Nouvelles d’Espagne N°15 – du 19 au 25 avril 2016 © DG Trésor Le déficit commercial espagnol se réduit de 10,5 % g.a sur les 2 premiers mois de l’année. La Banque d’Espagne souhaite pénaliser les banques qui octroient des crédits à perte. Le gouvernement cherche les moyens de limiter à 3,6% du PIB les déficits publics en 2016 Démission du ministre de l’industrie, JM Soria, après que son nom soit apparu dans les « Panama papers » Indicateurs macro Marchés financiers Croissance PIB (t/t) Croissance PIB (g.a) +0,8% +3,5% T4 2015 Indice de Production Industrielle (g.a) +2,2% 02/16 Dette (% du PIB) 99,0% T4 2015 Déficit public annuel (% du PIB) -5,2% 2015 Exportations (g.a) +2,4% 02/16 Importations (g.a) +1,0% 02/16 Inflation sous-jacente (g.a) +1,1% 03/16 Cette semaine Semaine précédente IBEX 35 9228 8822 Rendement bon à 10 ans (%) 1,602 1,512 Prime de risque (pp) 1,370 1,376 Emploi Taux de chômage Création emplois trimestrielle (en milliers) 20,9% T4 2015 45 500 T4 2015 Actualité Economique MACROECONOMIE Le chiffre d’affaires de l’industrie orienté à la baisse. Selon les données de l’INE, l’indice du chiffre d’affaires de l’industrie enregistre une baisse de 0,8 % en g.a au mois de février (après +0,7 % au mois de janvier et +2,7 % au mois de décembre). Le secteur industriel n’avait pas connu un tel repli depuis le mois d’août 2015 ; il est cependant encore trop tôt pour parler d’infléchissement durable. La lutte contre la fraude à la Sécurité sociale a permis de recouvrer près de 15,4 Md€ depuis 2012. Selon les déclarations de la Ministre de l’emploi, Fátima Báñez, l’administration a mené près de 980 000 inspections concernant l’emploi irrégulier et régularisé près de 530 000 situations. En parallèle, l’inspection du travail a détecté plus de 5 000 entreprises fictives et 125 000 contrats fictifs. Pour rappel, un plan de lutte contre la fraude en matière d’emploi et de Sécurité sociale avait été lancé en avril 2012, suivi en juillet 2015 par la création d’un bureau de lutte contre la fraude. 80 M€ d’aides à la R&D et à l’innovation seront distribués en 2016 au titre du programme Agenda digital para España. La secrétaire d’Etat aux télécommunications a lancé cette semaine un appel à candidatures pour allouer 20 M€ de subventions ainsi que 60 M€ de prêts1 afin de soutenir les projets de R&D et d’innovations dans le domaine digital. Cet appel d’offre se divise en 2 programmes. Le premier, Impulso Tecnologico, soutient le lancement de projets technologiques de faible ampleur dans le secteur des TIC via des dotations de 15 M€ pour les subventions et 45 M€ pour les prêts. Le second programme, Grandes proyectos, vise à soutenir le lancement de grands projets dans le secteur des TIC et est doté de 5 M€ pour les subventions et de 15 M€ pour les prêts. COMMERCE EXTERIEUR Le déficit commercial espagnol se réduit de 10,5 % g.a sur les 2 premiers mois de l’année toujours en lien avec la chute du cours du pétrole. Sur la période janvier- février 2016, le déficit commercial s’établit à 4,1 Md€ (contre 4,6 Md€ sur la même période en 2015) grâce à une croissance des importations (+1,0 %) moins dynamique que celle des exportations (+2,4 %). Les secteurs de l’automobile, de l’alimentation et des biens manufacturés sont les principaux contributeurs à la croissance des exportations ; ces secteurs contribuent aussi grandement à la croissance des importations bien que le premier secteur de contribution soit celui des biens d’équipements. D’un point de vue géographique, les exportations à destination de l’Allemagne, Les prêts sont octroyés au taux d’intérêt Euribor à 1 an du mois précédent l’appel à candidatures ou l’octroi du prêt. Ils bénéficient d’une durée d’amortissement de 5 ans et de 2 ans de carence. 1 AMBASSADE DE FRANCE EN ESPAGNE - 1 - - SERVICE ÉCONOMIQUE de la Belgique et du Royaume-Uni soutiennent la croissance des exportations espagnoles totales alors que l’Allemagne, la Chine, l’Italie et le Maroc sont les principaux responsables de la croissance des importations espagnoles. A noter la forte progression des échanges commerciaux avec le Maroc (exportations espagnoles vers le Maroc : +19,9 % ; importations : +21,9 %) bien que celui-ci représente à peine plus de 2 % du commerce extérieur espagnol. Par ailleurs, il faut souligner que l’amélioration du déficit commercial espagnol résulte de la chute du cours du baril de pétrole. En effet, hors énergie, les importations augmentent à un rythme bien plus soutenu (+6,2 %) que les exportations (+2,7 %). Le déficit hors énergie se creuse de 1,3 Md€ (passant de - 0,2 Md€ à - 1,5 Md€). 44 % des exportateurs réguliers espagnols prévoient d’augmenter leur volume d’exportations en 2016. Selon l’enquête2 de conjoncture de l’exportation du premier trimestre 2016, 44 % des entreprises interrogées pensent exporter plus au cours des 12 mois à venir tandis de 45 % pensent que leur volume d’exportations restera stable. La croissance de la demande extérieure ainsi que la chute des prix du pétrole et des matières premières soutiennent l’activité exportatrice des entreprises. Les entreprises des secteurs automobile et chimique – secteurs qui pour rappel sont les plus dynamiques à l’exportation en Espagne - sont les plus optimistes quant à l’évolution de leur activité exportatrice. A noter également que la France, suivie de l’Allemagne, sont citées comme principales destinations des exportations pour l’année à venir. FINANCES PUBLIQUES Bruxelles confirme la notification du déficit public espagnol à 5 % en 2015. Bruxelles a confirmé les chiffres du déficit public espagnol qui atteint 5 % du PIB en 2015 hors aides financières 3. Le solde budgétaire espagnol est le second plus déficitaire de l’Union européenne, derrière la Grèce (-7,2 %) et devant le Portugal (-4,4 %). L’Etat central assouplirait la pression budgétaire sur les communautés autonomes en 2016. Mercredi dernier, le Ministre de l’économie a présenté devant le Parlement les prévisions macroéconomiques et budgétaires qui devraient être transmises à la fin du mois à la Commission européenne. L’Espagne ne respecterait pas ses engagements européens puisque les administrations publiques enregistreraient un déficit de 3,6 % pour l’année 2016 (au lieu des 2,8 % initialement prévus) et de 2,9 % en 2017 (au lieu de 1,4 %). Par ailleurs, le gouvernement réviserait à la baisse les prévisions de croissance, conformément au consensus des analystes (inter)nationaux, pour atteindre 2,7 % en 2016 et 2,4 % en 2017. Dans ce nouveau Programme de stabilité4, le gouvernement relâcherait la pression sur les communautés autonomes dont la cible de déficit serait abaissée à 0,7 % du PIB en 2016 (au lieu de 0,3 % initialement prévu). Pour rappel, le déficit des régions espagnoles en 2015 a été notifié à 1,7 %, il leur faudrait donc fournir un effort supplémentaire de 10 Md€ cette année. Le gouvernement a par ailleurs rappelé que les communautés bénéficieront de 7,5 Md€ dans le cadre des dispositifs de liquidités exceptionnelles. Enfin, le gouvernement accorderait un sursis aux administrations de Sécurité sociale, dont l’objectif de déficit passerait de 0,3 % à 1,1 % en 2016. Le Programme de stabilité devrait être remis dans la semaine, pour avis, à l’autorité de contrôle budgétaire. Actualité Financière SECTEUR BANCAIRE CaixaBank lance une nouvelle OPA sur BPI, un an après sa première tentative. La banque espagnole a lancé une OPA sur la 5ème banque portugaise en matière d’actifs, dont elle détient déjà 44,1 % du capital (pour plus de détails, voir annexe). La Banque d’Espagne souhaite pénaliser les banques qui octroient des crédits à perte. En réponse à la politique monétaire de la BCE qui rend les liquidités abondantes sur le marché, les banques se livrent à une concurrence sévère pour distribuer leurs crédits. En conséquence, ces dernières offrent des taux particulièrement bas pour consolider leurs parts de marchés et conserver des clients qui utilisent par ailleurs leurs services d’assurance et de placement. Selon la presse espagnole, la Banque d’Espagne souhaiterait mettre fin à ces pratiques, en pénalisant les banques qui octroient des crédits dont les revenus ne couvrent pas à la fois les coûts de financement, les coûts de structure et le risque de crédit. La fidélisation du client à un établissement, qui passe en grande partie par ces crédits peu coûteux, ne sera pas prise en compte dans les revenus générés par le crédit. Opérationnellement, la Banque d’Espagne envisage de rédiger une circulaire comptable permettant d’inscrire des pertes aux comptes de résultats pour chaque prêt dont les revenus directs seraient inférieurs au coût de revient. Cette enquête réalisée par le Ministère de l’économie et de la compétitivité se base sur les réponses de 2 000 entreprises exportant régulièrement plus de 30 k€ annuel (4 années de suite). Elle a été réalisée entre le 22 février et le 8 mars 2016. 3 Les aides financières ne sont pas prises en compte dans le calcul du déficit dans le cadre du volet correctif de la Procédure pour déficit excessif européen. Avec aides financières, le déficit public espagnol atteint 5,1 % du PIB. 4 Les chiffres sont ceux relayés par la presse puisque le Programme n’a pas encore été officiellement publié. 2 AMBASSADE DE FRANCE EN ESPAGNE - 2 - - SERVICE ÉCONOMIQUE En bref Le nombre de non-nationaux affiliés à la Sécurité sociale atteint 1,6 M de personnes en mars 2016, en hausse de 5,1 % par rapport à mars 2015. Les nationalités roumaine et marocaine sont les plus représentées dans les affiliations. La Commission Nationale des Marchés de Titres (CNMV en espagnol), estime, par la voix de sa présidente, que « l’actuel environnement de taux bas pousse les investisseurs à chercher de la rentabilité en investissant dans des fonds plus risqués, ce qui constitue un motif de préoccupation ». Selon Luis Maria Linde, gouverneur de la Banque d’Espagne, le pays est encore « loin d’avoir corrigé les graves déséquilibres économiques qui se sont accumulés pendant la période d’expansion économique et les premières années de crise ». M. Linde pointe notamment quatre éléments problématiques pour l’Espagne : le marché du travail qu’il estime toujours trop rigide, la consolidation budgétaire, le haut niveau d’endettement privé et la dépendance au financement extérieur. Le projet de reconstruction de l’edificio Espana pourrait reprendre. La lettre transmise la semaine passée par la mairie de Madrid au groupe Wanda (voir nouvelles d’Espagne n° 14), dans laquelle les élus de la capitale espagnole font des concessions sur les modalités de reconstruction de la tour, ont en effet convaincu le groupe chinois de reprendre les discussions. Le gouvernement accorde une enveloppe de 83 M€ d’aides aux réfugiés. Le Conseil des Ministres a accordé 83 M€ à la Direction générale des migrations pour couvrir les dépenses liées à l’accueil des réfugiés en Espagne et à leur insertion professionnelle. Pour rappel, l’Espagne s’est engagée à accueillir 15 000 réfugiés au titre des relocalisations, tel que cela avait été décidé par l’Union européenne. Démission du ministre de l’énergie, de l’industrie et du tourisme, JM Soria, après que son nom soit apparu dans les « Panama papers ». Le ministère de l’économie, Luis de Guindos, reprend les fonctions du ministre de l’industrie. Copyright Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse du Service Économique de Madrid Clause de non-responsabilité Le Service Économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Auteur : Service Économique de Madrid Adresse : 10, marques de la Ensenada, 28004 Madrid Rédigé par : SER Madrid Revu par : J-F. Collin Version du 25 avril 2016 AMBASSADE DE FRANCE EN ESPAGNE - 3 - - SERVICE ÉCONOMIQUE Annexe : La nouvelle OPA de CaixaBank sur BPI Le prix de l’OPA est de 1,113€ par action, ce qui valorise l’entité portugaise à 1,6 Md€. Cette offre est inférieure de 16 % à celle lancée en février 2015 (1,329€ par action) et au dernier cours boursier de la banque portugaise (1,191€ le 11 avril dernier, la cotation est suspendue depuis la reprise des discussions entre les deux établissements). CaixaBank justifie ce prix par le recul de 26 % des cours boursiers des principales banques européennes depuis la première OPA. Par ailleurs, l’offre est conditionnée par trois points : d’une part, qu’elle reçoive la bénédiction du régulateur, d’autre part, que CaixaBank soit détenteur d’au moins 50 % du capital de la banque à la fin de l’OPA et enfin que le plafond qui empêche tout actionnaire d’avoir plus de 20 % des droits de vote au sein de BPI, quelle que soit sa participation capitalistique, soit levé. C’est cette dernière condition qui avait bloqué l’OPA menée en février 2015. Cette année, CaixaBank bénéficie d’un environnement réglementaire plus favorable puisque le gouvernement portugais a ratifié un décret la semaine dernière obligeant les banques à revoir régulièrement les plafonds qui portent sur les seuils de vote dans les conseils d’administrations bancaires. L’acceptation de l’OPA par Santoro Finance - l’entreprise à travers laquelle Isabel dos Santos, la fille du Président angolais, possède 18,6 % de BPI (2e actionnaire) - demeure un élément d’incertitude majeur. Alors que CaixaBank et Santoro Finance avaient trouvé un accord il y a 10 jours sur la cession de BPI au groupe espagnol, celui-ci n’a finalement pas pu être ratifié. Le point d’achoppement a porté sur BFA, la 4 e banque angolaise, dont les deux principaux actionnaires sont BPI (51 % des parts) et Isabel dos Santos. BPI est en effet contrainte par la BCE de céder sa participation dans BFA, en raison du risque important et non intégralement couvert que fait peser la banque angolaise sur la banque portugaise. Isabel dos Santos avait conditionné l’achat des parts de BPI dans BFA à ce que les actions de la banque angolaise soient en contrepartie immédiatement listées à la bourse de Lisbonne, afin d’attirer de futurs investisseurs. Cette condition n’ayant pas pu être satisfaite, Isabel dos Santos s’est retirée de l’accord, ce qui fait peser une forte incertitude sur la future participation de CaixaBank dans BPI à la suite de l’OPA. Cette acquisition aurait un impact non négligeable sur le capital de CaixaBank (ratio CET1 fully loaded actuellement de 11,6 %). Si sa participation finale était comprise entre 51 % et 70 %, la banque espagnole verrait son ratio de capital baisser de 0,95 à 1,15 points de pourcentage5, pour atteindre un niveau compris entre 10,45 % et 10,65 %. La banque espagnole s’est cependant engagée à maintenir un ratio CET1 fully loaded d’au moins 11 %, ce qui impliquerait une augmentation de capital ou des opérations de désinvestissement au cours de l’année. 5 Selon les propos relayés par la presse espagnole. AMBASSADE DE FRANCE EN ESPAGNE - 4 - - SERVICE ÉCONOMIQUE