46 | La Lettre du Cancérologue • Suppl. 4 au vol. XIX - n° 6 - juillet 2010
Résumé
Un traitement d’entretien par gemcitabine ou erlotinib chez des patients en stabilisation ou en réponse
préalablement traités par 4 cycles de gemcitabine et cisplatine améliore la survie sans progression compa-
rativement à une simple surveillance.
Une étude randomisée de phase III multicentrique démontre que l’association paclitaxel-carboplatine
augmente significativement la survie globale et la survie sans progression d’une population ayant un
CBNPC âgée de 70 ans ou plus, lorsqu’on la compare à une monothérapie standard.
EML4-ALK est un réarrangement génique caractérisant un groupe de CBNPC avec des caractéristiques
cliniques et histologiques spécifiques. Le crizotinib (PF02341066) entraîne la régression ou la stabilisation
des tumeurs porteuses du réarrangement EML4-ALK dans environ 90 % des cas.
Mots-clés
Cancer bronchique
Thérapeutiques
ciblées
Chimiothérapie
d’entretien
Patients âgés
Highlights
Patients who took gemcitabine
or erlotinib as a maintenance
therapy after their disease had
been controlled with a standard
gemcitabine cisplatinum had
an improved progression-free
survival when compared with
those without maintenance
treatment.
A Phase III randomized,
multicenter trial shows that
a combination of paclitaxel
and carboplatin significantly
increases overall survival and
progression-free survival in
patients aged 70 or older with
advanced non-small cell lung
cancer (NSCLC) compared to
standard single-agent therapy.
EML4-ALK defines a new
molecular subset of NSCLC
with distinct clinical and patho-
logic characteristics. The drug
crizotinib (PF02341066) was
shown to shrink or stabilize
tumors harboring EML4-ALK
rearrangement in about 90% of
the patients who took it.
Keywords
Lung cancer
Targeted therapy
Maintenance chemotherapy
Elderly patients
Cet essai a inclus 241 patients. Les caractéristiques
des patients inclus étaient identiques dans les
2 groupes. L’étude a évalué 236 personnes, 118 dans
chaque groupe. L’atteinte ganglionnaire a été trouvée
chez 62 patients (52 %) dans le groupe échoendos-
copie (56 par l’échoendoscopie et 6 par la chirurgie)
versus 41 patients (35 %) dans le groupe chirurgie
seule. La sensibilité était de 94 % (n = 111) dans le
groupe échoendoscopie versus 80 % (n = 94) dans le
groupe chirurgie. Les thoracotomies inutiles étaient
au nombre de 8 (7 %) dans le groupe échoendoscopie
et de 21 (18 %) dans le groupe chirurgie. La fréquence
des complications dans les 2 groupes était similaire.
L’association échoendoscopie bronchique trans-
œso phagienne et transbronchique avec ponction
échoguidée représente, pour les auteurs de cette
étude, le nouveau standard de l’exploration
médiasti nale dans les CBNPC résécables avec des
arguments scannographiques ou au PET scanner
d’atteinte ganglionnaire médiastinale.
La question de l’intérêt de la CT néo-adjuvante des
stades précoces a été soulevée par les résultats de
l’étude française MIP 91, publiée en 2002 (1). Cet
essai comparait 2 stratégies : CT par mitomycine-
ifosfamide-platine (MIP) durant 2 cycles suivie d’une
chirurgie versus chirurgie avec ou sans radiothé-
rapie (RT). Les patients répondant au schéma MIP
recevaient 2 cycles supplémentaires de CT immédia-
tement après l’opération ainsi que, dans certains
cas, une RT. Le bénéfice de la CT préopératoire
était plutôt observé dans les stades I et II que dans
le stade IIIa (N2).
Ces résultats ont été confirmés par plusieurs
travaux, dont l’étude S9900 présentée par K. Pisters
au congrès de l’ASCO 2005 (2). Cette dernière
comparait une CT par 3 cycles de paclitaxel-
carboplatine suivie d’une chirurgie à une chirurgie
seule. Les patients inclus dans l’étude présentaient
des stades Ib à IIIa (T3N1). Cette étude a cependant
été prématurément arrêtée à 354 patients, du
fait d’un recrutement insuffisant résultant de la
publication des résultats positifs des études de CT
adjuvante. L’effectif ne permettait pas d’avoir la
puissance statistique nécessaire. En dépit d’une
amélioration de la survie globale (SG) et de la survie
sans progression (SSP), la différence restait statis-
tiquement non significative, comme dans l’étude
d’A. Depierre, MIP91.
Plusieurs méta-analyses ont donné une dimension
supplémentaire à ces études préopératoires, avec
un bénéfice qui devenait statistiquement signi-
ficatif. Cependant, ce bénéfice se maintient-il
à long terme ? Cette question a déjà été posée
dans les essais portant sur la CT adjuvante, avec
notamment l’étude IALT (International Adjuvant
Lung Cancer Trial), dans laquelle le bénéfice
disparaît avec le temps, en partie du fait d’une
surmortalité due à des pathologies non cancé-
reuses dont certaines sont peut-être liées à un
effet tardif de la CT (3).
Au terme d’un recul de 10 ans, l’importance de l’amé-
lioration de la survie dans l’étude périopératoire MIP
est confirmée (Westeel V et al., abstr. 7003). Elle reste
non significative en analyse univariée mais repré-
sente un gain d’environ 9 % à 10 ans. En revanche,
en analyse multivariée, la CT néo-adjuvante apporte
un bénéfice en survie. Il faut tout particulièrement
noter l’absence de surmortalité non liée au cancer
ainsi qu’une diminution du risque de rechute sous
forme de métastases osseuses, alors que le risque
de rechute cérébrale est équivalent dans les groupes
avec et sans CT.
La question du traitement multimodalité optimal
pour les tumeurs de l’apex envahissant le défilé
cervico-thoracique a été posée. Une étude (Komaki R
et al., abstr. 7026) a comparé 2 essais de phase II
comparant une chirurgie d’emblée suivie d’une
radio-chimiothérapie en séquentiel ou en conco-
mitant à une CT d’induction suivie de la chirurgie
puis d’une RT. Il ressort de cette analyse que la
chirurgie immédiate suivie d’une radio-chimiothé-
rapie donne de meilleurs résultats en termes de SG
et de survie sans récidive. Ces résultats, obtenus
sur des cohortes de petite taille, sont d’autant plus
troublants qu’une étude japonaise (Tsuboi M et al.,
abstr. 7025), également présentée cette année,
montre le contraire avec de très bons résultats à
7 ans pour une association initiale CT (mitomycine,
vindésine, cisplatine) et RT suivie d’une chirurgie. La
SG des patients R0 à 7 ans est excellente, de 67 %, et
le taux de SSP de 44 %. Chez les patients en réponse
complète, la survie à 7 ans est de 92 %.