En cas de réveil nocturne sans trouble
de l’endormissement, la mélatonine à li-
bération prolongée (Circadin®) peut
être proposée. On peut noter que la
HAS ne reconnaît que le Circadin®com-
me mélatonine utilisable pour traiter
l’insomnie. Devant l’importance des
troubles du sommeil chez l’enfant han-
dicapé, les très nombreuses publica-
tions internationales sur le sujet et l’ab-
sence d’effet secondaire de la mélatoni-
ne, la HAS, l’Afssaps et le ministère de
la Santé ont autorisé cette prescription
dans certaines maladies génétiques,
dont la liste est encore très restrictive :
syndrome de Smith-Magenis, syndrome
d’Angelman, syndrome de Rett, maladie
de Bourneville. Un décret, paru au Jour-
nal officiel, autorise cette prescription et
permet le remboursement et la vente en
pharmacie d’officine. C’est une réelle
avancée dans la reconnaissance de ces
pathologies du sommeil dans le handi-
cap, qui sont un problème de santé pu-
blique tant pour les enfants concernés
que pour leurs familles épuisées.
MÉLATONINE
Une mention spéciale doit être faite pour
le TDAH. Il s’accompagne parfois de
troubles du sommeil. Plusieurs études
ont montré qu’il n’y avait pas d’anomalie
de la sécrétion de la mélatonine chez ces
enfants ; la mise en place d’un traitement
par la mélatonine ne doit pas être une
prescription donnée « sur le pas de la
porte ». Une analyse sémiologique soi-
gneuse des conditions du coucher (acti-
vités après le dîner, rituels de coucher,
aménagements de la chambre) et la pri-
se en compte des débordements que ce
syndrome entraîne, avec notamment un
épuisement familial en fin de journée,
sont indispensables. L’impact d’une bon-
sommeil est perturbé, le comportement
diurne s’en ressent : somnolence, ap-
prentissages plus difficiles, agitation
paradoxale.
Chez ces enfants, deux types de traite-
ment peuvent être proposés : la mélato-
nine simple et la mélatonine à libéra-
tion prolongée (Circadin®).
Le choix du traitement repose sur l’ana-
lyse clinique des troubles du sommeil.
Avant toute prescription, il faudra pré-
ciser s’il s’agit de troubles de l’endor-
missement (difficultés de séparation,
anxiété du coucher) ou de réveils noc-
turnes (exagération des phases de la-
tence entre les cycles de sommeil, an-
goisses archaïques, cauchemars), la pri-
se en charge étant différente. Dans un
premier temps, on proposera d’aména-
ger les conditions du coucher, qui sont
fonction de chaque pathologie, de
chaque enfant, de chaque famille, ce
qui implique de passer un peu de temps
en consultation.
Mélatonine
En cas de trouble de l’endormissement,
la mélatonine à libération immédiate
est proposée. La dose est, selon l’âge et
le poids du sujet, de 2 à 4 mg, sachant
qu’il vaut mieux commencer par de
faibles doses et rester en contact avec la
famille pour ajuster si besoin la posolo-
gie après une quinzaine de jours, ce qui
permet de maintenir un contrat théra-
peutique et d’apporter un soutien psy-
chologique aux familles. La mélatonine
étant une préparation magistrale, ven-
due sur ordonnance, il faut mentionner
sur celle-ci : « prescription à but théra-
peutique, en l’absence de spécialité
équivalente disponible ». En fonction
des caisses de Sécurité sociale et des
mutuelles, le médicament peut alors
être remboursé. Si l’enfant ne peut pas
avaler les gélules, celles-ci peuvent être
ouvertes et le médicament donné dans
une cuillerée de compote ou de yaourt.
ne consultation est aussi important que
la prescription elle-même (l’effet placebo
n’est pas négligeable dans ces cas). Pres-
crire de la mélatonine sans obtenir aussi
un aménagement du coucher ne peut
que conduire à un échec ou à une escala-
de thérapeutique, car le traitement
risque d’échapper assez rapidement, le
besoin d’un médicament pour dormir
ayant été créé.
EFFETS
Une revue de la littérature récente, re-
prenant douze études d’essais thérapeu-
tiques avec la mélatonine pour des
troubles du sommeil secondaires dans le
cadre de pathologies neurologiques et
regroupant 439 patients, a relevé très
peu d’effets secondaires. Céphalées, fa-
tigue, nausées, prurit ont été rapportés.
Chez certains enfants présentant un
trouble neurodéveloppemental et no-
tamment une anomalie du rythme circa-
dien, le traitement a été poursuivi plu-
sieurs années sans effet délétère.
Lorsque le traitement est poursuivi chez
l’enfant handicapé, la posologie reste
stable au cours des années, même si l’on
ne peut nier une certaine accoutumance.
CONCLUSION
La mélatonine est un marqueur de l’ac-
tivité de l’horloge circadienne ; sécrétée
pendant la nuit, elle rend compte de
l’influence de la lumière sur les rythmes
biologiques fondamentaux. C’est le plus
puissant des donneurs de temps endo-
gènes. Elle a un rôle régulateur, mais
non directement inducteur, sur le som-
meil. Son rôle dans certaines patholo-
gies commence à être étudié. Si des es-
poirs sont nés de son utilisation très ré-
pandue aux Etats-Unis, son utilisation
en thérapeutique doit rester prudente et
reposer sur des protocoles rigoureux.
첸
Médecine
& enfance
juin 2012
page 250
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