La rémission complète, quant à elle, suc-
cède le plus souvent à la rémission par-
tielle. Elle est déterminée par une phase
d’amélioration sans symptomatologie
dépressive vraie et durable, sur quelques
semaines à six mois.
La dépression est considérée comme résis-
tante, si la réponse à de nombreux traite-
ments bien menés, c’est-à-dire à posologie
efficace durant une période suffisante d’une
à deux mois, n’est pas satisfaisante.
À propos de la dépression
saisonnière
Selon Rosenthal, le seasonal affective
disorder (SAD), ou dépression d’automne,
ou dépression saisonnière, correspond à un
trouble d’adaptation aux variations de l’en-
vironnement. Ainsi, dans cette définition, il
existerait un rapport de causalité entre le
trouble de l’humeur et les saisons. La
dépression typique hivernale est caractéri-
sée par un état dépressif récurrent en
automne et en hiver, et une rémission com-
plète ou un état hypomaniaque, voire
maniaque, en été.
Dans le DSM-IV, ce trouble de l’humeur
n’est pas classé comme une entité nosogra-
phique particulière mais correspond soit à
un trouble bipolaire, soit à un épisode
dépressif majeur récurrent.
Toutefois, certaines de ces dépressions sai-
sonnières ont quelques particularités. En
effet, certains patients présentent un état
dépressif typique en hiver, mais avec une
rémission incomplète en période estivale.
Une étude a été réalisée chez ces patients et
ceux souffrant de dépression hivernale de
même intensité, en rémission complète
durant l’été, afin de comparer dans ces deux
groupes le contexte démographique, l’his-
toire de la maladie, les symptômes cliniques
et la réponse à un traitement léger. En Nor-
vège, Lingjaerde et ses collaborateurs ont
montré que les patients appartenant au pre-
mier groupe, donc avec une rémission
incomplète en été, présentaient un trouble
de l’humeur d’une durée plus longue, utili-
saient plus souvent un antidépresseur et
récupéraient au niveau symptomatologique
de manière moins significative après un
léger traitement d’une durée de six jours.
Néanmoins, des biais existaient dans cette
étude, le groupe de sujets en rémission
incomplète en été était d’effectif faible, et
l’évaluation des troubles de l’humeur esti-
vaux était rétrospective.
Il a été démontré que les patients souffrant
d’une dépression en hiver, avec une rémis-
sion partielle durant l’été, répondaient mal
à un traitement antidépresseur léger. La
rémission complète l’été serait retenue
comme un critère diagnostique des états
dépressifs typiques pendant l’hiver.
Facteurs de risque
Des facteurs de risque d’absence de rémis-
sion ou de récurrence d’épisodes dépressifs
ont été décrits. Il s’agit du manque d’édu-
cation, d’une idéation et d’une humeur
dépressives initiales plus sévères, d’une
dépression majeure secondaire, de la prise
antérieure d’un traitement antidépresseur,
d’une comorbidité médicale et de liens de
parenté distendus. L’identification et la prise
en compte de ces facteurs de risque, avant
même l’évaluation de l’intensité de la symp-
tomatologie dépressive et le choix du traite-
ment médicamenteux prescrit, permettraient
d’améliorer l’évolution clinique à long
terme.
Un patient, qui souffrirait de symptômes
résiduels après un traitement antidépresseur
bien conduit pour EDM, aurait plus de
risque de présenter une rechute que les
patients cliniquement asymptomatiques au
décours d’une prise en charge psychiatrique
par chimiothérapie et psychothérapie.
Des critères, tels que le sexe (masculin), la
structure de personnalité, la présence d’évé-
nements de vie stressants, le nombre d’épi-
sodes dépressifs antérieurs, l’état clinique
du patient après le dernier épisode, la durée
du symptôme avant la prise en charge et la
présence de traits psychotiques ou endo-
gènes particuliers, interviendraient comme
facteurs prédictifs de l’évolution de la
dépression.
La présence de caractéristiques cliniques
serait l’indice de prédictivité supérieure
d’une évolution chronique de la sympto-
matologie dépressive. Nous citerons les
principales : une asthénie sévère, la perte
d’intérêt dans les activités habituelles, des
troubles du sommeil, des idées noires ou sui-
cidaires, des troubles du comportement. Un
patient ni heureux ni sûr de lui, isolé socia-
lement, sans ami, a plus de risque de pré-
senter une dépression de longue durée.
Néanmoins, les sujets traités par un antidé-
presseur et suivis dans le cadre d’une psy-
chothérapie ont plus de chances de présen-
ter une évolution vers une rémission
complète ou partielle que ceux ne suivant
aucun traitement ou nonobservants à la thé-
rapeutique.
Perspectives thérapeutiques
Chez un patient présentant un état dépres-
sif en rémission partielle, plusieurs orien-
tations thérapeutiques sont envisageables.
Le médecin peut soit poursuivre le projet
de soins déjà mis en place, soit le modi-
fier. Si aucune amélioration symptomato-
logique ne survient après un délai suffi-
sant, le thérapeute devra revoir la prise en
charge. Par ailleurs, dans le cas où aucun
traitement n’est proposé au sujet, et que la
rémission partielle n’évolue pas vers une
rémission totale, des soins seront prescrits.
Un traitement antidépresseur permet d’in-
duire une rémission et de prévenir une
rechute. Il est nécessaire de rappeler qu’un
patient présentant un EDM et recevant un
traitement en phase aiguë peut retrouver
un niveau de fonctionnement social adapté
et être asymptomatique cliniquement.
Des études concernant l’efficacité des
antidépresseurs montrent un taux de
réponse de 50 à 60 %, mais des taux de
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thérapeutique
Mise au point thérapeutique