La Lettre du Cancérologue •Vol. XVII - n°6 - juin 2008 |265
DOSSIER THÉMATIQUE
groupe (5-FU/capécitabine, FOLFOX/CAPOX). L’âge
moyen était de 75 ans (73-79 ans). La dose initiale
diminuée a permis de maîtriser la toxicité. Les taux
de réponse aux traitements étaient semblables à
ceux des autres études (15% pour les monothéra-
pies et 40% pour les bithérapies), mais les taux de
survie sans progression (3,7 à 5,4 mois) et de survie
globale (9 à 12 mois) étaient significativement plus
faibles que chez les sujets plus jeunes. Cinquante
pour cent des patients traités en monothérapie
ont continué le traitement à pleine dose après
12 semaines, versus seulement 30% des patients
recevant de l’oxaliplatine. La capécitabine n’a pas
amélioré de façon significative la qualité de vie, et
a induit plus de cas de toxicité digestive et cutanée
que le 5-FU. L’addition d’oxaliplatine a augmenté le
taux de réponse par rapport au 5-FU seul et amélioré
la survie sans maladie et la survie globale, mais de
façon non significative (p=0,06). Le taux de toxicité
de grade 3/4 n’était pas supérieur à celui observé
avec le FU seul, mais les cas de toxicité digestive et
neurologique étaient plus nombreux. La médiane de
survie était identique pour tous les groupes de trai-
tement. Une étude prospective de phase II a évalué
le bénéfice du tégafur-uracile chez 58 patients d’un
âge moyen de 81 ans, OMS 0/1. Le taux de réponse
a été de 22 %, la survie médiane de 13 mois, et la
survie sans progression de 4,6 mois. Il y a eu 55 %
de cas de toxicité de grade 3/4, essentiellement
digestive, surtout chez les plus âgés.
Une analyse rétrospective portant sur 3 742 patients
(dont 614 âgés de plus de 70 ans) recevant dans le
cadre de 4 essais thérapeutiques un traitement adju-
vant, de première et seconde ligne a constaté que les
patients plus âgés ont eu plus d’effets indésirables
hématologiques, mais non digestifs ni neurologiques.
En revanche, le bénéfice sur la réponse, la survie sans
progression et la survie globale étaient identique
quel que soit l’âge.
Traitement des cancers du rectum:
impact de la radiothérapie préopératoire
et de l’exérèse du mésorectum (11)
Une étude rétrospective néerlandaise a été
effectuée à partir des données du Rectal cancer
databases of the Comprehensive Cancer Centres
(4 567 patients, dont 28% – 358 âgés de plus de
75 ans) et de celles d’un essai prospectif, la TME
(total mesorectal excision) study (1356 patients,
dont 17 % – 230 âgés de plus de 75 ans). Le but
était d’étudier l’impact de la radiothérapie préopé-
ratoire et de la chirurgie du mésorectum sur trois
périodes différentes :
période 1, 1990-1995, avant la généralisation
de ces pratiques ;
période 2, 1996-1999, pendant leur mise en
place;
période 3, 2000-2002, après leur généra-
lisation.
Deux groupes de patients, les patients âgés de plus
de 75 ans et les patients âgés de moins de 75 ans,
ont été individualisés. Le taux de récidives locoré-
gionales entre les périodes 1 et 3 est passé de 11 %
à 5,2 % chez les patients âgés de moins de 75 ans,
et de 14% à 5,5% chez les patients âgés de plus
de 75 ans.
La radiothérapie préopératoire et la chirurgie du
mésorectum ont permis une amélioration de la
survie à 5 ans chez les patients de moins de 75 ans :
de 60 % (1990-1995) à 67 % (1996-1999) et 70%
(2000-2002) [log-rank p < 0,0001]. Les patients
plus âgés n’ont pas eu ce bénéfice (respectivement
41%, 40 % et 43% à 5 ans). La radiothérapie préo-
pératoire et la chirurgie du mésorectum ont été
responsables d’une augmentation de la mortalité
à 30 jours (4,8% lors de la période 1 versus 7,8%
au cours des périodes 2-3), mais non de la morta-
lité à 6 mois (14% versus 16%). La conclusion de
cette étude est le paradoxe suivant : il existe une
amélioration en termes de récidive locorégionale
et de survie spécifique grâce à l’amélioration des
traitements, mais au prix d’une augmentation des
complications. Le risque relatif de décès spécifiques
est de 1,6 chez le sujet âgé versus 5,2 chez le sujet
jeune. Le traitement n’entraîne pas de bénéfice sur
la survie globale.
Chirurgie du cancer gastrique
chez le sujet âgé (12)
Le but de cette étude était d’identifier des facteurs
influençant la morbidité, la mortalité, la qualité de
vie et la survie des patients âgés de plus de 75 ans
après chirurgie gastrique. De janvier 1993 à
décembre 2004, 135 patients ont été opérés, parmi
lesquels 94 (69,6 %) bénéficiaient d’une chirurgie
curative. Ce groupe a été apparié à 71 patients plus
jeunes. Le nombre de comorbidités et le statut
nutritionnel de départ différaient d’un groupe à
l’autre. Les procédures chirurgicales ont été iden-
tiques. La morbidité était de 27,9%, et la morta-
lité de 8,5 %. Le nombre des comorbidités était le
seul facteur qui influençait la mortalité. La survie
±
±
±