Hadronthérapie Une technologie de pointe contre le cancer Plus le traitement des cancers devient ciblé, plus il fait appel à des disciplines diverses. La personnalisation des soins associe désormais souvent plusieurs thérapies. Le CHU de Grenoble, par la proximité de son synchrotron, contribue au développement de l’hadronthérapie. L’ hadronthérapie est issue de la recherche de disciplines de pointe variées et nécessite une installation spécifique. D’où la conception d’un projet de grande envergure dans lequel le CHU de Grenoble est impliqué : le projet Étoile. Celui-ci prévoit la construction à Lyon d’un Centre national de faisceaux d’ions carbone qui utilisera un synchrotron médical. Graviteront autour du Centre plusieurs disciplines scientifiques favorisant le développement à grande échelle d’activités de recherche. Qu’est-ce que l’hadronthérapie ? Le nom de hadronthérapie vient de hadrons qui sont des noyaux atomiques. Portés à une énergie très grande par une machine accélératrice, ils sont ensuite lancés comme des projectiles capables d’endommager les tissus tumoraux dans le corps du patient, uniquement à la fin de leur parcours, là où se trouve la tumeur. L’hadronthérapie par ions carbone est donc une nouvelle méthode pour traiter les tumeurs cancéreuses radiorésistantes. Elle apporte une précision balistique et un effet biologique trois fois supérieurs aux rayonnements actuels obtenus par radiothérapie. Pour des raisons biologiques, balistiques et de contrôle, les radiobiologistes et les radiothérapeutes considèrent que les ions carbone sont les mieux adaptés pour traiter les tumeurs cancéreuses radiorésistantes. En effet, l’hadronthérapie permet de déposer avec précision le maximum d’énergie à différentes profondeurs dans la tumeur, tout en épargnant les tissus sains en amont et en aval. Le contrôle du dé- pôt de dose est possible in situ par camera TEP (tomographie par émission de positons). Ces caractéristiques rendent ces rayonnements plus efficaces pour stériliser les tumeurs radiorésistantes. En France, 1 000 vies humaines pourraient être sauvées, chaque année, grâce à l’hadronthérapie. Indications Les traitements par ions légers sont donc indiqués seuls ou en complément de photons, pour le contrôle locorégional des tumeurs non opérables et radio-résistantes, lorsqu’ils offrent un gain thérapeutique significatif par rapport à la radiothérapie conventionnelle ou par rapport à la protonthérapie. Le faisceau de hadrons cédant la plus grande partie de son énergie destructive sur la cible, la dose à la tumeur peut, de ce fait, être très grande. En effet, les rayons X ne cèdent qu’une partie de leur énergie sur la tumeur et attaquent aussi les tissus sains. De ce fait, la dose ne peut être élevée. En cédant la dose sur la tumeur avec une grande sélectivité, l’hadronthérapie cause donc moins de dommages aux tissus sains environnants que la radiothérapie avec les rayons X. Cette propriété est particulièrement importante lorsque la tumeur est située près d’organes vitaux qui ne doivent pas être irradiés. Ces caractéristiques conduisent à traiter de manière préférentielle : des tumeurs rares à malignité très spécifique (chordomes et sarcomes de la base du crâne, cancers radiorésistants à proximité de la moelle épinière, tumeurs à croissance lente, certaines tumeurs des sinus de la face, au fond de l’œil) ; des tumeurs fréquentes sélectionnées (cancers du poumon, du foie et de la prostate). Peuvent aussi bénéficier du traitement les tumeurs pédiatriques, celles du système nerveux et l’appareil gastro-entérique. Jusqu’à présent, environ 25 000 patients ont été traités dans le monde par l’hadronthérapie. A Grenoble, on pense traiter les premiers patients en 2007. Le coût de fonctionnement annuel prévu est de l’ordre de 12 millions d’euros. Le projet associe les Centres français de protonthérapie de Nice et Orsay et de neutronthérapie d’Orléans. A.-L.P. La thérapie grâce au cyclotron C’est la création du cyclotron qui a permis l’apparition de ces nouvelles techniques de soins. Ainsi, la protonthérapie utilise un faisceau de protons généré par le cyclotron afin de traiter certaines pathologies. C’est en 1946 que Wilson, physicien à l’université de Harvard, a fait état de la possibilité d’utiliser un faisceau de protons pour augmenter la sélectivité de la dose à la tumeur. Le cyclotron est un accélérateur qui communique des énergies très élevées à des particules chargées. Un synchrotron est un cyclotron qui produit aussi un rayonnement électromagnétique. Les neutrons sont des particules élémentaires électriquement neutres qui font partie de tous les noyaux atomiques, sauf du noyau hydrogène normal. Les protons sont des particules constitutives du noyau atomique, de charge électrique positive égale numériquement à celle de l’électron, mais de masse plus grande et voisine de celle du neutron. Les hadrons sont des particules à interaction forte qui comprennent les baryons que sont les protons et les neutrons. Professions Santé Infirmier Infirmière - No 43 - janvier-février 2003 9