Brèves…
Brèves…
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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), no1, janvier/février 2003
Rien que les facteurs
de risque, tous les facteurs
de risque…
L’équipe du Steno Diabetes Center,
au Danemark, a publié les résultats
de l’étude d’intervention intensive
sur les facteurs de risque cardio-
vasculaire chez le diabétique de
type 2 microalbuminurique. Cette
étude ambitieuse avait pour objectif
de tester l’efficacité d’une prise en
charge intensifiée des facteurs de
risque classiques, par un programme
hygiéno-diététique et des mesures
médicamenteuses graduées selon
une stratégie intensifiée préétablie.
Il s’agissait d’une étude randomisée
et contrôlée, avec 80 diabétiques
soumis au traitement intensifié, com-
parés à 80 diabétiques traités conven-
tionnellement selon les recomman-
dations de la Société danoise de
médecine. Les objectifs dans le
groupe intensif étaient plus dras-
tiques: TA < 140/85 (versus < 160/95
dans le groupe conventionnel) ;
HbA1C < 6,5 % (versus < 7,5 %) ;
cholestérol < 190 mg/dl (versus 250);
triglycérides < 150 mg/dl (versus
195). De plus, tous les diabétiques du
groupe intensif (même normotendus)
recevaient Captopril®100 mg/jour,
un traitement oral antioxydant, et
de l’aspirine à 150 mg. La stratégie
d’intervention glycémique était plus
agressive pour les patients du groupe
intensif. Le suivi moyen a été de
7,8 ans et, au terme de l’étude, les
auteurs ont constaté dans le groupe
intensif (versus le groupe conven-
tionnel), un recours plus fréquent
aux antihypertenseurs du système
rénine-angiotensine et aux statines,
une pression artérielle systolique
abaissée (– 10 mmHg), une HbA1C
inférieure (– 0,5 %), une amélio-
ration des triglycérides (– 41 mg/dl)
et du LDL-cholestérol (– 47 mg/dl)
et une baisse de la microalbumi-
nurie (– 20 mg/24 h). Les événe-
ments cardiovasculaires sur 7,8 ans
(n = 118) sont survenus chez 44 %
des patients du groupe conventionnel
versus 24 % dans le groupe intensif,
ce qui correspond à un risque relatif
(RR) intensif/conventionnel de 0,47
maintenu après ajustement des prin-
cipaux facteurs de risque en analyse
multivariée. L’analyse des courbes
actuarielles a montré une séparation
des courbes d’événements cardio-
vasculaires entre les deux groupes
dès la 1re année, maintenue pendant
toute la durée de l’étude. Étaient éga-
lement abaissés les RR de néphro-
pathie (0,39), de rétinopathie (0,42)
et de neuropathie autonome (0,37)
en faveur du groupe intensif.
En conclusion, une baisse de 50 %
des événements cardiovasculaires
peut être obtenue par une interven-
tion agressive sur les facteurs de
risque classiques chez le diabétique
de type 2 microalbuminurique. Ces
résultats présentent un intérêt consi-
dérable, puisqu’ils prouvent l’effi-
cacité d’une intervention multifac-
torielle fondée sur un programme
éducatif et une correction agressive
des facteurs de risque classiques.
Reste à définir si l’on pourra trans-
poser les bénéfices d’une étude
pilote comme la Steno study 2 à la
prise en charge au quotidien de nos
diabétiques de type 2, lorsque l’on
constate, au travers de grandes études
comme la STENO ou l’UKPDS, les
difficultés à améliorer d’un point
l’HbA1C ou la pression artérielle
systolique.
Y. Reznik,
service d’endocrinologie
et des maladies métaboliques,
CHU de Caen.
Hyperparathyroidie primaire
asymptomatique : vers
un nouveau consensus ?
J.P. Bilezikian et al. rapportent les
conclusions d’une réunion d’experts
(NIH, 8-9 avril 2002) sur l’hyper-
parathyroïdie primaire (HPP) asymp-
tomatique et suggèrent des modifi-
cations par rapport à la conférence de
consensus du NIH des 29-31 octobre
1990. Ils précisent que ces réflexions
ne constituent pas un nouveau
consensus.
L’HPP n’est plus vraiment la maladie
associant une lithiase rénale, des frac-
tures pathologiques et des troubles
neuro-musculaires classiques. Elle
est le plus souvent révélée par une
hypercalcémie et est asymptoma-
tique. La conférence de consensus
de 1990 avait déjà fixé des règles
permettant de cibler les indications
opératoires, et ce sont ces règles
qui sont aujourd’hui critiquées à la
lumière de l’expérience acquise
depuis les 12 dernières années.
Si l’on reprend dans l’ordre les direc-
tives de 1990 (consensuelles) et
celles de 2002 (non consensuelles),
voici les conclusions des auteurs.
En 1990, indication opératoire est
posée lorsque :
◗la calcémie excède de 10 à 16 mg/l
la limite supérieure de la calcémie
normale. Ce chiffre est revu à la
baisse et 10 mg/l suffisent pour
décider la chirurgie. Le calcium
ionisé n’est pas recommandé, car
souvent peu reproductible. La cal-
cémie corrigée par l’albumine est à
prendre en compte, mais finalement
la calcémie totale est jugée suffi-
sante, avec la limite indiquée ;
◗la calciurie excède 400 mg/j. Malgré
une longue discussion sur le faible
pouvoir prédictif de la lithiase urinaire
le chiffre de 400 mg/j est maintenu;
◗la clearance de la créatinine est
réduite de 30 % par rapport aux
personnes normales de même âge.
Chiffre également maintenu, en uti-
lisant la formule de Cockcroft ;
◗la densité osseuse est diminuée de
plus de 2 DS par rapport aux sujets
de même sexe, âge et race. Il s’agit
du z-score, donc une valeur modulée
par l’âge, qui était principalement
mesurée sur le radius. Cette notion
est critiquée, et le t-score, valeur
absolue, est aujourd’hui préféré, avec
un seuil moins exigeant (– 2,5 DS
au lieu de 2), mais cela quel que soit
le site de la mesure (rachis, hanche,
radius) ;
◗le patient est âgé de moins de 50 ans.
Ce critère n’est pas remis en cause,
étant donné les risques supposés de
l’HPP à très long terme ;