LIBÉRALE Bronchiolite Pas seulement une maladie saisonnière Principal motif d’hospitalisation des enfants de moins de deux ans, la bronchiolite se déclenche souvent après un rhume ayant semblé banal. L’an dernier, un tiers des petits Français de moins de deux ans ont eu une bronchiolite. L a bronchiolite peut apparaître sans aucun signe accompagnateur. Un exemple : Pauline a 8 mois. En la reprenant un soir à la crèche, sa maman la trouve fiévreuse, n’exprimant ni sa joie, ni son dynamisme habituels. Les éducatrices confirment que la sieste a été écourtée par un nez bouché et des quintes de toux. Diagnostic du médecin : Pauline souffre d’une bronchiolite. Épidémiologie hivernale, pollution et tabac Dès octobre, dès les premiers froids et les premiers brouillards, le virus se dévoile. Mais si l’épidémie se déclenche brutalement en saison froide, l’affection n’est pas l’apanage des zones tempérées. En effet, les climats tropicaux ne sont pas protégés. Le responsable en est le virus appelé syncitial pulmonaire (ou VRS) de deux types, A ou B, virus à ARN encapsulé (possédant une double hélice d’acide ribonucléique encapsulée comme le virus de l’hépatite, ce qui explique sa virulence et sa grande contagiosité). La contamination peut se faire par deux voies : respiratoire, par inhalation, ou par contact cutané. Pour la voie aérienne, les muqueuses respiratoires des nourrissons sont déjà bien mises à mal par les fréquentes pollutions urbaines. Le film protecteur muqueux à base de soufre qui se trouve sur les bronches est détruit par les polluants atmosphériques, dont le soufre, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. Les bambins sont des victimes parfaites, dans leurs poussette-cannes, à bonne hauteur des pollutions lourdes qui se trouvent au ras du sol et... des pots d’échappement des automobiles. Mais que dire des parents qui fument dans la même pièce, à côté de leurs enfants ? Car le tabagisme passif est aussi un facteur déclenchant des bronchiolites. Une étude récente a d’ailleurs montré que le taux sanguin de nicotine des 32 bébés hospitalisés pour bronchiolite est nettement supérieur à celui de ceux présents à l’hôpital pour une autre raison médicale. La prématurité aussi semble favoriser l’apparition de la maladie. Enfin, les milieux défavorisés socialement sont également des milieux à risque plus important. Trois nourrissons sur cent résidant dans des zones industrielles sont hospitalisés pour bronchiolite dans les trois premiers mois de leur vie. Et, dans le même registre, les collectivités (crèches, écoles) sont des foyers viraux ou microbiens parfaits et des lieux de haute contamination pour leurs jeunes pensionnaires. Le virus reste en effet actif plus de 30 minutes sur les mains contaminées par les sécrétions rhinopharyngées, mais plusieurs heures sur des linges souillés. C’est ce qui explique le fréquent et important déclenchement saisonnier des épidémies. En milieu rural, la bronchiolite sévit aussi. Dans ce cas, les allergies sont accusées : ainsi, depuis plusieurs étés, des collectivités locales, notamment au sud de la Loire, ont décidé de détruire systématiquement l’ambroisie, cette plante imposante aux fortes propriétés allergisantes, occupant les terrains vagues ou les talus d’autoroutes. Diagnostic clinique Après un rhume banal avec écoulement nasal sans fièvre qui dure depuis deux à trois jours, apparaissent brutalement la fièvre, la toux et la gêne respiratoire. La toux s’accompagne en effet d’une sorte de blocage respiratoire qui cause la distension thoracique. Pour parler de bronchiolite, il faut que la maladie réunisse cinq critères : • l’enfant doit être âgé de moins de deux ans, • il doit présenter une gêne entraînant une distension thoracique, • des sortes de râles en fin d’inspiration sont présents, • on doit entendre un sifflement lors de l’auscultation pulmonaire, • enfin, souvent, il a déjà eu un épisode de ce type. En bref, l’enfant a du mal à expirer et respire plus de 50 fois par minute. A l’auscultation, on ne perçoit aucun son, sinon un sifflement continu, témoin du véritable blocage ventilatoire expiratoire. C’est un peu le même phénomène que dans une crise d’asthme. Mais ce n’est pas la même maladie. En cas d’asthme, les grosses bronches ne laissent pas passer l’air correctement. Pour la bronchiolite, ce sont les toutes petites bronches qui se contractent et empêchent une bonne respiration, d’où le terme de bronchiolite (les bronchioles sont les terminaisons respiratoires pulmonaires). S’il y a un doute sur le diagnostic, la radiographie confirme cette distension thoracique et peut montrer une dilatation des alvéoles se situant à l’extrémité des petites bronches, dans ce cas obstruées. Peu d’examens complémentaires sont utiles : les gaz du sang ne sont perturbés qu’en cas d’atteinte prononcée ou prolongée, présentant alors une diminution du taux sanguin d’oxygène (hypoxie) et une augmentation du taux de gaz carbonique (hypercapnie). Les épreuves fonctionnelles respiratoires testant l’état fonctionnel des poumons ne seront utiles que si l’on craint une évolution défavorable vers l’insuffisance respiratoire. seule solution est donc la kinésithérapie respiratoire qui ne comprend plus tellement le traditionnel clapping, percussion du thorax souvent mal vécue par l’enfant, mais des méthodes de libération du flux expiratoire par petites vibrations thoraciques. Un kinésithérapeute habitué à cette pratique sait désobstruer les bronches et aider l’enfant à cracher. En pratiquant des vibrations tout au long de la poitrine, il obtiendra une détente des petites bronches et une évacuation des glaires qui obstruent ces dernières. Il ne faut pas s’inquiéter si l’enfant vomit des glaires après la séance : c’est un moyen pour lui de se soulager. Les médicaments, qu’il s’agisse d’antibiotiques, de corticoïdes ou de tout autre traitement chimique, sont rarement utilisés en première intention. En revanche, le recours immédiat aux kinésithérapeutes est nécessaire, la rapidité d’intervention étant en effet une règle pour l’obtention de résultats. Les antibiotiques seront en général réservés aux complications. L’avenir semble être à la vaccination, solution optimale, car si, après l’âge de 3 ans, on considère que tous les enfants ont été contaminés par le virus syncitial pulmonaire, les anticorps qu’ils ont développés ne sont pas pour autant protecteurs. Les enfants peuvent donc à tout âge contracter une bronchiolite, même si cette maladie est plus sérieuse dans les premiers mois de la vie. Le vaccin à virus atténué serait donc une solution, encore faut-il qu’il en fasse la preuve. Dr Jacques Bidart Traitement En dehors de la nécessité d’hospitalisation de certains nourrissons, surtout ceux âgés de moins de 6 mois, le traitement de la bronchiolite est essentiellement la kinésithérapie. Il faut d’abord assurer une température pas trop élevée dans la chambre de l’enfant : 18 à 20 °C sont largement suffisants. Bien ventilée, la pièce sera aussi humidifiée avec soin. L’hydratation du nourrisson devra être suffisante, car un enfant qui respire vite et fort perd beaucoup d’eau. La récupération est en moyenne de 100 ml par kilo de poids par jour répartis sur toute la journée. Exemple : pour un enfant de 10 kilos, on devra lui faire boire 1 litre de liquide par petites quantités. Pour lutter contre l’obstacle expiratoire, la Comment naît la bronchiolite ? Le virus atteint la paroi de la bronche ; il en détruit les cellules qui se nécrosent alors. Un œdème de la paroi en résulte, avec une hyperproduction conjointe de mucus. Cette hypersécrétion réactionnelle forme alors de véritables bouchons muqueux obturateurs. Ces bou chons provoquent des spasmes bronchiques. Ce sont ces deux phénomènes associés qui causent la difficulté ventilatoire. Pour en savoir plus : Diagnostics et thérapeutique, de William Berrebi, aux éditions Five-Estem. 33