pour lesquelles la chirurgie première ne permettra pas une
cytoréduction optimale ? Par ailleurs, cette chimiothérapie
néoadjuvante est-elle efficace ?
Les moyens dont nous disposons pour évaluer la “résécabilité”
tumorale avant la laparotomie sont le taux plasmatique du CA
125, le scanner abdomino-pelvien et la cœlioscopie. Dans cette
étude, Chi et al. ont testé plusieurs seuils de CA 125 plasma-
tique et recherché celui qui offrait le meilleur compromis entre
sensibilité et spécificité. En choisissant un seuil de 500 UI/ml,
les auteurs observent 78 % de cytoréduction optimale lorsque
le taux de CA 125 est inférieur au seuil contre seulement 27 %
lorsqu’il est supérieur. Ils proposent, dans ces conditions, de
soumettre les patientes ayant des taux supérieurs à 500 UI/ml à
une cœlioscopie pour préciser la résécabilité.
Comme le souligne Berek dans son éditorial, cette étude
devrait susciter la mise en place d’études prospectives de la
prédiction de la “résécabilité” tumorale par le CA 125, le scan-
ner et la cœlioscopie. Ces résultats seront ensuite intégrés à
ceux obtenus par les études portant sur la chimiothérapie
néoadjuvante afin de définir les meilleures indications de cette
thérapeutique.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Hoskins WJ, McGuire WP, Brady MF et al. The effect of diameter of largest
residual disease on survival after primary cytoreductive surgery in patients with
suboptimal residual epithelial ovarian carcinoma. Am J Obstet Gynecol 1994 ;
170 : 974-80.
2. Berek JS. Preoperative prediction of optimal resecability in advanced ova-
rian cancer using CA 125. Gynecol Oncol 2000 ; 77 : 225-6.
•
•Chirurgie et radiothérapie
postopératoire versus chirurgie seule
dans le traitement des cancers
de l’endomètre au stade I :
essai randomisé multicentrique
Y. Ansquer
(Hôpital Edouard-Herriot, service du Pr Dargent, Lyon.)
Surgery and postoperative radiotherapy versus surgery alone
for patients with stage-1 endometrial carcinoma : multicentre
randomised trial. Creutzberg CL, Van Putten WLJ, Koper
PCM et al. Lancet 2000 ; 355 : 1404-11.
Résumé
Cet essai randomisé multicentrique avait pour objectif de
déterminer si la radiothérapie pelvienne postopératoire aug-
mente le contrôle locorégional et la survie des patientes trai-
tées pour cancer de l’endomètre au stade I.
Les critères d’inclusion étaient : adénocarcinome de l’endo-
mètre au stade I, grade 1 avec profondeur d’infiltration myo-
métriale 50 %, ou grade 2 quel que soit le degré d’infiltration
myométriale, ou grade 3 avec une invasion myomé-
triale < 50 %. La randomisation était réalisée après hystérecto-
mie totale avec annexectomie bilatérale sans lymphadénecto-
mie pelvienne. Sept cent quinze patientes provenant de
19 centres ont été randomisées pour recevoir une radiothérapie
adjuvante (46 Gy) versus abstention. Les critères de jugement
principaux étaient les récidives locorégionales et la survie. Les
critères de jugement secondaires étaient la morbidité induite
par les traitements et la survie après récidive.
L’analyse a été conduite en intention de traitement. Parmi les
715 patientes, 714 étaient analysables. La médiane de suivi
était de 52 mois. Le taux actuariel de récidive locorégionale
était, à 5 ans, de 4 % dans le groupe radiothérapie versus 14 %
dans le groupe contrôle (p < 0,001). Le taux actuariel de survie
globale à 5 ans n’était pas différent dans les deux groupes :
81 % (radiothérapie) et 85 % (groupe contrôle), p = 0,31. Le
taux de décès liés au cancer de l’endomètre était de 9 % dans
le groupe radiothérapie et de 6 % dans le groupe contrôle
(p = 0,37). Le taux de complications liées au traitement était de
25 % pour le groupe radiothérapie versus 6 % dans le groupe
témoin (p < 0,0001). Les deux tiers de ces complications
étaient de grade 1. Les complications de grades 3-4 étaient
observées chez 8 patientes, parmi lesquelles 7 appartenaient au
groupe radiothérapie (2 %). La survie à 2 ans après récidive
vaginale était de 79 % contre 21 % après récidive pelvienne ou
métastases à distance. La survie après récidive était significati-
vement meilleure dans le groupe contrôle (p = 0,02). L’analyse
multivariée a montré que la radiothérapie postopératoire et un
âge inférieur à 60 ans étaient associés à une diminution signifi-
cative du risque de récidive locorégionale.
En conclusion, pour les cancers de l’endomètre au stade I, la
radiothérapie adjuvante diminue le risque de récidive locoré-
gionale mais n’a pas d’impact sur la survie. La radiothérapie
augmente la morbidité liée aux traitements. La radiothérapie
postopératoire n’est indiquée ni pour les patientes de moins de
60 ans atteintes d’un adénocarcinome de l’endomètre au
stade I, ni pour les patientes atteintes de tumeurs de grade 2
avec invasion myométriale superficielle.
Commentaire
Cette étude met en évidence le paradoxe entre un meilleur
contrôle local dû à la radiothérapie (4 % de récidives locales
dans le groupe radiothérapie versus 14 % dans le groupe
contrôle, p < 0,001) et l’absence de traduction de ce bénéfice
en termes de survie. Les auteurs expliquent ce résultat par le
bon pronostic des récidives locales après chirurgie exclusive,
qui influent donc peu sur la survie, alors que le taux de méta-
stases à distance n’est pas différent dans les deux groupes.
Ainsi, la radiothérapie postopératoire ne permet pas de contrô-
ler les formes à haut risque métastatique, laissant supposer que
des métastases microscopiques sont déjà présentes au moment
de la radiothérapie. La radiothérapie adjuvante n’est donc pas
à retenir pour ces cancers de l’endomètre au stade I, et ce
d’autant plus que la morbidité des traitements n’est pas négli-
geable (25 % dans le groupe radiothérapie versus 6 % dans le
groupe témoin, p < 0,0001). La plupart de ces complications
sont digestives, liées à l’association radiochirurgicale, mais les
deux tiers en sont cependant de grade 1.
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La Lettre du Gynécologue - n° 254 - septembre 2000