à 2 ans, les tests d’exploration fonctionnelle respiratoire
réalisés 12 semaines après l’arrêt ne montraient pas de dif-
férence entre le groupe insuline inhalée et le groupe com-
parateur (26). Enfin, un certain nombre de patients DT1
ou DT2, insuffisamment contrôlés par ADO (n = 204), ont
été traités en ouvert par insuline inhalée après étude en
double aveugle à court terme (20). Quatre-vingt-neuf
d’entre eux ont ainsi été traités pendant au moins 4 ans, et
comparés à 23 diabétiques sous ADO ou sous insuline s.c.
suivis pendant 2 ans. Chez les patients traités pendant au
moins 4 ans par insuline inhalée, la baisse mesurée du
VEMS a été de 0,057 ± 0,004 l par an et celle de la DLCO
de 0,376±0,067 ml/mn/mmHg par an par comparaison, les
baisses observées à 2 ans chez les patients sous ADO ou
insuline s.c. étaient respectivement de 0,071±0,023 l par an
et de 0,673 ± 0,423 ml/mn/mmHg par an. Ces données,
bien que non contrôlées et portant sur de petites popula-
tions, suggèrent fortement que la fonction pulmonaire est
bien conservée sous insulinothérapie inhalée au long cours.
Il n’en demeure pas moins nécessaire de poursuivre les
investigations afin de mieux connaître les causes poten-
tielles des effets observés lors de certains tests de l’explo-
ration fonctionnelle pulmonaire, même s’ils apparaissent
modérés et sans traduction clinique. Les tomographies
computérisées à haute résolution n’ont pas montré d’ano-
malies structurales chez ces patients. Il faut également
signaler la grande méconnaissance actuelle de l’évolution
naturelle de la fonction pulmonaire chez le diabétique,
justifiant les nombreux travaux en cours dans ce domaine
(27, 28).
Les effets cliniques indésirables sont essentiellement
représentés par la toux, que ce soit chez les patients DT1
ou DT2. Celle-ci est généralement minime ou modérée,
diminue avec la durée du traitement et n’est pas associée
à une réduction de la fonction pulmonaire. Moins de 1 %
des patients arrêtent le traitement par insuline inhalée en
raison de cette toux. Les autres effets indésirables respi-
ratoires observés (incluant les infections respiratoires) ne
sont pas différents de ceux observés chez les patients
sous insuline s.c., à l’exception d’une dyspnée, d’inten-
sité généralement légère, et survenant moins fréquem-
ment que la toux (20, 26).
L’insuline inhalée : quel potentiel
pour la pratique clinique ?
Il est bien établi qu’il s’avère difficile, en pratique cli-
nique, d’obtenir un contrôle glycémique optimal au long
cours avec les ADO. L’initiation de l’insulinothérapie est
souvent trop tardive en raison des nombreuses barrières
psychologiques (“la résistance psychologique à l’insuline”),
tant de la part du médecin que du patient. Les raisons
avancées sont nombreuses : refus de l’insuline et mauvaise
compliance du patient, crainte des hypoglycémies, peur des
injections et de la piqûre, douleurs et contraintes liées à
l’autosurveillance glycémique pluriquotidienne, com-
plexité des schémas insuliniques, etc. (29-31). Cette situa-
tion est encore exacerbée chez certains patients DT2,
chez lesquels s’associent une compliance insuffisante
aux traitements (en raison du nombre élevé de compri-
més ou autres traitements oraux) et une tentation de retar-
der le plus possible le moment de l’insulinothérapie.
Chez de nombreux patients, une insulinothérapie simple
à administrer et ne nécessitant pas d’injection pourrait
donc être bien acceptée, permettant un passage à l’insu-
line plus précoce, et, ce faisant, un meilleur contrôle du
diabète et une meilleure prévention des complications :
patients DT2, patients ayant la phobie des piqûres ou des
injections, patients anxieux, etc.
Jusqu’à maintenant, le choix de la voie d’administration
ne se posait pas. Il était donc important d’évaluer l’accepta-
tion par le patient de cette nouvelle voie. Une étude réali-
sée chez 60 patients ayant reçu l’insuline inhalée pendant
12 semaines apporte des informations : à la fin de l’étude,
85 % ont choisi de poursuivre ce traitement pour une
extension à un an, et seuls 8 patients (13,3 %) ont choisi
de retourner à l’insuline s.c.; dans le groupe des 61 patients
initialement randomisés à l’insuline s.c., 75,4 % (n = 46)
ont choisi l’insuline inhalée pour poursuivre le traitement
dans l’extension à un an, alors que 13 patients (21,3 %)
seulement ont préféré conserver leur insuline s.c. (32).
Une autre étude, réalisée chez 779 patients DT2 insuffi-
samment contrôlés par le régime et/ou les ADO, avait
pour but de déterminer si la disponibilité d’une insuline
inhalée modifiait leur perception et leur comportement
vis-à-vis de l’insuline (33). Ils ont été randomisés en
deux groupes recevant soit une information sur les choix
thérapeutiques habituels (ADO et/ou insuline s.c.), soit
une information sur les choix habituels et sur l’insuline
inhalée. Il leur a ensuite été demandé de faire le choix
théorique de leur futur traitement du diabète. Dans le
groupe ayant reçu l’information sur l’insuline inhalée, la
proportion de patients choisissant l’insuline (43,2 %) était
3fois supérieure à celle du groupe informé sur les seuls
traitements actuellement disponibles (15,5 %, p <0,0001).
Ces différents exemples indiquent bien que l’insuline
inhalée par voie pulmonaire paraît être bien acceptée par
les patients diabétiques. Sa disponibilité en tant que traite-
ment du diabète pourrait certainement accroître l’acceptabi-
lité de l’insulinothérapie et faciliter sa mise en œuvre plus
précoce, en particulier chez les patients DT2, en associa-
tion avec les ADO ou en remplacement de ceux-ci. ■
Références
1.
Diabetes Control and Complications Trial (DCCT) Research Group. The effect
of intensive treatment of diabetes on the development and the progression of
long-term complications in insulin-dependent diabetes mellitus. N Engl J Med
1993;329:977-86.
236
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VIII), n° 6, novembre/décembre 2004 et (IX), n° 1, janvier/février 2005
Écho des congrès
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