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Coordonnée par Mathias Chamaillard
Inserm U795, CHRU de Lille
La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue - Vol. X - n° 7 - juillet-août 2007
MyD88, une nouvelle cible 
thérapeutique 
dans le cancer intestinal
L
e cancer est l’une des causes 
principales de mortalité dans 
le monde. La plupart des thérapies 
anticancéreuses actuelles affectent les 
processus de prolifération cellulaire, 
ce qui est à l’origine de nombreux 
effets secondaires parfois “dévasta-
teurs”. Par conséquent, il est essentiel 
que de nouvelles molécules efficaces 
et bien tolérées soient développées 
pour traiter ce fléau. La réponse 
inflammatoire et la réparation 
tissulaire participent activement au 
contrôle du développement du cancer 
colorectal, avec notamment un rôle 
majeur du facteur de transcription 
NF-κB et du gène APC (adenomatous 
polyposis coli). L’activation de NF-
κB au niveau des entérocytes protège 
contre le développement d’une colite, 
et des mutations germinales et de 
novo du gène APC ont été identi-
fiées dans plus de 80 % des formes 
familiales et sporadiques de cancers 
colorectaux. Un nouveau lien molécu-
laire entre inflammation, réparation 
tissulaire et cancer vient d’être décou-
vert. Deux chercheurs de l’université 
de Yale, Ruslan Medzhitov et son 
collègue Seth Rakoff-Nahoum, vien-
nent de publier dans la revue Science 
leurs observations montrant que la 
protéine MyD88 participe également 
à la croissance des tumeurs intesti-
nales. En réponse à divers signaux 
microbiens et à l’interleukine 1-bêta, 
MyD88 est impliquée dans l’immunité 
innée et la réparation tissulaire des 
dommages causés par l’inflammation 
en contrôlant l’activation de NF-κB 
et ainsi l’expression de nombreux 
gènes. “On a longtemps spéculé que 
la régénération tissulaire peut être 
impliquée dans le tumorigenèse, du 
fait que la croissance des tumeurs 
peut être considérée comme la 
conséquence d’une réparation non 
contrôlée du tissu”, a commenté 
Ruslan Medzhitov, investigateur du 
Howard Hughes Medical Institute. 
Comme chez l’homme, les souris 
porteuses d’une mutation du gène 
APC ont une durée de vie limitée à 
six mois en raison du développement 
d’environ 60 à 80 adénomes intesti-
naux, préférentiellement localisés 
au niveau de l’iléon. L’absence de 
la protéine MyD88 dans ces souris 
améliore l’anémie et la survie des 
animaux. Leurs résultats révèlent que 
MyD88 semble ne pas influencer la 
formation des lésions néoplastiques 
mais contribue plutôt à la crois-
sance et à la progression tumorales. 
Les auteurs démontrent que MyD88 
régule la mort cellulaire et contrôle 
l’expression de nombreux gènes favo-
risant la tumorigenèse et la répara-
tion tissulaire. Des données similaires 
ont été observées dans un modèle de 
cancer colorectal chimio-induit par 
un carcinogène, l’azoxyméthane. 
En conclusion, cette étude suggère ainsi 
le rôle important de l’immunité innée 
dans la tumorigenèse intestinale. Des 
études chez l’homme sont désormais 
attendues pour confi rmer le rôle de 
MyD88 dans le développement tumoral 
et démontrer que la voie de signalisa-
tion MyD88 est bien une nouvelle cible 
pour le développement de molécules 
antitumorales plus effi  caces.
>
 Rakoff-Nahoum S, Medzhitov R. Regula-
tion of spontaneous intestinal tumorigenesis 
through the adaptor protein MyD88. Science 
2007;317(5834):124-7.