28
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XII), n° 1, janvier-février 2008
thématique
Dossier
tement semblait également associé à
une diminution de la mortalité intra-
hospitalière et de la durée d’hospita-
lisation. De plus, l’administration de
GLP-1 pourrait faciliter le maintien
d’un équilibre glycémique optimal et
la gestion du traitement à visée hémo-
dynamique lors de la réalisation d’un
pontage coronarien chez des sujets
présentant une fonction ventriculaire
gauche conservée. Dans une étude
randomisée récente, 10 patients, dont
2 diabétiques de type 2, se sont vu
administrer du GLP-1 par voie intra-
veineuse (1,5 pmol/kg/mn) durant
les 12 heures précédant la réalisation
du geste chirurgical, puis pendant
48 heures en phase postopératoire.
Par comparaison à une solution
saline, ce traitement n’a pas apporté
de bénéfice hémodynamique, mais a
permis de réduire significativement
le recours aux traitements inotropes
et vasoactifs. De plus, la fréquence
des troubles du rythme cardiaque
s’est avérée moindre chez les patients
traités par GLP-1, bien que le faible
nombre de sujets et d’événements
interdise toute conclusion définitive
(21).
Deux études enfin se sont adressées
à des situations physiopathologiques
plus stables. Ainsi, T. Nyström et al.
ont observé une amélioration signi-
ficative de la fonction endothéliale,
appréciée par l’étude de la vasodi-
latation flux-dépendante de l’artère
brachiale, chez 12 sujets diabétiques
de type 2 présentant une coronaropa-
thie stable, lors de l’infusion continue
de GLP-1 (2 pmol/kg/mn) au cours
d’un clamp isoglycémique (6).
Durant cette épreuve, la sensibilité à
l’insuline n’était pas modifiée. Dans
le même temps, l’effet bénéfique du
GLP-1 sur la fonction endothéliale
n’a pas été retrouvé chez 10 sujets
coronariens non diabétiques (6).
L’administration chronique de GLP-
1 semble également exercer un effet
favorable dans un contexte d’insuf-
fisance cardiaque stable. Telle est la
conclusion d’une étude regroupant
21 sujets présentant une insuffisance
cardiaque de stade 3 ou 4 selon la
classification de la New York Heart
Association (22). Les 12 premiers
patients inclus (parmi lesquels 8
diabétiques de type 2) ont reçu un
traitement par GLP-1 par voie sous-
cutanée continue pour une durée
totale de 5 semaines (1,25 pmol/
kg/mn pendant 1 semaine, puis
2,5 pmol/kg/mn pendant 4 semaines),
et l’évolution de leur statut cardiaque
a été comparée à celle des 9 patients
consécutifs suivants (5 diabétiques)
qui bénéficiaient par ailleurs d’un
traitement optimal identique. Au
terme du traitement par GLP-1, une
amélioration significative de la frac-
tion d’éjection ventriculaire gauche
(celle-ci passant de 21 ± 3 % à 27
± 3 %), de la VO2max, des capacités
fonctionnelles et de la qualité de vie
a été observée, aussi bien chez les
sujets diabétiques que chez les sujets
non diabétiques (22).
Dans l’ensemble de ces études, la
tolérance du traitement par GLP-1
s’est montrée satisfaisante, avec des
effets indésirables modérés, dominés
par des troubles digestifs à type de
nausées et de rares hypoglycémies,
en particulier en cas d’association
à des molécules elles-mêmes hypo-
glycémiantes.
Conclusion
Il existe donc des arguments conver-
gents amenant à penser que le GLP-1
joue un rôle physiologique non
négligeable sur les fonctions cardio-
vasculaires. De plus, les données
cumulées à ce jour dans les modèles
expérimentaux et les premières
études pilotes laissent entrevoir des
perspectives thérapeutiques enthou-
siasmantes, dans certains contextes
physiopathologiques tels que l’in-
suffisance cardiaque et la cardio-
pathie ischémique. Ces résultats
prometteurs ne doivent pas occulter
les nombreuses questions subsistant
quant aux mécanismes médiant les
actions cardiaques et vasculaires du
GLP-1. En particulier, il est impos-
sible à l’heure actuelle d’affirmer
que l’impact de cette gluco-incrétine
sur les paramètres cardiovasculaires
soit lié à une interaction directe avec
son récepteur au niveau cardiaque ou
vasculaire, ou de manière indirecte,
par l’amélioration du profil méta-
bolique. Enfin, il est évident que
l’existence d’effets bénéfiques de
l’administration de GLP-1 sur le plan
cardiovasculaire doit être confirmée
dans des études contrôlées de plus
grande envergure. ■
Références bibliographiques
1.
Saraceni C, Broderick TL. Effects of glucagon-
like peptide-1 and long-acting analogues on car-
diovascular and metabolic function. Drugs R D
2007;8:145.
2.
Bullock BP, Heller RS, Habener JF. Tissue dis-
tribution of messenger ribonucleic acid encoding
the rat glucagon-like peptide-1 receptor. Endocri-
nology 1996;137:2968.
3.
Baggio LL, Drucker DJ. Biology of incre-
tins: GLP-1 and GIP. Gastroenterology
2007;132:2131.
4.
Vila Petroff MG, Egan JM, Wang X, Sollott SJ.
Glucagon-like peptide-1 increases cAMP but fails to
augment contraction in adult rat cardiac myocytes.
Circ Res 2001;89:445.
5.
Wei Y, Mojsov S. Tissue-specific expression of the
human receptor for glucagon-like peptide-1: brain,
heart and pancreatic forms have the same deduced
amino acid sequences. FEBS Lett 1995;358:219.
6.
Nyström T, GutniakMK, Zhang Q et al. Effects
of glucagon-like peptide-1 on endothelial function
in type 2 diabetes patients with stable coronary
artery disease. Am J Physiol Endocrinol Metab
2004;287:E1209.
7.
Barragan JM, Eng J, Rodriguez R, Blazquez E.
Neural contribution to the effect of glucagon-like
peptide-1-(7-36 amide) on arterial blood pressure
in rats. Am J Physiol 1999;277:E784.
8.
Yamamoto H, Lee CE, Marcus JN et al.
Glucagon-like peptide-1 receptor stimulation
increases blood pressure and heart rate and acti-
vates autonomic regulatory neurons. J Clin Invest
2002;110:43.
9.
Yamamoto H, Kishi T, Lee CE et al. Glucagon-
like peptide-1-responsive catecholamine neurons
in the area postrema link peripheral glucagon-like
peptide-1 with central autonomic control sites.
J Neurosci 2003;23:2939.
10.
Yu M, Moreno C, Hoagland KM et al. Antihy-
pertensive effect of glucagon-like peptide-1 in Dahl
salt-sensitive rats. J Hypertens 2003;21:1125.
11.
Gutzwiller JP, Tschopp S, Bock A et al. Glu-
cagon-like peptide-1 induces natriuresis in healthy
subjects and in insulin-resistant obese men. J Clin
Endocrinol Metab 2004;89:3055.