Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2002
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Ce congrès a fait le point sur l’actualité
scientifique concernant toutes les facettes
des effets du soja et de ses composants sur la
santé.
Cardiovasculaire
Bien que les effets hypocholestérolémiants des
protéines de soja soient bien documentés, des
recherches se poursuivent sur les mécanismes
impliqués. C. Sirtori pense que ce sont les frac-
tions protidiques et non pas les isoflavones de
soja qui sont importantes. En utilisant des pro-
téomiques pour étudier diverses préparations
de soja, les chercheurs ont montré que la frac-
tion 7S et les sous-fractions les plus actives
atteignent, de façon intacte, le cytoplasme des
cellules hépatiques mais pas le noyau. Cela est
en accord avec la récente découverte de la
capacité de la fraction 7S de protéines de soja
à stimuler l’expression des récepteurs aux LDL
dans les cellules hépatiques humaines. Certains
processus de transformation du soja (isolés ou
isolats) dénaturent les protéines actives telles
que la protéine 7S. Enfin, très récemment, il a
été montré que les protéines de soja diminuaient
de façon très marquée la Lp(a). H. Wiseman a
suggéré que, bien que leur rôle dans la réduc-
tion du cholestérol reste peu clair, des études
indiquent que les isoflavones de soja exercent
d’autres effets protecteurs sur le plan cardio-
vasculaire. Genistein et daidzein jouent un rôle
par le biais de nombreux mécanismes pos-
sibles, incluant un effet antioxydant, des effets
sur la fonction artérielle, des effets cellulaires
et des effets médiés par les récepteurs aux
estrogènes.
L’équol, l’isoflavone oublié
K. Setchell a montré que l’équol produit à partir
de daidzein par la microflore intestinale du
côlon a un effet estrogénique et antioxydant
plus puissant que daidzein. Cependant, la
capacité à produire de l’équol est variable selon
les individus et, par exemple, 36 % seulement
de la population britannique est capable de le
faire. Il a souligné que plusieurs études d’in-
tervention nutritionnelle récentes confirment
l’importance potentielle de l’équol. Par exemple,
l’excrétion de l’équol est significativement plus
basse chez les femmes ayant les symptômes de
ménopause les plus sévères. Chez les femmes
ménopausées, les productrices d’équol ont un
plus grand gain de densité osseuse, et il a été
montré que la consommation régulière d’ali-
ments à base de soja entier améliore les lipides
plasmatiques chez les sujets équol “positif”. Il
a suggéré que le typage bactériologique des
individus, concernant leur capacité à produire
l’équol, peut être la clé de l’efficacité dans les
régimes à base de soja pour le traitement et la
prévention des pathologies hormonodépen-
dantes. Il a également évoqué le fait que la
non-distribution entre producteurs et non-
producteurs d’équol dans les études anté-
rieures pourrait expliquer certaines discor-
dances dans les données.
Cancer
M. Messina a passé en revue les recherches sur
le soja et le risque de cancer du sein, en expli-
quant que l’enthousiasme initial concernant le
rôle que le soja pourrait jouer dans la réduc-
tion du risque de cancer du sein était fondé sur
la faible prévalence de cancer du sein en Asie,
sur les études animales suggérant que les iso-
flavones inhibent le développement des tumeurs
mammaires et, enfin, sur la capacité des estro-
gènes faibles (comme les phyto-estrogènes) à
agir comme antiestrogènes. Il a énuméré les
mécanismes hormonaux et non hormonaux
possibles pour la réduction du risque de cancer
du sein. À son avis, cependant, les études épi-
démiologiques sur les apports du soja et le
risque de cancer du sein ne sont pas convain-
cantes, bien qu’elles soient plus concluantes
chez l’animal et que certaines données épidé-
miologiques suggèrent qu’une exposition pré-
coce au soja puisse être une explication pour
un effet protecteur plus tardif. Selon lui, bien
que les données contradictoires sur les effets
estrogéniques du soja aient conduit certains
experts à suggérer que les femmes ayant un
cancer du sein ne devraient pas consommer de
soja, cet avis n’est pas justifié. En particulier,
deux études récentes sur une longue durée ont
montré que les isoflavones ne modifiaient pas
défavorablement le tissu mammaire, tant chez
les femmes préménopausées que chez les femmes
ménopausées. D’autres séries de faits indi-
quent que c’est la progestérone associée aux
estrogènes, et non les estrogènes seuls, qui ont
une activité carcinogène (promotion). Or, le
soja n’a aucune activité progestative. De
même, il n’y a aucune évidence en faveur du
rôle du traitement hormonal substitutif dans
la diminution de la survie des femmes ayant
un cancer du sein.
A. Kennedy a fait état de son travail sur l’inhi-
biteur de Bowman Birk, sous forme pure et
concentrée, pour sa capacité à agir comme un
agent anti-inflammatoire et de prévention du
cancer. Plusieurs essais sont terminés et d’autres
sont en cours chez des patients ayant une leuco-
plasie orale, une hypertrophie bénigne de la
prostate ou une colite ulcéreuse. Les résultats
sont très encourageants.
Effets hormonaux
J.M. Lecerf a passé en revue la recherche
concernant les effets hormonaux des isofla-
vones de soja. Bien qu’ayant une activité estro-
génique plus faible que le 17βestradiol, l’acti-
vité hormonale des isoflavones de soja est
Soy and health
Londres 2002
J.M. Lecerf, institut Pasteur de Lille