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progrès en
Progrès en hypertension
nir des informations prospectives sur ce
critère. L’incidence de l’impuissance était
observée de façon différente selon la thé-
rapeutique suivie avec un effet plus défa-
vorable lors de la prescription d’un diuré-
tique, et un effet le plus neutre lorsque le
traitement était un placebo et qu’un régi-
me non modifié était recommandé.
Croog et al. ont mesuré les effets de trois
thérapeutiques antihypertensives sur la
qualité de vie (4) chez 626 hommes suivis
durant 24 semaines. Les trois médica-
ments étaient le captopril (inhibiteur de
l’enzyme de conversion), la méthyldopa
(antihypertenseur d’action centrale) et le
propranolol (bêtabloqueur). Parmi les cri-
tères d’appréciation de la qualité de vie
figurent les dysfonctionnements sexuels.
Les résultats montrent que les patients
traités par captopril présentent moins de
dysfonctionnements sexuels que ceux
traités par propranolol (p < 0,05).
Une méta-analyse de 9 essais cliniques
étudiant la qualité de vie de 1 620 patients
hypertendus traités par 14 antihyperten-
seurs, appartenant à six familles diffé-
rentes d’antihypertenseurs (diurétique,
bêtabloqueur, inhibiteur calcique, inhibi-
teur de l’enzyme de conversion, alphablo-
queur et antihypertenseur d’action centrale),
a été publiée en 1992 (2). Aucune diffé-
rence en termes de dysfonctionnement
sexuel n’a été mise en évidence entre les
stades avant et après traitement, classe
thérapeutique par classe thérapeutique et
toutes drogues confondues.
Les traitements par bêta-
bloquants ou diurétiques et
leurs conséquences sur la
sexualité chez l’homme
L’étude du Medical Research Council
Les diurétiques et les bêtabloquants sont
des antihypertenseurs commercialisés
depuis plus de 30 ans. L’importance de
leur usage clinique et de leur évaluation dans
des études thérapeutiques a conduit à leur
attribuer des effets défavorables sur la sexua-
lité des hommes hypertendus, en particulier
sur la survenue d’une impuissance (5). Il est
important de souligner que l’usage des diu-
rétiques pour le traitement de l’hypertension
artérielle s’est modifié avec le temps et que
les doses actuellement utilisées sont près de
10 fois plus faibles que celles employées il y
a 30 ans. Ainsi, l’hydrochlorothiazide utili-
sée à 200 mg/jour est aujourd’hui recom-
mandée à une dose ne dépassant pas
25 mg/jour (6). Au début de leur usage, les
bêtabloquants étaient non cardiosélectifs et
prescrits à forte dose alors qu’actuellement
les produits cardiosélectifs dominent, ayant
montré une efficacité hypotensive et une pré-
vention des complications cardiovasculaires
à faibles doses (6).
L’étude du Medical Research Council sur
le traitement de l’HTA légère à modérée a
inclus près de 17 000 patients âgés de 35
à 64 ans vivant au Royaume-Uni (7). La
randomisation en trois groupes de traite-
ment par un bêtabloquant (propranolol),
un diurétique thiazidique (bendrofluazide)
ou un placebo pour un suivi moyen de 5
ans en ouvert donne des informations jus-
qu’à présent inégalées chez une popula-
tion vivant en Europe et suivie en médecine
générale. Les effets secondaires, dont
l’impuissance, ont été systématiquement
recherchés par autoquestionnaire à 12
semaines et à 2 ans (8).
Les résultats montrent une prévalence de
l’impuissance significativement plus éle-
vée dans le groupe bendrofluazide que
dans le groupe placebo (16 % à deux
semaines versus 9 % et 23 % à deux ans
versus 10 %). Dans le groupe propranolol,
la prévalence était également plus élevée
(13 %) sans que la différence avec le
groupe placebo soit significative.
L’étude MRC indique donc que, contraire-
ment aux idées reçues, l’impuissance est
plus fréquemment observée chez les
hypertendus traités par un diurétique que
par un bêtabloquant.
L’étude TOMHS (Treatment of Mild
Hypertension Study)
L’étude THOMS, menée aux États-Unis
(9), apporte des informations de très
bonne qualité méthodologique. En effet,
902 hypertendus légers ont été randomi-
sés pour recevoir en double aveugle un
traitement antihypertenseur soit par un
bêtabloquant, soit un diurétique soit un
placebo. De plus un inhibiteur calcique,
un inhibiteur de l’enzyme de conversion
ou un alphabloquant étaient aussi prescrits
dans l’étude THOMS. Tous ces médica-
ments étaient associés à un traitement non
médicamenteux.
Les effets secondaires et la qualité de vie
étaient analysés en tant que critères secon-
daires.
La qualité de vie était évaluée à partir
d’un autoquestionnaire comportant 35
items sur les quatre thèmes suivants :
bien-être émotionnel, physique, fonction-
nel, et perception de santé. Parmi les dif-
férents effets secondaires recherchés
étaient notées la modification de la fré-
quence des relations sexuelles et la modi-
fication de l’intérêt porté à la sexualité.
De plus, au cours des visites annuelles de
suivi de l’étude, l’investigateur médecin
posait les questions suivantes : au cours
des douze derniers mois, avez-vous ren-
contré des problèmes avec votre sexualité ?
Si la réponse était “oui”, les deux ques-
tions suivantes étaient posées : avez-vous
noté une augmentation, une diminution ou
aucune modification dans la fréquence de
votre activité sexuelle au cours de la der-
nière année et, chez les hommes : avez-
vous rencontré des difficultés à maintenir
une érection ? et chez les femmes : avez-
vous rencontré des difficultés à atteindre
l’orgasme ?
Au début de l’étude, 14 % des hommes et
5% des femmes signalent un problème
avec leur sexualité. Une diminution de
leur sexualité au cours de l’année précé-
dant l’étude est décrite par 15 % des
hommes et 11 % des femmes. Une érec-