d’un risque très élevé de stérilité définitive, même chez la petite fille (5), ce risque semble moins important après l’utilisation de cyclophosphamide ou de melphalan (6). Mesures préventives : préservation de la fertilité féminine Afin de pallier la gonadotoxicité induite par les traitements, il est très important de proposer aux patientes des techniques de préservation de la fertilité. Il s’agit d’un domaine d’investigation récent et prometteur, mais dont certaines techniques sont encore expérimentales. Les principales options sont la cryoconservation d’embryons, la cryoconservation d’ovocytes matures, ou la cryoconservation de cortex ovarien. Tableau I. Différentes chimiothérapies selon leur degré de toxicité ovarienne (d’après [7] et [8]). Haut risque Risque intermédiaire Risque faible ou absent Risque inconnu Cyclophosphamide Chlorambucil Melphalan Busulfan Moutarde azotée Procarbazine Cisplatine Adriamycine Méthotrexate 5-fluorouracile Vincristine Bléomycine Actinomycine D Taxanes Oxaliplatine Correspondances en Onco-hématologie - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2010 221 Risques organiques Partie I dossier thématique La✓cryoconservation✓d’embryons La première grossesse après congélation-décongélation embryonnaire a été obtenue en 1983. En accord avec l’arrêté du 11 avril 2008 relatif aux règles de bonnes pratiques cliniques et biologiques d’assistance médicale à la procréation, cette technique peut être aussi proposée avant traitement potentiellement stérilisant dans le cadre de la préservation de la fertilité. Néanmoins, elle est réservée aux femmes mariées ou en mesure d’apporter la preuve d’une vie commune d’au moins 2 ans. En pratique, elle nécessite une stimulation de l’ovulation afin de recueillir en même temps plusieurs ovocytes qui, après fécondation in vitro, pourront être congelés sous forme d’embryons en vue de leur transfert ultérieur et d’une grossesse. Malheureusement, cette technique est très souvent impossible à mettre en œuvre compte tenu de son temps de réalisation (4 à 6 semaines) et de l’urgence du traitement anticancéreux. La stimulation de l’ovulation est contre-indiquée en cas de tumeur œstrogénodépendante. De plus, elle n’est pas sans poser des problèmes éthiques si le couple se sépare ou si l’un d’eux décède. Pour le moment, la cryoconservation d’embryon reste toutefois la technique la plus efficace, en termes de grossesse, parmi toutes les techniques de préservation de la fertilité. Les taux de grossesses par transfert embryonnaire sont de l’ordre de 20 % (bilan Agence de la biomédecine). La✓cryoconservation✓d’ovocytes✓matures La première naissance obtenue par fécondation in vitro d’un ovocyte préalablement congelé et décongelé a Encadré. Comment trouver un centre agréé pour la congélation de tissu ovarien dans votre région. (d’après http://www.agence-biomedecine.fr) 222 été rapportée en 1986. Avec l’amélioration des techniques de cryobiologie, les taux de survie ovocytaire ont augmenté. Les techniques de fécondation assistée (micromanipulation) utilisées en assistance médicale à la procréation ont permis d’obtenir de meilleurs taux de fécondation. Ainsi, depuis 1997, les taux de survie ovocytaire atteignent 82 % et les taux de fécondation 89 %. Là aussi, pour pouvoir congeler plusieurs ovocytes, une stimulation de l’ovulation est nécessaire, avec les mêmes réserves que précédemment. Une méta-analyse publiée en 2009 rapporte la naissance d’au moins 936 enfants à travers le monde après congélation ovocytaire (9). La✓cryoconservation✓de✓cortex✓ovarien Dans l’espèce humaine, la congélation de fragments ovariens est une technique fiable en termes de survie ovocytaire, permettant de conserver un grand nombre d’ovocytes. Il est donc apparu possible, depuis une quinzaine d’années, de proposer cette technique à des patientes devant subir un traitement fortement gonadotoxique (agents alkylants à forte dose, radiothérapie touchant les ovaires et chirurgie ovarienne). En effet, en cas de traitement non totalement gonadotoxique, il est important d’évoquer la balance bénéfice/risque pour la fonction ovarienne et ne pas proposer cette technique si elle apparaît plus délétère pour la fonction ovarienne que les traitements. Il y a très peu de données quant à l’effet d’une ovariectomie sur la fonction ovarienne résiduelle. Mais, les deux ovaires ayant un contenu folliculaire identique, retirer un ovaire ampute de moitié le pool folliculaire. Il a d’ailleurs été montré qu’une ovariectomie unilatérale pratiquée dans un groupe de femmes âgées de 35 à 49 ans pouvait entraîner une augmentation de la FSH (hormone folliculo-stimulante), signe d’un déficit ovarien. En pratique, la cryoconservation d’ovaire est très rarement effectuée après l’âge de 35 ans en raison de la baisse de la fertilité naturelle à partir de cet âge et d’un certain degré d’altération du pool folliculaire après congélation-décongélation. En France, une vingtaine de centres d’assistance médicale à la procréation pratiquent cette technique (encadré). Entre 1995 et 2010, 865 patientes ont ainsi bénéficié d’une cryoconservation de cortex ovarien (bilan du Groupe d’étude et de recherche sur la cryoconservation de l’ovaire et du testicule [Grécot]). La cryoconservation de cortex ovarien présente l’avantage de la rapidité, ce qui permet de ne pas différer le début du traitement ; elle est aussi possible entre deux cures chez une patiente ayant déjà débuté son traitement. L’organisation du prélèvement d’ovaire en vue de sa cryoconservation est parfois difficile en raison d’un programme thérapeutique chargé et lourd. C’est Correspondances en Onco-hématologie - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2010 Toxicité des traitements des leucémies et des cancers sur la fonction ovarienne et préservation de la fertilité pourquoi les centres de cryobiologie qui proposent cette technique doivent avoir une organisation très souple, permettant de nombreux changements (schéma). Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que cette intervention est un geste supplémentaire par rapport à la prise en charge de la maladie, qui est déjà lourde. C’est enfin la seule technique applicable aux petites filles prépubères (10). Aspects pratiques de la congélation de cortex ovarien Le prélèvement de tissu ovarien et sa conservation ne peuvent se faire qu’au sein d‘établissements pourvus d’une autorisation et par des praticiens bénéficiant d’un agrément. Il est planifié après consentement écrit et signé de la patiente et/ou de ses parents. Il se fait par cœlioscopie ou par laparotomie. Le plus souvent, un ovaire entier est prélevé, quel que soit l’âge de la patiente. Dès son prélèvement, l’ovaire est acheminé, dans des conditions de transport adaptées, jusqu’au laboratoire assurant sa congélation. Avant la congélation proprement dite, la médullaire est retirée et le cortex ovarien est isolé et fragmenté. Chaque fragment est placé dans un cryotube contenant la solution de la congélation, puis est congelé et conservé dans de l’azote liquide. Lors de chaque congélation, un examen anatomopathologique est effectué sur un fragment de cortex ovarien ainsi que sur la médullaire. Il permet d’effectuer un comptage et une classification des follicules présents et de détecter une éventuelle localisation secondaire de la pathologie, dans les limites du fragment examiné. Les utilisations du cortex ovarien Les ovocytes contenus dans le cortex ovarien sont immatures. Pour aider une patiente à avoir des enfants, il faut faire maturer les ovocytes. Cette maturation ovocytaire peut se faire soit in vivo (autogreffe de cortex ovarien), soit in vitro (culture de follicules ovariens). • L’autogreffe de fragments ovariens Dans l’espèce humaine, la première greffe de cortex ovarien a été publiée en 2000 par K. Oktay et G. Karlikaya (11). Elle a permis d’obtenir, après stimulation de l’ovulation, un développement folliculaire et une sécrétion d’œstradiol. La naissance du premier enfant a été rapportée en octobre 2004 par l’équipe de J. Donnez, à la suite d’une greffe orthotopique (12). Depuis, dans le cadre de maladies malignes, 10 grossesses ont été rapportées ayant abouti à la naissance de 9 enfants en bonne santé, pour une trentaine de patientes greffées (tableau II). En cas de pathologie maligne diffuse comme les leucémies, le risque majeur de la greffe de fragments ovariens est la réintroduction de la maladie initiale par le biais Principales indications • Agents alkylants à forte dose • Radiothérapie ovarienne • Conditionnement prégreffe * Ovariectomie Consultations : • Biologiste agréé • Chirurgien • Anesthésiste Appeler le centre de cryobiologie autorisé • Ovariectomie unilatérale en général • Cryoconservation de fragments ovariens • Signature du consentement de la patiente et/ou des parents lors de la consultation avec le biologiste • Planification du prélèvement d’ovaire Envoi d’un compte-rendu de cryoconservation au médecin référent et à la patiente et/ou aux parents • Chaque année : envoi à la patiente et/ou à ses parents d’un document de suivi de conservation • Le médecin référent pour la pathologie informe le biologiste de la reproduction de l’état de santé de la patiente Schéma. En pratique : la cryoconservation d’ovaire. Tableau II. Grossesses obtenues après autogreffe de cortex ovarien pour des patientes ayant souffert d’une maladie maligne. Auteur (année) Âge au moment du prélèvement d’ovaire Pathologie Résultats autogreffe ovaire Donnez (2004) [12] 25 ans Hodgkin 1 enfant Meirow (2005) [13] 28 ans Lymphome non hodgkinien 1 enfant Demeestere (2006) [14] 24 ans* Hodgkin Fausse couche spontanée (9 SA) Rosendahl (2006) [15] 28 ans Hodgkin Grossesse biochimique Demeestere (2007) [16] 24 ans* Hodgkin 1 enfant Andersen (2008) [17] 26 ans 27 ans** Hodgkin Sarcome d’Ewing 1 enfant 1 enfant 36 ans Cancer du sein Jumeaux Ernst (2010) [19] 27 ans** Sarcome d’Ewing 1 deuxième enfant Demeestere (2010) [20] 24 ans * Hodgkin 1 deuxième enfant Sanchez-Serrano (2010) [18] *,** Même patiente. Correspondances en Onco-hématologie - Vol. V - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2010 223 Annonc Risques organiques Partie I dossier thématique U Tableau III. Pathologies à risque de métastases ovariennes (d’après [7]). Risque faible Carcinome du col utérin Sarcome d’Ewing Cancer du sein (stades I-III) Tumeur de Wilms Lymphome non hodgkinien Maladie de Hodgkin Ostéosarcome Rhabdomyosarcome non génital Risque modéré Cancer du sein (stade IV) Cancer du côlon Adénocarcinome du col utérin Risque élevé Leucémie Lymphome de Burkitt Neuroblastome Rhabdomyosarcome génital Après congélation, seuls les stades primordiaux et primaires survivent ; il est donc impératif de développer des systèmes de culture assurant toute la folliculogenèse. Les travaux sur la folliculogenèse in vitro dans l’espèce humaine ne sont pas très nombreux. Jusqu’à présent, ces techniques ont permis d’obtenir des ovocytes matures et des naissances uniquement dans le modèle murin. Conclusion de cellules tumorales présentes dans les fragments. Les pathologies ont été classées selon le risque de présence d’une localisation ovarienne (tableau III). En conséquence, l’autogreffe ne sera pas envisageable pour toutes les patientes, d’où l’intérêt de développer d’autres méthodes d’utilisation. • La croissance de follicules ovariens in vitro La culture de follicules ovariens consiste à effectuer une maturation folliculaire et ovocytaire in vitro, afin d’obtenir des ovocytes matures capables d’être fécondés pour un développement embryonnaire complet. Ce procédé éviterait de transférer des tissus ou des cellules somatiques potentiellement à risque à la patiente guérie. Des techniques de préservation de la fertilité existent et doivent être proposées aux patientes devant subir des traitements stérilisants. Le choix de la technique dépendra de nombreux paramètres (âge de la patiente, statut marital, type de traitement, doses des traitements, etc.). Des avancées très importantes ont été réalisées dans le domaine des utilisations de la cryoconservation de cortex ovarien. Malgré tout, la décision de prélever du tissu ovarien n’est pas toujours facile et doit être prise de manière réfléchie et pluridisciplinaire. Ne pas faire de cryoconservation de cortex ovarien en cas de traitement stérilisant pourrait être préjudiciable pour la patiente, mais, à l’inverse, une ovariectomie partielle ou totale chez une patiente dont le traitement ne serait pas stérilisant pourrait l’être tout autant. En conséquence, il est très important d’adapter les techniques au risque d’infertilité et de ne pas être plus délétère avec les techniques de préservation de la fertilité qu’avec les traitements. ■ Références 1. Wallace WH, Shalet SM, Hendry JH et al. Ovarian failure fol- 8. Lee SJ, Schover LR, Partridge AH et al. American Society of 2. Chiarelli AM, Marrett LD, Darlington G. Early menopause 9. Noyes N, Porcu E, Borini A. Over 900 oocyte cryopreservation lowing abdominal irradiation in chidhood: the radiosensitivity of the human oocyte. 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