malformations crânio- encéphaliques et syndrome de kallmann

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MALFORMATIONS
MALFORMATIONS CRÂNIO
CRÂNIOENC
ÉPHALIQUES
ENCÉPHALIQUES
ET
ET
SYNDROME
-MORSIER
SYNDROME DE
DE KALLMANN
KALLMANN-MORSIER
F Pey, A Sevely, M Irsutti-Fjortoft, P Moulin*, C Pienkowski*, C Manelfe
Service de Neuroradiologie
HÔPITAL PURPAN TOULOUSE
* Service d’Endocrinologie Pédiatrique HÔPITAL DES ENFANTS TOULOUSE
Le syndrome de Kallmann-Morsier ou dysplasie olfacto-génitale,
est défini cliniquement par un impubérisme et une absence plus ou
moins complète de l’odorat.
L’absence de puberté spontanée résulte d’un
hypogonadisme hypogonadotrophique, par déficit en
gonadolibérine (GnRH), sans atteinte des autres lignées
hypothalamo-hypophysaires.
L’hyposmie ou l’anosmie est secondaire à une hypoplasie
ou une aplasie des bulbes ou des tractus olfactifs.
Bien qu’apparemment très différents, ces symptômes sont pourtant liés
par les rapports topographiques étroits qu’entretiennent, au cours du
développement embryonnaire, les neurones synthétisant la GnRH et le
système olfactif.
RAPPELS EMBRYOLOGIQUES
Les neurones à GnRH prennent leur origine au niveau de la placode
olfactive médiane et vont migrer, dès la sixième semaine de vie
embryonnaire, vers le noyau infundibulaire hypothalamique (noyau
arqué), lieu de la neuro-sécrétion transmise à l’antéhypophyse. Cette
migration est guidée par la présence des fibres olfactives du nervus
terminalis qui relie l’épithélium olfactif à la région hypothalamique.
A la même période, les bulbes olfactifs se développent suite au
contact entre les axones de l’épithélium olfactif et le télencéphale rostral.
Il s’ensuit une prolifération et une différenciation des cellules neuroépithéliales qui entraînent l’évagination des bulbes primitifs.
Ces étapes complexes de la morphogenèse sont défectueuses dans le
syndrome de Kallmann-Morsier. De nombreux facteurs, notamment
génétiques, sont donc susceptibles d’être à l’origine de ces troubles de la
migration neuronale.
Face inférieure du cerveau
1. Bulbe olfactif ; 2. Tractus olfactif ; 3. Gyrus orbitaire ; 4. Gyrus rectus ; 5. Sillon
olfactif ; 6. Chiasma optique ; 7. Tige pituitaire ; 8. Corps mamillaire ; 9. Pôle
temporal
La plupart des cas sont diagnostiqués à l’adolescence devant
l’absence de puberté spontanée à laquelle s’associe le déficit olfactif. Ce
dernier est à rechercher par l’interrogatoire et les tests de perception
des odeurs car il n’est que très rarement mentionné spontanément.
Plus rarement, chez le garçon, le diagnostic est évoqué devant
l’existence d’une cryptorchidie voire d’un micropénis.
Un diagnostic rapide est alors essentiel car le traitement hormonal
substitutif, débuté dès que possible, permettra la correction de
l’ostéopénie induite par l’insuffisance hormonale et permettra une
reprise rapide de la croissance et l’apparition des caractères sexuels.
Associée, aux dosages hormonaux, l’imagerie par résonance
magnétique (IRM) occupe une place de choix dans la hiérarchie des
examens. Outre l’étude des voies olfactives et de l’hypophyse, elle
permet d’éliminer tout processus expansif de l’étage moyen et de
dépister toute malformation crânio-encéphalique associée.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Six patients présentant un hypogonadisme central associé à des
troubles de l’olfaction, furent explorés dans le service d’Endocrinologie
Pédiatrique du CHU de Toulouse
Un syndrome de Kallmann étant cliniquement suspecté, ces six
patients furent explorés par IRM, afin d’objectiver la présence ou
l’absence des bulbes olfactifs (Siemens Vision 1,5 Tesla).
Le protocole d’exploration :
Coupes sagittales jointives de 3 mm d’épaisseur en écho de spin pondéré
T1 (TR = 600 msec, TE = 12 msec)
Coupes coronales jointives de 2 ou 3 mm sur les lobes frontaux et la
région hypothalamo-hypophysaire en écho de spin pondéré T1 (TR = 600
msec, TE = 12 msec)
Coupes coronales jointives de 2 ou 3 mm sur les lobes frontaux et la
région hypothalamo-hypophysaire en inversion récupération pondéré T1
(TI = 400 msec, TE = 60 msec).
RÉSULTATS
Patient Age Sexe Olfactométrie
Mode de
découverte
Antécédents Bulbes
familiaux
Olfactifs
1
20
M
anosmie
impubérisme
micropénis
cryptorchidie
2
17
M
hyposmie
impubérisme
aucun
hyposmie
impubérisme
micropénis
cryptorchidie
surdité
congénitale
paternelle
hyposmie
impubérisme
aménorrhée
aucun
hyposmie
impubérisme
retard
pubertaire
oncle maternel
anosmie
impubérisme
micropénis
3
4
5
6
13
14
16
14
M
F
M
M
Sillons olfactifs
Antéhypophyse
Anomalies
associées
aucun
absents
normaux
hypoplasique
dysmorphie faciale
insuffisance mitrale
hernie temporale
absents
non exploitables
hypoplasique
aucune
aucun
absents
mal dessinés
normale
dysplasie corps calleux
atrophie vermis
supérieur
absents
absent à gauche,
hypoplasique à
droite
hypoplasique
hypoplasie vermis
absents
hypoplasique à
droite
et mal dessinés
hypoplasique
kyste arachnoïdien
rétro-cérébelleux
absents
hypoplasiques
et mal dessinés
hypoplasique
méga grande citerne
cérebelleuse
dent 23 incluse
Il ne fut pas diagnostiqué d’agénésie ou de malformation rénale chez les six patients.
L’antéhypophyse était hypoplasique pour 5 d’entre eux et la post-hypophyse était en place, de signal normal.
Les bulbes et
les tractus
olfactifs étaient
absents chez
tous les patients
étudiés.
a
b
c
d
Coupes coronales de 3 mm pondérées T1 en spin-écho (a) et inversion récupération (b) chez un
sujet témoin. Les bulbes olfactifs sont bien visibles au sein des gouttières olfactives (flèches
blanches). Absence des bulbes olfactifs dans le syndrome de Kallmann sur les séquences en T1 SE
(c) et T1 IR (d) (flèches blanches).
Les bulbes et
les tractus
olfactifs étaient
absents chez
tous les patients
étudiés.
a
b
c
d
Coupes sagittales para-médianes (de part et d’autre de la tige pituitaire) en séquences T1 SE,
coupes de 3 mm. Les bulbes et les tractus (flèches blanches) sont bien visibles chez un sujet
témoin (a et b). Ils sont absents dans le cadre d’un syndrome de Kallmann (c et d).
Sur les dix
sillons olfactifs
exploitables, un
était absent,
quatre
hypoplasiques et
six mal dessinés.
a
b
c
d
Coupes coronales de 3 mm, séquence T1 inversion récupération, d’avant en arrière (a et b) chez
un sujet témoin. Les sillons olfactifs sont profonds et bien dessinés (flèches blanches).
Sillons olfactifs hypoplasiques et mal dessinés (flèches noires) dans le cadre d’un syndrome de
Kallmann (c et d).
RÉSULTATS
Plusieurs malformations crânio-encéphaliques ont été découvertes à
l’occasion de cette imagerie :
4 patients présentaient des anomalies de la fosse postérieure
1
1
1
1
hypoplasie vermienne
atrophie du vermis supérieur
méga grande citerne cérébelleuse
kyste arachnoïdien rétro-cérébelleux discrètement compressif
A l’étage sus-tentoriel, une hernie temporale était notée chez le
patient présentant la dysmorphie faciale
Enfin, une dysplasie du corps calleux (aspect dysmorphique et
hypoplasique du genou), était relevée chez l’un d’entre eux
a
b
Coupe axiale T2 SE (a) et sagittale T1 SE (b). Hypoplasie vermienne.
Observation 1 : fille 14 ans.
Coupe sagittale en inversion récupération pondérée T1. Dysplasie du corps calleux
avec hypoplasie du genou (tête de flèche), associée à une atrophie du vermis
supérieur (flèche).
Observation 2 : garçon 13 ans.
Coupe sagittale en T1 SE. Méga grande citerne cérébelleuse (*).
Observation 3 : garçon 14 ans.
Coupe sagittale pondérée en T1 SE. Antéhypophyse hypoplasique (tête de
flèche) et kyste arachnoïdien rétrocérébelleux (flèches).
Observation 4 : garçon 16 ans.
a
b
Coupes coronales pondérées T2 Spin-Echo (a) et tomodensitométrie (b).
Hernie temporale gauche (flèches).
Observation 5 : garçon 20 ans.
DISCUSSION
IRM
L’IRM s’est rapidement imposée comme examen de choix pour confirmer le
diagnostic du syndrome de Kallmann-Morsier. En effet, sa résolution spatiale et ses
possibilités multiplanaires font de cet examen un outil particulièrement performant
pour l’analyse des voies olfactives.
Les deux bulbes olfactifs se situent au sein des gouttières olfactives, au-dessus
de la lame criblée de l’éthmoïde. Sur la face orbitaire du lobe frontal, ils sont audessous du sillon olfactif qui sépare le gyrus orbitaire en dehors, du gyrus rectus
en dedans. Le bulbe olfactif représente le relais d’arrivée du neurone périphérique
et de départ du neurone central de deuxième ordre, représenté par la cellule
mitrale. Le tractus olfactif relie le bulbe au lobe frontal au niveau du trigone
olfactif. Ces fibres se projettent alors vers le paléocortex (noyau dorso-médial
thalamique), vers le néocortex olfactif orbito-frontal et vers l’hypothalamus.
Toutes les séquences permettent d’authentifier la présence ou l’absence des
bulbes olfactifs, la seule limite étant l’épaisseur des coupes qui ne doit pas excéder
3 mm. Ils seront recherchés quelques millimètres en arrière de l’apophyse crista
galli.
DISCUSSION
IRM
Les coupes coronales sont particulièrement adaptées à l’étude des voies
olfactives. Le plan de coupe doit être perpendiculaire au plan neuro-oculaire de
référence. Les séquences coronales en coupes fines pondérées écho de spin
pondéré T1 ou en inversion-récupération pondérée T1, semblent les mieux
indiquées pour l’analyse de la sulcation basi-frontale.
Les séquences en trois dimensions de type MP-RAGE ou CISS-3D apparaissent,
elles aussi, très performantes.
Les séquences sagittales paramédianes en coupes fines objectivent le tractus
au sein du sillon olfactif, mais leur moindre sensibilité les rendent plus utiles à
l’étude de l’hypophyse, du corps calleux ou de la fosse postérieure.
Les coupes axiales sont les moins informatives du fait de la disposition
anatomique des voies olfactives.
L’injection de gadolinium n’est habituellement pas nécessaire. Dans certains
cas, elle permet de différencier les bulbes de la muqueuse nasale qui se rehausse.
DISCUSSION
IRM
Dans notre expérience et dans la littérature récente, les
bulbes olfactifs sont
toujours visualisés chez le sujet sain ou atteint d’un hypogonadisme central isolé,
alors qu’ils apparaissent absents ou hypoplasiques dans le cadre d’un syndrome de
Kallmann. Seuls quelques cas de syndrome avéré associé à des bulbes normaux ont
été rapportés.
De nombreuses séries relèvent aussi un aspect mal dessiné, hypoplasique ou
absent des sillons olfactifs. Fuerxer et coll, mesurent la profondeur du sillon olfactif
3 à 6 mm en arrière de l’apophyse crista galli. La profondeur est de 10 mm en
moyenne chez un sujet sain (de 7 à 14 mm) et 6.8 mm chez les patients atteints
(toujours inférieure à 10 mm). Ces constatations, bien que relativement subjectives,
permettent de différencier un sillon normal d’un sillon mal dessiné à bords flous ou
d’un sillon hypoplasique, voire absent. Dans notre étude, seul un patient présentait
des sillons de profondeur et d’aspect normaux. En outre, la morphologie ne semble
avoir aucune corrélation avec le degré de l’anosmie.
Ces dernières anomalies peuvent être objectivées de manière plus précise par
l’utilisation d’une antenne de surface, permettant une meilleure résolution
anatomique
Coupe axiale pondérée T1 en inversion récupération, réalisée à l’aide d’une
antenne de surface disposée sur la partie médiane du visage chez un sujet sain.
La résolution anatomique est améliorée.
GÉNÉTIQUE
Décrit pour la première fois en 1856 par Maestre de San Juan, c’est en 1944 que
Franz Josef Kallmann suspecte une possible hérédité en rapportant les cas de trois
familles dont plusieurs garçons sont atteints. Depuis, 3 modes de transmission ont
été authentifiés une forme autosomique dominante
une forme récessive liée au chromosome X
une forme autosomique récessive (beaucoup plus rare)
Ces trois schémas possibles témoignent donc de l’implication de plusieurs gènes
dans la pathogénie.
La biologie moléculaire a récemment permis d’authentifier 2 protéines dont
l’absence est susceptible d’entraîner de telles anomalies :
Anosmine-1 (1991). L’anosmine-1 est une glycoprotéine de la matrice
extracellulaire, présente de façon transitoire dans certaines membranes basales et
matrices interstitielles durant l’organogenèse. Codée par le gène KAL-1 situé sur le
chromosome X (région Xp22.3), elle est responsable de la forme liée à l’X.
FGFR1 (Fibroblast Growth Factor Receptor), dont l’implication dans une forme
autosomique dominante a été relevée en 2003. FGFR1 est un récepteur membranaire
codé par le gène KAL-2 situé sur le chromosome 8 (région 8p11-12). Les mutations de
KAL-2 sont responsables d’une forme dominante de la maladie. Les FGF jouent un rôle
important dans l’ostéogenèse et le développement du squelette, en régulant l’activité
ostéoblastique. FGFR1 est précisément exprimé aux stades précoces de l’ossification
membraneuse des sutures crâniennes.
DISCUSSION
GÉNÉTIQUE
La pénétrance et l’expressivité, même dans les formes familiales, sont très
variables. En effet, le degré d’hypogonadisme et d’anosmie varient selon les patients
et même entre jumeaux. Malgré cela, il n’existe aucun argument génétique ou
physiopathologique pour inclure un hypogonadisme central isolé (c’est-à-dire sans
anosmie) dans le même cadre nosologique que le syndrome de Kallmann.
Les mutations sporadiques sont les plus fréquentes (80 %).
L’incidence de la maladie est d’environ 1/10 000 garçons et 1/50 000 filles. Il est
intéressant de noter que la nette prépondérance masculine dans la population
générale ne semble pas pouvoir être attribuée à une implication fréquente du gène
KAL1 dans la maladie (mutation retrouvée dans 10 % des cas). L’anosmine-1
participerait en fait à la signalisation de FGFR1, le mécanisme restant encore
méconnu. Présente en concentration beaucoup plus importante chez la femme (car
située sur une région du chromosome X échappant à l’inactivation), elle pourrait de
ce fait, suppléer un déficit quantitatif en FGFR1.
DISCUSSION
MALFORMATIONS ASSOCIÉES
Du fait de la variété génique possible, il n’est pas étonnant de constater parfois
la présence d’autres anomalies associées aux deux signes cardinaux de la maladie.
Certaines de ces anomalies correspondent à la délétion simultanée de gènes
voisins sur le même chromosome (syndrome des gènes contigus). C’est le cas de
l’ichtyose due à la perte du gène STS qui peut accompagner le gène KAL1 ou
encore de la sphérocytose due à la codélétion du gène de l’ankyrine et du gène
KAL2 (FGFR1) dans la région 8p11-12.
Mais la plupart des malformations qui accompagnent le syndrome de Kallmann,
sont en rapport avec l’atteinte de l’un des gènes de la maladie elle-même. C’est le
cas de l’agénésie rénale, présente chez un tiers des patients KAL-1, ou des
syncinésies controlatérales d’imitation des membres supérieurs (mouvements en
miroir), présentes dans plus de trois quarts des cas. La forme KAL-2 serait associée
à des anomalies de la ligne médiane (fente labio-palatine) ou à des agénésies
dentaires. Mais ces anomalies ne restent pas spécifiques de telle ou telle forme.
DISCUSSION
MALFORMATIONS ASSOCIÉES
Tout comme celles du rhinencéphale, ces anomalies apparaissent secondaires
à des troubles du développement. Parmi les plus fréquentes, les agénésies rénales
unilatérales (les formes bilatérales étant létales), seraient secondaires à l’involution
de reins multikystiques dysplasiques.
Les syncinésies controlatérales d’imitation des membres supérieurs seraient
liées à un développement anormal de fibres cortico-spinales directes ipsi-latérales.
Une deuxième hypothèse qui n’exclue pas la première, propose un
dysfonctionnement ou une absence des faisceaux inhibiteurs transcalleux. En effet,
des anomalies morphologiques du corps calleux (absence ou dysplasie) semblent
souvent associées.
Les fentes labio-palatines sont présentes dans 10 % des syndromes de
Kallmann contre 0,1 % dans la population générale. Les mutations entraînant une
perte de fonction du récepteur FGFR1 pourraient être à l’origine de telles
anomalies crânio-faciales, qui surviennent à la même période de gestation. Les
mutations entraînant des gains de fonction sont, à l’inverse, responsables de
craniosténose (syndrome de Pfeiffer pour FGFR1, syndrome d’Apert et de Crouzon
pour les autres récepteurs). Issus d’une même origine embryologique, les troubles
de l’odontogenèse sont fréquemment associées aux fentes labio-palatines.
DISCUSSION
MALFORMATIONS ASSOCIÉES
D’autres anomalies, plus rares, ont aussi été rapportées : acousie ou hypoacousie de perception, dyschromatopsie, épilepsie, clinodactylie, brachymétacarpie
du quatrième rayon, colobome, malformation cardiaque (communication interauriculaire, prolapsus mitral, arche aortique droit).
L’obésité, l’ostéopénie et la gynécomastie sont, quant à elles, à mettre en
relation avec le déficit gonadotrope.
Il est aussi intéressant de souligner qu’une cryptorchidie est présente de
manière beaucoup plus fréquente que dans le cadre d’un hypogonadisme central
isolé, probablement secondaire à une anomalie de développement.
La diversité de ces signes cliniques, parfois communs aux deux formes,
témoigne de l’importance des rôles de facteurs génétiques et environnementaux et
de la probable interaction de FGFR1 et d’anosmine-1 au cours du développement
embryonnaire.
Dans notre étude, cinq des six patients explorés présentaient des anomalies
crânio-encéphaliques.
Un d’entre eux associait une dysmorphie faciale et une hernie temporale. De
telles anomalies du squelette osseux crânio-facial pourraient être liées à une perte de
fonction de FGFR1 (régulation des ostéoblastes). Une canine incluse était relevée
chez un autre garçon. Bien que cette pathologie soit courante, ce défaut de
verticalisation du germe dentaire se rapproche des agénésies, fréquentes dans les
formes KAL2.
Plusieurs anomalies de la fosse postérieure étaient aussi constatées : une
hypoplasie vermienne, une atrophie du vermis supérieur, une méga grande citerne et
un kyste arachnoïdien rétrocérébelleux. Ces malformations de l’étage postérieur ne
sont pas fréquentes dans le cadre d’un syndrome de Kallmann. Seule une
malformation de Dandy-Walker est rapportée dans la littérature récente. Concernant
le kyste arachnoïdien, une telle association a déjà été relevée dans plusieurs travaux,
mais il s’agissait dans les trois cas, de kystes de l’étage moyen. L’existence de cas
familiaux, confirme la possible origine génétique d’une telle association. Un
hypogonadisme étant relevé chez l’oncle maternel de ce garçon, une relation avec le
chromosome X peut être suspectée.
Enfin, un corps calleux dysplasique (genou) était noté chez un dernier garçon en
association avec une atrophie vermienne. Qu’il soit absent ou dysplasique, cet aspect
était déjà relevé par de Morsier en 1954. L’enquête génétique s’est révélée être
négative pour ce dernier cas. Elle est en cours pour les autres observations.
CONCLUSION
Toutes les anomalies associées au syndrome de Kallmann-de
Morsier découlent donc de troubles du développement lors de
l’organogénèse.
De nombreux autres gènes sont probablement impliqués dans la
pathogénie. Il apparaît donc indispensable de dépister l’ensemble des
malformations associées chez un même patient. En effet, le phénotype
permet une approche génotypique qui pourra être confrontée à
l’analyse génétique (séquençage).
L’IRM occupe alors une place de choix dans l’exploration des voies
olfactives et des malformations crânio-encéphaliques. Elle permet aussi
d’affirmer le diagnostic chez les jeunes patients dont les tests
biologiques restent d’interprétation difficile en période pré-pubertaire et
l’olfactométrie toujours très subjective.
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