Question mise à jour le 11 février 2005 INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E www.laconferencehippocrate.com La Collection Hippocrate Épreuves Classantes Nationales CARDIOLOGIE REANIMATION - URGENCES Arrêt cardio-circulatoire 1-11-185 Dr Alain COMBES Praticien Hospitalier Universitaire L’institut la Conférence Hippocrate, grâce au mécénat des Laboratoires SERVIER, contribue à la formation des jeunes médecins depuis 1982. Les résultats obtenus par nos étudiants depuis plus de 20 années (15 majors du concours, entre 90 % et 95 % de réussite et plus de 50% des 100 premiers aux Épreuves Classantes Nationales) témoignent du sérieux et de la valeur de l’enseignement dispensé par les conférenciers à Paris et en Province, dans chaque spécialité médicale ou chirurgicale. La collection Hippocrate, élaborée par l’équipe pédagogique de la Conférence Hippocrate, constitue le support théorique indispensable à la réussite aux Épreuves Classantes Nationales pour l’accès au 3ème cycle des études médicales. L’intégralité de cette collection est maintenant disponible gracieusement sur notre site laconferencehippocrate.com. Nous espérons que cet accès facilité répondra à l’attente des étudiants, mais aussi des internes et des praticiens, désireux de parfaire leur expertise médicale. A tous, bon travail et bonne chance ! Alain COMBES, Secrétaire de rédaction de la Collection Hippocrate Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite. Une copie ou reproduction par quelque procédé que ce soit, microfilm, bande magnétique, disque ou autre, constitue une contrefaçon passible des peines prévues par la loi du 11 mars 1957 sur la protection des droits d’auteurs. © 2003-2005 - Association Institut La Conférence Hippocrate - Tous droits réservés Les droits d’exploitation de ces textes sont gracieusement mis à votre disposition par les Laboratoires Servier www.laconferencehippocrate.com 1 1-11-185 Arrêt cardio-circulatoire Objectifs : – Diagnostiquer un arrêt cardio-circulatoire et appliquer les mesures de survie. DÉFINITION ● C’est une inefficacité cardio-circulatoire, spontanément irréversible en l’absence de réanimation, secondaire à l’arrêt d’une contractilité myocardique efficace durant au moins 60 secondes. CONSÉQUENCES 1. Arrêt respiratoire = parfois précédé de « gasp », suit l’arrêt cardiaque de 20 à 30 secondes. 2. Anoxie puis acidose tissulaires responsables de dégâts viscéraux définitifs ; l’anoxie cérébrale est la première à apparaître : les lésions cérébrales sont irréversibles en 3 minutes, ce qui impose de commencer la réanimation avant ce délai ; celui-ci peut être allongé par une hypothermie (noyade). DIAGNOSTIC POSITIF Disparition des battements artériels fémoraux ou carotidiens. Suspension brutale de la conscience (si le patient n’est pas déjà dans le coma) avec chute et perte de connaissance. ● Puis surviennent pâleur, troubles respiratoires (en 20 à 30 secondes) et une mydriase bilatérale et aréactive, défavorable. ● ● RÉANIMATION ÉLÉMENTAIRE A/ Généralités L’arrêt cardio-circulatoire est une urgence absolue. Chaque seconde est d’une importance vitale. ● La réanimation doit être immédiate – quels que soient le lieu, les circonstances – et conduite selon un ordre systématisé. ● Son but est de maintenir une oxygénation tissulaire suffisante, afin de prévenir des dégâts organiques irréversibles (cérébraux en particulier). ● Il faut, parallèlement aux gestes de survie : – noter l’heure précise de l’accident ; – prévenir le SAMU : faire le 15. ● ● © 2003-2005 - Association Institut La Conférence Hippocrate - Tous droits réservés Les droits d’exploitation de ces textes sont gracieusement mis à votre disposition par les Laboratoires Servier www.laconferencehippocrate.com 2 1-11-185 Arrêt cardio-circulatoire Arrêt cardio-circulatoire Faire le 15 SAMU Noter l’heure de la prise en charge Gestes élémentaires A « Airways » : libérer voies aériennes B « Breathing » : bouche-à-bouche C « Circulation » : massage cardiaque SAMU Réanimation spécialisée Voie veineuse Poursuite A-B-C avec intubation et ventilation artificielle ECG – Scope Asystolie Dissociation électromécanique Adrénaline IV 1 mg FV, TV, tachycardie rapide Choc électrique externe BAV ● Atropine ● Isuprel ● Sonde d’entraînement Torsades de pointes ● Isuprel ● Sonde d’entraînement SERVICE DE RÉANIMATION Surveillance – traitements spécifiques N.B. : La constatation de l’absence de pouls fémoraux et carotidiens n’est plus un prérequis pour débuter la réanimation élémentaire, qui doit être débutée devant tout patient inconscient présumé en arrêt circulatoire. B/ Gestes élémentaires méthode A – B – C ● Réalisés dans l’ordre suivant : – A pour Airways, libération des voies aériennes. – B pour Breathing, ventilation. – C pour Circulation, assistance circulatoire. 1. A Airways – voies aériennes La priorité est d’empêcher la chute de la langue en arrière. ● Il faut, pour cela, subluxer le maxillaire inférieur, et mettre la tête en hyperextension (après avoir éliminé une lésion crânienne ou rachidienne). ● Tous les corps étrangers buccaux (dentiers, aliments…) doivent être retirés au doigt. ● S’il existe la notion d’un corps étranger laryngé, il faut tenter la manœuvre de Heimlich (pression brusque et puissante du creux épigastrique pour tenter d’expulser le corps étranger). ● © 2003-2005 - Association Institut La Conférence Hippocrate - Tous droits réservés Les droits d’exploitation de ces textes sont gracieusement mis à votre disposition par les Laboratoires Servier www.laconferencehippocrate.com 3 1-11-185 Arrêt cardio-circulatoire 2. B Breathing – ventilation Par la technique du bouche-à-bouche, plus rarement, bouche-à-nez (trismus, traumatisme facial), ou par masque type Ambu associé à une canule de Guedel, si ce matériel est présent. ● Les insufflations doivent être lentes (environ 2 secondes), l’expiration passive, la fréquence de 10 à 12 par minute. ● On réalise 2 ventilations pour 15 compressions. ● 3. C Circulation – massage cardiaque externe Le malade doit être allongé sur un plan dur. Les mains sont placées au niveau du tiers inférieur du sternum, la pression est exercée les coudes tendus, les paumes des mains placées l’une sur l’autre, les doigts fléchis, en agissant de haut en bas. ● Le temps de compression doit être égal au temps de décompression (relaxation). ● Il ne faut pas masser pendant l’insufflation. ● La fréquence doit être de 100 par minute. ● Un système de ventouse que l’on applique sur l’aire cardiaque a été développé. Ce système permet de rendre la phase de relaxation active, en créant une dépression intrathoracique, accentuant le retour veineux (précharge). Il existe de plus, sur le couvercle de l’appareil, un curseur permettant d’évaluer la puissance de la compression et de la relaxation délivrées. Ce système a prouvé sa supériorité par rapport au massage cardiaque conventionnel, et peut être utilisé chaque fois qu’il est disponible. ● ● 4. Évaluation du patient Toutes les minutes pendant 5 secondes si 2 secouristes sont présents. Après 4 cycles de 15 compressions et 2 insufflations en cas d’un unique secouriste. ● On vérifie le pouls carotidien ou fémoral et, s’il n’est pas palpable, on continue la réanimation. ● ● RÉANIMATION SPÉCIALISÉE A/ Généralités Elle est commencée dès qu’est disponible un minimum de matériel spécialisé et de personnel expérimenté. ● Elle est poursuivie dans l’ambulance du SAMU, puis en service de réanimation. ● Elle a pour objectifs : – de poursuivre les gestes élémentaires de survie (A – B – C), en les optimisant ; – de mettre en place un scope et/ou de réaliser un ECG, qui guide la conduite thérapeutique immédiate ; – de poser une ou plusieurs voies d’abord veineuses, sans retarder ni interrompre la réanimation ou le traitement étiologique immédiat. ● B/ Poursuite de la réanimation élémentaire 1. Airways Dès que possible, une intubation oro-trachéale doit être réalisée, sans interrompre la réanimation plus de 30 secondes. ● Il vaux mieux renoncer à une intubation difficile et continuer les gestes de survie, plutôt que perdre un temps précieux. ● 2. Ventilation ● Une fois l’intubation réalisée, la ventilation est poursuivie soit au ballon, avec connexion à © 2003-2005 - Association Institut La Conférence Hippocrate - Tous droits réservés Les droits d’exploitation de ces textes sont gracieusement mis à votre disposition par les Laboratoires Servier www.laconferencehippocrate.com 4 1-11-185 Arrêt cardio-circulatoire une bouteille d’oxygène (débit 15 l/min), soit grâce à un respirateur artificiel (volume courant réglé à 8 ml/kg ; fréquence environ 20 par minute et FIO2 = 100 %). 3. Circulation ● Poursuite du massage cardiaque, tant que les pouls sont absents. C/ Analyse du scope et/ou de L’ECG ● Le traitement spécifique dépend des données électriques. 1. En cas d’asystolie Le tracé ECG est plat. ● Le seul traitement efficace est : – adrénaline ; – injectée en intraveineux 1 mg par 1 mg ; – parfois administrée par voie intratrachéale (2 à 3 mg), en cas d’absence de voie ; – voie veineuse ; – voie intracardiaque abandonnée. ● L’efficacité est jugée sur la réapparition d’une activité électrique et mécanique du cœur, qui peut être initialement une TV ou une FV (qui nécessitent un choc électrique). ● Le choc électrique est inutile en cas d’asystolie. ● 2. En cas de fibrillation ou de tachycardie ventriculaires À l’ECG, il existe un aspect d’ondulations irrégulières anarchiques et rapides de la ligne de base (FV), ou un aspect de tachycardie à QRS larges (TV). ● Le traitement est le choc électrique externe, trois chocs successifs doivent être réalisés, en cas d’échec, à énergie croissante (200, 300 et 400 joules). ● En cas d’échec de la première série : – injecter 1 mg d’adrénaline ; – répéter une deuxième série de chocs ; – si échec, injecter 5 mg/kg d’amiodarone et répéter une troisième série de chocs ; – en cas d’échec, répéter une dose de 2,5 mg/kg d’amiodarone, puis tenter une autre série de chocs. ● 3. En cas de dissociation électromécanique Elle correspond à une activité électrique sans activité mécanique efficace. ● Elle est due soit à des dégâts myocardiques majeurs (infarctus, myocardites), soit à une cause spécifique : tamponnade, pneumothorax suffocant, hypovolémie majeure, embolie pulmonaire, hyperkaliémie, intoxication médicamenteuse (bêtabloquants, antidépresseurs tricycliques, inhibiteurs calciques). ● Le traitement est le même qu’en cas d’asystolie : adrénaline. ● 4. En cas de torsades de pointes Aspect de tachycardie ventriculaire rapide dont l’axe des ventriculogrammes tourne autour de la ligne de base. ● Le traitement consiste en la mise en place d’une sonde d’entraînement électrosystolique réglée à 100-120/min. En attendant la mise en place de l’entraînement électrosystolique (EES), est commencée une perfusion d’Isuprel (5 ampoules à 0,2 mg dans 250 cm3 de G5) dont le débit est réglé pour maintenir une fréquence ventriculaire supérieure à 100/min. Une perfusion de sulfate de magnésium est systématique. ● Un choc électrique externe (CEE) est réalisé en cas d’inefficacité hémodynamique. ● Les troubles métaboliques sont corrigés immédiatement (hypokaliémie, hypomagnésémie) et les drogues arythmogènes arrêtées (diurétiques hypokaliémiants, antiarythmiques IA, IC, brétylium). ● © 2003-2005 - Association Institut La Conférence Hippocrate - Tous droits réservés Les droits d’exploitation de ces textes sont gracieusement mis à votre disposition par les Laboratoires Servier www.laconferencehippocrate.com 5 1-11-185 Arrêt cardio-circulatoire 5. En cas de tachycardie rapide (FA, TSA, flutter, FA sur Wolff-Parkinson White, TV) ● ● Le traitement d’urgence reste le CEE. Avec perfusion-relais d’antiarythmiques en cas d’efficacité. 6. En cas de bloc auriculo-ventriculaire complet Aspect de dissociation auriculo-ventriculaire avec rythme d’échappement ventriculaire lent ou absent. ● Coup de poing sternal (l’ébranlement de la cage thoracique peut provoquer une contraction ventriculaire) ; si efficacité, à poursuivre à la fréquence de 60/min. ● Si échec, massage cardiaque externe et ventilation assistée. ● Puis : – atropine 1 mg IVD, souvent inefficace, perfusion d’isopropylnoradrénaline (Isuprel) : 5 A dans 250 cm3 de G5, débit réglé en fonction de la fréquence ventriculaire ; – si disponibles, électrodes de stimulation percutanée en attendant la stimulation endocavitaire ; – permettant la mise en place d’une sonde d’entraînement électrosystolique par voie endocavitaire, qui permettra l’accélération ventriculaire. ● D/ Autres éléments du traitement 1. Solutés de perfusion Il n’y a pas d’indication à perfuser des volumes liquidiens importants (en dehors du choc hypovolémique). ● La perfusion de solutés glucosés est déconseillée, car ils aggravent le pronostic neurologique, en accentuant la glycolyse anaérobie et la production de lactates. ● En pratique, on utilise un soluté cristalloïde (type Ringer, ou soluté salé isotonique), ou un colloïde (Plasmion ou Elohes). ● 2. Agents alcalinisants L’acidose de l’arrêt circulatoire est principalement une acidose respiratoire, par diminution de la clairance pulmonaire du CO2. ● La perfusion de bicarbonate dans l’arrêt circulatoire a en fait plutôt un effet délétère, le tamponnement de l’acidose métabolique coexistante tendant à augmenter la production de CO2, que le poumon ne peut évacuer. ● Par ailleurs, l’alcalose métabolique induite peut augmenter l’affinité de l’oxygène pour l’hémoglobine et diminuer sa distribution aux organes périphériques. ● Le meilleur traitement de l’acidose de l’arrêt cardio-circulatoire est de rétablir une ventilation et un débit cardiaque satisfaisants. ● Les seules indications actuelles de l’alcalinisation sont : – en deuxième intention, lorsque l’arrêt cardiaque se prolonge (après plus de 20 minutes) ; – s’il existe une importante acidose métabolique préexistante ; – en cas d’intoxication aux antidépresseurs tricycliques. ● Les doses indiquées : 1 mEq/kg = 1 ml/kg de bicarbonate molaire à 84‰. ● ÉVOLUTION A/ Ressuscitation inefficace ● ● Pas de reprise d’une activité mécanique, mydriase bilatérale, ECG en asystolie ou FV. Arrêt de la réanimation après un délai variable adapté à l’âge, au terrain, à l’état cardio-vasculaire antérieur. © 2003-2005 - Association Institut La Conférence Hippocrate - Tous droits réservés Les droits d’exploitation de ces textes sont gracieusement mis à votre disposition par les Laboratoires Servier www.laconferencehippocrate.com 6 1-11-185 Arrêt cardio-circulatoire B/ Ressuscitation efficace Réapparition d’une activité cardiaque électrique et mécanique, respiration spontanée, retour à la conscience. ● Contrôle et correction des troubles métaboliques. ● Traitement étiologique et surveillance rapprochée en réanimation. ● C/ Pronostic Il dépend de l’âge, du facteur déclenchant et surtout de la rapidité de mise en œuvre du traitement. ● Mortalité supérieure à 90 % ; séquelles dans 80 % des cas. ● Une amélioration du pronostic, en France, dépendra de l’éducation de la population aux mesures de réanimation de base. ● DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE 1. Causes cardiaques Insuffisance coronaire aiguë (infarctus, angor spastique). Trouble du rythme (TV, FV, torsades de pointes…). ● Cardiopathies et insuffisances cardiaques à un stade évolué. ● Troubles de conduction (BAV). ● Désamorçage de la pompe myocardique : – choc hypovolémique ou hémorragique ; – tamponnade ; – pneumothorax compressif. ● Retentissement cardiaque d’un désordre ionique (dyskaliémie, dyscalcémie). ● ● 2. Causes circulatoires ● ● Perturbation de la circulation pulmonaire : embolie pulmonaire massive. Perturbation de la circulation systémique : tous les états de choc. 3. Causes respiratoires Asphyxie (noyade, asthme suffocant, pneumothorax bilatéral). Perturbation des centres de la respiration : intoxications (médicaments ou toxiques type héroïne), troubles neurologiques (AVC, traumatismes crâniens, état de mal convulsif). ● Obstruction laryngée (corps étranger, œdème). ● ● N.B. : Certaines des ces causes appellent un diagnostic précoce, pour permettre un traitement efficace : – troubles du rythme et de conduction ; – corps étranger laryngé ; – pneumothorax, à drainer en extrême urgence ; – tamponnade, nécessitant une ponction péricardique en extrême urgence ; – hémorragie, nécessitant un remplissage urgent. n © 2003-2005 - Association Institut La Conférence Hippocrate - Tous droits réservés Les droits d’exploitation de ces textes sont gracieusement mis à votre disposition par les Laboratoires Servier www.laconferencehippocrate.com 7 1-11-185 Arrêt cardio-circulatoire POINTS FORTS Urgence absolue, le pronostic vital et fonctionnel dépend de la rapidité du traitement. Réanimation élémentaire : A Airways : liberté des voies aériennes. ● B Breathing : ventilation. ● C Circulation : massage cardiaque. Prévenir le 15, noter l’heure de prise en charge. Réanimation spécialisée : ● Intuber. ● Ventiler avec oxygène pur (masque, respirateur). ● Continuer le massage cardiaque. ● Perfuser. ECG : ● Asystolie : adrénaline. ● FV, TV, FA, TSA, flutter, Wolff : choc électrique externe. ● Dissociation électromécanique : adrénaline. ● Torsades de pointes : Isuprel, puis sonde d’entraînement. ● BAV : atropine et Isuprel, puis sonde d’entraînement. Causes : ● Cardiaques. ● Circulatoires. ● Respiratoires. ● © 2003-2005 - Association Institut La Conférence Hippocrate - Tous droits réservés Les droits d’exploitation de ces textes sont gracieusement mis à votre disposition par les Laboratoires Servier www.laconferencehippocrate.com 8