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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 2, mars/avril 2005
Écho des congrès
Écho des congrès
en charge du patient à risque cardiovasculaire. Il est
largement établi que le mode de vie peut contribuer mas-
sivement à la réduction des facteurs de risque cardio-
vasculaires et des événements coronariens.
•P. Moulin a focalisé son intervention sur les risques
potentiels d’une consommation non contrôlée de phyto-
stérols, et sur les inconvénients d’une communication
inappropriée autour des acides gras oméga 3.
Les phytostérols inhibent l’absorption du cholestérol en
diminuant sa présence dans les micelles mixtes intestinales.
Leurs modes d’action ne sont toutefois pas définitive-
ment établis. Cet effet hypocholestérolémiant est connu de
longue date (1951) et avait fait l’objet dès 1960 de la mise
sur le marché d’un médicament avec AMM en Belgique.
L’effet hypocholestérolémiant des phytostérols est indis-
cutable, quoique modeste. Il est dose-dépendant : dans
une étude comparant au beurre 0,8 g, 1,6 g et 3,2 g de
stérols végétaux, la baisse de cholestérol était de 6,7 %,
8,5 % et 9,9%. Il est postulé sur cette base une estimation
potentielle de la baisse du risque cardiovasculaire de 10 %.
Toutefois, des questions se posent. La consommation spon-
tanée de phytostérols est de 200 mg/j et la dose conseillée
de 2 g/j, soit dix fois plus ; bien que l’homme n’ait jamais
été exposé à de telles doses, la toxicité aiguë et chronique
est totalement rassurante, et la NOAEL est de 6,6 g/kg.
On observe cependant à la dose de 2 g/j une diminution
des vitamines liposolubles (vitamine E) et des caroté-
noïdes. Aucune étude épidémiologique d’observation ni
aucune étude d’intervention n’ont été réalisées pour
conforter le bénéfice cardiovasculaire attendu. Bien que peu
absorbés, les phytostérols, et en particulier le sitostérol,
sont retrouvés au niveau plasmatique. Une étude a montré
qu’un très faible apport de sitostérol (20 mg) a des effets
systémiques (Lancet 1995;645:15-29). La sitostérolémie,
maladie rare, est responsable d’un risque cardiovasculaire
élevé. Dans l’étude PROCAM,Assman a rapporté à l’AHA
2003 que des concentrations plasmatiques de sitostérols
sont associées à une augmentation (x 3) du risque cardio-
vasculaire, mais il ne s’agit que d’une étude d’association.
P. Moulin a ainsi mis en garde contre une consommation
non contrôlée de phytostérols. Il a également rappelé
que, bien que les oméga 3 aient fait leurs preuves en pré-
vention cardiovasculaire, la consommation de poisson
contaminé par le mercure réduisait nettement le bénéfice
sur le plan cardiovasculaire.
•M. Krempf a fait le point sur l’ézétimibe, nouvel hypo-
cholestérolémiant. Son mode d’action est maintenant
bien établi. Il inhibe sélectivement la captation du choles-
térol intraduodénal au niveau de la muqueuse. Il agit au
niveau de la NPC IL1.
L’invalidation du gène de la NPC IL1 (KO) empêche
l’action de l’ézétimibe. Ce médicament diminue à la fois
l’absorption du cholestérol alimentaire et celle du choles-
térol biliaire. Cela entraîne une augmentation de synthèse du
cholestérol endogène intracellulaire hépatique appréciée
par la mesure du lathostérol, et une augmentation de la
synthèse des récepteurs aux LDL, ce qui entraîne une
réduction du cholestérol plasmatique, conduisant ainsi à
une baisse de 20% du cholestérol LDL, à la dose de 10 mg.
L’intérêt de l’ézétimibe est considérable. Remarquable-
ment bien tolérée, cette molécule permettra d’atteindre
l’objectif sur le cholestérol LDL en association aux statines
chez un nombre plus élevé de sujets hypercholestérolé-
miques. Elle permettra ainsi d’éviter le doublement ou le
triplement des doses de statines, tout en gardant le même
gradient de baisse du cholestérol LDL, et d’obtenir une
meilleure tolérance des statines grâce à une dose plus
faible. Les mécanismes d’action de l’ézétimibe suggèrent
que les phytostérols ne doivent pas être associés, car
l’ézétimibe augmente le rejet par la cellule intestinale du
cholestérol et des stérols végétaux. Une des indications
de l’ézétimibe est d’ailleurs la sitostérolémie.
Adipocyte et insulinorésistance
Une session a été consacrée à l’adipocyte et à l’insulino-
résistance.
•L. Casteilla a montré la complexité cellulaire du tissu
adipeux, qui n’est pas formé que d’adipocytes, mais aussi
de cellules du stroma vasculaire, constitué de cellules
endothéliales, de cellules mésothéliales, de péricytes, de
fibroblastes, de mastocytes, de cellules nerveuses, de cellules
hématopoïétiques, de lymphocytes, de monocytes et de
macrophages. Il existe une plasticité importante de ces
cellules, les préadipocytes et les macrophages pouvant
être parfois très proches. Les hormones, enzymes, cyto-
kines et autres facteurs de complément et médiateurs ne
sont pas tous, loin de là, majoritairement sécrétés par les
adipocytes. C’est le cas, par exemple, de la résistine, pro-
duite par les macrophages chez l’homme.
•L. Tappy (Lausanne) a montré les effets du stress sur le
plan physiologique et physiopathologique, via l’activation
de l’axe hypothalamo-hypophyso-corticotrope, l’activa-
tion de la médullosurrénale et du système nerveux sym-
pathique. À court terme, le stress entraîne une anorexie qui
a pour but d’épargner, dans des conditions difficiles, les
douleurs de la faim, tout en mobilisant les substrats pour
compenser le déficit d’apport; il entraîne une augmenta-
tion du débit cardiaque et du débit sanguin musculaire. Chez
des sujets en bonne santé, le stress mental entraîne une
augmentation de la sécrétion de catécholamines (adréna-
line et noradrénaline) et une stimulation -adrénergique
avec une augmentation de la fréquence cardiaque, mais,
en même temps, une diminution de la résistance vasculaire
dans le muscle squelettique : il en résulte une augmenta-
tion modérée de la pression artérielle et une meilleure
utilisation du glucose en aigu, et donc une amélioration
de l’insulinosensibilité.
Toutefois, chez l’obèse, ces phénomènes sont nettement
perturbés, avec une diminution de l’utilisation du glucose
associée à une absence de réduction des résistances vas-
culaires musculaires (et un renforcement de la réponse