Le Courrier de la Transplantation - Volume V - n
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1 - janvier-février-mars 2005
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Revue
de presse
de stade pTNMI, de chimioembolisation
prégreffe (risk ratio =0,231) ou de
chimiothérapie adjuvante (RR = 0,42).
En ce qui concerne la récidive tumorale,
un stade tumoral plus avancé (p = 0,017),
la présence d’un envahissement vasculai-
re (p = 0,0001) ou le fait d’avoir dia-
gnostiqué le CHC avant la greffe
(par rapport aux CHC “incidentaux” ;
p=0,039) étaient les variables significa-
tivement associées. Dans ce travail, la
taille de la tumeur (> 3 cm : p = 0,063),
la multilocalité (p = 0,069) et la faible
différenciation (p = 0,067) étaient de
signification marginale. Quatorze
patients ont survécu plus de 5 ans. Parmi
eux, 5 avaient un stade tumoral avancé
(III ou IVA) : 4 de ces 5 patients avaient
reçu une chimiothérapie adjuvante et
n’avaient pas d’envahissement veineux
au moment de l’exérèse.
Les taux de survie observés dans ce tra-
vail sont tout à fait comparables à ceux
de la littérature : environ 70 %, 60 % et
50 % à un, 3 et 5 ans dans la majorité
des grandes séries. L’incidence du stade
tumoral sur la survie a été retrouvée,
comme dans la plupart des travaux ; en
revanche, la taille de la tumeur, l’enva-
hissement vasculaire, la différenciation
et le nombre de tumeurs ne ressortaient
pas comme prédictifs de la survie de
façon indépendante au stade TNM. De
façon intéressante, la chimiothérapie
adjuvante et la chimioembolisation
étaient des éléments bénéfiques, indé-
pendamment associés au stade TNM.
L’équipe de Los Angeles est l’une des
premières à avoir préconisé la chimio-
thérapie adjuvante, traitement qui, à ce
jour, semble intéressant pour la majorité
des équipes, sans qu’il existe de travail
rétrospectif randomisé sur ce sujet. Le
taux de récidive dans cette étude (16 %)
était comparable à celui de la majorité
des travaux antérieurs. L’envahissement
vasculaire et la chimiothérapie étaient,
là encore, des éléments prédictifs
importants. Les messages importants de
ce travail sont les suivants : le staging
tumoral est souvent pris en défaut au
moment de la greffe ; la technique
d’imagerie, incluant l’IRM, et une répé-
tition du staging dans la période d’at-
tente sont essentielles. En cas d’élé-
ments prédictifs péjoratifs (stade TNM
plus important que prévu ou envahisse-
ment vasculaire) au moment de la TH,
une chimiothérapie adjuvante est proba-
blement utile, et mérite d’être évaluée
de façon prospective.
Y. Calmus, Paris
Shimoda M et al. Predictors of survival after liver
transplantation for hepatocellular carcinoma
associated with hepatitis C. Liver Transplant
2004;10:1478-86.
Le foie
est-il un organe
lymphoïde primaire ?
L
a réponse immunitaire antivirale C
peut prendre des aspects très diffé-
rents, allant d’une réponse intense et
multispécifique, permettant l’éradica-
tion virale (c’est le cas chez environ
15 % des sujets immunocompétents), à
une réponse apparemment inadaptée,
responsable d’une hépatite chronique
pouvant évoluer vers la cirrhose. La
réponse T cellulaire de type CD8+
semble jouer un rôle majeur dans l’éra-
dication du virus. Les lymphocytes T
CD8+ sont capables de détruire les
hépatocytes infectés par le virus de l’hé-
patite C (VHC) dans le contexte des
molécules du complexe majeur d’histo-
compatibilité (CMH) de type I. Après
translantation hépatique (TH), l’infection
du greffon par le VHC est constante.
Dans la majorité des cas, les lésions
hépatiques sont accélérées par rapport à
la situation observée chez les sujets
immunocompétents, mais un pourcentage
non négligeable de patients présentent
des lésions minimes. Le traitement anti-
viral peut permettre l’éradication du
virus, même chez les sujets transplantés.
Une des inconnues est le rôle de l’appa-
riement HLA entre donneur et receveur :
après TH, les lymphocytes du receveur
persistent, et sont capables d’induire
l’apoptose des hépatocytes du greffon, à
condition qu’il existe un appariement
des molécules HLA de classe 1. En cas
de mésappariement total, ces lympho-
cytes sont en principe incapables d’in-
duire des lésions au niveau du greffon.
Cependant, le rôle de l’appariement
HLA reste obscur : l’absence d’apparie-
ment ne semble pas être un facteur asso-
cié à une gravité réduite des lésions de
récidive virale C. Par ailleurs, les lym-
phocytes sont souvent transmis au
niveau du greffon lui-même, et l’expan-
sion de lymphocytes provenant du don-
neur pourrait également être capable
d’induire des lésions au niveau du gref-
fon lui-même. Le but des auteurs a été
de déterminer s’il existait des lympho-
cytes du donneur ou du receveur
capables d’induire des lésions hépa-
tiques au niveau du greffon après TH.
Les cinq patients étudiés dans ce travail
étaient infectés par un VHC de géno-
type 1. Deux d’entre eux ont été traités
après la greffe. Les cellules mononu-
cléées du sang périphérique ont été ana-
lysées. Dans les cinq cas, le donneur
était HLA-A2 positif et le receveur
HLA-A2 négatif. La technique des
tétramères a été étudiée pour évaluer la
présence de lymphocytes CD8, VHC-
spécifiques : des tétramères de molécule
HLA-A2, marquées par un fluorochro-
me et associées à des peptides immuno-
dominants du VHC, provenant des dif-
férentes régions (core, NS3, NS5),
étaient utilisées pour détecter des lym-
phocytes T CD8+ spécifiques du VHC.
Les auteurs ont ensuite généré des cel-
lules positives par clonage utilisant la
dilution limite. Ces cellules étaient
CD45 RO+, RA-, et exprimaient forte-
ment les marqueurs d’activation CD38
et CD69. Par ailleurs, elles ne portaient