40
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VIII), n° 1, janvier/février 2004 Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VIII), n° 1, janvier/février 2004
Nouvelles approches
Nouvelles approches
sion dans l’hypothalamus et l’hypophyse ainsi que l’augmen-
tation de la concentration plasmatique d’ocytocine après injec-
tion intraveineuse, de la souris, du ligand de GPR54.
Le génotypage des cinq exons de ce gène à partir de l’ADN
des individus malades de cette famille a mis en évidence une
délétion homozygote comprenant l’extrémité 3’ de l’intron 4
et l’extrémité 5’ de l’exon 5
(figure 1B).
Cette délétion est
responsable de la synthèse d’un récepteur ne comprenant pas
les deux derniers domaines transmembranaires
(figure 1C).
Il est bien connu que ces récepteurs tronqués ne sont pas fonc-
tionnels. De plus, la recherche de cette délétion dans une popu-
lation témoin a été négative, ce qui indique qu’il ne s’agit pas
d’un polymorphisme. Ce travail a permis de démontrer le lien
génétique entre une perte de fonction du récepteur GPR54 et
l’hypogonadisme hypogonadotrope.
Dans le même temps, une équipe américaine confirmait l’im-
plication de GPR54 dans la génétique du déficit gonadotrope
isolé grâce à une approche similaire dans une famille origi-
naire d’Arabie saoudite très informative et l’étude d’un cas
sporadique
(16).
Dans ce travail, trois mutations ponctuelles
responsables d’une perte de fonction de GPR54 ont été
décrites. Le dernier argument confirmant définitivement le rôle
de GPR54 dans la régulation de la synthèse de la LH et de la
FSH a été apporté par l’observation d’un déficit gonadotrope
isolé chez les souris dont le gène GPR54 a été invalidé
(16).
Un nouveau chapitre de le physiologie de l’axe gonadotrope
vient donc de s’ouvrir grâce à la génétique humaine. Le ligand
de GPR54 est un peptide RF-amide dérivé de la protéine KiSS1
synthétisée notamment dans le système nerveux central et par
le placenta
(17).
Ce peptide est également connu pour sa fonc-
tion inhibiteur de métastases
(15).
Les mécanismes molécu-
laires de la régulation de l’axe gonadotrope par GPR54 sont
pour l’instant inconnus. Les modèles animaux ainsi que la
comparaison des phénotypes observés dans l’espèce humaine
devraient aider à mieux les comprendre. Ces travaux de géné-
tique humaine combinés avec ceux de la souris indiquent que
GPR54 ne participe pas à la différenciation sexuelle durant la
vie fœtale mais qu’il joue un rôle majeur dans la régulation de
la synthèse de la LH et de la FSH durant la puberté et proba-
blement après la puberté. GPR54 pourrait donc devenir une
cible thérapeutique majeure dans les maladies dépendant de
l’axe gonadotrope.
Références
1.
De Roux N, Young J, Misrahi M et al. A family with hypogonadotropic hypo-
gonadism and mutations in the gonadotropin-releasing hormone receptor.
N Engl J Med 1997 ; 337 : 1597-602.
2.
Themmen APN, Huhtaniemi IT. Mutations of gonadotropins and gonadotro-
pin receptors : elucidating the physiology and pathophysiology of pituitary-
gonadal function. Endocr Rev 2000 ; 21 : 551-83.
3.
Kalantaridou SN, Chrousos GP. Clinical review 148 : Monogenic disorders
of puberty. J Clin Endocrinol Metab 2002 ; 87 : 2481-94.
4.
Zanaria E, Muscatelli F, Bardoni B et al. An unusual member of the nuclear
hormone receptor superfamily responsible for X-linked adrenal hypoplasia
congenita. Nature 1994 ; 372 : 635-41.
5.
Franco B, Guioli S, Pragliola A et al. A gene deleted in Kallmann's syndrome
shares homology with neural cell adhesion and axonal path-finding molecules.
Nature 1991 ; 353 : 529-36.
6.
Legouis R, Hardelin JP, Levilliers J et al. The candidate gene for the X-lin-
ked Kallmann syndrome encodes a protein related to adhesion molecules. Cell
1991 ; 67 : 423-35.
7.
Dattani MT, Martinez-Barbera JP, Thomas PQ et al. Mutations in the
homeobox gene HESX1/Hesx1 associated with septo-optic dysplasia in human
and mouse. Nat Genet 1998 ; 19 : 125-33.
8.
Netchine I, Sobrier M L, Krude H et al. Mutations in LHX3 result in a new
syndrome revealed by combined pituitary hormone deficiency. Nat Genet 2000 ;
25 : 182-6.
9.
Wu W, Cogan JD, Pfaffle RW et al. Mutations in PROP1 cause familial com-
bined pituitary hormone deficiency. Nat Genet 1998 ; 18 : 147-9.
10.
Seminara SB, Hayes FJ, Crowley WF Jr. Gonadotropin-releasing hormone
deficiency in the human (idiopathic hypogonadotropic hypogonadism and Kall-
mann's syndrome): pathophysiological and genetic considerations. Endocr Rev
1998 ; 19 : 521-39.
11.
Dode C, Levilliers J, Dupont JM et al. Loss-of-function mutations in
FGFR1 cause autosomal dominant Kallmann syndrome. Nat Genet 2003 ; 33 :
463-5.
12.
Beranova M, Oliveira LM, Bedecarrats GY et al. Prevalence, phenotypic
spectrum, and modes of inheritance of gonadotropin-releasing hormone recep-
tor mutations in idiopathic hypogonadotropic hypogonadism. J Clin Endocri-
nol Metab 2001 ; 86 : 1580-8.
13.
De Roux N, Milgrom E. Inherited disorders of GnRH and gonadotropin
receptors. Mol Cell Endocrinol 2001 ; 179 : 83-7.
14.
De Roux N, Genin E, Carel J et al. Hypogonadotropic hypogonadism due
to a loss of function of the KiSS1 derived peptide receptor (GPR54). A new
mechanism of regulation of the gonadotropic axis. Proc Natl Acad Sci USA
2003 ;100 (19) : 10972-6.
15.
Harms JF, Welch DR, Miele ME. KiSS1 metastasis suppression and emer-
gent pathways. Clin Exp Metastasis 2003 ; 20 (1): 11-8.
16.
Seminara SB, Messager S, Chatzidaki EE et al. The GPR54 gene as a regu-
lator of puberty. N Engl J Med 2003 ; 349 (17) : 1614-27.
17.
Horikoshi Y, Matsumoto H, Takatsu Y et al. Dramatic elevation of plasma
metastin concentrations in human pregnancy : metastin as a novel placenta-
derived hormone in humans. J Clin Endocrinol Metab 2003 ; 88 : 914-9.